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sur 359 notes
Je viens de reprendre ce petit roman de Ludmila Oulitskaïa lu il a plus de quinze ans et ce fut comme si je le découvrais car je ne me rappelais pas de grand chose.
Il se lit en quelques heures et le personnage de Sonietchka est intéressant : une petite femme sans attraits, grande lectrice, humiliée alors qu'elle était collégienne est demandée en mariage. Sa vie change alors, elle se comporte en parfaite ménagère et délaisse sa passion pour la lecture.
Elle traverse bien des épreuves - guerre, communisme, déménagements forcés, adultère dès son mari - mais garde toujours le sentiment profond d'être gâtée par la vie, et de façon imméritée.
Au crépuscule de sa vie, elle retrouve la lecture et le roman s'achève par ces mots :
« le soir, chaussant sur son nez en forme de poire de légères lunettes suisses, elle plonge la tête la première dans des profondeurs exquises, des allées sombres et des eaux printanières. »
N'est-ce point le plaisir que nous éprouvons avec les livres ?
Cela dit, je dois admettre que je ne me suis pas attaché au personnage de Sonietchka, son indéfectible sentiment de bonheur m'a paru trop étrange , mais j'ai apprécié son parcours, ainsi que les fines allusions à ce qu'était la Russie a l'époque soviétique,
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J'ai emprunte ce livre, l'edition bilingue de Folio, a un des copains chez qui je me ravitaille habituellement.
-Tu l'as lu en russe?
Il me repond en un jargon inconnu. A son sourire angelique je comprends que c'est un collier d'obscenites. Je lui rends mon plus soigne rictus ironique et je lui fauche un deuxieme livre, pris au hasard. A petit crime petit chatiment.


Cette edition contient une preface de l'auteure ou elle s'etend sur ses antecedents juifs. Depuis son arriere- arriere- grand-pere, elle les decrit tous un livre a la main, la Bible ou un quelconque traite de morale religieuse. Et cette preface m'a pousse a relever certains details du livre, auxquels j'aurais prete moins d'attention sans elle, autres que l'amour de la lecture, qui est un de ses themes principaux.

C'est le recit d'une vie relativement tranquille, en des temps difficiles. Et tous les accents que j'ai economises ailleurs doivent etre mis sur relativement. Sonietchka, une jeune femme assez disgracieuse, trouve l'amour. Son mari est un peintre qui avait quitte (avait fui?) l'URSS et apres avoir tourne un peu partout est revenu. Persona non grata, on l'exile quelque part en Asie et elle le suit par amour. Ils arrivent a vivoter, se debrouillant meme une maison assez vaste. Les annees passent, leur maison etant destinee, comme tout l'entourage, a la demolition, on les reinstalle dans un tout petit appartement en ville. Ils continuent a vivoter, on lui alloue meme un atelier ou il peut peindre a sa guise. Leur fille, une jeune qui se veut libre, amene une amie a la maison, une jeune fille qui a du jusque la se prostituer pour vivre, et a elle aussi on trouve une place dans ce petit appartement. Oups! le mari aussi lui trouve une place dans son coeur et nous avons droit a un triangle amoureux pas tout a fait classique, avec separation partielle et consentement total. Sonietchka, a l'ebahissement de tout son entourage, trouve que son mari merite un amour de vieillesse. Quand il mourra, elle se demenera pour qu'il aie droit a un hommage et un enterrement dignes de lui. Et sa fille partie a Petersbourg, puis avec le temps en Israel, elle finira sa vie sans regrets, se refugiant dans la lecture.


L'ecriture, qui se veut simple, sied a merveille a l'histoire de cette simple femme, une survivante, a l'endurance plus solide que toute revolte. Et revele en filigrane, sans s'appesantir, l'aprete des temps.

En filigrane aussi, nous sont presentees des identites feminines differentes, pas seulement fruit d'epoque differentes. Comme une legere etude sur les conditions des femmes et leurs changeantes adaptations.

En filigrane aussi, la sovietisation, la dejudaisation si l'on veut, du judaisme russe. Sonietchka, diminutif de Sophia Iossifovna, Sophie fille de Joseph, est d'une ascendance juive dont elle n'a que faire. Mais quand elle recueille la jeune fille qui lui volera son mari, elle le fait comme une “mitsva, une bonne action, et pour elle qui, au fil des annees, percevait de plus en plus distinctement ses origines juives, c'etait a la fois une joie et un devoir agreable a remplir”.
Son mari, Robert Victorovitch, en fait "Ruwim, le fils d'Avigdor", a eu “des revirements foudroyants et joyeux du judaisme aux mathematiques”. “Dans sa jeunesse, Robert Victorovitch avait ete lui aussi au centre d'un tourbillon de courants invisibles, mais c'etaient des courants d'une autre nature, intellectuelle. [...] Durant ces annees cruciales de l'avant-guerre, ce petit cercle d'adolescents juifs precoces, des teen-agers, comme on dirait aujourd'hui, etudiaient non le marxisme, alors a la mode, mais le Sepher ha-Zohar, le Livre des Splendeurs, le traite fondamental de la cabale”.
Un de ses amis peintres, Timler, “fils d'un menuisier de village, avait fait deux ans d'etudes dans un kheder (ecole religieuse juive)”. Devant le triangle amoureux de son ami il s'exclame: “Que c'est beau!... Lea et Rachel… Je n'avais jamais realise a quel point Lea pouvait etre belle…” (Dans la Bible, ce sont les deux femmes de Jacob, Rachel etant la plus belle et la plus aimee. Dandine).


Je serais passe outre ces details sans la preface de l'auteure. Je leur ai donne peut-etre trop de place sinon trop d'importance, mais je suis convaincu, en fin de lecture, que ce livre n'est pas seulement une belle histoire russe, pas seulement un touchant portrait de femme, mais aussi, bizarrement, l'hommage de l'auteure a ses ancetres, ces juifs qui avaient toujours un livre en main.
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Les pauvres parents avait su me captiver, et je savais que Ludmila Oulitskaïa ne saurai me décevoir dans une nouvelle lecture.
C'est donc Sonietchka, que je viens d'accompagner le long de son existence étrangement lumineuse.
Sonietchka, les aléas de cette vie soviétique semblent glisser sur elle, sans jamais entamer son bonheur... Cette sorte de joie de vivre, cet optimisme permanent, éclairent cette femme grande et physiquement laide.
Heureuse Sonietchka, qui représente un genre de personnage tout à fait original et nouveau pour moi! Comme si la boulimie de lecture de cette femme avaient constitué une sorte de vaccin contre toute déprime!
Les autres protagoniste de ce court roman, ne sont pas en reste de pittoresque: Robert, le vieux mari artiste,Tania, la fille unique et jasia la fille adoptive et jeune maîtresse De Robert!.. Drôle de ragoût à la sauce de l'ancienne URSS, avec ses parfums de liberté sous-jacente, de contraintes et de corruption... Dans une sorte de comédie jamais grossière, Sonietchka m'a fait passer un agréable moment que je recommande donc à ses futurs visiteurs.
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Dans l'URSS des années 30, Sonietchka est une jeune fille solitaire passionnée de lecture. Avec "un nez en poire et un derrière en forme de chaise", elle n'attire pas vraiment les regards, mais elle s'en accommode parfaitement, surtout depuis ce jour où, adolescente, elle a été humiliée par un de ses condisciples. Cet incident la "délivre à tout jamais du besoin de plaire, de séduire et d'ensorceler", et elle se replonge avec bonheur et bonne conscience dans les romans.

Forcément, elle devient bibliothécaire.

Un jour, Robert, un artiste peintre plus âgé qu'elle, se présente à la bibliothèque et, le lendemain, demande Sonietchka en mariage. A 27 ans, la jeune femme quitte son monde de fiction pour la vie réelle : "pendant ses années de mariage, la jeune fille irréaliste qu'avait été Sonietchka s'était métamorphosée en une femme d'intérieur assez pratique". Elle ne rêve plus au fil des pages mais désire "passionnément avoir une maison normale avec l'eau courante dans la cuisine, une chambre pour sa fille et un atelier pour son mari, avec des boulettes de viande hachée, de la compote de fruits et des draps blancs empesés qui ne soient pas confectionnés de trois bouts de tissu de taille différente". Sonia est heureuse et consciente de son bonheur, dont elle s'émerveille d'autant plus qu'elle le vit comme une sorte d'imposture : "au fond de son âme, elle s'attendait secrètement à tout instant à perdre ce bonheur, comme une aubaine qui lui serait échue par erreur, à la suite d'une négligence. [...] et ne cessait de se répéter : « Seigneur, Seigneur, qu'ai-je fait pour mériter un tel bonheur... »".

Et quand, vieillissante, Sonietchka se retrouve à nouveau seule, loin d'être amère, elle remédie à sa tristesse en se replongeant dans la lecture, "dans des profondeurs exquises, des allées sombres et des eaux printanières".

Sonietchka est un personnage peu banal : coeur pur et paisible, elle se laisse porter par la vie, s'adapte à tout sans se plaindre alors qu'elle en aurait tous les droits, tant elle est malmenée par l'égoïsme de son entourage et par les événements qui secouent l'URSS au milieu du siècle passé.

Ce qui m'a le plus frappée, c'est sa résignation, sa certitude de ne pas mériter d'être heureuse. Pourquoi ? Parce qu'elle est laide et aime la lecture, elle n'aurait pas le droit d'être aimée pour ce qu'elle est, de s'épanouir aussi dans la "vraie vie" ? L'auteure ne développe pas le thème et se contente de dresser le portrait d'une femme et de son époque, avec détachement et concision, sans empathie et guère plus d'émotions, mais avec quelques traits d'humour. Je n'ai pas compris le sens de ce court roman, à supposer qu'il y en ait un. Voilà donc un texte singulier qui me laisse un peu perplexe.

Quoi qu'il en soit, en ces temps perturbés par la distanciation et le confinement, il serait réconfortant de pouvoir, comme Sonietchka, traverser cette période sombre "en irradiant toujours du même bonheur résolument paisible et mystérieux". Je ne doute pas que la lecture et les livres y contribuent. Joyeux Noël à toutes et tous !
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Sonietchka vit en Bielorussie avec ses parents.
Elle est totalement imprégnée de ses lectures et devient bibliothécaire.
Elles est consciente de son physique ingrat mais n'en fait pas un drame ni un complexe.
Un jour, à la bibliothèque, elle fait la connaissance d'un artiste peintre récemment libéré des camps de concentration.
Il désire l'épouser.
Sonia va connaître, le bonheur, des soucis, des trahisons.
Mais elle traverse les épreuves en les acceptant, sans haine, sans ressentiment en témoignant beaucoup d'empathie pour les personnes qu'elle aime.
A la fin de sa vie, elle replongera dans la lecture et continuera à cultiver sa richesse intérieure qui lui permet de résister à tout.
Le premier roman de Ludmila Oulitskaïa est une découverte grâce à la liste de Fanfanouche 24 et sa liste "Les livres qui prennent soin de vous.
PS: Ne lisez pas la quatrième de couverture, elle livre toute l'histoire.
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Une vie
Sonietchka a un physique ingrat, "un nez en poire et un derrière en forme de chaise". Elle adore lire depuis son plus jeune âge. A l'adolescence, une humiliante mésaventure la délivre du besoin de plaire et jusqu'à vingt-sept ans, elle lit sans discontinuer et rêve mille vies. Nous sommes dans les années 30 en U.R.S.S. Elle devient bibliothécaire. La guerre l'arrache aux brumes de la lecture. La famille est déplacée et trouve refuge au sous-sol d'une bibliothèque. Un jour Robert Victorovitch se présente dans la salle de lecture. Il réclame un livre en français des éditions Elzévir. Elle en connaît neuf. Pendant qu'elle complète sa fiche, il regarde son front pur, sourit de sa ressemblance avec "un jeune dromadaire, animal patient et tendre". Victor a quarante-sept ans. Peintre avant-gardiste cosmopolite, séducteur, il a bourlingué partout avant de retourner dans sa patrie et de faire cinq ans de camp de relégation. Victor rend son livre et la demande en mariage. Elle croit d'abord à une plaisanterie puis accepte. Elle n'arrêtera pas désormais de se répéter: "Seigneur qu'ai-je donc fait pour mériter un tel bonheur ?"
C'est une histoire assez cruelle avec une narration distante émaillée de traits d'humour. Sonietchka se laisse porter, subit les événements et l'égoïsme de son entourage sans colère et sans amertume. Une femme ordinaire dans des temps très durs, la guerre, la pauvreté, les déménagements obligatoires des relégués, la grisaille soviétique. le peintre apporte la couleur, l'imagination et sait vivre au jour le jour. Lui sait aussi qu'il va la trahir comme il a trahi les autres. Sonietchka aura au moins connu quelques années de bonheur et puis "elle replongera la tête la première dans les profondeurs exquises des allées sombres et des eaux printanières".
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Dix-sept heures sonnent le top départ de la congestion automobile. Certains le prennent plutôt bien en s'égosillant les cordes vocales sur le dernier tube à la mode tandis que d'autres ont la mine renfrognée dans les épaules tels de frileux pigeons encagés. À force d'emprunter ce boulevard, chaque jour à la même heure, il m'arrive d'en reconnaître quelques-uns. On se salue alors d'un furtif hochement de tête avant de continuer notre route. Eux jouant du pare-choc avec d'autres voitures et moi marchant vers mon lieu favori du moment: un banc esseulé avec vue imprenable sur le fleuve et les quais embouteillés de l'autre berge.

Faire une pause dans le tumulte de la ville a des analogies avec une immersion dans le noir complet : il faut un certain temps pour que les yeux s'habituent à l'obscurité et distinguent les détails environnants. Lorsque que je m'arrête sur ce banc, Il me faut ces quelques minutes d'acclimatation avant de capter la multitude d'évènements qui se déroulent devant moi : il y a ces cormorans, au plumage d'encre et au corps élastique, qui se confondent dans les branches dénudées, cet essaim d'étourneaux qui piaille à l'unisson dans un séquoia géant tandis qu'un martin-pêcheur se la joue discret sur une borne d'amarrage. Trop tard pour lui, je suis déjà entrain d'admirer ses étonnantes couleurs. 😉

Dans les librairies que je fréquente, il y a une auteure russe immanquable qui, à contrario de certains oiseaux feutrés, étale ses nombreux atours sur les étagères livresques. À force de voir son nom apparaître, j'ai fini par céder à la tentation et vous dévoile ici mon analyse du premier roman de Ludmila Oulitskaïa: Sonietchka

Qui est Ludmila Oulitskaïa ?

Née le 23 février 1943 en République de Bachkirie (ou Bachkortostan). Elle est, ni plus ni moins, la romancière russe contemporaine la plus lue à l'étranger. D'origine juive, elle dut attendre la fin de l'Union soviétique pour commencer à être publiée. Plusieurs de ses livres ont reçu des prix nationaux et internationaux dont le prix Médicis 1996 avec le roman qui nous occupe. Sur le plan humain, l'auteure est reconnue pour son engagement contre l'homophobie et pour la cause féministe, elle a d'ailleurs été célébrée en 2011 par le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes. Excusez du peu…

Sonietchka est un court roman d'une centaine de pages où l'on rencontre Sonia, l'héroïne, férue de littérature au point de vivre exclusivement pour les livres jusqu'au jour où elle rencontre Robert Victorovitch. S'ensuit une existence discrète de femme au foyer loin des belles-lettres, où son mari, sa fille, ainsi qu'une amie de cette dernière, prennent toute la place. le temps où Sonietchka s'engouffrait corps et âme dans des romans n'est plus. Et pourtant, personne n'échappe à son naturel, même pas elle qui, un jour, reviendra à ses premières amours de lectrice.

Cette histoire intime se déroule entre 1930 et 1970. Une période qui traverse de plein fouet une partie du communisme, qui voit éclater la deuxième guerre mondiale, ainsi que la chute de Staline. À travers la vie familiale de Sonietchka, l'écrivaine laisse voir avec pudeur la vie russe des petites gens pendant ces années-là. Elle parsème de menus détails son roman sans jamais alourdir la narration. D'ailleurs, l'écriture sobre de Ludmila Oulitskaïa démontre, l'air de rien, son amour inextinguible pour la littérature. J'en veux pour preuve cet extrait :

“ le goût pour la lecture, qui prenait l'allure d'une forme bénigne d'aliénation mentale, la poursuivait jusque dans son sommeil : même ses rêves, on peut dire qu'elle les lisait. Quand elle rêvait de romans historiques palpitants, elle devinait d'après le déroulement de l'intrigue le style de caractères typographiques et, par une sorte d'instinct bizarre, sentait les alinéas et les points de suspension. Cette confusion intérieure liée à sa passion anormale s'aggravait même pendant son sommeil, elle devenait alors une héroïne ou un héros à part entière et vivait à cheval sur la frontière fragile entre la volonté de l'auteur, qu'elle sentait intuitivement et son propre désir de mouvement, d'aventure, d'action … “

Ce feu littéraire se poursuit via le personnage de Jasia. Une jeune fille qui finira par être adoptée par la famille et dont le père tombe amoureux. La manière dont est décrite Jasia n'est pas sans rappeler une certaine Lolita de Nabokov (le côté glauque en moins) puisqu'elle est tour à tour lascive, charmeuse et provocante. Sans doute cette ressemblance n'est-elle pas anodine puisque Ludmila Oulitskaïa n'a jamais caché son admiration pour des auteurs tels que Nabokov ou Pasternak.

Que retenir du roman ?

Un livre qui permet d'avoir, à moindre frais, une première approche avec cette écrivaine russe puisque la lecture est gouleyante. le côté négatif de cette fraîcheur est peut-être la simplicité de l'histoire. Sans doute manque-t-il un peu de frissons pour que cette histoire devienne vraiment mémorable. Il n'en reste pas moins que cette Sonietchka laisse à voir le destin d'une femme russe comme il y en eut des milliers et pose les jalons d'autres oeuvres d'Oulitskaia.
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Certains éditeurs ont tendance à dévoiler toute l'histoire du livre sur leur quatrième de couverture. Ce qui est très énervant. Et ce qui est le cas, ici, pour le court roman Sonietchka de Ludmila Oulitskaia. Mieux vaut donc ne pas la lire pour préserver un peu de mystère.

Même si l'intrigue proprement dite importe au final assez peu dans cette novella. L'auteure met plus l'accent sur la construction de ses personnages, à commencer par Sonietchka, jeune fille puis femme sans charme qui passe son temps à lire. Cette passion est si intense que la fiction a parfois plus de poids réel à ses yeux que ce qu'elle vit au quotidien dans la Biélorussie sous régime communiste.

Portrait de femme et portrait de famille au fil des années qui s'écoulent. Avec les évolutions internes et les interventions du monde extérieur à ce microcosme familial où routine et intrigues se mêlent.

L'écriture de Ludmila Oulitskaia est assez détachée, presque froide. Comme si elle cherchait à étudier un modèle de façon la plus objective possible. Son style brille donc par sa concision et l'absence de charges émotionnelles marquées en dépit d'épisodes parfois brutaux et violents. Ceux qui les subissent semblent s'y résigner, faire avec car quelle autre alternative ont-ils?

Un court texte russe dont la lecture, à défaut d'être plaisante, offre un aperçu sur la vie en général et sur celle d'une femme en particulier, Sonietchka, singulière sous un aspect banal et ordinaire
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Où l'on côtoie le monde d'un artiste peintre qui a connue les camps, et s'éprend de Sonia alors qu'il va s'inscrire à la bibliothèque.

En quelques jours il l'a demande en mariage, une fille Tania viendra agrandir la famille.

Les années passent Robert et Sonia mènent une vie tranquille, lui passe son temps dans son atelier elle devient la bonne "petite maîtresse de maison" et délaisse un peu ses livres alors qu'elle passait son temps à lire.

Tania introduit une amie polonaise Jasia, aussi jolie que Tania est quelconque ; celle-ci va conquérir le coeur de toute la maisonnée.

Elle va même devenir la muse, amante De Robert.

Il mourra dans ses bras et c'est, Sonia, sa femme qui s'occupera de ses funérailles ; fera accrocher les 52 toiles qu'il a peintes dans la pièce où le cercueil sera exposé, et, où défileront de nombreuses personnes venues se recueillir.

Malgré tout cela et la tournure des évènements après le décès de son mari ; Sonia irradie jusqu'à la fin du même bonheur paisible et mystérieux.

Curieuse destinée et étrange personnage que cette femme.


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Sonietchka est une jeune fille pour qui les romans sont aussi réels que la vie autour d'elle. C'est tout naturellement qu'elle travaille dans une bibliothèque. Elle y rencontre un lecteur qui à sa grande surprise la demande en mariage. Elle se donne à son nouveau rôle d'épouse puis de mère, s'étonnant toujours de sa chance qu'elle trouve imméritée quels que soient les aléas de sa vie. Elle a moins le temps de lire. Sa fille partie, son époux mort elle replonge dans ses fictions.
La quatrième de couverture dit que Sonietchka est un personnage féminin pur, lumineux. C'est assez vrai. Mais je m'interroge sur le propos du livre. On pourrait croire que l'intention était de montrer quelqu'un pour qui la vie dans les romans est aussi puissante que la vie réelle. Dans ce cas pourquoi faire de Sonietchka une fille laide, qui n'intéresse longtemps personne, pourquoi la faire plus ou moins abandonner la lecture pendant son mariage pour n'y revenir avec ardeur que dans la solitude. Finalement cela illustre le propos que m'avait adressé une collègue : « la lecture, c'est pour les frustrés. »
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