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EAN : 9782379331886
881 pages
Passes Composes (28/08/2019)
4.56/5   81 notes
Résumé :
L'opération Barbarossa, qui s'ouvre le 22 juin 1941, ne ressemble à aucune autre dans l'Histoire. Elle met aux prises les deux systèmes militaires les plus puissants et les deux régimes les plus brutaux. Les plans sont ineptes, les armées bien en dessous de leurs missions.
Dans le combat comme dans l'occupation, la Wehrmacht conjugue la logique exterminatrice du nazisme avec celle de sa propre culture militaire, qui pousse la terreur à son paroxysme.
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Jusqu'à présent, aucun adversaire, a l'Ouest comme à l'est, n'a été à la hauteur de notre volonté de vaincre, de notre instinct pour l'attaque. Ces unites, parmi les plus médiocres, pénètrent en Biélorussie.
Après des combats devant Sloutsk et Bialystok qui lui coûtèrent 186 pertes. Avant qu'une délégation n'atteigne le village , les habitants sortirent leur drapeaux blancs. Ils offrent le pain et le sel, en signe de bienvenue pour les 2000 juifs assassines Quelques jours après le massacre de Bialystock. le général Pavlov est arrêté par le NKVD puis est torture par le Torquemada rouge. Des deux côtés des troupes politiques sont sur le terrain et monopolise l'effort de guerre. Les allemands tentent de présenter leur invasion comme une opération pan européenne en appelant à eux des contingents venant des pays occupés. L'enfer de Dante lui meme est inspire de cet épisode. Hitler choisit de coopérer. Il est issu d'un monde alpin dont les préoccupations sont éloignées de celles de la Prusse, des baltes allemands. Jamais il n'avouera de sympathie pour le monde russe. Il préférait le vieux reich. Il préférait aller à pied dans les Flandres. Aucun auteur russe n'existe dans sa bibliothèque. A la différence d'un Himmler dont le père a été précepteur de russe. Existe t'il pire moment pour découvrir un pays. Depuis la guerre d'Ukraine, je n'ai jamais connu comme d'autre, la géographie de ses contrées. L'oblast de Tchernobyl me fait peur.
J'entends Tchernobyl. de la signature du pacte Ribbentrop-Molotov, en août 1939 jusqu'à l'effondrement français de juin 1940, la politique affichée va bien au- dela. La raspoutitsa est la période des sans chemins. La Russie est une noix très dure.
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Jean Lopez, directeur de la rédaction de Guerres & Histoire, et Lasha Otkhmezuri, docteur en histoire, ont commis une étude magistrale intitulée Barbarossa et sous-titrée « 1941, la guerre absolue ». Nous avons en toute vérité énormément apprécié cette somme de 960 pages qui fourmille d'anecdotes, d'explications et d'analyses des plus éclairantes. Cette campagne peut en effet, de prime abord, sembler difficile à saisir dans son ensemble, car elle cumule les fronts, les attaques, les contre-attaques, les sièges, les retournements de situation les plus exceptionnels et improbables. Elle engloutit les soldats et ravage les terres. Des milliers de chars et d'avions entrent en service pour détruire l'ennemi. L'opération Barbarossa reste à ce jour la plus grande invasion de l'histoire militaire en termes d'effectifs engagés et de pertes cumulées.

Lancée le 22 juin 1941, un an jour pour jour après la signature de l'armistice avec la République française, Barbarossa fixe à quatre mois le délai nécessaire à l'anéantissement militaire de l'Union Soviétique. Pour l'anecdote, il faut savoir que Napoléon inaugura sa campagne de Russie le 24 juin 1812 avec la réussite que chacun connaît. de fait, les Allemands, conscients malgré tout du potentiel militaire russe à venir, veulent détruire rapidement les forces armées soviétiques, avant que celles-ci ne puissent déployer leurs forces dans toute leur étendue, et en exprimer toutes les dimensions.

Dès les premières lignes, nous lisons : « la Wehrmacht entame une guerre d'extermination et de colonisation ; l'Armée rouge et la population soviétique se vident de leur sang, prises entre les feux d'un ennemi sans pitié et les assauts de la terreur stalinienne ». Même au plus fort du conflit, Staline et les siens craignent des complots de l'intérieur alors que la majorité de la population russe ne pense qu'à une seule chose : survivre. Ainsi, les commissaires politiques soviétiques emprisonnent de nombreux russes, ce qui renforce leur défiance à l'endroit du régime. Des millions de prisonniers, politiques ou non, tentent de survivre au Goulag, tandis que la police politique - présente partout - est haïe. Sous le régime des soviets, la délation demeure une règle de savoir-survivre pour être bien considéré par les autorités.

Comme l'expriment très bien les deux auteurs, « l'opération Barbarossa cumule les particularités. A ce titre, elle occupe une place à part sans l'histoire militaire. Jamais, depuis les guerres de religion, un conflit militaire n'a été idéologisé à ce point. Des deux côtés des troupes politiques — SS/SD et NKVD – poursuivent des objectifs propres, dont de nombreux éléments sont néanmoins intériorisés par l'encadrement et la troupe. Les Allemands tentent de présenter leur aventure comme une croisade paneuropéenne, en appelant à eux armées de l'Axe et contingents venus des pays occupés ; les Soviétiques font donner partout les partis communistes, leur cinquième colonne. »

Lopez et Otkhmezuri relèvent également les caractéristiques propres des belligérants : « Les Allemands apportent dans leurs bagages une tradition de violence contre les civils ennemis, l'obsession des francs-tireurs et des partisans, la primauté donnée au combat sur toute autre forme d'engagement militaire. L'Armée rouge est la créature d'un parti politique, dont elle intègre les organes et les méthodes de surveillance et de répression ; elle est indifférente au sang versé par ses soldats ou aux souffrances de ses propres citoyens. »

Les nationaux-socialistes et les soviétiques s'appuient d'une même façon sur une vision politique qui se revendique absolue, totale, et seule légitime, juste et même bonne. Les auteurs estiment que « les deux adversaires se nourrissent de mythes puissants - judéo-bolchevisme et complot capitaliste - qui marquent les opérations, la diplomatie, les buts de guerre. » Cependant, avant d'en arriver à se combattre jusqu'à la mort, les deux blocs entretiennent des échanges cordiaux, qu'ils soient diplomatiques, politiques et économiques. Les auteurs démontrent avec des arguments et des preuves irréfutables que les deux gouvernements ont cherché à trouver des terrains d'entente. Prenons le temps de mentionner la signature du Pacte germano-soviétique, officiellement traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union soviétique, qui regroupe un ensemble d'accords diplomatiques et militaires signés le 23 août 1939 à Moscou, par les ministres des Affaires étrangères allemand, Joachim von Ribbentrop, et soviétique, Viatcheslav Molotov, en présence de Staline. Jusqu'à la fin de l'année 40, les diplomates allemands et russes discutent pour que les deux « empires » soient alliés.

Dans le même ordre d'idée, et ce n'est malheureusement pas enseigné par oubli volontaire ou par méconnaissance historique, les soviétiques dans le cadre des accords commerciaux signés avec les nationaux-socialistes, leur ont livré du pétrole, des céréales et des matières premières. Les chiffres donnent le tournis : 900 000 tonnes de pétrole, 1,6 million de tonnes de céréales et 140 000 tonnes de minerai de manganèse. Paradoxalement, les Russes ont donc participé à l'effort de guerre contre leur pays. Ces captivantes péripéties sont parfaitement décryptées dans l'ouvrage. Elles permettent de saisir tous les enjeux diplomatiques des années 30, trop souvent réduites dans l'enseignement officiel à un affrontement du bien contre le mal.

Toutefois, l'antagonisme pesait trop lourd entre le Reich et l'URSS pour qu'ils n'entrassent pas en conflit tôt ou tard. Lors de la montée des tensions débouchant sur la guerre totale, nous notons que « des deux côtés on se berce d'illusions : de soi-disant fragilité, d'origine raciale, du système soviétique, ou de solidarité attendue des ouvriers sous uniforme allemand ; l'on sous-estime l'adversaire et l'on surestime ses propres forces à un point qui défie tout bon sens militaire ; l'on croit à une guerre courte et peu sanglante pour soi-même ; l'on applique des plans d'opérations ineptes, comme conçus par des dilettantes oeuvrant dans un monde de purs concepts ; l'on croit détenir la formule magique de la victoire, qu'on la nomme Blitzkrieg allemande ou pensée opérative soviétique ». Il existe souvent un monde d'écart entre les discussions dans les bureaux confortables de l'état-major et la réalité du terrain comme l'apprennent à leurs dépens des millions de soldats. Un des nombreux points qui a également retenu notre attention : la volonté des auteurs de détailler les erreurs stratégiques et tactiques commises par les différents acteurs de ce drame.

Lopez et Otkhmezuri rappellent que « le résultat de cette moisson de superlatifs est la création d'un brasier de proportions monstrueuses. Combats, exécutions, famines délibérées tuent en deux cents jours plus de 5 millions d'hommes, femmes et enfants, soldats et civils. Mille morts à chaque heure, nuit et jour. C'est, sur un seul front, le semestre le plus létal de la Seconde Guerre mondiale, et, sans doute, dans toute l'histoire humaine. »

Les auteurs usent d'une métaphore pour montrer la réalité de cette guerre : « l'enfer de Dante est une tiède géhenne comparé aux grands mouroirs à ciel ouvert qui s'égrènent le long de la ligne de front, dans Leningrad assiégé, dans les 200 camps de prisonniers de guerre soviétiques, dans les villes occupées, ravagées par la faim. le nazisme et son armée donnent la pleine mesure de leur potentiel de destruction, de nature centrifuge : on tue l'autre. Pour survivre à l'assaut, le bolchevisme stalinien radicalise sa violence, de nature paranoïaque et centripète : on tue d'abord parmi les siens. Il utilise les armes avec lesquelles il a édifié une industrie, collectivisé l'agriculture, éliminé des classes sociales entières. Contrairement à ce que certains intellectuels soviétiques ont ressenti pour eux-mêmes, la guerre ne change pas le stalinisme : elle l'exalte. »

Pour rédiger ce passionnant ouvrage les auteurs ont pu s'appuyer sur des authentiques sources d'informations. Ils nous disent que « les matériaux abondent. Archives militaires et diplomatiques, mémoires, journaux d'unités et écrits personnels, rapports, enquêtes, interviews de vétérans menés par nous-mêmes, sont mis à profit, qu'ils aient été écrits en russe, en ukrainien, en allemand, en anglais, en géorgien, en italien ou en espagnol. » Lopez et Otkhmezuri prennent le temps de décrypter leurs méthodes de travail. C'est vraiment intéressant de savoir que leurs recherches reposent sur l'étude de nombreux et différents types de documents, de surcroît écrits en plusieurs langues. Ils ajoutent que « les journaux intimes constituent aussi des sources précieuses, notamment pour saisir les mouvements de l'opinion et ce produit phare de la société soviétique, la rumeur. »

Ce livre répond à de nombreuses questions. Nous en reproduisons certaines : « Comment l'Armée rouge, monstre pataud, dominée de la tête et des épaules, détruite deux fois, reconstruite deux fois, a-t-elle pu se sauver d'un désastre qui semblait au monde entier inévitable ? Comment la Wehrmacht a-t-elle pu pousser son effort jusqu'à tomber littéralement en morceaux ? Qui, comme Staline, s'est fait surprendre par une attaque qui se dessinait son nez, jour après jour et pendant des mois, et dont il avait été averti cent fois ? Qui, comme les chefs de la Wehrmacht, s'est refusé à voir que cet adversaire que l'on donnait pour mort allait sortir du tombeau et frapper avec vigueur ? » Les réponses à ces pertinentes interrogations se trouvent dans cette production intellectuelle d'excellente facture.

Il ne faut pas perdre de vue que « l'échec de l'opération Barbarossa a engendré des conséquences considérables et à longue portée. Elle renverse le sablier du conflit et permet d'apercevoir le terme de l'aventure nazie. L'Etat soviétique, suicidaire du fait des dérèglements même du système stalinien, prolonge son existence de quarante ans par sa victoire et le retentissement qu'il sait lui donner. » Lopez et Otkhmezuri estiment avoir « voulu présenter une vision équilibrée des deux camps - et de leurs alliés respectifs -, passant du Kremlin à la Redoute du loup, des états-majors des Fronts à ceux des groupes armées, du NKVD aux Einsatzgruppen, des unités en marche aux usines et aux fosses d'exécutions. » Néanmoins, ils précisent que « la vision équilibrée signifie que les adversaires ont droit à une place équivalente, non que nous les renvoyions dos à dos. » Ils ajoutent que pour eux « les morts de l'opération Barbarossa sont bien à la charge de l'Allemagne, le pays agresseur ».

Cette dernière idée exprimée peut quand même surprendre, étant donné que tous les spécialistes de cette période partent du principe, que tôt ou tard, les soviétiques auraient attaqué les nationaux-socialistes. de même, dans un souci de vérité et de justesse historiques, il s'avère effectivement impossible de renvoyer dos à dos deux systèmes politiques dont l'un a duré de 1933 à 1945, soit à peine douze ans, tout en étant limité à l'Allemagne ou à l'Europe centrale, alors que l'autre naquit en 1917 et a fini balayé par un vent de liberté en 1989 – soixante-douze ans de durée de vie - après avoir essaimé en Chine, Corée, Vietnam, Cambodge, Cuba, Vénézuela, etc. Aujourd'hui encore, certains pays se réfèrent toujours au communisme. Ce constat est quand même très inquiétant au vu du bilan humain de ces différents régimes…

En définitive, comment est-il possible de comprendre cette terrible tragédie ? Les mots manqueront toujours pour décrire l'horreur de la guerre et la folie des hommes. Pourtant, les deux historiens parviennent, grâce à un labeur de quinze ans, à restituer tous les enjeux de cette campagne militaire sur le sol russe en proposant une véritable enquête remontant aux origines du communisme et du national-socialisme. Ils analysent également la chronologie implacable de 1917 à 1940, quand tout se joue après la défaite de la France. Cette fresque historique retrace d'une manière limpide, nonobstant la masse d'informations à analyser et à comprendre, ce semestre effroyable où l'héroïsme se mêla aux plus viles actions humaines. le récit se veut clair, pédagogique et véritablement instructif. le lire permet de comprendre cette opération Barbarossa opposant « les deux systèmes militaires les plus puissants et les deux régimes les plus brutaux » de l'époque…



Franck ABED

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Cet ouvrage de 1682 pages (oui, oui, vous avez bien lu) évoque la première partie de l'opération Barbarossa qui se déroule du 22 juin 1941 à fin décembre 1941 quand la Wehmacht comprend qu'elle ne pas avancer plus avant, qu'elle ne pourra pas anéantir l'Armée Rouge, considérée pourtant comme une armée d'incapables. Après un long préambule sur les atermoiements de Hitler qui tient à attaquer l'URSS mais sans ennemis dans le dos (il va même jusqu'à envisager une alliance avec la Pologne) et les craintes de Staline qui sait les faiblesses de son armée et qui aimerait gagner du temps -d'où le pacte de non-agression-, les deux auteurs déroulent l'invasion de l'URSS et surtout la violence inouïe qui va s'abattre sur les soldats et la population soviétique, faisant 5 millions de morts en 200 jours.

Ce qui est frappant dans cette longue démonstration historique, c'est le choix de la violence par les Allemands. Or, certaines populations (notamment les Ukrainiens) ont accueilli l'arrivée de la Wehmacht avec beaucoup d'espoir, celui de pouvoir se débarrasser des communistes. Mais les Allemands ne l'ont pas compris, dans leur arrogance et leurs préjugés, ils ont multiplié les exactions, s'aliénant ainsi les territoires occupés. du côté de l'Armée rouge, on est effaré par l'impréparation des soldats, la médiocrité voire l'absence de communications entre les différentes unités, groupes de combattants qui attaquaient sans savoir où se trouvaient ennemis ou amis. Sans oublier la violence exercée par la Stavka, le haut commandement où siège Staline en personne, qui impose les mouvements de troupes, les positions à tenir ou à enlever sans tenir compte de la réalité du terrain, des forces en présence et envoyant comme chair à canon des milliers de soldats peu armés (parfois, les soldats doivent partager des fusils…), mal commandés et qui sont pris entre le feu des Allemands et celui du NKVD. Malgré tout, l'Armée rouge résiste, se réorganise et tient face aux armées allemandes qui vont s'enliser dans ces territoires immenses. Les survivants accuseront plus tard dans leurs mémoires le fameux hiver russe pour justifier leurs échecs mais ce sont leur aveuglement, leur arrogance et l'immensité du territoire qui les ont fait perdre.

1682 pages… C'est long mais j'ai appris des faits que j'ignorais encore.

Challenge Pavés 2024
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Il n'est pas et il n'y eut jamais de guerre « propre » mais certaines repoussent les limites de l'horreur et de la folie humaine. L'invasion de la Russie Soviétique par l'Allemagne nazie atteint un degré inégalé dans ce domaine. Les auteurs de cette somme (900 p.) en analysent de manière précise et documentée les préparatifs,le déroulement et tous les aspects ( militaires, économiques , géopolitiques, humains). de cette lecture , il ressort plusieurs faits : le calvaire vécu par les peuples des régions impliquées pris entre la mégalomanie raciste d'Hitler et la paranoïa stalinienne , l'incompétence , l'aveuglement , la soumission des castes militaires et politiques, l'ensauvagement des troupes soumises à des conditions intolérables. Ne pas oublier aussi le prix exorbitant que paya le peuple russe en usant l'armée allemande ce qui permis la victoire finale .Un remarquable travail d'historien qui éclaire le passé et rend plus lisible le présent.
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Peut-être le livre le plus épais que j'aie lu, et pourtant assez rapidement (pour moi) et avec plaisir. Un vif regret, que je n'avais pas compris en l'achetant : il s'arrête en 1941, et n'inclut donc absolument pas ce qui fait la célébrité de la bataille de Russie, à savoir Stalingrad.

Première fois que je lis un ouvrage de stratégie « polémologique », avec récit détaillé à l'extrême des batailles, des mouvements de troupes, noms des officiers impliqués, description minutieuse des matériels, etc. le résultat est tout à fait passionnant. D'autant que l'ouvrage, honnête au plan politique — malgré deux ou trois propos affiliant directement Staline à Lénine, et faisant donc de ce dernier, à tort, un dictateur totalitaire — permet de démonter les mythes pro-Wehrmacht habituels (la défaite est due à l'hiver, les Russes étaient des sauvages, etc.). La tonalité m'a toutefois un peu gênée s'agissant des officiers nazis, décrits en termes tout à fait élogieux. Si les auteurs entendent détruire le mythe de la Wehrmacht « propre » entraînée dans les atrocités par les méchants politiciens hitlériens (en vérité, elle les a avalisées sans coup férir), ils y sacrifient un peu malgré eux en décrivant les aristocrates prussiens sous des dehors positifs (« courageux », etc.). Ça surprend et je ne suis pas tout à fait sûr que ç'eût été possible après-guerre : nous avons changé de régime d'historicité et il est de bon ton depuis la contre-révolution conservatrice (et la remontée du fascisme en Europe) de nuancer les condamnations du camp allemand (le film La chute est, de ce point de vue, un modèle de relecture historique visant à atténuer les torts du peuple allemand que je trouve assez scandaleux et qu'on pourrait à mon sens qualifier de révisionniste).

Un autre mythe auquel ce livre tord le cou est celui de la nullité proverbiale de l'Armée rouge. Si les auteurs montrent le gâchis humain, et les effets très néfastes des ordres de Staline (qui guerroie comme il industrialise ou collectivise, disent-ils, avec les traits de la doctrine bolchévique, volontarisme, grandiloquence, obsession pour l'offensive à outrance…), ils montrent aussi la qualité du matériel soviétique, l'abnégation presque sacrificielle des soldats russes qui étonna les Allemands. Qui le sait, aujourd'hui où l'on décrit trivialement l'Union Soviétique comme un régime ubuesque, absurde, haï, ridicule, etc. ?

J'ai noté, à mon grand regret, un propos absolument inacceptable, osant assimiler Nazis et Soviétiques quant à leurs intentions génocidaires vis-à-vis des minorités balkaniques. Autre point qui m'a gêné : les uchronies, ou tentatives d'imaginer "ce qui se serait passé si" (si Hitler et Staline n'avaient pas scellé leur pacte, si Hitler n'avait pas ouvert un second front, etc.). J'ai tendance à voir dans ce type d'exercice des élucubrations peu intéressantes. Par définition, nous ne savons pas et ne pouvons pas savoir ce-qui-se-serait-passé-si. Cela n'empêche pas l'ensemble d'être passionnant pour le néophyte que je suis.
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critiques presse (2)
LeFigaro
12 septembre 2019
Il est difficile de fermer ce livre de près de 1000 pages sans céder à l’admiration. Barbarossa 1941. La guerre absolue de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri n’est pas un essai de plus sur une des batailles les plus titanesques de l’Histoire, c’est une somme d’érudition et d’analyse, une œuvre à part entière.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Culturebox
11 septembre 2019
Barbarossa, 1941 : cinq millions de morts. Comment imaginer une telle tragédie ? Les mots manquent pour décrire une telle bataille. Deux historiens du Front de l’Est y parviennent grâce à un travail acharné de quinze ans.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
À son arrivée, Timochenko essaye tout d’abord de restaurer la discipline, comme on le faisait durant la guerre civile, par la terreur. Le 24 janvier 1940, suite à un ordre conjoint de Vorochilov et de Beria, 27 unités de barrage, chacune forte de 100 hommes, sont créées et soumises à l’autorité des Osoby Otdel (département spécial et secret du NKVD au sein des unités). Elles se postent sur les arrières et bloquent les fuyards, fusillant pour l’exemple. Pour améliorer la logistique, Timochenko mobilise l’aviation civile, fait construire de nouveaux chemins de terre et de fer, ouvre les réserves de munitions et de produits alimentaires. Il émet une série d’ordres qui rappellent aux commandants des unités le B-A-BA de la conduite de la guerre : dissimuler, reconnaître, concentrer et échelonner les forces, donner des objectifs réalistes, coordonner les armes. Les bataillons de marche et ceux de skieurs reçoivent un minimum d’entraînement avant de revenir en première ligne. La reprise des combat, le 11 février, n’est certes pas une partie de plaisir mais les percées sont obtenues, l’exploitation se fait de façon régulière. C’est au tour des Finlandais d’encaisser leurs plus fortes pertes. L’ensemble des observateurs militaires a retenu le visage de la guerre à son début, c’est-à-dire avant l’arrivée de Timochenko. Tous, notamment les Allemands, ont conclu à l’incapacité globale et définitive de l’Armée rouge. Une analyse plus fine aurait permis de détecter que, lorsqu’elle est correctement commandée, la machine militaire soviétique fonctionne, à grand coût humain, certes, mais elle fonctionne. Surtout, elle apprend de ses erreurs, même sous le stress du combat. Cette leçon majeure, l’OKH n’a pas su l’extraire des rapports transmis par les Finlandais. Elle s’en mordra les doigts en 1941.
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Sans doute plusieurs des invités du général von Hammerstein-Equord n’ont pas pris au sérieux le programme d’expulsion des peuples de l’Europe orientale et de germanisation de leur ancien espace de vie, ou la perspective, énoncée en clair, d’avoir à lutter à la fois contre la France et l’Union soviétique. Mais leur silence vaut approbation. Ce premier renoncement en appelle d’autres. Hitler est venu chercher un partenariat avec l’armée : il trouve une complicité, qui sera sans arrêt renforcée et radicalisée par l’incroyable série de succès diplomatiques, économiques et militaires qui, entre 1933 et 1941, en fera un mythe vivant, étouffant les scrupules, les craintes et les doutes des chefs militaires, à peu d’exceptions près. De façon spontanée – un des présents parlera d’un « appel venu du cœur » -, il a laissé voir certains de ses desseins les mieux cachés (il faudra attendre 1937, et plus encore 1939, pour qu’il en parle à nouveau). Cet aveu de faiblesse calculé, ce risque assumé lui a livré l’armée allemande, l’instrument consentant de sa future politique d’agression, de réduction en esclavage et de génocide. Il n’a laissé dans l’ombre qu’un pan de sa vision du monde, un pan pourtant central : la solution du « problème juif ». Cette alliance entre Hitler et l’armée, nouée dans la salle à manger du général von Hammerstein-Equord, pourrait fournir un début à l’histoire de l’opération Barbarossa si, depuis dix ans, elle n’avait déjà été en germe dans la tête d’Hitler. Sans cette alliance inconditionnelle, l’attaque n’aurait pas eu lieu ou, du moins, elle n’aurait pas revêtu le même caractère exterminateur. L’alliance se soudera, pour le pire, dans le serment personnel au Führer prêté à partir d’août 1934 et dans l’acceptation, pour les plus hauts gradés, de dons secrets d’argent, de domaines, d’exemptions fiscales, c’est-à-dire d’une corruption massive. L’opération Barbarossa est fille de la volonté conjointe d’Hitler et du haut commandement des forces armées. Les autres forces politiques, sociales ou économiques pèsent moins au regard de cette alliance.
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EN ATTENTE

Jusqu'à présent Jean Lopez avait traité des victoires soviétiques : Stalingrad, Koursk, Tcherkassy-Korsun, Opération Bagration, offensives géantes vers Berlin. Ces cinq livres dressaient un tableau gigantesque de l'apocalypse guerrière balayant tout sur son passage depuis le tournant de Stalingrad jusqu'à la prise du bunker d'Hitler.

L'ouvrage que je viens d'acheter traite de l'opération Barbarossa débutant le 22 juin 1941. Il décrit la marche en avant des armées allemandes jusqu'à Leningrad, Moscou et la Crimée.

Jean Lopez et Lasha Okthmezuri avait déjà publié un fabuleux "Joukov" (probablement le plus grand chef de guerre de tout ce conflit). Cet ouvrage de près de mille pages va probablement constituer une référence incontournable sur les débuts du pire conflit de l'histoire humaine; le conflit germano-soviétique.

Compte-rendu à venir dès fin de lecture
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« Jusqu’à présent, aucun adversaire, à l’Ouest comme à l’Est, n’a été à la hauteur de notre volonté de vaincre, de notre instinct pour l’attaque. » C’est avec ces mâles paroles que le général Johann Pflugbell, commandant de la 221e division de sécurité, s’adresse à ses hommes dans son ordre du jour du 21 juin 1941. Le lendemain, cette unité, parmi les plus médiocres, pénètre en Biélorussie soviétique. Après des combats devant Sloutsk et Bialystok, qui lui coûtent 186 pertes, le 27 à l’aube, son avant-garde pénètre dans cette dernière ville sans tirer un coup de feu. Une délégation d’habitants se présente à l’hôtel Ritz, où s’est installé le commandement. Sur un linge blanc, elle offre le pain et le sel en signe de bienvenue. Le lendemain, le général Pflugbell exprimera à ses hommes « sa plus complète reconnaissance » et tiendra à en décorer plusieurs, en personne. Ces mots et gestes de gratitude envers une unité de la Wehrmacht – à laquelle se mêle un bataillon de police – ne récompensent pas les combats des jours précédents mais l’assassinat gratuit, le 27 juin, de plus de 2 000 Juifs de la ville, fusillés dans les maisons et les rues, assommés ou brûlés vifs dans la synagogue. À l’image de la 221e division de sécurité, au premier jour de l’été 1941, trois millions de soldats allemands entament une marche de 1 000 kilomètres dans la poussière, la chaleur et le sang. Comme le héros de Joseph Conrad remontant le fleuve Congo vers le royaume de l’horreur, ils se précipitent dans une bataille qu’on leur a présentée comme différente de toutes les précédentes. Elle le sera en effet. En quelques semaines, ces soldats se transforment en membres de l’armée la plus criminelle de toutes les histoires. Ils sont devenus l’armée d’Hitler.
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Alors que Leningrad voit exploser le banditisme et les conduites asociales ,le NKVD affecte dix fois plus d'agents à traquer les déviations politiques qu'à mettre hors d'état de nuire les droits communs.
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Vidéo de Jean Lopez
Dans le 171e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Whisky san, que l’on doit au scénario conjoint de Fabien Rodhain et Didier Alcante ainsi qu’au dessin d’Alicia Grande et qui est édité chez Grand angle. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album L’honorable partie de campagne que l’on doit au scénario de Jean-David Morvan qui adapte l’ouvrage de Thomas Raucat, mis en dessin par Roberto Melis et édité chez Sarbacane - La sortie de l’album Jusqu’ici tout va bien, adaptation d’un roman de Gary D. Schmidt par Nicolas Pitz et que publient les éditions Re de Sèvres - La sortie de Sous la surface, le deuxième tome de la série Le lait paternel que nous devons à Uli Oesterle et aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Les 100 derniers jours d’Hitler, adaptation d’un ouvrage de Jean Lopez par Jean-Pierre Pécau au scénario, le duo Senad Mavric et Filip Andronik au dessin et c’est édité chez Delcourt - La sortie du premier album sur deux de Quand la nuit tombe, un titre baptisé Lisou que l’on doit au scénario de Marion Achard, au dessin de Toni Galmès et c’est édité chez Delcourt - La réédition en couleurs de l’album Orignal que l’on doit à Max de Radiguès et qui est sorti chez Casterman
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