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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Samedi soir à Libreville : quatre compères essaient de faire des embrouilles sans s'embrouiller, ils se retrouvent sous les lampadaires pour palabrer comme tous les jeunes paumés du quartier. L'un, Benito, se cadeaute en arborant ses baskets neuves, avec étiquettes apparentes.
Ils découvrent, dans une voiture beaucoup d'argent et un homme « cadavéré » (hommage à Zao, l'antimilitariste congolais, avec son hymne « Ancien combattant » à la fois grotesque et engagé : « la guerre ce n'est pas bon, tout le monde cadavéré ». Et une enveloppe de photos : sans aucun doute, ces photos montrent des hommes politiques, procureur, sénateur, Premier Ministre, ministre des Affaires Étrangères, entourant le Président de la République que Janis Otsiemi appelle Papa Romeo, PR, dans un apparat franc-maçon, « associé à la sorcellerie et devenu une religion d'État comme l'Islam l'est dans les pays musulmans ».
Vendre ces photos au plus offrant, vite.
D'autres petits truands, sapeurs (qui soignent leur mise) sont au courant d'une arnaque à exécuter sur un patron chinois, qui paie ses salariés en liquide et va chercher l'argent à l'UGB, l'Union Gabonaise de Banque, le dernier jour du mois.
Des policiers ripoux, jouant au tiercé à longueur de temps, sont sur une troisième affaire : des « voleurs de sexe », d'où le titre, qui peuvent subtiliser le « bangala » d'un quidam à qui ils serrent la main. Les voleurs sont principalement des musulmans, or le chef de l'État est musulman (puisque le Gabon est producteur de pétrole, et Bongo a voulu s'aligner sur les pays de l'OPEP par sa conversion)
Le Gabon est un pays riche, très riche, qui pourtant, nous dit l'auteur, ne distribue la richesse à personne. Les magouilles, depuis le haut de l'État, les concussions entre petits malfrats et policiers de la PJ, les doutes concernant les immigrés de l'Afrique de l'Ouest et leur rôle dans le pays, enfin la mainmise de la Chine, tout cela contribue à un paysage sombre, et à la fois gai.
Pourquoi gai ?
Grâce à l'écriture inventive, réécriture mélangeant un parfait français, des proverbes africains, une langue savoureuse de quartier, des utilisations de mots en les détournant de façon jouissive. Exemple : Un protagoniste, une clope piégée entre les lèvres, téléphone son paquet de cigarettes à un compagnon, rouscaille, lui met sous le groin et renfouille ce qu'il veut lui montrer, lui serre l'os puis jargonne l'objet de sa présence.
Écriture subversive aussi, mettant en place le paysage politique que Janis Otsiemi nous décrit sans concession. Il vit à Libreville, cet auteur, très étrange dans cette dictature pourrie par la corruption à tous les étages.
Mais oui, il vit à Libreville.
Peut-être pas un chef d'oeuvre, mais un bon moment à passer et un grand bravo pour le courage de l'auteur.
Un conseil : écoutez le Zao de 1969 en lisant ce livre. Vous comprendrez l'humour spécial utilisé par Janis Otsiemi.
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Libreville.
A l'écoute des pulsations qui résonnent dans les rues de la capitale.

Pulsations de Benito le rappeur, Tata le teigneux et Balard le puceau, issus des matitis (les bidonvilles) et vivant de combines, qui se retrouvent pour partager une soirée qui les mènera jusqu'au bout de la nuit...
Et quelle nuit!

Pulsations aussi d'un autre équipage, celui de Kader le flambeur, de Pepito l'adepte en sapologie et de Poupon, qui eux se réunissent pour préparer le coup de l'année.

Tous rêvent de trouver le bon plan qui les mettra à l'abri du besoin pour un temps.

Pendant ce temps, la police, qui a atteint son quota d'interpellations durant le weekend, doit faire face à un sacré problème: un fait divers est sur le point de se transformer en psychose. "Alerte aux voleurs de sexe" titre le quotidien national, l'Union, "le premier torchon à cul local" car bientôt à Libreville "Même un impuissant peut t'accuser dans la rue de lui avoir volé son sexe".

Parallèlement, les gendarmes de la DGR (Direction Générale des Recherches) essaient de désamorcer une bombe à retardement: les photos compromettantes du chef de l'Etat lors d'une réunion maçonnique circulent. Et ici qui dit franc-maçonnerie rime avec sorcellerie.

Janis Otsiemi, à travers des intrigues multiples, livre un instantané des maux qui gangrènent la société gabonaise, l'Etat et ses institutions: corruption , clientélisme, endettement, vampirisme économique du nouveau partenaire chinois, chômage, SIDA, pauvreté et violence avec son cortège de délinquants et de prostituées.

De combines en magouilles, de magouilles en affaires, les intrigues seront résolues.

L'auteur, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs, utilisent plusieurs registres de langues adaptés aux différentes situations. Il émaille aussi son texte de proverbes africains, de mots typiques distillant ainsi dans ce sombre tableau, humour et dérision.

Un court roman social et urbain , bien rythmé et aux cadences variés. Une bonne découverte.

Marabouts et bout de ficelle
et ficelles en tous genres...

Un dernier conseil aux messieurs: attention à votre bangala!
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Pour ceux qui ne connaissent pas encore Janis Otsiemi, il faut savoir qu'il est Gabonais, que le français qu'il utilise est un très beau français, coloré, imagé, riche et que rien que pour ça c'est un régal de le lire !

A Libreville, la capitale du Gabon, la délinquance est un pilier de l'économie et la corruption la survie de la police .

Photos compromettantes pour les hautes instances politiques, braquage d'un grand patron Chinois , arnaque au vol de sexes, trois histoires qui se croisent et nous entrainent à travers Libreville. J'avoue avoir un faible pour le vol de sexe ( rien que l'idée est étonnante) qui nous montre à quel point une rumeur peu enfler même en dehors d'internet!

Ce n'est pas mon préféré, sans doute parce qu'il y a un peu trop d'enquêtes et de personnages mais j'aime toujours autant le dépaysement qu'offre ces romans
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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J'ai gardé un bon souvenir de « La vie est un sale boulot » (lien), ma chronique se terminait par « Ce roman, c'est un petit bijou. » Janis Otsiemi est toujours accoudé à sa fenêtre, à Libreville et il nous conte ses aventures avec toujours cet argot imagé qui égaye la noirceur des péripéties. Comme dans son précédent roman on retrouve ce style direct, à la machette, ça cause, ça tergiverse, ça pétarade. Par le biais des trois événements - deux sont liés - qui vont occuper les gendarmes, on redécouvre cette Afrique de la débrouille, de la corruption, de la transmission du pouvoir, de la cuisine interne. Après Omar, c'est Ali Bongo qui règne après une élection qui a fait des remous. Comme de bien entendu ! Des images du président entouré de certains personnages influents circulent, faut trouver le coupable. Les jeunes pas malins se font coincer, on remonte à la source. Au même moment, le Chinois s'en prend une. Trois morts. Ça pourrait faire les affaires de Koumba. Son personnage est l'archétype de ce qu'une société vérolée peut produire de médiocrité, de fourberie et de perfidie. Et l'on finit par piger ce mystère des voleurs de sexe – une rumeur que l'on retrouve depuis les années 70 dans une vingtaine de pays d'Afrique. Mais il est où le kiki ? Encore une entourloupe ?
La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/03/mais-il-est-ou-le-kiki.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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Eh oui, vous avez bien lu. Ce titre m'a plongé dans mes souvenirs et m'a fait sourire. Cette légende urbaine hante chaque année les trottoirs des villes africaines. Pour la plus grande terreur des hommes et le plus grand amusement des femmes. Tous les quartiers coupe-gorge se ressemblent à travers le monde. Ils hébergent la même faune toujours en attente d'un coup à faire. Une faune qui est toujours en train d'élaborer des coups plus ou moins foireux. C'est le cas de trois amis, des échoués de la vie. Que se passe-t-il dans les bas-fonds de Libreville, la capitale gabonaise? Entre les différentes affaires à traiter, les policiers arriveront-ils à trouver ce voleur incongru?

Comme toute ville du monde, Libreville a ses quartiers de paumés, d'ignorants des lois républicaines. Comme partout dans le monde, elle a son compte de ripoux. Certains étant plus discrets que d'autres. Dans un langage fleuri, fait de néologismes et de mots ethniques directement traduits en français, l'auteur nous raconte la vie d'un quartier de sinistrés de la vie et celle du commissariat où nul n'ignore les lois du quartier. Ce polar est écrit avec beaucoup d'humour. Il est lu entre deux éclats de rire. Pourtant, les sujets traités sont très sérieux: braquage, vol, chantages, etc. Et les macchabées, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle. Qui des bandits ou des policiers gagnera cette redoutable guerre?

Libreville, au Gabon, se retrouve face à de nombreux problèmes de sécurité. Les policiers sont sur les dents. Là-dessus se greffe l'affaire des voleurs de sexe. Mythe ou réalité? Avec beaucoup d'humour et dans une écriture colorée, l'auteur nous fait découvrir le banditisme dans une ville où malfaiteurs et policiers ne sont pas faciles à reconnaître. La population est aux premières loges et ne fait confiance ni aux uns, ni aux autres. Alors, comment vont s'y prendre les policiers pour arrêter ces voleurs effrontés? Les trouveront-ils? Existent-ils vraiment? Surtout, qu'en parallèle, ils doivent enquêter sur d'autres faits. Ce roman est agréable à lire et nous fait passer de bons moments.
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Le titre de ce dernier polar de « mon compatriote gabonais » Janis Otsiemi trouve son origine dans une folle rumeur, une légende urbaine apparue au Nigéria dans les années 70. Des individus pourraient voler le sexe d'autres personnes, simplement par simple contact, en leur serrant la main ou leur touchant le bras.
Cette rumeur se propage bien vite dans les rues des différentes capitales africaines, dont Libreville.
Ces affaires déclenchent bien souvent un grand désordre car, une fois le « voleur de sexe » identifié, à tort ou à raison, il se trouve bien rapidement lynché et battu à mort par la populace.

Dans leur quartier d'Akébé 2, Benito, Tata et Balard, jeunes paumés désoeuvrés, dont les soirées s'écoulent entre la bière, la musique de rap et les filles, sont témoins d'un accident d'automobile. En s'approchant du véhicule, ils voient que le conducteur est « cadavéré » et remarquent, sur le siège arrière, une mallette. Sans une hésitation, Tata s'empare du bagage et quitte la scène de l'accident.
Dans la mallette, il y a trois cent mille francs CFA et une enveloppe contenant une dizaine de photos de hauts responsables politiques gabonais lors d'une cérémonie de la franc-maçonnerie.
« Sur la photo, un homme.
Il se tenait debout devant un pupitre. Il était engoncé dans un costume noir dont les épaulettes étaient constituées de rosettes frappées aux couleurs du drapeau national – vert, jaune, bleu. Ces rosettes retenaient un collier composé de onze étoiles séparées par des entrelacs au bout desquels pendait un pendentif serti d'un compas. Tata remarqua le tablier ceinturant les reins de l'homme et ses mains gantées de blanc.
Les cheveux gominés, le visage gras, la petite taille… finirent par achever le portrait du personnage sur la photo. Ce visage lui était familier. Autant à lui qu'à ses potes. Ce qui expliquait leur étonnement. Ils le voyaient tous les jours à la télé. Sur la première chaîne nationale. »
Un de ces hauts personnages n'est autre que Papa Roméo (le Président de la République), en train de prêter serment. Les trois lascars décident de contacter un ami journaliste pour essayer de tirer un avantage financier de ces photos.

« Pepito descendit du véhicule, habillé comme un épi de maïs. Il était habillé d'une veste bleue assortie à ses pompes. Il barreauda les deux portières automatiquement puis traversa la rue sous le regard des passants. Pepito avait grandi dans le patelin et y était connu comme un adepte de la sapologie. En bon frimeur, il sortit son mouchoir et essuya ses pompes – des Tod's à 280 000 F CFA la paire – puis disparut entre deux maisons. »

Un autre trio, Pepito, Kader et Poupon, projettent de tendre un guet-apens au patron de China-Wood, après qu'il soit passé à la banque, et le délester de la somme qu'il a retirée pour la paye de ses employés.
Chargez de ces deux enquêtes deux policiers ripoux, des « mange-mille » comme on dit de manière très évocatrice dans le langage populaire, et vous aurez un tableau assez précis de ce que nous donne à voir ce roman de Janis Otsiemi. Il tricote ses trois histoires avec maîtrise, sans que le lecteur ne perde jamais le fil, ni ne s'ennuie une seule seconde, en compagnie de ces Pieds Nickelés.

Les personnages de son roman ne sont pas franchement mauvais. Ils sont même assez attachants, ces jeunes Gabonais, dans leur recherche d'une vie meilleure, même si c'est en prenant quelques libertés avec la loi. Et on a bien du mal à trouver vraiment antipathiques les deux policiers Koumba et Owoula. Tous sont bien représentatifs du petit peuple de ce Gabon d'aujourd'hui, où les richesses sont au bénéfice d'une minorité et où chacun cherche à tirer le meilleur parti du système, largement dévoyé.
« La Sobraga (Société des brasseries du Gabon) était l'une des boîtes qui ne connaissait pas la crise. La consommation d'alcool était ici un sport national. Dans le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé sur la consommation d'alcool, le Gabon se hissait à la troisième place mondiale derrière les Pays-Bas et à la première sur le continent africain. »

Le Gabon, aux yeux de l'observateur non averti, pourrait apparaître comme le pays idéal, un parangon de démocratie d'une prospérité infinie et d'une stabilité à toute épreuve. Pourtant, quand on y regarde de plus près, on est saisi par le contraste entre les mots et les choses.
Selon les propres mots de l'auteur :«L'opposition n'existe pas, il ne s'agit que de déçus qui auraient voulu prendre la relève de Bongo père et qui ne font qu'essayer de négocier leur retour à l'étable.» «Le pays est bradé, à la Chine, à Singapour, à Dubaï.»
Ce pays, aux mains de la dynastie Bongo depuis 1968, où chaque jour règnent un peu plus le népotisme, le clientélisme, la corruption et le vice, est bien à l'image de ce que devient l'Afrique d'aujourd'hui. Écartelé entre les sirènes du progrès et l'attachement à ses croyances et valeurs ancestrales, les marabouts et des sorciers de tout acabit y ont toujours une place de premier choix.

Janis Otsiemi est un véritable griot urbain qui nous fait un portrait peu flatteur de son pays, sans complaisance. C'est un vrai conteur qui nous entraîne à sa suite dans ce roman, écrit dans un style vif, rythmé et non dénué d'humour. Il réinvente le Français à chaque phrase, en une langue résolument moderne et vivante, émaillée de « gabonismes », ces mots et expressions originales qui sont un peu sa « marque de fabrique ».
Un très bon roman noir, qui ravira les amoureux de l'Afrique, dont je suis, et tous les autres.
Décidément, Janis Otsiemi se fait sa place dans le monde du polar, non seulement africain, mais du polar tout court.
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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Un roman où j'ai eu un peu de mal à entrer ... mais que j'ai été triste de terminer !
S'y trouvent mêlées plusieurs affaires : des voleurs de sexe (oui !) qui sèment la panique dans les rues de Libreville, des photos compromettantes du Président en passe d'être vendues à la presse et le braquage de la paie d'une usine
Le tout dans une langue locale très imagée qui fait le charme et l'exotisme de ce roman policier pas comme les autres
Un auteur que j'ai découvert par hasard, mais dont je vais rechercher l'es autre sur productions !
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