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3,72

sur 231 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Ressortissant d'un pays actuellement en détention", un père de famille japonais, bien installé dans sa petite vie bourgeoise américaine, se voit comme tant d'autres, au lendemain de Pearl Harbor envoyé dans un fort du Texas. Sa femme et ses enfants, devront eux déménager, "pour assurer leur protection", dans des baraquements froids (ou brûlants l'été), nimbés de "poussière crayeuse" et insalubres entourés de barbelés, où seule la radio et les lettres censurées de "Papa-san" les maintiennent en contact avec le monde extérieur.
Cette autofiction, écrite en mémoire de ses grands-parents japonais "déportés par le FBI en décembre 1941", écrite de manière sobre, est le premier roman de Julie Otsuka, témoignage fidèle de faits historiques passés sous silence. le lecteur ne peut être que touché par chacun des membres de cette paisible famille qui du jour au lendemain passe à l'horreur la plus totale. Aucun membre n'est nommé, il est donc nombre parmi tant d'autres. La mère, juste avant le départ en camp, "une très belle femme", sans mot ni larme,comme si elle accomplissait une tache banale (ou quelque rituel barbare) tue le poulet d'un coup de balai, donne le chat au voisins, tue le chien confiant,libère le ara, enterre l'argenterie...et là on se dit...tout change d'un coup. L'innocence des enfants, persuadés de partir en vacances, émeut car elle s'oppose à la froide lucidité de la mère.
La fille, adolescente, s'adapte mieux. le fils, plus jeune, lui cauchemarde, rêve que l'empereur Hirohito (dont le nom est interdit) est un Dieu (d'où le titre) et surtout espère revoir son père.
Julie Otsuka interroge le lecteur sur le racisme, le rejet qui fait que d'un jour à l'autre vous êtes perçu comme un ennemi, l'absurdité de la guerre, la culpabilité liée aux rumeurs et la négation de l'identité (à partir d'aujourd'hui vous êtes Chinois dit la mère pour protéger ses enfants) et américanisation à outrance (source de survie).
Un livre bouleversant!

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Après la lecture de « certaines n'avaient jamais vu la mer », où j'ai découvert l'immigration nippone aux États-Unis et où le sort qui attendait ces émigrants pendant la seconde guerre mondiale est un peu évoqué, j'ai eu envie de me plonger un peu plus sur cette partie de l'histoire inconnue pour moi.
Une curiosité satisfaite avec la lecture du premier roman de l'auteur qui nous fait remonter le temps.
Un retour aux sources pour découvrir les deux principales religions nippones, le shintoïsme (1) et le bouddhisme (2) et le rôle particulier qu'a jouer l'empereur du Japon et le culte qui y est (ou y était) associé (3).
L'écriture se cherche, on devine ce qui va devenir sa marque de fabrique, une écriture distanciée, froide qui cache sous les mots et les phrases des sentiments qui ne demandent qu'à exploser quand … la coupe est pleine !
La chronologie met en avant les moments importants, la situation d'une famille avant, le choc de l'annonce du départ, le trajet de déportation, le séjour dans le camp d'internement, le choc du retour dans un pays qui ne sera plus jamais le même et il faut parcourir les dernières pages pour assister impuissant à l'explosion des aveux.
Un livre puissant … une parole retrouvée qui enfin se libère !

(1)
Le shintoïsme est né au Japon d'un mélange entre animisme, chamanisme et culte des ancêtres. Peu à peu, tous ces cultes de la fertilité, ces vénérations de la nature, parfois capricieuse (tremblements de terre, typhons, tsunamis, etc), se sont amalgamés et codifiés pour former le shinto.

(2)
Le bouddhisme fut quant à lui importé de Chine et de Corée à partir des Ve et VIe siècles. En 592, après des luttes d'influence avec le shinto, le bouddhisme fut déclaré religion d'État. le bouddhisme s'est introduit par le « haut », dans les classes sociales dominantes, avant d'atteindre le peuple, car ses enseignements relativement difficiles ne pouvaient pas encore être compris par l'ensemble de la population, non lettrée, du Japon.

(3)
L'empereur du Japon est le chef de l'état japonais. Selon la constitution promulguée en 1947 lors de l'occupation ayant suivi la seconde guerre mondiale, il a un rôle uniquement symbolique et détient sa fonction des citoyens japonais.
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Dans ce court récit d'un peu plus de 120 pages, nous suivons une famille japonaise lors de la seconde guerre mondiale. Les parents ont immigrés aux États-unis début 1900 et ont plutôt bien réussi leur vie.
Suite à l'attaque de Pearl Harbor, le père est arrêté par le FBI et un arrêté est proclamé afin que tous les japonais soient déportés soit en camp de travail, soit en rétention.
La qualité de vie de la mère et des deux enfants est bien entendu diminué. Ils reçoivent des courriers de leur père mais ne peuvent qu'imaginer les conditions dans lesquels il se trouve.
Commence alors une longue patience car il n'y a pas grand chose à faire dans le camp de rétention.

Le récit oscille entre la parole de la mère, celle de la fille, du garçon puis en toute fin, celle du père le soir de son arrestation.
L'écriture transmet cette latence par une plume douce mais évoquant des faits réels. Nous sommes souvent dans les pensées des personnages et à chaque place dans la famille ou à chaque âge, chacun se pose des questions.

Un très beau roman qui m'en apprend encore un peu plus sur cette période et sur les traitements réservés aux japonais-américains. Pour les frileux des romans de guerre (comme moi), celui-ci reste soft et abordable. Aucuns regrets pour cette lecture.
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Un très bon livre, assez court et qui se lit très facilement, sur des victimes "invisibles" de la seconde guerre mondiale.

L'auteur dépeint l'histoire de sa famille au travers de personnages banals, presque anonymes, sans misérabilisme aucun. Et ce côté monsieur et madame tout le monde ne fait que souligner l'injustice dont ont été victimes tous ces gens.

Une saine lecture à l'heure où le délit de faciès est plus que jamais d'actualité.
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Julie Otsuka n'écrit pas des livres faciles à lire, non pas par l'écriture très simple mais par ce qu'elle raconte.
Elle nous fait part de la vie d'une famille américaine d'origine japonaise enfermée dans des camps pendant la deuxième guerre mondiale.
Le père a été emmené en robe de chambre et pantoufles dans un camp/ une prison. La mère et les deux enfants sont emmenés dans un camp. Pas de jugement, ils sont présumés être des traîtres et sont en réalité des victimes.
Enfermés dans des conditions difficiles la famille souffre de la faim, du froid, du chaud et de tant d'autres choses. L'auteur nous raconte dans un livre court l'attente, l'ennui, l'espoir et les déceptions. Ce livre parle en réalité de tous les camps de réfugiés, ces camps où on attend dans des conditions difficiles, avec peu d'occupation et beaucoup d'espoir.

À lire comme ses deux autres livres.
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On pourrait situer ce roman après "Certaines n'avaient jamais vu la mer" quand le gouvernement américain, pris de paranoïa aigüe, a préféré déporter des familles entières de citoyens américains qui n'avaient d'autre tort que leur origine japonaise. On retrouve cette écriture fluide, ce choix de parler de personnages indéfinis: ils n'ont pas de noms, il s'agit de la femme, du garçon comme pour dire que leur histoire est celle qu'ont vécue les victimes de ce drame longtemps enfoui dans la mémoire collective. Parce que les américains avaient peur d'une cinquième colonne dans leur pays, ils ont choisi d'envoyer ces gens au fin fond du Nevada. Ils sont restés dans ces camps balayés par la poussière durant 4 ans, surveillés, obligés - pour les garçons- de prouver qu'ils étaient loyaux au drapeau américain. Certains garçons ont d'ailleurs fait le choix (mais était-ce un choix?) de s'engager dans l'armée américaine pour lutter contre le Japon. Et à la fin, le plus terrible, c'est qu'on les a relâchés sans chercher à s'excuser pour cette atteinte aux droits de l'homme. Un roman à lire absolument. de même, si le sujet vous intéresse, allez regarder le film d'Alan Parker sur le même sujet qui s'appelle "Bienvenue au paradis".
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Quand rien que le titre vous envole.....

La magie de Julie Otsuka, c'est tout d'abord de vous trouver des titres de livre qui vous emmène déjà très très loin. Quand l'Empereur était un Dieu..... Rien que cela vous laisse dire énormément de choses. La couverture de mon édition accompagnant totalement le titre d'ailleurs. On va parler Histoire. On va parler de Japonais, et connaissant l'auteur, on va parler des Japonais aux Etats Unis après l'attaque de Pear Harbour. Et bien entendu, on va parler de l'Humain, tout simplement.

Parce que Julie Otsuka et sa plume savent nous faire transmettre des émotions à travers le temps et l'espace. Sans avoir lu une page, je savais déjà que l'auteure allait me toucher. Aussi ai-je bichonné ma lecture, en préparant un petit thé vert japonais, en veillant à mettre des odeurs de frais à la maison et en bichonnant mon bonzai.


Julie Otsuka nous pointe la dure réalité de la vie des Japonais après Pear Harbour.

On parle souvent des déportations en Europe. Mais celle des Japonais, personne ne pipe mot car les Etats Unis sont bien réputés pour leur sens de la liberté, pour leur accueil... Pourtant, les Japonais présents là bas après la Seconde Guerre Mondiale ont vu une autre vision de ce pays des libertés. Par leur couleur de peau, par leur nature, ils étaient l'ennemi et ils ont été parqués dans des camps près des déserts. Alors certes, les horreurs n'ont pas dépassé celles de l'Europe à la même époque, entendons nous bien. Mais l'état de dénuement et de détresse, le désespoir de ces familles, c'est grâce à ce genre de livre qu'on peut s'imaginer un peu ce que c'est.

C'est grâce à ces petites histoire dans L Histoire qu'on peut enfin mettre un peu des visages et des faits sur ces évènements oubliés de tous. Ce n'est pas grand chose historiquement, mais c'est tellement humainement. Ce sont des graffitis sur des murs de chambre, des regards en coin, des réflexions horribles, des regards en coin.... Ce sont toutes ces blessures qui méritent qu'on se souvienne, tout simplement.
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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Ce livre raconte l'histoire peu connue des camps d'internement destinés aux japonais vivant sur le sol américain juste après l'attaque de Pearl Harbour.
L'auteur dépeint avec un certain détachement les personnages de cette famille japonaise. J'ai eu le sentiment que ces derniers ne ressentaient aucune émotion suite à leur détention abusive mais ensuite j'ai compris qu'il s'agissait surtout de pudeur. Et pourtant, on ressent tout au long du livre leur détresse dans ces non-dits..
Ce livre ne peut laisser indifférent et il fait partie des livres que j'ai adoré.
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Il ne fait pas bon être d'origine japonaise aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale. Car les Etats Unis et le Japon sont en guerre. Ainsi un matin, une famille assiste impuissante à l'arrestation de l'homme du foyer, qui part les pantoufles au pied et sans se retourner. Jusqu'à son retour, la famille vit avec l'omniprésence de ce père et de ce mari aimé. le fils en rêve et le voit à chaque pas. Mais la femme et les enfants devront eux aussi emprunter le «convoi» qui les mènera dans un camp de concentration à l'usage des citoyens japonais. Jusqu'au retour et aux retrouvailles, le père retrouvant enfin les siens, au cours d'une scène qui est certainement la plus émouvante du livre.

On a le sentiment de tenir dans ses mains un grand roman bien qu'il soit court et très rapide à lire. Il éclaire sur une période de l'histoire méconnue et la romancière a mis beaucoup de son passé familial dans ce récit au style épuré, qui dit plus que de longs discours. Car cette famille paisible, broyée par l'histoire, nous touche de façon subtile grâce à un récit digne et admirable. Un des plus beaux livres que j'ai lus.
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1942. Pearl Harbour. Désormais les Américains d'origine japonaise sont suspects de pactiser avec l'ennemi. le FBI sépare les hommes adultes de leur famille, les dépossède de tous leurs droits et les enferme, pour leur arracher des aveux. Femmes et enfants de leur côté sont parqués pendant trois longues années dans des camps plantés au milieu des plaines désertiques de l'Utah.
Ce court roman raconte avec une grande sobriété et retenue l'histoire d'une de ces familles stigmatisées et confrontées du jour au lendemain à l'incertitude et l'ennui de l'attente, à l'indifférence, aux privations, et au bouleversement d'une vie jusqu'à là sereine.
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