A l'aube spirituelle de l'humanité : Une nouvelle approche de la préhistoire

S'ouvrant sur des excuses drôlatiques à Charles Darwin, « À l'aube spirituelle de l'humanité : une nouvelle approche de la préhistoire » propose une explication originale de l'hominisation, ce très long processus dont nous sommes issus. En effet, selon le préhistorien belge Marcel Otte, cette évolution ne saurait s'expliquer seulement par une transformation du squelette, en réponse à un changement d'environnement : le passage de la forêt à la savane.
C'est ainsi que la bipédie, qu'on a souvent présentée comme le véritable déclencheur de l'aventure humaine, « est une forme de locomotion largement répandue dans tout le règne animal, des dinosaures aux oiseaux en passant par le kangourou, sans que cela ait automatiquement eu des conséquences sur leurs capacités cérébrales et par là même sur leur intellect. »
Comment comprendre alors le succès de notre espèce ?
Celui-ci serait en réalité le résultat d'une pensée imaginative : « Toutes les astuces ont été prévues, conçues, imaginées bien avant le départ des forêts. » Et l'auteur d'enfoncer le clou : « Au commencement était donc la conscience, la pensée, l'audace ! »
C'est à ce dernier terme que Marcel Otte accorde le plus d'importance dans son ouvrage : en effet, sans l'audace, notre espèce n'aurait sans doute jamais osé s'aventurer hors du couvert forestier. C'est l'audace qui lui aurait aussi permis d'affronter des proies de plus en plus grosses, de dompter les éléments et d'étendre son emprise sur la totalité du globe.
Si le postulat du livre est intéressant, voire séduisant (car il est sans aucun doute plus agréable de penser que nous devons notre succès à notre intellect, plutôt qu'à des hasards climatiques), on aimerait tout de même avoir plus d'explications et de preuves scientifiques. De même, faut-il mettre au compte du défi et de l'audace l'essentiel de l'histoire humaine, de la conquête du feu à l'agriculture, en passant par la mythologie, l'écriture ou la guerre ? Cela reste à voir.
À défaut de fournir des preuves irréfutables, le livre adopte fréquemment un ton exalté, sinon lyrique, qui finit par devenir lassant.
C'est dommage car le fond du propos est très novateur.