Il y a une divinité dont les oreilles sont ouvertes aux aveux des coupables ; les désirs de Myrrha, du moins ses désirs suprêmes, trouvèrent les dieux propices ; car, tandis qu'elle parle encore, la terre recouvre ses pieds ; leurs ongles se fendent et il en sort, s'allongeant obliquement, des racines qui servent de base à un tronc élancé ; ses os se changent en un bois solide, où subsiste, au milieu, la moelle ; son sang devient de la sève ; ses bras forment de grosses branches ; ses doigts, de petites ; une dure écorce remplace sa peau. Déjà l'arbre, en croissant, avait pressé son sein et son lourd fardeau ; après avoir écrasé sa poitrine, il se préparait à recouvrir son cou ; elle ne voulut pas attendre davantage ; allant au devant du bois qui montait, elle s'affaissa sur elle-même et plongea son visage dans l'écorce.
Personne cependant ne l'aimait autant que toi, ô le plus beau des habitants de Céos, Cyparissus. C'était toi qui menait ce cerf paître l'herbe nouvelle ou boire l'eau des sources limpides; tantôt tu nouais à ses cornes des fleurs de toutes les couleurs, tantôt, monté sur son dos, joyeux cavalier, tu allais ça et là, gouvernant avec des rênes de pourpre sa bouche docile au frein.
Et Niobé, qui avait élevé sa voix contre les dieux, fut transformée en un bloc de pierre qui ruisselle de larmes aujourd'hui encore. La soif des dieux ne se désaltère qu'avec du sang. Les "Métamorphoses" regorgent d'histoires pareilles et qui ne sont pas de mon invention. On n'invente rien. Tout a été écrit en nous dès le commencement par la main des dieux.
Vintila Horia, "Dieu est né en exil", cité p. 118.
Tantôt la mer s'élève, semble toucher aux cieux, et mêler son onde à l'onde des nuages.
Livre XI
Hélas! mon malheur est qu'aucune plante ne peut guérir l'amour, et qu'elle n'est d'aucun profit pour son maître, cette science dont tous tirent profit.
Les pins si longtemps dressés sur les hautes montagnes, devenus navires, bondirent sur les flots inconnus.
Tu seras la sauvegarde du chêne placé entre deux de tes arbres. Et, de même que ma tête conserve, avec sa chevelure respectée des ciseaux, toute sa jeunesse, toi, de ton côté, en toute raison, porte toujours la parure de tes feuilles.
Toujours c'est de toi que ma chevelure, de toi que ma cithare, ô laurier, de toi que mon carquois s'orneront.