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Critique de doc_naud


J'attendais beaucoup de ce livre. La 4ème et l'excellente couverture m'avaient déjà immergé dans une certaine ambiance et avaient posé les contours d'un personnage que j'espérais fort. J'appréhendais un peu que ce soit un leurre, comme c'est trop souvent le cas. Et bah non.

Je ne connaissais pas Xavier Otzi (et pour cause, c'est son premier roman), je découvre un auteur plein d'imagination, possédant une belle force d'évocation et capable de créer non pas quelques lignes poétiques à l'aide d'un style particulier, mais une oeuvre-objet poétique (ce que j'admire encore plus). Il ne faut pas chercher les belles formules ou les effets de styles ravageurs dans l'Homme Maigre, il y en a peu, mais il faut accepter le récit complet comme la version nuancée, moins péremptoire, d'une parabole touchante et dérangeante (la 4ème de couverture parle justement de conte moderne).
Le récit se construit comme le destin croisé de deux personnages (Djool et Konrad), chacun aux prises avec ce qui le rapporte au monde sauvage. L'un par sa nature propre, l'autre par sa passion, son obsession folle : Konrad est taxidermiste et rêve de fabriquer des oeuvres aussi fantastiques que réalistes. le premier cherche à s'intégrer au monde des hommes malgré sa part bestiale, l'autre cherche à fuir la ville et les hommes par ses créations sauvages (ses « naturalisations » d'espèces extraordinaires). Chacun des deux est un objet de convoitise pour l'autre, pour des raisons différentes.
À partir du moment de la rencontre, l'Homme Maigre avance en crabe, il s'entortille sur une relation qui met mal à l'aise et qui pousse à tourner la page jusqu'à une supposée explosion (parce que ça ne peut qu'exploser). À aucun moment le roman ne rate ses promesses, à aucun moment il abandonne son lecteur à des facilités (très peu de pathos alors qu'il était facile de tomber dans le piège, pas de rallonge inutile, tous les éléments servent à un moment donné le récit).
Le style est fluide et l'auteur nous offre uniquement l'essence de son récit. On apprécie l'absence de superflu, on tourne les pages avec facilité malgré les questions que le roman soulève. On y répondra à la fin, quand l'étrange tension nous aura quitté et qu'on pourra revenir dessus à tête reposée (quelle est la part de sauvage dans le calcul et quelle est la part d'animalité dans les émotions « simples » ?).
L'aspect thriller est mis de côté la plupart du temps pour laisser place aux évolutions et tergiversations des personnages. Tant mieux. le ballet relationnel entre Djool et Konrad est fascinant et dérangeant à la fois. le tout baigne dans un Lyon moderne parfaitement cohérent. Ne connaissant pas la ville, j'ai malheureusement peut-être raté quelques clins d'oeil.
Un roman que j'ai dévoré. Tant mieux, j'avais prévu de le faire. À noter, ça m'était rarement arrivé de regarder fréquemment la couverture en cours de lecture pour fixer dans mon esprit l'image du personnage : je n'aime habituellement pas qu'on me l'impose.
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