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EAN : 9782348075445
198 pages
La Découverte (09/02/2023)
4.14/5   49 notes
Résumé :
Nous manquons, aujourd’hui en Europe, d’un projet écologiste capable de résister aux politiques d’étouffement, dans un monde de plus en plus irrespirable.
D’un projet initié dans les quartiers populaires, qui y articulerait enfin l’ancrage dans la terre et la liberté de circuler.
D’un projet dont le regard serait tourné vers l’Afrique et qui viserait à établir un large front internationaliste contre le réchauffement climatique et la destruction d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans cet ouvrage, l'autrice explique comment les habitant·es des quartiers populaires subissent directement les effets du dérèglement climatique et pourquoi ces personnes, selon les principaux mouvements et partis écologistes, ne s'intéressent pas à cette problématique.

J'ai lu cet essai en quelques jours, tant il était intéressant et tant il m'a permis d'apprendre des choses. L'autrice développe son propos en critiquant le système colonial-capitaliste et pourquoi l'écologie doit devenir une question populaire.

S'appuyant sur la devise « Terre et liberté » et la pop-culture comme One Piece, elle propose un projet politique écologiste qui s'adresse à tout le monde.

[Chronique complète sur mon blog].
Lien : https://anaislemillefeuilles..
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« On ne revendique jamais ce qui devrait être un droit fondamental pour tout écologiste digne de ce nom : la liberté de circulation et d'installation de tous les humains ». Mais oui, d'où est venue cette idée qu'il y a des gens sur terre qui peuvent aller n'importe où et d'autres qui sont assignés à rester dans un endroit où ils sont maltraités ? Cette question, je me la pose depuis toute petite. Maintenant, je ne suis toujours pas résignée, d'autant plus quand nous assistons impuissants aux naufrages de canots en Méditérannée.

Traiter du sujet de l'écologie passe obligatoirement par l'évocation de l'égalité. Sommes-nous tous égaux pour prendre à bras le corps cette question ? Est-ce que certains citoyens n'ont pas cette préoccupation parce qu'ils ont d'autres problèmes à régler avant ?
L'écologie n'est pas populaire. Elle devrait l'être. Elle est traitée de façon politique dans cet ouvrage.

On n'a pas autorisé la seconde génération d'immigrés nord-africains à s'ancrer dans notre société, contrairement aux immigrés européens parce que leur condition utilitaire a disparu dès la première génération. Je pense aussi que la religion catholique constituait un socle commun entre les français et les italiens, les espagnols et les portugais par exemple.

Les descendants de cette immigration de nord africains sont les victimes de la « hogra » : ils ne se sentent pas égaux aux autres Français et ils ne se sentent pas considérés et respectés comme les autres Français.
Fatima Ouassak va plus loin, il y a une volonté institutionnelle de terroriser et humilier ces Français. Pour les décourager de rester ? Alors qu'ils sont nés en France ?

Y a-t-il une vraie volonté politique d'ancrer ces populations en France ?

« Quoique vous fassiez, qui que vous soyez, vous n'êtes pas ici chez vous » écrit-elle. On peut aisément l'imaginer. Je l'ai constaté en tant que blanche en France. A chaque déménagement, il y a toujours eu des gens pour me faire sentir que je ne suis pas du lieu où je vis. J'ai pu le voir aussi pour une amie ayant épousé un provencal. Quarante ans de vie commune plus tard, elle est toujours la parisienne aux yeux de tous ceux de cette petite ville de Provence. Et puis cette voisine me disant qu'elle n'est pas de notre village. Non, elle est venue de celui d'à côté, il y a cinquante ans. Mais elle juge important de me préciser qu'elle n'est pas du coin. Bien. Alors quand s'ajoute à cela une couleur de peau, des coutumes différentes, une religion, qui sait ?
Je l'avais aussi constaté avec effroi quand je me promenais avec une amie sénégalaise dans la rue et que les gens venaient la heurter comme si elle n'existait pas.

Cet impossible ancrage conduit à « l'errance et à l'impasse politique ». Qui représente ces gens ? Leurs aspirations ? Ils n'ont aucune influence sur les décisions politiques. Les classes populaires sont les plus vulnérables.
L'islamophobie participe au processus de désancrage. Par exemple, les rites funéraires musulmans ne peuvent pas être respectés en France faute de cimetières musulmans et de trop rares carrés musulmans dans nos cimetières. L'auteure va jusqu'à dire que les musulmans sont victimes de discriminations massives, qu'il y a une désacralisation de leur spiritualité et une privation de terre.
Des gens se sentent menacés et certains sont chassés de chez eux, faute de place, toujours plus nécessaire.

On constate que la délocalisation de la production évite de se poser des questions d'éthique. Il y a les voeux et la réalité. On a des zones où on applique les bonnes règles et on s'en fiche de se qui se passe ailleurs. Parfois, on est choqué de découvrir les ravages dans une forêt lointaine ou des extractions de minerai dévastatrices. Mais nous ne vivons pas des destructions de paysage au quotidien, sauf dans les quartiers populaires situés près d'autoroutes ou d'usines polluantes, ayant des effets délétères sur la santé.

L'idée de base de ce refus de partager gentiment le monde avec ses ressources est que le système colonial-capitaliste nécessite l'oppression de certains pour disposer d'une main d'oeuvre.

La violence contre les migrants est une facette de la violence de la société. Tout ce qui est différent, inconnu, dérange nécessairement … sans parler de la crainte de partager tout simplement.

Fatima Ouassak a plein de projets et d'idées, elle a créé une association Verdragon – lieu d'écologie populaire. Dans ce livre, elle imagine un projet de libération de la Méditerranée.

On a vécu l'entrave à la circulation lors du confinement ... On peut mieux se représenter ce que c'est de ne pas pouvoir se déplacer, aller où on veut sur terre, retrouver les siens, sa famille. Il est aisé d'imaginer le chagrin des familles qui ne peuvent accueillir des gens de leur famille qui sont de l'autre côté de la Méditerranée.

Ce livre remet les pendules à l'heure, nous bouscule un peu et fait beaucoup réfléchir, conditions à accepter pour suivre Fatima Ouassak jusqu'au bout sur son vaisseau pirate.
Et tant pis si le discours semble extrême parfois.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Deuxième volet de sa « trilogie » consacrée à l'écologie populaire, Fatima Ouassak convoque ici la figure de l'enfant pirate (après celle des mères dans son premier ouvrage La Puissance des Mères), pour mettre en avant l'urgence d'intégrer les populations des banlieues dans la réflexion (et l'action) écologique. Dans ce nouvel essai, elle trace quelques pistes de réponses à la question « Comment faire un monde plus respirable pour les enfants » ? Pour elle, une écologie libératrice doit impérativement prendre en compte les populations des banlieues, ce que ne font pas les mouvements écologistes actuels (ni les partis écologistes). Reprenant à sa sauce la devise « Terre et liberté » chère aux indigènes mexicains, Ouassak montre que si les populations des « quartiers » semblent désintéressées des questions écologiques, c'est parce qu'elles sont « désancrées » de manière systématique par le système capitalisto-raciste, qui en fait des sans-terre et donc des sans-pouvoir soumis au contrôle permanent de la police, devenue seule représentante de l'état dans les cités. Servant de « premiers de cordée » et de vivier de main d'oeuvre corvéable à merci, comme l'a montrée l'histoire coloniale et migratoire, ces populations sont soumises à une pression économique et politique ne leur permettant pas de se réapproprier leurs territoires, détruits par la bétonisation d'une part, confinés et emmurés d'autre part.
S'appuyant sur l'expérience de Verdragon, maison de l'écologie populaire de Bagnolet, Ouassak montre qu'une véritable écologie ne pourra être faite qu'avec ceux et celles qui sont le plus menacés par le désastre écologique (alimentation industrielle, pollution, bétonisation), à condition qu'on redonne une « terre » (sans murs ni tours) et un horizon respirable (de réflexion et d'action) à ces enfants pirates.
L'ouvrage se clôt joliment par un conte, "Le roi Kapist les Dragons et les enfants-pirates", métaphore de l'histoire migratoire qui a vu venir les travailleurs africains pour répondre aux besoins capitalistes de l'Europe.


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Un formidable ouvrage de Fatima Ouassak, militante radicale qui ose poser les questions qui fâchent en France. C'est une excellente introduction pour comprendre la convergence des luttes écologiques et sociales (ici féminisme, anti-racisme et anti-colonialisme par exemple).

Ce livre qui se lit agréablement (pas toujours évident pour un essai sur l'écologie ...) bouscule par ses idées humanistes par lesquelles on est rapidement convaincu.e alors qu'elles sont encore largement à contre-courant de la pensée occidentale actuelle (ouverture des frontières ; en particulier du Sud global vers le Nord global pour rétablir la dissymétrie existante et accueillir les migrant.e.s victimes de siècles de domination occidentale ...). C'est également une piste pour comprendre les innombrables mécanismes du système "colonial-capitaliste" (ainsi que l'écrit Fatima Ouassak) pour qu'il se perpétue aux dépends de celleux qu'il exploite.

En bref, un livre qui remet l'humain au centre, ouvre des perspectives de réflexion et surtout permet de prendre du recul et de se remettre en cause (pour les plus privilégié.e.s) ou de s'emparer des combats dont on cherche à nous éloigner (pour les personnes qui souffrent du système).

Recommandé par Socialter
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Un essai brillant pour un projet écologique anti-raciste, servi par une plume fine et acérée. Fatima Ouassak y met en effet en avant les oubliés et oubliées habituels des mouvements écologistes mainstream : les classes populaires et racisées, qui se retrouvent souvent en position de "personnes à éduquer/sensibiliser" (alors qu'elles vivent déjà la question écologique dans leur quotidien, avec les îlots de chaleur durant les calicules et les pollutions exacerbées dans les quartiers populaires par exemple) et non comme véritable force politique qui devrait avoir son mot à dire sur la façon dont sont conçues les politiques du climat et de l'environnement.

Nous sommes plus ici dans le domaine des idées que des solutions concrètes, mais d'une façon qui reste très accessible. L'autrice nous y explique à la fois les liens entre désastre écologique et racisme (à travers le système colonial/capitaliste), notion qui commence doucement à percoler dans les milieux écologistes, mais l'originalité particulière de son propos est de solidement combiner projet écologiste et liberté de circuler, dans un argumentaire très convaincant, tout en remettant l'enfant au centre de la réflexion.
Un ouvrage à contre-courant, sans concession, qui ouvre de nombreuses pistes de réflexion. Et qui donnerait une bonne crise cardiaque à nos tantes et tontons un peu colibris et pas mal racistes.
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critiques presse (1)
LeMonde
03 mars 2023
L’autrice y élabore une écologie solidement articulée à la liberté de circuler, à la lutte contre les extrêmes droites, et tournée vers les territoires stratégiques que sont l’Afrique et la Méditerranée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Notre maison brûle, certes, mais le système trie entre les maisons qui comptent et celles qui ne comptent pas. Et les habitants des quartiers populaires le savent à double titre : parce qu'ils habitent dans les quartiers ségrégués en France et parce qu'ils viennent de pays colonisés par la France. Ils savent que c'est la maison européenne qui, depuis des siècles, met le feu chez sa voisine africaine tous les soirs afin de préparer son copieux repas, et qui aujourd'hui plus que jamais ferme ses portes à double tour quand sa voisine vient chercher refuge.
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Sans pouvoir politique, la rénovation urbaine - si elle se traduit par des espaces publics et privés plus agréables, plus propres, plus confortables, moins dangereux et où les mobilités sont facilitées - restera synonyme de gentrification, et l'on ne pourra l'éviter même en renonçant, comme ici, aux droits les plus élémentaires.
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Que mangeons-nous ? Ce que l'industrie a besoin de nous vendre pour s'enrichir : de la viande matin, midi et soir. Nous n'avons même plus le recul qui nous permettrait de réfléchir à ce que l'on nous fait ingurgiter. Que mangeons-nous ? Des nuggets. De la souffrance animale enrobée de sucre pour faire passer en bouche le goût de l'animal torturé.
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Afin de libérer leurs enfants des griffes de l'industrie agroalimentaire, les classes populaires sont encouragées par les institutions à cuisiner. Mais cuisiner n'est pas un droit, c'est aussi une pratique soumise à une très grande injustice sociale. Aujourd'hui, avoir le temps de cuisiner, avoir la possibilité de transmettre ses savoirs culinaires à ses enfants, ce n'est pas donné à tout le monde. De fait, ce sont les classes populaires qui consomment le plus de produits industriels et qui cuisinent le moins. Comment avoir envie de cuisiner lorsqu'on rentre chez soi après une journée de travail particulièrement pénible ? Et comment cuisiner alors que les cuisines ne sont pas adaptées ou trop exiguës ?
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Sans organisation autonome des quartiers populaires, seuls les quartiers pavillonnaires décideront de la manière de gérer la crise écologique et ils le feront en fonction de leurs seuls intérêts, L’autonomie politique des quartiers populaires ne pourra se construire qu'au travers d'une autonomie territoriale. Notamment parce que leur population est la plus dépendante pour sa subsistance. Seule une autonomie territoriale lui permettrait de reprendre le pouvoir de subvenir ses besoins, de sortir de l'imposibilité de faire soi-meme dans laquelle elle a été enfermée. D'apprendre et réapprendre à fabriquer ce dont elle a besoin. Dans cette perspective politique tous les quartiers populaires de France et d'Europe seraient déclarés espaces autonomes et organisés dans un vaste tissu solidaire et fraternel avec l’Afrique, autour de l’hypersujet Méditerranée.
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