Les meurtres de prostituées étaient rares. Au grand jamais, il n'en avait été commis avec une telle barbarie qui dépassait tout entendement. Comme quoi, le requin n'est pas le seul poisson à craindre dans la mer, il y en a bien d'autres.
On ne peut pas prêcher l'honnêteté en bas de l'échelle sociale quand d'autres, au plus haut niveau, s'en mettent plein les poches.
Le tribalisme doublé du népotisme, du clientélisme et de l’allégeance politique est ici un sport national, comme le football l'est au Brésil. Plus qu'une chasse aux sorcières, l'épuration ethnique est légion dans toute l'administration gabonaise. Certains ministères étaient même réputés être la propriété d'une certaine ethnie. Vive la république tribaliste !
Le mal qu'on te fait la nuit a commencé le jour.
On apprend à pleurer à la mort de sa mère.
Le feu ne s'éteint jamais quand il y a un vieux au village.
On n'oublie pas un rêve parce que la journée s'allonge.
Marco regarda la pancarte qui pendait au-dessus du comptoir : "Payez avant d'être servi. Le crédit est mort par accident pour abus de confiance."
Le Labyrinthe était une ancienne habitation qui avait été transformée en motel. Le propriétaire devait être un ancien ponte de la république au tombage (note : avoir perdu son prestige ou être tombé en disgrâce) vu le côté coquet de la piaule. Le commerce de la cuisse tarifée faisait florès dans le pays. En quelques années, des garceries avaient poussé ça et là comme des champignons, à croire que baiser était devenu le sport favori des Gabonais. Nul ne l’ignorait. Les Gabonais étaient passionnés de femmes. Et bon nombre d’entre eux entretenaient des deuxièmes bureaux (note : femmes entretenues par des hommes mariés).
Depuis plus d’une heure, les deux mectards palabraient à bâtons rompus au petit coin dans une encoignure du bar pendant que Bosco et Tom s’embouchaient des bières chaudes, car de toute la journée le quartier n’avait pas été alimenté en électricité.