AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alzie


Alzie
16 novembre 2014
Troisième album de la série Pablo.
Une année de plus dans la vie du couple Fernande/Pablo, et quelle année : mai 1906 – mai 1907. Sur la scène artistique, le Salon d'Automne de 1905 a produit son effet, depuis la « cage aux Fauves » on ne parle plus que de Matisse. Changement de décor, le "Bouddha replet" (Gertrude Stein) a posé cinq mois durant pour son portrait, et rien. Pablo vidé a décidé d'un retour aux sources en Catalogne. L'album s'organise autour de trois temps forts. le premier, ce voyage jusqu'à Barcelone, en mai 1906. Pablo et Fernande se transportent à dos d'ânes dans un village perché de la sierra, Gosol, où ils séjournent dans une auberge tenue par un ancien contrebandier. Pendant que Fernande découvre Gauguin et lit Noa Noa à la lueur d'une chandelle, Pablo plus excité que jamais du couteau, sculpte, dessine et peint sur tout ce qui lui tombe entre les mains. Rentrés précipitamment à Paris en août, Pablo va achever le portrait commencé et jamais terminé de Gertrude Stein, de mémoire, en trois coups de cuillère à pot. Trait stylisé et incisif, humour plus présent que jamais et touche onirique quand c'est nécessaire avec un certain raffinement jusque dans les débordements de possessivité lubrique.

Deuxième grand moment, le dîner rue de Fleurus chez les Stein (Gertrude et Léo) en présence d'Amélie et Henri Matisse à qui l'on donne du « Cher maître » en veux-tu en voilà, comme Michael son adorateur, l'aîné de la famille Stein qui habite à deux pas. Gertrude se contente ironiquement des initiales et Matisse devient « CM », en toute complicité avec Pablo. Il a sorti la chemise à pois le Pablo, imaginez-le dans la salle à manger avec en face accroché : « le Bonheur de vivre », Grrrmbl et sur le mur de la pièce d'à côté : Madame Cézanne et Madame Matisse (« La Femme au chapeau » de la salle VII en 1905 souvenons-nous...), Grrrmbl. Heureusement le portrait de Gertrude complète à présent l'affichage mural des Stein. Il en profite pour annoncer qu'il travaille à son "Bordel" devant les hôtes médusés. « Mais attention, ce n'est que la première manche. le vieux (Matisse) n'a pas dit son dernier mot », glisse l'infernale Gertrude à son Pablo dont elle adore titiller la jalousie. Vite le dessert et on rentre au Bateau-Lavoir. Quant à Fernande, Matisse lui plait bien, il est, disons, « civilisé ».

Il va se venger Pablo. Elle le sent bien Fernande dont les rêves sont encombrés des obsessions picassiennes : les Maoris, les Egyptiens, Gauguin et Van Gogh, la Valpinçon, les femmes en chapeau, les femmes nues, les masques Fang, les têtes ibériques, des nus encore des nus qui s'entassent et tout en haut ? Pablo, installé au sommet, criant qu'il est PICASSO. Un fou. Si on lui avait dit à Fernande qu'elle vivrait dans « un harem d'aliénées »... Elle lit Fernande, la lecture est d'un grand réconfort, au fond, « La Princesse de Clèves », mais heureusement, Guillaume l'ami Apollinaire qui vit toujours chez sa maman, arrive à point pour la détendre avec ses aventures d'un hospodar roumain ou quelque chose comme ça qui va sans doute lui changer les idées. Un enfant peut-être lui ferait du bien ? le troisième grand moment ? Je me garde bien de vous l'exposer. Dites-vous seulement que Gertrude dans sa grande perspicacité avait tout prévu et qu'entre "CM" et Pablo la partie déjà bien amorcée va continuer Grrrmbl...


Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}