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Valentin Feldman (Traducteur)Paul Kolodkine (Traducteur)François Eychart (Préfacier, etc.)
EAN : 9782841092338
396 pages
Le Temps des Cerises (01/02/2001)
3.76/5   31 notes
Résumé :
Description
Voici un livre mythique de la littérature soviétique. Il nous raconte la vie aventureuse du jeune Pavel Kortchaguine emporté par les événements de la révolution d'Octobre. Il participe à la guerre civile contre les armées blanches, connaît des amours contrariées, et sa vie brûle au feu de l'action. Et l'acier fût trempé est le livre du romantisme révolutionnaire. Introuvable en France depuis de nombreuses années, c'est un roman qui a profondément ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman est une véritable épopée : il nous plonge, ainsi que son jeune héros, dans la tourmente de la révolution russe et de la prise de pouvoir bolchévique, en Ukraine, dans la région de Chépétovka. Si l'on en croit la biographie de l'auteur, c'est un roman très largement autobiographique.
Nous suivons Pavel Kortchaguine, jeune homme rebelle, après son exclusion de l'école locale et sa découverte du milieu du travail, au buffet de la gare. D'un jeune sauvageon, Pavel deviendra, grâce à son grand frère Artem et à des rencontres opportunes, un jeune homme totalement engagé dans la construction du socialisme.

Pavel connaît bien quelques histoires d'amour, relativement malheureuses, mais c'est surtout l'élan héroïque, l'aventure de son époque, qui le porte. Il s'engage à 15 ans, sur un coup de tête, dans la cavalerie rouge de Semion Boudienny, jusqu'à être gravement blessé dans une charge. Il se révèlera, par la suite, un excellent cadre, capable d'entraîner et de motiver aussi bien de jeunes recrues militaires que de jeunes paysans du komsomol (Union Communiste de la Jeunesse). Il ne compte pas ses heures, ni ses efforts, allant jusqu'à faire partie du détachement qui déblaie la neige dans des conditions terribles au chantier de Boïarka, pour ravitailler la ville en bois, ou encore à travailler sur la frontière avec la Pologne, et à chasser les bandes armées qui sévissent dans la région.

Sa santé se dégradant, il envisage enfin d'écrire un roman sur sa vie, pour ne pas rendre les armes…

Mon avis sur cette lecture :
Ce roman est vécu de l'intérieur, et nous donne donc à voir, quasiment à vivre, cette réalité de manière orientée, et même sans doute partisane. C'est toutefois un éclairage intéressant, puisqu'il conte la mise en place du régime soviétique à ses débuts, tout en nous offrant des fenêtres sur des moments importants : les batailles avec la Pologne, l'opposition de Trotski, la mort de Lénine ; toutefois, c'est le plus souvent une vision très quotidienne et réaliste, qui nous fait entrer de plain pied dans la vie des Ukrainiens en cette période tourmentée, mais aussi porteuse d'espoir.

Les personnages sont attachants, on retrouve avec plaisir le parcours de certains des amis de Pavel, et l'on entre avec facilité dans leurs motivations. Même les personnages secondaires sont pittoresques et bien dépeints – ce roman est bouillant de vie, et l'on ressent l'amour de l'auteur pour les gens simples, le prolétariat, à qui il a consacré toute sa vie brève et intense. Par ailleurs, il évoque bien la camaraderie entre les hommes et les femmes, et l'auteur se montre d'ailleurs franchement partisan de l'émancipation de celles-ci par le savoir et l'action collective.

La principale restriction que j'émettrais, qui ne m'a pas facilité la lecture de ce roman déjà long, c'est la construction assez hachée. le roman donne l'impression davantage d'une juxtaposition de scènes de genre et tableaux, que d'une composition mûrement réfléchie et dynamique. Je me suis prise à me demander si la rédaction n'en avait pas été fragmentaire – il se trouve que l'auteur a procédé à plusieurs réécritures, en demandant l'avis de ses camarades, pour que le roman soit plus juste politiquement. C'est peut-être dommage, car le roman perd en force du fait de cette parcellisation.
Cela reste malgré tout une lecture vivante et sympathique, ainsi qu'une fresque informative remarquable, et sans nul doute inspirante pour son époque.
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Chepetovka, petite ville tranquille d'Ukraine. le jeune Pavel, douze ans, est exclu de l'école au moment où le Tsar vit ses derniers mois de pouvoir autocratique, pour une farce qui a eu l'heurt d'offenser le pope, qui assure la fonction de maître d'école. Alors que Pavel n'a d'autre choix que de gagner sa vie dans la cuisine du buffet de la gare, la nouvelle de la révolution et de la chute du Tsar parvient en ville.
La tourmente révolutionnaire, la guerre civile, la consolidation du pouvoir des Soviets sont autant d'événements qui vont forger le caractère de Pavel Kortchaguine, comme le fer est trempé pour en faire de l'acier.
Et l'Acier fut trempé est un roman riche en événements et en péripéties et Kortchaguine constamment dans le feu de l'action en risquant d'y laisser sa vie à plusieurs reprise. Mais c'est surtout la santé qu'il y laissera. A l'instar de Kortchaguine, Nikolai Ostrovski a connu de graves problèmes de santé. Invalide de guerre, c'est quasiment aveugle et presque entièrement paralysé qu'il investit ses ultimes forces dans sa brève carrière littéraire.
C'est le drame de ce jeune homme qui voit ses forces décliner qui finit par rendre attachant un personnage qui reste assez schématique. En effet ce qui est au centre de l'histoire c'est L Histoire. Et l'Acier fut trempé n'est rien d'autre finalement qu'un récit héroïque et héroïsant de la révolution d'octobre et des débuts de l'Union soviétique où les personnages importent moins que l'histoire qu'ils contribuent à écrire. Et je dirais même que l'histoire importe moins que la vision qu'en impose la ligne du parti. Un exemple en est le récit de la division du parti bolchévique en tenants de la ligne générale et trotskistes. Ces derniers se résument à quelques trublions, donnant de la voix et semant la pagaille au sein du parti, mais à aucun moment on n'apprend quoi que ce soit sur les idées qu'ils véhiculent ni sur l'enjeu de la querelle qui les oppose au courant majoritaire du parti. de même, la Makhnovchtchina (une armée anarchiste qui soutint la lutte auprès des bolchéviques et finit éliminée par ces derniers une fois qu'elle eut cessé d'être un allié utile) est qualifiée de "brigands", sans la moindre allusion ni à leur précieux engagement auprès de la révolution ni aux idées que leur fondateur Nestor Makhno soutenait.
Et l'amour? Schématique. Ainsi le personnage de Tonia, fille d'une famille bourgeoise qui devient un temps l'amoureuse de Pavel. Certe cette idylle entre un garçon issu du peuple (je ne dirai pas prolétariat pour ne pas tomber dans le jargon) et une fille représentant une société balayée par la révolution assure quelques moments de grâce. Mais uniquement pour se clôturer par une séparation et des retrouvailles au cours de laquelle le fossé social se révèle infranchissable : lui militant du Komsomol (organisation de jeunes bolchéviques), elle mariée à un diplomate polonais. Tout ce qu'elle trouve à dire à ce moment est "sale bolchévique". Fin du chapitre. On a vu plus émouvant comme séparation.
En somme c'est réellement au moment où Kortchaguine se trouve contraint de lâcher prise et de se désengager de son militantisme inconditionnel qu'il prend enfin un peu d'épaisseur et d'humanité et que l'on commence réellement à pouvoir s'intéresser à lui.
On aurait espéré que sa nouvelle vie d'écrivain ayant réussi à terminer son roman autobiographiqu, marié à une femme qui accepte sa condition d'handicapé puisser enclencher un tournant dans le roman. Hélas, c'est là que s'achève le récit.
Et l'Acier fut trempé n'est pas en soi une mauvaise lecture, bien au contraire , il regorge de péripéties : batailles, trahisons, amitiés, amours se succèdent à un rythme effrené. C'est son côté moralisateur qui exaspère fréquemment, son besoin de vouloir établir ses personnages en archétypes conformes à une vision de l'homme nouveau, de transformer leurs aventures en exemple de l'attitude politique attendue d'un militant révolutionnaire. On a appelé ce courant littéraire "réalisme socialiste". Une blague a circulé sur le réalisme socialiste : On demande à plusieurs peintres de représenter une route. le peintre figuratif peint un paysage avec une route qui s'éloigne vers l'horizon. le peintre impressioniste peint une ligne marron au milieu d'une mosaïque de verts de bleus et de rouges censés représenter des fleurs dans un champ. le peintre cubiste peint une ligne droite au milieu de cubes multicolores sans signification. le peintre réaliste socialiste peint la ligne politique du parti".
C'est un bon résumé de ce roman.
Une blague
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Nicolas Ostrovski s'inscrit dans le groupe d'auteurs d'Europe de l'Est, tels que Maïakovski, dont les oeuvres ont été reléguées aux nouveaux autodafés. Ce n'est bien entendu pas la qualité littéraire de leurs oeuvres qui est remise en question : l'association des auteurs avec le système soviétique les a transformés en parias, dans le meilleur des cas pouvant espérer une triste récupération de la part des quelques nostalgiques restants du bolchévisme qui se servent de leur oeuvre pour défendre un système qui n'est plus. Mais limiter "Et l'acier fut trempé" aux considérations mesquines des oppositions politiques serait ridicule, et ne rendrait pas compte de la véritable richesse littéraire de l'ouvrage. Extraordinaire exaltation de l'épopée révolutionnaire, à travers ses presque 500 pages nous suivons les aventures du jeune Pavel, alter ego de l'auteur, lors des premières années de la Révolution russe.

Le parcours du héros, est aux premiers abords celui d'une éducation politique : le sentiment d'injustice fait au peuple par les dirigeants tsaristes, le dégoût envers une société dévolue à la cupidité, et dont les élites oisives exploitent les masses laborieuses, le constat de la faillite des discours petits-bourgeois qui cherchent à défendre leur position… Progressivement s'installe chez Pavel le sentiment d'appartenance à une classe, et le constat du fossé qui le sépare des classes bourgeoises, mais aussi entre le passé corrompu seigneurial, et le nouvel idéal, ce « nouvel homme soviétique » qu'il incarne.

"Et l'acier fut trempé" va bien plus loin : à travers cette éducation politique, Pavel reçoit aussi une véritable éducation à la vie. C'est bien ici que réside la réelle qualité du roman, lui permettant de dépasser la simple oeuvre de propagande. Alors que l'ancien monde est balayé par la révolution, les personnages changent et grandissent au rythme de l'histoire. L'évolution psychologique et physique de Pavel, endurci par la guerre, est évidente : il passe du jeune adolescent insoucieux et bagarreur au soldat révolutionnaire dévoué et couvert de blessures. Mais l'évolution des personnages permet surtout de témoigner de la progression de l'histoire : ainsi la retrouvaille entre Pavel l'ouvrier et son premier amour, une jeune femme de la petite-bourgeoisie, révèle non seulement le fossé entre ce qu'il est devenu et ce qu'elle est restée, mais aussi entre le passé tsariste et l'avenir révolutionnaire.

Si un reproche est à faire au roman, il s'agirait probablement de sa narration parsemée d'ellipses, qui rendent les différents chapitres un peu décousus entre eux, ce qui provient sans doute du fait que le roman a été originellement publié en plusieurs parties dans un magazine. Ceci donne néanmoins au roman une grande vitalité, les évolutions du monde autour de Pavel s'enchaînant sans cesse, mais peut rendre la lecture compliquée pour quelqu'un n'étant pas familier avec l'histoire de la guerre civile russe (dans la première partie du roman s'enchaînent ainsi les conflits avec les allemands, les nationalistes ukrainiens et les polonais). le roman souffre aussi d'un certain manichéisme, fréquent dans les oeuvres du courant du réalisme socialiste, dont la représentation idéalisée du monde peut tout de même avoir un certain charme pour le lecteur moderne : les héros prolétaires dévoués et courageux, affrontent une masse immonde de bourgeois avares et traîtres, de pogromistes chauvinistes sadiques ou d'aristocrates prétentieux et cocaïnomanes. Même au sein du camp prolétarien lorsqu'un personnage est présenté comme incompétent, paresseux ou client de prostitution, s'est pour ensuite découvrir qu'il s'agit d'un odieux trotskyste contre-révolutionnaire ou d'un anarchiste décérébré.

Oeuvre de fiction, "Et l'acier fut trempé" ne peut (et ne doit !) absolument pas être lu comme une représentation fidèle de la première période de la Russie bolchévique. Mais il ne peut en aucun cas être écarté, au nom de considérations totalement étrangères à la qualité de l'oeuvre, qui dépasse largement la propagande (on pourra aussi souligner que même des oeuvres de pure propagande peuvent avoir d'immenses qualités artistiques).

Aujourd'hui Ostrovski est introuvable dans les librairies françaises. Dans son Ukraine natale sa mémoire est bafouée, alors que celle des pogromistes qu'il a combattus, par la plume comme par l'épée, est sans cesse exaltée. Peut-être que notre société rongée par l'individualisme et la surconsommation aurait plus que jamais besoin de héros comme Pavel.
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Ce roman date des années 1932-1934. Ce n'est pas rien. Ostrovski, qui a sa statue à côté du Bolchoï, écrit là une oeuvre conforme à la doctrine Jdanov du réalisme socialiste, en présentant un "héros positif", un "modèle", un saint communiste. Soit dit en passant, cette expression "réalisme socialiste" est assez mal choisie. Il faudrait plutôt parler d'idéalisme que de réalisme, où le régime justifie les sacrifices du présent par la promesse d'un avenir idéalisé et glorieux présenté comme certain et quasi déjà présent. On sait ce qu'il en est advenu avec Staline, et surtout en Ukraine où les choses se passent dans le roman en 1919. Les rouges combattent les blancs alliés au Polonais et évidement aux traitres, aux aristocrates et aux popes. Pendant ce temps, l'autre moustachu du pacte germano-soviétique s'en prend aux juifs, aux homosexuels, aux tziganes et aux francs-maçons. le héros du roman, c'est Pavel Kortchaguine, vainqueur des saboteurs, des contre-révolutionnaires et des spéculateurs, mais le voilà qu'il tombe malade et devient aveugle et paralysé, mais n'en est que plus combatif et héroïque.
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Les procès de Moscou n'avaient pas encore eu lieu. le romantisme révolutionnaire de l'auteur peut paraître déplacé si nous oublions ce fait. D'autant plus que dans son livre nous reconnaissons des passions qui vont être récupérées par le régime pour mieux exploiter ses militants et son peuple.

Pour ma part, j'ai eu l'impression d'apprendre quelque chose sur la culture russe à travers ce livre. Une image, certes incomplète, de la Russie révolutionnaire de l'époque. Une URSS déjà déclinante, où le romantisme et l'abnégation de certains citoyens pour le socialisme allaient ou étaient déjà tournés contre eux.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le deuxième bataillon de préparation militaire groupait six cents jeunes. Jamais encore l'accordéon* n'avait joué dans la propagande un aussi grand rôle qu'ici, au cours des soirées en plein air. Grâce à lui, Korchaguine devenait aussitôt un "copain", et plus d'un gars de la campagne trouva la voie du komsomol en commençant par écouter l'accordéon enchanteur, tantôt passionné et faisant battre les cœurs au rythme endiablé d'une marche, tantôt caressant et tendre dans les tristes ritournelles des chansons ukrainiennes. On écoutait l'accordéon, on écoutait aussi l'accordéoniste, l'ancien ouvrier devenu commissaire politique et "secrétaire" du Komsomol. Le chant de l'accordéon et les paroles du jeune commissaire pénétraient ensemble dans les cœurs. De nouvelles chansons résonnèrent dans les villages, et d'autres livres que les psautiers et les clés des songes firent leur apparition dans les isbas.
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Dans les rangs des gardes rouges Antonina Vassilevna et Valia reconnurent Serejka, tête nue, cartouchières à la ceinture, le fusil à l'épaule….Indignée, Antonina Vassilevna éclata. Serejka, son fils, dans la bagarre! Ah! mais non! Ca ne pouvait pas se passer comme ça! C'était à ne pas y croire : en plein jour, en pleine ville, le fusil à l'épaule!
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