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EAN : 9782020201094
439 pages
Seuil (01/01/1998)
3.79/5   41 notes
Résumé :

Que se passe-t-il quand un livre a rendez-vous avec son lecteur ? Comment "lire" a-t-il une répercussion sur nos états d'âme ? sur notre santé ?

Comment le bibliothérapeute, par le livre, son interprétation et le dialogue qu'il provoque, dénoue-t-il les nœuds du langage puis les nœuds de l'âme, obstacles puissants à la vie et à la force créatrice ?

Travail de libération et d'ouverture, la bibliothérapie consiste à rouvrir le... >Voir plus
Que lire après Bibliothérapie : Lire, c'est guérirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre risque de dérouter plus d'un lecteur qui aura été attiré par son titre "Bibliothérapie" ou même son sous-titre "Lire, c'est guérir". On est très loin en effet du livre de Régine Détambel "Les livres prennent soin de nous: Pour une bibliothérapie créative" qui vantait les bénéfices de la lecture en multipliant les citations d'écrivains célèbres en soutien de cette "thèse" que personne d'ailleurs ne songe à contester.


Le livre de Marc-Alain Ouaknin se range d'emblée du côté de la philosophie et plus particulièrement d'une branche de celle-ci qui s'appelle l'herméneutique, c'est-à-dire la science de l'interprétation des textes. Même si l'auteur se montre particulièrement bon pédagogue en cherchant à définir les termes obscurs pour le profane (souvent en hébreu, en grec ou en latin) auxquels il a recours pour nous initier à cette science, cela reste difficile de comprendre son projet. Ou du moins faut-il s'accrocher et accepter d'être dérouté par des pratiques de lecture qui sont éloignées de nos habitudes de lecteurs occidentaux.


En effet M-A Ouaknin s'appuie beaucoup sur les pratiques d'enseignement des écoles rabbiniques ou talmudiques où l'on apprend à "jouer –avec beaucoup de plaisir d'ailleurs – avec les mots, avec les chiffres et les lettres, les voyelles et les consonnes, les consonnes sans voyelles, les homophonies, les homographies, la forme graphique des lettres, etc.", où, nous dit-il "le talmudique" est souvent proche du "tam-ludique". On apprend ainsi à vocaliser de différentes façons un mot (qui s'écrit en hébreu avec seulement ses consonnes) ce qui est source de riches polysémies. Si cela ne suffit pas pour ouvrir un texte à de nouveaux sens, on peut aussi avoir recours aux méthodes kabbalistes qui passent par un équivalent numérique des lettres de l'alphabet hébraïque. Il est fort à craindre que certains esprits cartésiens "décrochent" au sujet de ce qui peut apparaitre comme une sorte de jeu de hasard.


Il y a pourtant là, à mon avis, une conception très féconde de la lecture, qui ouvre le texte à de multiples interprétations et surtout à une participation active du lecteur au sens et à la valeur d'un texte. Ouaknin en appelle d'ailleurs à la confrontation de différentes lectures comme cela est systématisé dans les pratiques talmudiques. Il fait aussi référence à la psychanalyse où l'écoute, même flottante, de l'analyste, son attention aux double sens des mots notamment, peut, avec un peu de chance, conduire l'analysant à des lectures différentes du récit de sa vie.


Les chemins sur lesquels nous emmène l'auteur sont variés et ouvrent sur de vastes paysages philosophiques que je ne saurais résumer dans ces quelques lignes. S'appuyant sur un corpus de textes d'origine très diverses (depuis les exégèses du texte biblique comme le Talmud ou le Midrash jusqu'aux philosophes contemporains comme Ricoeur, Heidegger, Derrida, Levinas, en passant par de grands textes littéraires comme les Contes des Mille et une nuits, le Don Quichotte ou les romans et nouvelles de Kafka) ce livre est un plaidoyer pour une lecture toujours ouverte et renouvelée des textes qui est une condition pour que l'Homme reste lui aussi en devenir. Au delà de l'interprétation des textes, c'est bien d'une philosophie de l'Homme dont il est ici question.

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Il s'agit là d'un essai de philosophie cossu sur tous les effets qu'a la lecture sur l'acte de "prendre soin de son âme" (thérapeia). La "lecture" doit être mise entre guillemets plus encore que la thérapie, car il est question surtout d'interprétation de l'écrit, en particulier d'herméneutique, de rupture des sens attendus (par l'habitude ou une lecture superficielle) et reconstruction par d'autres moyens (y compris kabbalistiques, par assonances, etc.) de nouveaux sens.
La double "casquette" de l'auteur, rabbin et philosophe, donne le la à la démarche: hélas, j'ai eu d'énormes difficultés à suivre les références talmudiques et en général la philologie hébraïque, de même que le côté philosophique, qui puise abondamment à Heidegger, à Ricoeur, à Lévinas et parfois à la psychanalyse notamment lacanienne... (Quelques lumières d'un ami spécialiste en ontologie n'ont pas été superflues...)
Des moments d'intense jouissance intellectuelle, surtout dans la partie "Langage, récit et identité" qui touche à des thèmes qui me sont plus proches, se sont alternés à des déserts d'ennui, en particulier sur la valeur numérique des mots et racines d'hébreu... de longues citations littéraires de textes très variés de Bachelard à Kafka à Rabbi Nahman de Braslav, etc etc, ont égayé les concepts tout en les faisant s'égailler... (phrase qui aurait bien trouvé sa place dans l'essai, je suppose!)
Je sors le dos rompu de cette lecture, interrompue et reprise sans cesse tout au long d'une période de presque six mois, mais globalement convaincu par l'idée de fond: que les noeuds de l'âme sont d'abord des noeuds du langage; qu'il faut donc éclater le sens avant de le reconstruire - seule la lecture peut le permettre - , et que l'identité (mais ceci vient de Ricoeur) s'en trouve ainsi "libérée". Avoir eu un petit aperçu des "méthodes" pluriséculaires des kabbalistes révèle sans doute aux profanes l'étendue de leur incapacité à les saisir, d'où évidemment tant de fascination et d'angoisse chez les ignares...
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Un trésor de pépites qui mettent en évidence les bienfaits de la lecture
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Abandonné après la lecture de quelques chapitres.

Trop complexe, trop ésotérique pour moi. Les innombrables citations et interprétations de la Bible et du Talmud pendant les vingt premières pages m'ont convaincu que ce livre, quelles que soient ses qualités pour d'autres lecteurs, n'était pas pour moi.
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Ce livre magnifique pourrait être le livre de chevet de tout lecteur, le petit "livre rouge" de tous les membres de Babelio. le sous-titre du livre en donne la piste principale:
"lire, c'est guérir".
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il y a de bons livres, des livres quelconques et de mauvais livres. Parmi les bons, il y en a d'honnêtes, d'inspirants, d'émouvants, de prophétiques, d'édifiants. Mais dans mon langage il y en a d'une autre catégorie, celle des LIVRES-HA!
Les LIVRES-HA! sont ceux qui déterminent, dans la conscience du lecteur, un changement profond. Ils dilatent sa sensibilité d'une manière telle qu'il se met à regarder les objets les plus familiers comme s'il les observait pour la première fois.
Les LIVRES-HA! galvanisent. Ils atteignent le centre nerveux de l'être, et le lecteur en reçoit un choc presque physique. Un frisson d'excitation le parcourt de la tête aux pieds.

[Épigraphe de l'introduction, citation de Vernon Proxton tirée de "Anna et Mister God", éditions du Seuil, 1976.]
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La bibliothérapie est fondée sur une pratique de la lecture qui permet à l'homme d'aller au plus profond de lui-même et de s'inventer à chaque fois de manière différente.
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Videos de Marc-Alain Ouaknin (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marc-Alain Ouaknin
« […] Chestov (1866-1938) de son côté, tout le long d'une oeuvre à l'admirable monotonie, tendu sans cesse vers les mêmes vérités, démontre sans trêve que le système le plus serré, le rationalisme le plus universel finit toujours par buter sur l'irrationnel de la pensée humaine. Aucune des évidences ironiques, des contradictions dérisoires qui déprécient la raison ne lui échappe. Une seule chose l'intéresse et c'est l'exception, qu'elle soit de l'histoire du coeur ou de l'esprit. […] il dépiste, éclaire et magnifie la révolte humaine contre l'irrémédiable. Il refuse ses raisons à la raison et ne commence à diriger ses pas avec quelque décision qu'au milieu de ce désert sans couleurs où toutes les certitudes sont devenues pierres. […] »  […] pour Chestov l'acceptation de l'absurde est contemporaine de l'absurde lui-même. le constater, c'est l'accepter et tout l'effort logique de sa pensée est de le mettre à jour pour faire jaillir du même coup l'espoir immense qu'il entraîne. […] » (Albert Camus, le mythe de Sisyphe, Editions Gallimard, 1985)
« […] On trouve ainsi dans sa [Emil Cioran] correspondance : « Léon Chestov m'a rendu un service considérable : il m'a délivré de l'idolâtrie de la “philosophie”. Je devrais ajouter : de toutes les idolâtries. » (Lettre du 2 avril 1989 à Mme Alice L., in Les cahiers de l'Herne, Emil Cioran, Champs classiques, Éditions Flammartion, 2015)
« Les philosophes aspirent à expliquer le monde, de façon à ce que tout devienne clair et transparent et que la vie ne recèle plus rien (ou le moins possible) de problématique, de mystérieux. Ne faudrait-il pas au contraire s'attacher à montrer que cela même qui paraît aux hommes clair et compréhensible est étrange, énigmatique et mystérieux ? Ne faudrait-il pas s'efforcer de se délivrer et de délivrer les autres du pouvoir des concepts dont la netteté tue le mystère ? Les sources de l'être sont en effet dans ce qui est caché et non dans ce qui est découvert. » (Léon Chestov, Athènes et Jérusalem, in Marc-Alain Ouaknin, Les Mystères de la kabbale, Assouline, 2003)
0:00 - VII 1:41 - X 5:53 - Générique
Référence bibliographique : Léon Chestov, Les grandes veilles, préface : 10 aphorismes, traduction anonyme, texte établi par la Bibliothèque russe et slave, 2012.
https://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Chestov%20-%2010%20aphorismes.htm
Image d'illustration : https://www.amazon.com/Le%CC%81on-Chestov-philosophe-Cultures-socie%CC%81te%CC%81s/dp/2720403229
Bande sonore originale : The OO-Ray - The Warm Before The Storm The Warm Before the Storm by The OO-Ray is licensed under an Attribution-NonCommercial 3.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/The_OO-Ray/The_Force_of_Water/The_OO-Ray_-_The_Force_of_Water_-_05_The_Warm_Before_the_Storm
#LéonChestov #LesGrandesVeilles #PhilosophieRusse
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