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sur 9602 notes
Un titre énigmatique pour un roman franchement splendide , un roman qui m'a été offert par les éditions du Seuil et Babelio par l'intermédiaire d'une Masse Critique privilégiée , Éditions du Seuil et Babelio à qui j'adresse un grand , très grand merci .Que ce livre soit de bonne facture , je m'en doutais car il avait déjà été mis en exergue dans ma librairie préférée, mis en avant par des libraires à qui j'accorde aveuglément toute ma confiance....
Celle qui va " illuminer " toute l'histoire , du début à la fin , c'est " la fille des marais " , la superbe Kya . Née sous une étoile flétrie , Kya se retrouve à vivre seule dans les marais de Barkley Cove , petite ville de Caroline du Nord....A dix ans , sa mère , ses frères et soeurs puis son père l'ont abandonnée dans un milieu hostile avec lequel elle va rapidement "faire corps" , par force , bien sûr. Survivre . Manger. Exister . Ce milieu , elle va l'apprivoiser au point d'en faire un allié , un milieu nourricier , d'abord "physiquement " puis intellectuellement, car de cette "fusion" naîtront de fort " belles choses" . Pour l'aider à se construire pour s'en sortir , quelques très belles personnes , Tate, Jumping et Mabel , Jodie , mais aussi , hélas, bon nombre d'opposants pleins de préjugés, racistes , prompts à juger , à accuser , à diaboliser , des humains , quoi .... C'est dans cette nature dans laquelle elle se fond que Kya puisera des ressources incroyables pour s'opposer de la plus belle des manières à la vindicte populaire qui n'aura de cesse de l'accabler . Un personnage de toute beauté, envoûtant , un personnage auquel on s'attache , à qui on va tout " passer " , pour qui on va vibrer....trembler ...qu'on va tout simplement aimer .
Ce livre , c'est un somptueux cadre d'une nature luxuriante hostile ou salvatrice , refuge impénétrable de toutes les misères humaines , milieu privilégié des opprimés et des exclus , ceux dont la Solitude est la principale compagne .Kya , et c'est bien là l'un des principaux thèmes du récit saura s'adapter à tout ...sauf à la Solitude qui va la conduire vers ...Et puis , ne l'oublions pas , il y aura aussi une enquête policière qui , si elle ne me semble pas de nature à détourner notre attention de l'essentiel , n'en demeure pas moins un élément très intéressant dans cette histoire , au point de rendre plus que remarquable le dénouement du roman .
La traduction est très agréable , alerte , efficace , le style fait qu'on lit sans peine un récit qui aurait pu "s'enliser " tant on va rester dans un milieu relativement clos et menaçant , tant par ses décors que par l'attitude des êtres désespérés qui y vivent et ...l'hostilité de ceux qui n'y vivent pas .
De multiples thèmes sociétaux sont abordés avec pudeur , certes , mais avec une force incroyable . C'est un livre qui donne à réfléchir, avec un petit côté " Tom Sawyer " pour le meilleur et " My absolute darling " pour le pire ....Un roman où la violence sans doute un peu " diluée " dans l'opulence de la nature , est perpétuellement présente .
J'ai adoré ce roman , je l'ai dévoré, il m'a touché, ému, beaucoup plu , interpellé.....Je peux me tromper , bien entendu , mais je ne serais pas du tout surpris qu'il recueille de très bons échos. Cet hymne à la nature nous ramène à des valeurs essentielles ....Et s'il suffisait de se rendre " là où chantent les écrevisses " ? Moi , j'y suis allé , c'est un monde qui ne se trouve pas sur les catalogues des voyagistes , oh non , il se trouve dans un très beau bouquin et coûte " vachement " moins cher .
Et même mon libraire a été séduit, alors ...Après , vous me connaissez , hein , moi , j'dis ça , j'dis rien ....C'est bien vous qui voyez....
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Delia Owens, après trois ouvrages consacrés à la nature et aux animaux, réussit un magnifique premier roman que j'ai eu la chance de découvrir grâce à Babelio et aux éditions du Seuil.
En lisant Là où chantent les écrevisses, je me suis attaché aux pas de Kya, la Fille des marais. J'ai souffert avec elle. J'ai tremblé. J'ai espéré. J'ai été pétri d'inquiétude. J'ai été révolté mais j'ai vibré et j'ai surtout été émerveillé en découvrant toute les vies pullulant dans ces marais de la côte de Caroline du Nord, aux États-Unis.
Enfant, Kya qui se nomme en réalité Catherine Danielle Clark, est traumatisée par la violence d'un père qui boit et frappe cruellement femme et enfants. Ils vivent dans une cabane, loin de la petite ville de Barkley Cove, au coeur du marais. Un jour, Ma, sa mère, part sans se retourner et c'est le premier grand abandon subi par Kya avant que Jodie, le frère si précieux qui la protégeait, s'en aille à son tour.
Au fil des pages, Kya m'a entraîné dans les chenaux, dans cette nature sauvage, préservée – pour combien de temps ? – où elle ne cesse d'observer et d'apprendre. Ce livre regorge de descriptions vivantes, imagées, au fil des découvertes et des habitudes de Kya et je me suis régalé à chaque fois malgré une certaine tension omniprésente, même dans les moments les plus calmes.
Les services sociaux tentent de l'envoyer à l'école mais elle ne supporte pas les moqueries plus d'une journée, préférant continuer à apprendre au coeur de la nature, donner à manger aux oiseaux sur la plage, recueillir, observer mais elle souffre de la faim et ne sait ni lire, ni écrire.
Sans révéler trop de détails, je dois parler de ces deux amours : Tate et Chase. L'un est toute discrétion, dévouement, lui apprend à lire, à écrire et à compter mais doit partir à l'université. L'autre est la coqueluche des jeunes filles de Barkley Cove et c'est justement sur la découverte de son cadavre que débute le roman, en 1969.
Les dates sont très importantes, précisées au début de chaque chapitre puisque l'auteure remonte en 1952 et c'est la vie de Kya (six ans) qui défile en alternance avec ces mois décisifs de 1969. Solitude est le mot qui revient le plus souvent et j'ai été déchiré à chaque abandon, à chaque raté, à chaque occasion gâchée. le bonheur semblait à portée d'un sourire, d'un contact accepté mais l'héroïne, désabusée par tant d'échecs, préfère la fuite, préfère disparaître dans cette nature qu'elle connaît mieux que les plus grands scientifiques. Elle se réfugie aussi dans la poésie lorsqu'elle est au plus mal ou lorsqu'elle veut conserver quelque secret mais… pour savoir, il faut lire Delia Owens !
Je n'oublie pas de citer Jumping et Mabel, ce couple admirable, si important pour Kya. Enfin, il faut le dire, il y a un procès, une tension insoutenable où le défilé des témoins et leur questionnement révèlent une fois de plus toute la fragilité d'une justice rendue par des humains, sur des mots plus ou moins habilement exploités.
Magnifique découverte, Là où chantent les écrevisses, ce lieu isolé où la nature et Kya retrouvent calme et tranquillité, a été un régal de lecture !

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Quel sublimissime hymne à la nature!Que ce roman m'a émue qu'il est infiniment beau, touchant et inoubliable. Un émerveillement pour les sens. le livre débute par la découverte du cadavre de Chase Andrews, jeune adulte du pays, dans le marais côtier d'une ville de Caroline du Nord. le shérif soupçonnant un meurtre, une enquête est ouverte. Deux récits s'entremêlent: l'enquête policière d'un côté, et l'histoire de Kya de l'autre étalée sur une vingtaine d'années.
Années 50, alors qu'elle vit avec sa famille dans une vétuste cabane isolée du marais, Kya n'a que six ans lorsque sa mère et ses frères et soeurs fuient à peu d'intervalle leur père et mari violent et alcoolique. Désormais seule, cette petite fille sauvage et timide sera rejetée et déshumanisée par les habitants de la ville. « La Fille des marais » doit s'adapter pour survivre dans un milieu à priori dangereux mais « l'ignoble marais » s'avérera être un refuge salutaire. Cet écosystème regorge d'espèces vivantes devenues élémentaires à sa survie surtout que Pa s'absente pendant des jours la laissant seule dans l'incurie. Manquant de tout, souffrant la fin et le froid, le marais l'apaise, la soigne « ...le marais devint sa mère ». Connectée puissamment à son environnement « elle sent pulser la vie parce qu'elle est en lien direct avec sa planète » et ce lien est si bien retranscrit par l'auteure qu'il trouve un fort écho chez le lecteur.
Kya apprend tout de la nature et du monde sauvage qui « l'avait nourrie, instruite et protégée quand personne n'était là pour le faire ».
Grande observatrice de la nature, très créative elle consigne ses observations, collectionne plumes et coquillages et peint avec précision son milieu de vie. On la suit dans son parcours atypique d'amours déçus en accusations non fondées, de rejets en privations de liberté, de ses premiers émois d'adolescente à l'affirmation de soi, de souffrance à résilience dans un décor aux descriptions fabuleuses. le jeune Tate tombera amoureux d'elle et lui apprendra à lire jusqu'à ce qu'il l'abandonne à son tour pour partir faire ses études. Et puis elle rencontre Chase qui lui fait miroiter une autre vie...Les deux récits finissent par se rejoindre et le dernier tiers du roman très cinématographique et particulièrement addictif débouche sur un final bouleversant et inattendu.
« la Fille des marais » par sa trajectoire exceptionnelle deviendra légende et symbole de liberté. N'hésitez pas à embarquer avec Kya sur son bateau en compagnie de ses fidèles oiseaux, éclairé par les astres et les lucioles la nuit pour arpenter les chenaux de son marais mystérieux, sauvage, grouillant de vie afin qu'elle vous mène le coeur serré et le frisson sur la peau jusqu'à la source, l'essentiel : là où l'on entend encore le chant des écrevisses.
Sublime.
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Ce roman est une pépite, une histoire à la fois passionnante, magnifique dans un style épuré, poétique et palpable. Une histoire qui nous fait lever les yeux là où brillent les lucioles dans la nuit.

L'histoire est celle de Kya qui très jeune se retrouve abandonnée par les siens au coeur du marais. Un climat familial difficile avec un père agressif et brutal que chacun fuira les uns après les autres laissant la petite dernière Kya seule avec ce monstre jusqu'au jour où lui aussi partira.
La solitude mais aussi la nature bienveillante la façonneront. le marais deviendra sa mère. du haut de ses dix ans, Kya devra se débrouiller, ce ne sera pas toujours facile, analphabète, craintive, naïve, elle deviendra une petite Robinsonne. Bercée dans cet environnement vert et isolé de tout, Kya n'aura de cesse de contempler et d'observer le fourmillement de la vie autour d'elle, se passionnant par les goélands, les coquillages, l'herbe, les oiseaux, elle deviendra la fille des marais, la fille-terre, la fille-arbre, la fille que personne ne voit si ce n'est que comme une bête curieuse.

Elle fera des rencontres qui elles aussi la façonneront, des heureuses et des mauvaises.

Ce roman m'a passionnée du début à la dernière page. J'aurai aimé qu'il ne s'achève pas tant je m'y sentais bien. Il y a le poumon de la terre dans ce chant des écrevisses, une nature exacerbée et mise à l'honneur de façon magistrale. le personnage de Kya est travaillé, complexe, attachant comme jamais. Même au summum de mon extase littéraire, l'auteure me surprend encore et présente vers la fin un chat avec son mini rôle bien à lui. Quoi demander de plus. J'ai tout aimé dans ce livre. Un gros coup de coeur.
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Grand coup de coeur pour ce roman comme pour beaucoup d'entre vous, je crois.
Delia Owens, raconte en parallèle deux histoires. L'une commence en 1952, lors du départ de la mère de Kya et l'autre en 1969, lors de la découverte du cadavre sous la tour de guet de Chase Andrews. Les deux vont finir par se croiser.
Le roman se déroule dans le Comté de Barkley, en Caroline du Sud.
Difficile de rester insensible lorsque cette fillette Kya, de son vrai nom Catherine Danielle Clark est abandonnée dès l'âge de six ans, d'abord par Ma, sa mère, qu'elle espèrera toujours voir revenir puis par Jodie, son plus jeune frère, ses autres frères et soeurs étant déjà partis. Tous ont fui le père alcoolique et violent. Elle va devoir apprendre à survivre auprès de lui dans une maison précaire perdue au milieu du marais. le père finira par disparaître lui aussi. le marais sera sa seule famille et son refuge naturel. Cette enfant fragile mais curieuse et débrouillarde et surtout très proche de la nature apprend vite à cuisiner, à pêcher pour ensuite échanger moules et poissons contre des vêtements et du carburant pour sa barque. C'est Tate, un jeune garçon qui, avec une grande patience va l'approcher et lui apprendre à lire et à écrire et pour un temps l'aider à vivre sa solitude. Il l'abandonnera à son tour pour ses études.
En parallèle, donc, deux gamins découvrent le corps sans vie de Chase Andrews allongé sous la tour de guet et alertent aussitôt le shérif. Bien vite il va s'avérer qu'il ne s'agit pas d'un accident et une enquête va être ouverte, enquête qui est un élément important du roman.
Ce qui est magnifique dans ce roman comme la belle couverture nous le fait pressentir, c'est la nature dans laquelle nous immerge l'écrivaine, une nature luxuriante qui sera le refuge de Kya. C'est en parlant aux oiseaux, en les nourrissant, en collectionnant les plumes et en les peignant, en observant les coquillages, les herbes qu'elle arrive à grandir et à surpasser cet isolement et cette solitude : un magnifique destin de femme, un destin hors normes. Ce marais qui relie la terre à l'océan est quant à lui un personnage à part entière.
Là où chantent les écrevisses est un roman plein de poésie, de sensualité, de délicatesse, de pudeur. Quel moment sublimement décrit et émouvant, par exemple, lorsque Kya a ses premières règles... Mais c'est aussi un roman qui aborde le racisme avec toute la cruauté qu'il représente, racisme envers l'homme de couleur, envers l'autre tout simplement qui vit différemment.
Il n'est guère surprenant que ce premier roman de Delia Owens, zoologue et écrivaine, véritable hymne à la nature et à la liberté, à la force que l'on porte en soi, soit déjà pressenti pour une adaptation au cinéma ! Un roman qui peut révéler également de grosses surprises.

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Aujourd'hui, je sais — oh oui je sais ! —, que je vais ENCORE m'attirer les foudres d'une myriade de lecteurs ou lectrices enflammé(e)s, qui vont cracher, hurler, fulminer, s'indigner, sortir les cageots de tomates pourries, tourner le dos définitivement, et toute l'armada d'actions vindicatives que vous pouvez imaginer, m'accuser de ci ou de ça en face, et de bien plus par derrière ; je commence malheureusement à être habituée depuis le temps, à chaque fois que j'écris des critiques ouvertement négatives et à contre courant de la majorité...

Aussi est-il urgent, plus que nécessaire, de préciser, de re-re-re-repréciser que ce que je vais exprimer n'est nullement une VÉRITÉ, mais seulement et uniquement MA vérité, qui plus est, ma vérité du moment, car chacun sait que nos propres opinions à propos des mêmes ouvrages sont parfois sujettes à fluctuations au cours de nos existences.

Sans suspense aucun, donc, à mon misérable avis, donc, qui n'est que mon avis, donc, je considère que ce livre est pauvre de chez pauvre, indigent de chez indigent, voire un peu en dessous. Et, selon moi, si Camille Saint-Saëns a composé le Carnaval des animaux, Delia Owens a composé le carnaval des stéréotypes, clichés et autres poncifs ou archétypes.

D'aucun(e)s me rétorqueront que ce livre est un best seller, que des millions de gens ne peuvent pas avoir tous plébiscité un ouvrage moyen voire faible. C'est un argument, c'est vrai, mais — j'ai vérifié — la vidéo la plus vue sur le web en 2023 est « Baby shark » de Pinkfonk, une musique sensationnelle au synthé, des séquences répétitives de 2 mots dont l'un revient à chaque fois et des gamins qui se trémoussent en ayant l'air stupide, oui, cela suffit à faire un carton.

Si je file la métaphore sur le plan alimentaire, le succès du Nutella et du hamburger-frites ne se dément pas. Est-ce à dire que c'est un gage absolu et avéré de qualités nutritive et gustative ? Libre à chacun de le penser... Bon, mais argumentons, sur l'ouvrage en lui-même, car ce ne sont là que des comparaisons, et vous connaissez le proverbe, comparaison n'est pas raison.

Alors voici une petite fille, née en 1945, dont on nous narre les aventures à partir de 1952 jusqu'en 1970. Vous avez noté, 7 ans au départ. À 7 ans, donc, notre brave et charmante Kya, diminutif de Catherine Clark (ah ! diminutifs américains de mes rêves, comme je vous aime ! j'ai déjà parlé une fois des Bob et des Chuck, mais là, Kya, un nom de bagnole, c'est pas mal non plus, dans le genre) se fait abandonner par sa mère.

Laquelle mère est une femme aimante, sympa, géniale, mais, mais, mais, battue, cliché n°1, par un mari minable, boiteux, alcoolique et violent, cliché n°2. La mère aimante, sympa et géniale, donc, se barre en laissant la gamine la plus jeune de la fratrie, invraisemblance n°1. Les autres frangins/frangines plus âgés foutent le camp également, on ne sait pas trop comment, ils sont d'ailleurs tous fantomatiques, hormis l'un d'entre eux, qu'on reverra plus ou moins plus tard pour les besoins de la narration larmoyante de bas étage. Mais ça c'est pour plus tard...

Pour l'heure, Hyundai, euh... Kya, pardon, se retrouve seule avec cliché n°2, qui risque de la bastonner, l'abuser, maltraiter, que sais-je, mais, mais, mais, non, non, non, il faut évaporer cliché n°2 afin que Kya deviennent une enfant sauvage, stéréotype n°1.

Voici donc une gamine de 7 ans, dans un marécage, j'ai oublié de vous le préciser, et pas le marais poitevin ou la baie de Somme, non, un bon vieux gros marécage farouche, du genre bayou la gadoue version Caroline du nord, stéréotype n°1, donc, qui à 7 ans sait démarrer le bateau à moteur de cliché n°2, formant l'invraisemblance n°2, lequel bateau à moteur dont on nous précise qu'il est déjà sub-claquant en 1952, tiendra plus de quinze ans sans défaillir jamais, invraisemblance n°3 pour quiconque a déjà manipulé ce genre d'engin, qui plus est à l'époque, mais passons.

Stéréotype n°1 n'ira donc jamais à l'école en semant tous les agents fédéraux venus la chercher, invraisemblance n°4, en coupant elle-même son bois de chauffage et de cuisine à la main durant toutes ces années, invraisemblance n°5, en ne tombant jamais malade pieds nus et les mains dans la vase toute la journée, été comme hiver au milieu des moustiques et des infestations de microalgues, invraisemblance n°6, vivra pendant plus de quinze ans exclusivement de la vente de moules, récoltées elles aussi été comme hiver, bien entendu, invraisemblance n°7, sans jamais se raréfier là où stéréotype n°1 les collecte abondamment.

Bon, bon, bon, mais encore, il manque quelques clichés, vous ne trouvez pas ? Alors mettons, cliché n°3, Chase, le bellâtre mais qu'est pas sympa en vrai et qui court les filles pour faire rien qu'à les plaquer ensuite ; cliché n°4, le gentil brave garçon qui l'est amoureux d'elle depuis l'enfance et qui l'en dévie jamais sauf pour les besoins de la narration et qui lui apprend à lire en lui échangeant des plumes de croupion de piafs qu'elles sont sensationnelles comme plumes et que personne ô grand personne n'en a jamais rien vu de telles, et que lui, Tate, alias cliché n°4, il va devenir un grand scientifique gentil, avec un gentil bateau à moteur qui va venir étudier le gentil plancton dans le gentil marécage à la gentille Stéréotype n°1. Ouaiiiis !

Tous les gens blancs y sont tous méchants, cliché n°5, sauf le gentil, gentil Jumping, un pompiste noir, cliché n°6, le seul qui a réellement compris tout le potentiel insoupçonné de Stéréotype n°1 et qui lui achète ses moules sans défaillir pendant des décennies.

Le problème, bien entendu, c'est qu'un jour, cliché n°3 est retrouvé mort dans le marécage ; tous les clichés n°5 pensent que la coupable c'est Stéréotype n°1, sauf clichés n°4 et n°6. Entre temps, Stéréotype n°1 a tellement appris à lire grâce à cliché n°4, qu'elle s'enfile des bouquins universitaires sur la biologie des marais, invraisemblance n°8, qu'elle finit par écrire elle-même des bouquins scientifiques de haut vol, invraisemblance n°9, qui sont tellement bien, ses livres sur la microfaune des marais que tous les éditeurs se battent pour la publier, invraisemblance n°10, et que les bouquins s'arrachent, invraisemblance n°11, et permettent à Stéréotype n°1 d'en vivre correctement rien qu'avec les droits d'auteur, invraisemblance n°12.

On n'imagine pas, il est vrai, combien dans les années 1960 les gens étaient prêts à tuer pour mettre la main sur un livre universitaire traitant des libellules ou des copépodes, c'est pas croyable, c'était une vraie folie, il fallait au moins trente vigiles devant le rayon marécage de toutes les librairies du pays.

Je vous ai épargné une bonne cinquantaine d'invraisemblances, une bonne centaines de clichés, un petit milliard de stéréotypes le tout conduisant au virage " policier " du roman. Attention les amibes, là, question policier, ça dépote, c'est du grand, grand...

... vous savez quoi ? Je vous laisse mettre le mot que vous voulez tellement c'est bon, c'est puissant, c'est du jamais lu. Et à la fin, le gentil cliché n°4 et la brave wonderwoman Stéréotype n°1, ils vécurent heureux et... mince, au risque de vous heurter, j'ose vous apprendre que ce couple ô combien crédible, intéressant psychologiquement et à tous égards n'aura pas d'enfant. C'est-à-dire, le contre-cliché, qui est lui-même tellement un poncif, qu'il est devenu un cliché.

Bref, une soupe, du début à la fin, aussi limpide et appétissante que l'eau du marécage où elle est née. Une fois encore, malgré les avis que j'avais pu lire, le profil de l'auteure, qui m'avait attirée, c'est raté en ce qui me concerne pour ma quête du premier grand roman du XXI ème siècle. Voici un livre qui ne sort jamais de son écriture scolaire et de son intrigue improbable et cousue de fil blanc. Noyer le lecteur sous des hectares d'eau stagnante, sous une faune et une flore données, aussi intéressantes puissent-elles être dans l'absolu — et ce n'est pas la biologiste marine de formation que je suis qui le démentira —, n'a jamais suffi à faire d'un roman un grand roman. Car un grand roman, je le rappelle, au risque de me répéter, ce sont de grands personnages, des personnages marquants et crédibles, pas une ribambelle d'archétypes foireux accolés les uns aux autres. Mais ça n'est que mon avis, bien sûr, et vous connaissez ma ritournelle.
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Ce roman a un charme irrésistible qui m'a complètement emportée ...

... malgré des rebondissements téléphonés au niveau de l'enquête ( dès le prologue, on sait qu'un jeune homme a été retrouvé mort dans le marais )
... malgré son petit côté bluette
... malgré son idéalisation de la pauvreté rurale et de la vie enchantée au contact de la nature
... malgré un certain monochromatisme pour dépeindre les personnages secondaires, peu complexes
... malgré l'invraisemblable polymathie de l'héroïne Kya, enfant sauvage illettrée se muant en une écrivain-artiste-poète-scientifique reconnue.

Mais voilà, il y a Kya, et Kya, c'est juste un des ces personnages féminins inoubliables comme je les adore, originale et vivante, survivante. La fille des marais de Caroline du Nord, abandonnée par tous les membres de sa famille, les uns après les autres, devenue paria accusée de meurtre. Elle restera en moi. On la découvre à 6 ans, livrée à elle même, à peine au contact des hommes, et pourtant ne pouvant pleinement renoncée à son humanité. On la voit grandir de 1952 à 1970. Chaque page palpite de Kya et de sa volonté à rompre sa solitude, quitte à accéder à la douleur et la déception. La ligne émotionnelle est tenue, forte, persistante, mais ne tombe jamais dans le pathos ou le voyeurisme.

En fait, ce roman est un conte quasi intemporel sur le passage à l'âge adulte et Delia Owens une merveilleuse conteuse, à l'ancienne, avec sa morale dénonçant l'étroitesse d'esprit, avec ses personnages vertueux ( magnifique couple formé par Jumping et Mabel, les parents de substitution de Kya, des Afro-Américains ) et ses « méchants » issus de la petite communauté de Barkley Cove, étroite d'esprit, à la recherche de boucs émissaires si on sort de la norme. La fin avec son surprenant petit twist laisse un sentiment d'accomplissement, ce que font toujours les histoires bien racontées.

Au-delà du destin exceptionnel de Kya, ce sont les pages célébrant la symbiose établie entre Kya et la nature turbulente du marais, devenue sa mère, que j'ai savourées. le décor filmique remplit la tête d'images vives qui restent ancrées jusqu'à la dernière pages. Avec son lyrisme justement dosé, empli de chemins sablonneux et de lagunes vertes, de chênes et de sycomores, de bosquets de palmiers nains, de dindons sauvages, hérons et phaétons. Delia Owens est zoologue, spécialiste de la faune africaine ; elle transmet en toute simplicité tout son amour pour la nature, qu'elle soit faune et flore.

Et puis, il y a ces poèmes qui ponctuent et rythment toute la deuxième moitié du récit. Des extraits d'Emily Dickinson, par exemple, ou de la poétesse fictive Amanda Hamilton. Je les attendais avec impatience. Respirations apaisantes pour Kya plongée dans la tourmente d'un procès, comme pour le lecteur. Reflets des pensées les plus profondes de Kya, jusqu'à ce que l'ultime révèle tout ce que le lecteur n'avait pas su voir.

Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée
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Les marais proches de la ville de Barkley Cove, en Caroline du Nord, ont de tout temps abrité une population marginale et misérable venue y chercher refuge. La famille de la jeune Kya y vit des maigres revenus tirés de la pêche par le père, alcoolique et violent. En 1952, lorsque la mère finit par s'enfuir, les frères et soeurs ne tardent pas à déguerpir eux aussi, laissant Kya, âgée de six ans, aux seules mains paternelles. Puis le père disparaît à son tour, et l'enfant se retrouve livrée à elle-même. Elle grandira dans le plus grand dénuement et la plus profonde solitude, tirant sa subsistance du marais et restant en marge de la petite ville voisine, où se développent à son encontre les pires rumeurs et préjugés. Mais le monde de Kya et celui de ses voisins finiront bien par se rencontrer, et de nouveaux drames surgiront...


Construit en de multiples allers retours entre les jeunes années de Kya et 1969 où la police cherche à élucider un meurtre, le récit comporte ce qu'il faut de péripéties pour maintenir constamment éveillé l'intérêt du lecteur, même si le fond de l'intrigue se laisse assez rapidement entrevoir. A vrai dire, le point fort du roman ne m'a pas tant semblé l'histoire qu'il raconte, agréable mais quand même moyennement crédible et très centrée sur une romance plutôt convenue, mais bien davantage sa tonalité à dominante nettement naturaliste : biologiste spécialisée dans le comportement animal et la recherche sur les espèces en danger, l'auteur nous convie à une véritable immersion au sein de la faune et de la flore de ce grand marais américain, au fil de dépaysantes évocations d'un environnement à la beauté singulière, et d'observations éthologiques curieusement assorties de comparaisons aux agissements humains.


Ce qui aurait risqué de demeurer une romance insipide et peu crédible devient ainsi un agréable voyage dans une contrée sauvage, en compagnie d'un guide biologiste capable de vous faire découvrir les lieux les plus secrets et les plus magiques, là où chantent les écrevisses.


Merci à Babelio et aux Editions du Seuil de m'avoir offert cette lecture.

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Quel plaisir de tourner les pages en compagnie de Kya, la fille des marais, la laissée pour compte, trahie, abandonnée par tous ceux qui lui sont chers!

Le père est si violent que sa mère fuit la maison qui aurait été fatale, et les frères et soeurs ne tardent pas à s'éloigner eux aussi, laissant la fillette en compagnie de cet homme si peu fiable. Jusqu'à ce qu'il disparaisse lui aussi.

Kya n'a pas une nature à se laisser dépérir, et organise sa survie, aidée par la présence et le soutien discret, de Mabel et Jumping, qui tiennent la station service en bordure du marais. C'est dans la masure qui servait de logement à la famille, dans un décor minimaliste, qu'elle observe, son environnement, incollable sur les oiseaux, les herbes les coquillages , elle qui ne sait pas lire.

Les années passent, Kya grandit, et Tate, l'ami de toujours parvient à l'apprivoiser, et lui apporte une aide fondamentale, en lui apprenant la lecture.

Le roman, clairement inscrit dans le mouvement de nature-writing, s'apparente également à ces romans très américains qui racontent la destinée étonnante de personnages voués par leurs origines ou leur histoire familiale à une survie précaire et qui malgré tout s'en sortent avec les honneurs. C'est ici ce qui rend l'héroïne si sympathique, et crée le manque lorsque l'on doit la quitter.

Pour renforcer l'addiction et éviter que le récit se borne à des mièvreries, un meurtre vient pimenter l'histoire. Et parallèlement aux années qui passent dans le marais, l'enquête sur la mort de Chase Andrews focalise le récit sur une courte période de l'année 1970.


Très bon roman, un grand plaisir, tant pour l'empathie que suscite Kya que pour le séjour au coeur de ce marais grouillant de vie.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Barkley Cove, 1952. En ce matin brûlant d'août, Kya, âgée de 6 ans, est étonnée d'apercevoir sa mère, une valise à la main, qui descend le chemin sablonneux. Sans un regard en arrière. Pendant des jours, la jeune fille attendra impatiemment son retour. En vain. Puis, à leur tour, les trois aînés quittent la cabane des marais. Ne reste que son père et Jodie qui, malheureusement, ne tarde pas à s'en aller. Abandonnée par les siens, Kya doit maintenant supporter le caractère colérique de Pa, son alcool mauvais et ses longues journées d'absence. Loin de la civilisation, au coeur du marais qui deviendra son seul refuge, elle devra apprendre à vivre et survivre...
Barkley Cove, 1969. Deux gamins découvrent, horrifiés, le corps sans vie de Chase Mathews dans le marécage, au pied de la vieille tour de guet. Une mauvaise chute ? Un crime ? Sur place, le shérif Ed Jackson et son adjoint sont surpris de constater l'absence d'empreintes...

Tout à la fois hymne à la nature sauvage, récit initiatique, roman d'amour(s) et thriller juridique, Là où chantent les écrevisses nous plonge au coeur des années 50 et 60 et nous dépeint, avec force et passion, la vie de Kya. Délaissée à tour de rôle par les siens, sauvage, débrouillarde, indépendante et farouche, Kya ne pourra compter que sur elle-même et le marais, devenu sa seule famille. C'est dans ce décor qu'elle se passionnera pour tout ce qui l'entoure (oiseaux, insectes, coquillages...) et qu'elle se laissera timidement approcher et apprivoiser par Tate. Une relation décrite avec pudeur et subtilité. Alternant l'adolescence et l'apprentissage de Kya avec l'enquête policière sur la mort d'Andrews Chase, ce roman est avant tout une véritable ode à la nature, où faune et flore sont des personnages à part entière. Delia Owens nous offre un magnifique roman, émouvant, empreint d'humanité et servi par une plume sensible...
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