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EAN : 9782251011264
384 pages
Les Belles Lettres (01/01/1988)
4.43/5   23 notes
Résumé :
Recueil d'élégies composées par Ovide en exil.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En l'an 8 après J.-C., Ovide, adulé, est relégué par Auguste à Tomis, l'actuelle Constantza en Roumanie, au bord de la mer Noire.
Sur cette petite île, il résidera dans une villa qui constituera son unique royaume.
Pourquoi cet exil ? Comment expliquer cette relégation ?
En préambule de cette édition les diverses pistes sont abordées et les historiens ne s'accordent guère.
Certains avancent qu'Ovide aurait eu une liaison avec Julie, la fille d'Auguste, ce qui paraît invraisemblable ;
Certains disent qu'il aurait pratiqué la divination ;

À lire Ovide, quand il veut se défendre, c'est tantôt ses écrits L'Art d'aimer, le traité de l'amour et de l'adultère, tantôt une indiscrétion qui lui aurait valu les foudres d'Auguste.
"C'est sans doute un peu de tout cela : un courtisan indiscret dont les libertinages ont dû heurter la morale d'une époque qui n'est pas sans ressembler à la nôtre."
D'ailleurs, ne donne-t-il pas lui même la clé de son exil :
"Protecteur et saint patron des doctes auteurs, que fais-tu fidèle ami de mon talent ? de même que tu célébrais jadis au temps de mon bonheur, veilles-tu aujourd'hui encore à ce que je ne semble pas tout à fait absent ? Mes-tu au point mes poèmes, à l'exception du seul Art qui perdit son auteur ? "
(LIVRE TROIS / 14 - Édition Les Belles Lettres / Série Latine / traduction de Jacques André)

Il doit quitter sa femme, ses amis, ses biens, sa carrière de poète. Il ne le sait pas encore mais il ne reviendra jamais à Rome.
C'est d'ailleurs à sa femme et à ses amis qu'il s'adresse dans les Tristes et les Pontiques, ses lettres poétiques, destinées à la postérité, où il se plaint constamment de sa relégation, cherchant à émouvoir sur sa condition.
Il écrit également à l'empereur – Auguste puis Tibère, sourds l'un et l'autre à ses appels.
Mais ce qui surprend le plus c'est la modernité de ces textes mélange subtil entre poésie, récriminations et missives pathétiques, et ses lettres, il faut bien. le reconnaître, sont parmi les oeuvres les plus poignantes que la littérature ait produites. Les écrits d'Ovide sont encore et toujours d'actualité quand il aborde les thèmes de l'amitié, du pouvoir ou de l'arrachement à ses racines.

Il y parle de Rome, de la dureté de son exil, de l'hostilité des contrées où il est contraint de vivre ou survivre, il y invoque et convoque les Muses.
Il a quitté la ville Éternelle mais ses oeuvres sont devenues éternelles.

L'épitaphe sur la tombe de Virgile dit
Mantua me genuit, Calabri rapuere, tenet nunc
Parthenope ; cecini pascua, rura, duces.
« Mantoue m'a donné le jour, les Calabrais me l'ont ravi, Parthénope (Naples) me garde maintenant ; j'ai chanté les pâturages, les campagnes et les chefs. »

Voici ce que pourrait être celle d'Ovide
"La meilleure façon de recouvrer la liberté, c'est de rompre les chaînes qui blessent le coeur et de mettre un terme à son tourment.” extrait de son ouvrage" Les remèdes à l'amour", comme un pied de nez à son exil....
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Avec ses élégies sur les scènes de sexe et les dieux galopants, Ovide n'était rien sinon un provocateur sur le circuit littéraire romain du premier siècle avant JC. le double coup dur de ces écrits risqués et d'un délit inconnu s'est finalement avéré trop pour l'empereur Auguste, dont le pieux programme de relations publiques s'est heurté aux penchants d'Ovide pour l'érotisme. Ainsi, le poète a affirmé qu'il a été embarqué dans un voyage orageux pour dépérir sur la côte morne de la mer Noire - la toile de fond de sa poésie la plus provocante de toutes: Tristes.

Fini le scandale torride de son travail antérieur, car l'objectif numéro un d'Ovide dans ces lettres élégiaques est un billet de retour pour Rome. Souvent ici ce n'est pas le contenu mais le style qui offense. Ovide nous dit que ce livre est né 'non pas de son inspiration, ni de son art, mais de ses propres maux'.

Au début des Tristes, le bateau d'Ovide est secoué par des vagues et des vents sauvages - tout comme les dieux ont tourmenté ces héros légendaires Enée et Ulysse, comme il le souligne. Il s'attribue une touche d'héroïsme, quand il écrit comment il a rassemblé la force de griffonner ces vers en plein oeil du cyclone : 'Je m'émerveille moi-même que mon talent ne m'ait pas abandonné.' Ovide fait grand cas des parallèles entre les odyssées mythiques et sa situation difficile, bien qu'une distinction cruciale vienne au premier plan. Alors que les héros épiques rentraient chez eux, Ovide voyageait dans la direction opposée.

Les mots déplorent ensuite la mort d'Ovide à travers les eaux dans Tomis (l'actuelle Constanza) : 'Sauvez mon esprit brisé d'une mort sauvage, si celui qui a déjà péri n'a peut-être pas péri! '
Pourtant, comme toujours chez cet écrivain espiègle et inconstant, l'esprit et le sens poétique se faufilent à côté des gémissements;
Tristes est avant tout une oeuvre littéraire.

On lira ces vers d'Ovide – si possible en latin – en buvant ce remarquable vin (assez proche du Tokaj hongrois) Lacrima lui Ovidiu,
les larmes d'Ovide,
le nom seul de ce vin justifie pleinement qu'il soit dans votre cave.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Les Tristes est peut-être le livre de poésie latine qui parlera le mieux au lecteur contemporain, comme en témoigne la nouvelle traduction qu'en a proposé Marie Darieussecq récemment. Les thèmes de la douleur, de la nostalgie, de l'exil, repris par Du Bellay et puis, par tant d'autres poètes du XX°s connus ou inconnus, gardent une puissance évocatoire et émotive qui a traversé les âges. La traduction Budé n'est peut-être pas la meilleure ni la plus poétique, mais elle a la vertu d'aider le lecteur plus ou moins latiniste à s'orienter dans le texte original.
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C'est en partie grâce à Ovide lui-même qu'on connaît l'histoire de sa vie : il l'a brièvement racontée dans une de ses élégies (des poèmes au ton mélancolique).
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Petit livre - je n'en suis pas jaloux- tu iras sans moi à Rome. Hélas ! il est interdit à ton maître d'y aller. Va, mais sans ornement, comme il convient au livre d'un exilé. Malheureux, prends l'habit de circonstance ! Point de myrtilles pour te farder de leur teinture pourpre - cette couleur sied mal à la tristesse - point de vermillon pour rehausser ton titre ni d'huile de cèdre pour embellir tes feuillets, point de blancs croissants sur ton front noir. Laissons ces ornements aux livres heureux : toi, tu ne dois pas oublier mon malheur. Que la tendre pierre ponce ne polisse pas tes deux tranches et laisse voir le hérissement de tes barbes éparses. Ne rougis pas des taches ! En les voyant, on y reconnaîtra l'effet de mes larmes ! Va, mon livre, et salue de mes paroles les lieux qui me sont chers !

Parue - nec inuideo sine me, liber, ibis in Vrbem :
Ei mihi ! quod domino non licet ire tuo.
Vade, sed incultus, qualem decet exulis esse.
Infelix, habitum temporis huius habe !
Nec te purpureo uelent uaccinia fuco -
Non est conueniens luctibus ille color -
Nec titulus minio nec cedro charta notetur,
Candida nec nigra cornua fronte geras !
Felices ornent haec instrumenta libellos :
Fortunae memorem te decet esse meae.
Nec fragili geminae poliantur pumice frontes,
Hirsutus sparsis ut uideare comis.
Neue liturarum pudeat ! qui uiderit illas,
De lacrimis factas sentiet esse meis.
Vade, liber, uerbisque meis loca grata saluta !
Contingam certe quo licet illa pede.


(LIVRE PREMIER / 1 - Édition Les Belles Lettres / Série Latine / traduction de Jacques André)
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Tant que tu seras heureux, tu compteras de nombreux amis, mais si le temps devient sombre, tu seras seul. Vois comme les colombes se dirigent vers les blanches demeures, tandis qu'une tour noircie ne reçoit aucun oiseau. Les fourmis ne vont jamais vers les greniers vides ; aucun ami n'ira jamais vers les fortunes ruinées. Comme notre ombre accompagne nos pas aux rayons du soleil, et disparaît quand il se cache obscurci par les nuages, ainsi le vulgaire inconstant suit l'éclat la fortune et s'enfuit au premier nuage qui vient à l'éclipser. Je souhaite que cela puisse toujours te sembler faux ; mon sort pourtant m'oblige à le reconnaitre pour vrai. Tant que je fus debout, un nombre suffisant d'amis fréquentait ma maison connue, certes, mais sans ambition ; mais, dès qu'elle fut ébranlée, tous redoutèrent sa ruine et de concert tournèrent prudemment le dos.

Donec eris sospes, multos numerabis amicos :
Tempora si fuerint nubila, solus eris.
Aspicis ut ueniant ad candida tecta columbae,
Accipiat nullas sordida turris aues.
Horrea formicae tendunt ad inania nunquam ;
Nullus ad amissas ibit amicus opes ;
Vtque comes radios per solis euntibus umbra est,
Cum latet hic pressus nubibus, illa fugit,
Mobile sic sequitur fortunae lumina uulgus,
Quae simul inducta nube teguntur, abit.
Haec precor ut semper possint tibi falsa uideri ;
Sunt tamen euentu uera fatenda meo.
Dum stetimus, turbae quantum satis esset, habebat
Nota quidem, sed non ambitiosa domus ;
At simul impulsa est, omnes timuere ruinam

(LIVRE PREMIER / 9 - Édition Les Belles Lettres / Série Latine / traduction de Jacques André)
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Afflige-toi de m'avoir perdu, ma tendre épouse, passé ton existence dans la tristesse causée par mes malheurs et pleure sur mon destin : pleurer a aussi son charme b les larmes assouvissent et emportent le chagrin. Puisses-tu avoir eu à pleurer non sur ma vie mais sur ma mort ! C'est ma mort qui t'aurait laissée seule. Assisté de toi, j'aurais rendu mon dernier souffle dans l'air de ma patrie  ; de pieuses larmes auraient coulé sur mon corps ; au jour suprême tes doigts auraient fermé mes yeux contemplant un ciel familier; ma cendre aurait été déposée dans le tombeau de mes ancêtres et la terre garderait le corps qu'elle reçut à sa naissance. Enfin, comme ma vie, ma mort eût été sans tache. Maintenant je vis pour rougir de mon supplice.

Tu uero tua damna dole, mitissima coniux.
Tempus et a nostris exige triste malis
Fleque meos casus : est quaedam flere uoluptas ; Expletur lacrimis egeriturque dolor.
Atque utinam lugenda tibi non uita, sed esset
Mors mea : morte fores sola relicta mea !
Spiritus hic per te patrias exisset in auras,
Sparsissent lacrimae corpora nostra piae,
Supremoque die notum spectantia caelum
Texissent digiti lumina nostra tui,
Et cinis in tumulo positus iacuisset auito,
Tactaque nascenti corpus haberet humus ;
Denique, ut et uixi, sine crimine mortuus essem.
Nunc mea supplicio uita pudenda suo est.

(LIVRE QUATRE / 3 - Édition Les Belles Lettres / Série Latine / traduction de Jacques André)
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Voici six vers encore, si tu les crois dignes d'être mis au frontispice du premier livre : "Toi qui prends cet ouvrage orphelin, donne lui du moins asile dans ta ville, et, pour qu'il t'inspire plus de sympathie, apprends que ce n'est pas l'auteur lui même qui le fit paraître, mais qu'il fut comme dérobé à ses funérailles. Tous les défauts de ces vers imparfaits, je les aurais donc corrigés si j'en avais eu le loisir. »

Hos quoque sex uersus, in prima fronte libelli
Si praeponendos esse putabis, habe :
"Orba parente suo quicumque uolumina tangis,
His saltem uestra detur in urbe locus ;
Quoque magis faueas, haec non sunt edita ab ipso,
Sed quasi de domini funere rapta sui.
Quicquid in his igitur uitii rude carmen habebit,
Emendaturus, si licuisset, eram."


(LIVRE PREMIER / 7 - Édition Les Belles Lettres / Série Latine / traduction de Jacques André)
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Il y a aussi quinze volumes de Métamorphoses, poèmes arrachés aux funérailles de leur maître. Cet ouvrage aurait pu, si je n'avais péri moi-même auparavant, acquérir un renom plus assuré, si j'y avais mis la dernière main c'est avec ses imperfections qu'il s'est présenté maintenant au public, si toutefois une de mes œuvres est accessible au ublic.

Sunt quoque mutatae, ter quinque uolumina, formae,
Carmina de domini funere rapta sui.
Illud opus potuit, si non prius ipse perissem,
Certius a summa nomen habere manu
Nunc incorrectum populi peruenit in ora,
In populi quicquam si tamen ore meum est.

(LIVRE TROIS / 14 - Édition Les Belles Lettres / Série Latine / traduction de Jacques André)
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Vidéo de  Ovide
"Le voyage de Chihiro", sorti en 2001 au Japon, est un film sous le signe de la métamorphose, un voyage chez les morts et dans l'imaginaire fantastique japonais. Miyazaki est-il l'Ovide du cinéma d'animation ? Est-ce de l'errance que naissent les meilleures expériences ?
Dans ce sixième épisode, Adèle van Reeth reçoit Hervé Joubert-Laurencin, professeur en études cinématographiques à l'université de Paris Nanterre.
"Philosopher avec Miyazaki", c'est une série de podcasts en huit épisodes qui revisite huit films du génial Hayao Miyazaki. Vent, enfants, personnages étranges, nature, animaux, machines, guerre... Chacune de ses oeuvres offre de multiples niveaux de lecture et renferme de grandes notions philosophiques.
Pour en savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-philosopher-avec-miyazaki
Découvrez aussi notre vidéo sur ce génie de l'animation : https://youtu.be/sFGMoBpO2S4?si=W26ErDQByCq3FU7a
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