La cave aux crapauds

Vingt petites merveilles endormies, contenues dans ce recueil "La cave aux crapauds" et autres contes étranges (1963 -- Editions Gérard & C°, Verviers)...

On se demande bien aujourd'hui pourquoi l'oeuvre étonnante de cet auteur né en Belgique, qui a excellé en son (si noble) genre fantastique -- genre littéraire le plus universel qui soit -- tout en restant si proche de l'inquiétante étrangeté des meilleurs contes d'E.T.A. HOFFMANN, de l'art intimiste des meilleures nouvelles fantastiques de Guy de MAUPASSANT, de l'esprit des meilleurs contes "terrifiants" d'Howard-Philip LOVECRAFT, des plus belles nouvelles oniriques de Bruno SCHULZ, des plus savants clairs-obscurs issus des romans durs et "pluvieux" de Georges SIMENON, ou encore des vertiges métaphysiques des immortelles nouvelles de Jorge-Luis BORGES... reste aujourd'hui toujours si tristement méconnue en France !

"Thomas OWEN" (pseudonyme) est un enfant de Louvain -- né Gérald Bertot en 1910, année fastueuse où naquit également Louis Poirier/ "Julien GRACQ" à St-Florent-le-Vieil. Notre écrivain discret -- mais prolifique -- disparaîtra physiquement en l'an 2002, à Bruxelles. Son oeuvre reste vénérée -- à juste titre et dans l'ombre -- par un lectorat étonnamment fidèle.

Succéderont à "La cave...", au moins deux autres recueils de même qualité littéraire, à l'inventivité tout aussi exceptionnelle : "Cérémonial nocturne" et autres contes insolites (1966) puis "La truie" et autres histoires secrètes" (1972), ouvrages immédiatement popularisés dans la légendaire collection -- noire -- de la bibliothèque Marabout "Fantastique"...

"Le péril", "Du même bord", "Non-lieu", "La maquette de cire vierge", "Tu es poussière", "L'épervier", "Le destin des mains", "15.12.38", "Le manteau bleu", "Une aile de papillon mort", "La cave aux crapauds", "La présence désolée", "La princesse vous demande", "Une cousine", "Le châtelain", "Dans la maison vide", "Père et fille", "Elfriede", "Le serpent bleu", "Le testament de M. Breggins" sont ces courts récits qui savent nous prendre doucement par la main et IMPOSENT aussitôt leur poétique propre, leur ambiance sinueuse entre Outremonde et Outremort : c'est que l'impalpable frontière entre "notre" monde usuel et l'Autre (le "nervalien"... ) est toujours si ténue, tellement aisée à franchir -- et toujours à notre insu...

Un grand Maître en son "Fantastique poétique" oublié... à EVIDEMMENT (re-) découvrir !
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Les nouvelles de Thomas Owen sont des pièges pour leurs personnages-narrateurs et leurs lecteurs ; de véritables souricières. On ne sait jamais vraiment d'où le "péril" (pour reprendre le titre du premier texte) peut surgir. D'une façon ludique, le danger arrive toujours de biais, par un détail auquel on n'avait pas forcément prêté attention. Plutôt que la peur, le sentiment d'étrangeté prédomine, avec ces petits pas de côté qui surviennent presque à notre insu. Et un mot sur les chutes qui ne sont ni fermées, ni ouvertes ; plutôt, elles projettent dans une dimension inattendue, énigmatique, ouvrant un champ des possibles considérable et inquiétant. Je retiendrais en particulier "tu es poussière.. " et la nouvelle éponyme, mais tous les textes se tiennent. Ce recueil maintient une qualité et une cohérence jusqu'au bout du cauchemar, somme toute agréable. En prime, l'édition Marabout contient une préface malicieuse de son ami Jean Ray.

En expert du fantastique quotidien, Thomas Owen fait surgir au sein même de notre univers familier, ses histoires de vampires et de dédoublement de la personnalité dans des évocations macabres et des scènes diaboliques ou même... loufoques. le mécanisme de la peur, dans ses contes, agit en effet de façon sournoise et se développe à partir d'événements très simples, en appa¬rence anodins. Par petites touches successives, le lecteur plonge dans le domaine de l'étrange où se déchaînent les forces de l'au-delà. Il cesse ainsi, peu à peu, d'être un simple spectateur pour participer de près à l'action et partager, avec l'angoisse et la peur que cela suppose, le redoutable destin des héros du conte. A des qualités féroces d'observation, l'auteur allie ici un humour maléfique et malin qui donne à l'insolite des situations qu'il met en scène un relief particulièrement personnel.

Une recueil sympathique avec beaucoup de nouvelles rapides et légères. On est clairement dans le fantastique et cela se lit bien même si ce n'est pas de la grande qualité. Les idées sont souvent effleurées, à peine enveloppées, voir bâclées. le style est moyen voir faible, ne donnant aucune plus-value aux textes. Il y a quelques réussites de 3 ou 4 bon textes, les reste est lisible...

Bien sûr je me devais de continuer sur ma lancée et explorer encore plus l'univers de mon auteur préféré.