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Flore Abergel (Traducteur)Anne Rabinovitch (Traducteur)
EAN : 9782070427925
336 pages
Gallimard (29/04/2004)
3.69/5   13 notes
Résumé :
"Je suis né à Jérusalem. Bien plus tard, j'ai lu dans des livres que, au temps du mandat britannique, c'était une ville très cosmopolite. Où l'on trouvait Gershom Sholem, Buber, Bergman et Agnon; moi, c'est à peine si je savais qu'ils existaient, sauf que parfois mon père disait "Regarde cet homme de réputation mondiale qui marche dans la rue."

Je croyais qu'une réputation mondiale, c'était un peu comme des jambes malades car, souvent, celui dont il d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La critique d'un tel ouvrage n'est pas aisée... Heureusement, la note de l'éditeur (Gallimard), en préface, va m'aider.
"Le présent recueil puise à des sources diverses (discours, entretiens, articles, essais), réunissant des thèmes et des modes d'expression variés à des époques différentes (1967 à 1974) : il ne doit son unité profonde qu'à la voix d'Amos Oz, dont il restitue fidèlement le timbre. L'ensemble de ces "morceaux choisis" (la mémoire de l'enfant et les "étymons spirituels" de l'adulte, l'intime correspondance entre le travail de la langue et les prises de position dans le siècle, les considérations prémonitoires sur le conflit entre Israël et les Palestiniens, les aveux nostalgiques sur l'utopie fondatrice du kibboutz, les rapports déchirants avec le judaïsme et la singularité de la Shoah) compose un puzzle exceptionnel... (...)"

Oui il s'agit bien d'un puzzle complexe ordonné quand même en quatre chapitres.
- D'où je viens,
- D'où j'écris,
- D'où je parle,
- Les mots qui tuent, les mots qui parfois guérissent...
Dans cet ouvrage je suis sensible à différents sujets, les souvenirs d'enfance, le métier d'écrivain et aussi le point de vue de l'auteur sur la Shoah, dont il fait part dans un long chapitre intitulé "La valise de Marie Kafka" dans lequel Amoz Oz étudie le film documentaire de Claude Lanzmann "Shoah, une histoire orale de l'Holocauste", dont Amoz Oz dit qu'il est "(le film) le plus puissant qu'il ait jamais vu. C'est une création qui transforme le spectateur".
Je suis plus en retrait en ce qui concerne la politique, la religion, le sionisme, car je ne suis pas spécialisée dans ces domaines et que l'auteur cite beaucoup de noms de personnes qui me sont inconnues, tout simplement parce que je ne vis pas en Israël. J'ai donc trouvé quelques longueurs relatives à ces questions.
Cela ne m'a pas empêchée de découvrir et noter des passages dont l'écriture est merveilleusement ciselée.
Un livre de réflexion pas si facile à aborder, que je suis heureuse d'avoir pu lire du début à la fin. J'aurais été déçue de devoir l'abandonner en cours.
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Conscient de l'enjeu de sa parole en tant que romancier et écrivain en Israël, « un pays où le Premier ministre invite souvent un poète ou un écrivain pour un tête-à-tête privé, tard dans la nuit, afin de discuter d'un grave problème de conscience », Amos Oz traite les mots comme des grenades.


Le chapitre qui donne son titre à ce regroupement d'essais est représentatif de la tension qui existe entre le mot et la réalité : combien de réalités auraient pu être évitées si elles n'avaient pas été suscitées par l'invention, qui prend forme à cause du Verbe ? Amos Oz parle de ce qu'il connaît : l'antisémitisme, c'est la peur véhiculée dans les mots, c'est la matérialisation de la peur choisie d'abord par hasard, ou par similitude, puis renforcée par l'habitude dans un cercle vicieux à l'enroulement de plus en plus frénétique. C'est pourquoi Amos Oz ne délie pas la littérature (en hébreu, le mot « fiction » n'existe pas mais il existe le mot savant « bidayon » dérivé de « bidaya » qui signifie « fausseté ») de la politique, car c'est en imprégnant la conscience de nouvelles conceptions que les précédentes pourront être dépassées. Amos Oz sait qu'il tient une position ambivalente : comment ne pas croire qu'il joue à son tour le rôle du prêcheur s'entourant des plus beaux atours alors qu'il cherche peut-être, comme ses précédents, à permettre la réalisation de ses seuls et uniques desseins ? Pour s'en prévenir du mieux que possible, il bascule souvent d'une position à l'autre, se glissant dans les cerveaux de tous les partisans possibles, jugeant nulles les unes et les autres des idées arrêtées pour mieux glorifier un scepticisme faisant honneur au bon sens. Cette petite histoire résume sa position critique :


« Dans une ancienne légende hassidique, un rabbin est chargé de juger deux plaideurs qui réclament la même chèvre. Il décrète que les deux requérants ont raison. Plus tard, de retour chez lui, il entend sa femme déclarer que c'est impossible : comment peuvent-ils être tous les deux dans leur droit s'ils réclament la même chèvre. le rabbin réfléchit un moment et dit : « Tu sais, chère épouse, toi aussi tu as raison. » »


Et c'est aussi l'esprit du kibboutz qui l'a enveloppé et qui fait l'objet de nombreux passages de son essai. L'idéologie communautaire permettrait une justice fraternelle et à visage humain –en parlant de ces petites cellules de vie quotidienne, Amos Oz nous parle également de l'avenir possible de l'humanité entière. Son expérience semble si riche et instructive qu'on aimerait pouvoir connaître également le kibboutz, tout en craignant le caractère d'absolutisme qu'Amos Oz ne cesse jamais de décrire.


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Une explication du titre retenu pour dénomination du livre avec cette accroche :

Citation :
« Ma grand-mère est morte de propreté. Arrivée de Pologne à Jérusalem, par une éclatante journée de l'été 1933, elle lança un regard terrifié aux marchés, aux allées, aux habitants, et décréta : « L'Orient est plein de microbes ». »

En fait, le problème semble plutôt être celui de la concordance entre vérité et fait, métaphore et image. Une image peut être aussi réelle qu'un fait. L'imagination peut sinon tuer, au moins transformer la réalité. Un exemple ? Israël aurait suscité les attentes les plus utopiques à cause d'un poème de Bialik (Ode à un oiseau) : « le pays du printemps éternel » :

Citation :
« Des phrases comme « la Terre promise » ou « le pays où coulent le lait et le miel » ont poussé beaucoup de gens à changer de vie. »


Amos Oz insiste donc particulièrement sur la continuité qui existe entre parole et acte, littérature et réalité :

Citation :
« Tout est réel. le conteur et l'érudit ne diffèrent pas par leur manière d'aborder les faits, la réalité, la vérité, la certitude, mais, précisément, par leur rapport aux mots.


Ces réflexions vont de pair avec des considérations religieuses et sociétales modernes :

Citation :
« Un enfant qui a grandi en Israël, où l'on veut tout le temps tuer son père ou son grand-père, se posera cette morbide question juive : « Qu'est-ce qui ne va pas chez moi, pourquoi tout le monde me hait ? » Et il en arrivera à l'une de ces deux réponses morbides –ou bien il dira : « On veut me tuer parce que je suis le meilleur, je suis sain et je suis pur », ou bien « On veut me tuer parce que je suis de la merde, alors mieux vaut que je change d'identité. » C'étaient les deux réponses des Juifs au XIXe siècle. le sionisme a apporté une troisième réponse complexe. Oui, les salauds qui veulent vous assassiner sont de vrais salauds, mais en même temps il faut vous transformer. »

Et si Israël était un accomplissement vivant de la littérature ? Amos Oz en parle d'une façon qui n'exclut pas cette possibilité...

Citation :
« Nous désirons deux choses simples. La paix et l'excitation. Seulement nous ne pouvons les acquérir ensemble. La littérature est le seul lieu où elles se rencontrent. »

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Ce livre rassemble des textes d'Amos Oz écrits entre 1967 et 1974, de sources diverses – discours, entretiens, articles, essais. Au-delà de la bonne compréhension de ses racines et de ses prises de positions, il permet de prolonger le plaisir de la parole lumineuse de cet auteur.

J'ai été particulièrement touchée par les première et quatrième parties de ce recueil.

La première partie « D'où je viens », sur l'enfance d'Amos Oz annonce déjà le magnifique « Une histoire d'amour et de ténèbres » publié en 2003. Il y évoque les difficultés à s'adapter de ses parents, européens convaincus déracinés, qui veulent que leur fils s'adapte absolument à Israël et ne lui font donc apprendre que l'hébreu, quand eux-mêmes parlaient cinq a dix langues européennes.

... Et aussi la vision d'enfant d'Amos Oz de ces juifs intellectuels brillants mais si incompétents pour les détails pratiques de la vie

« Enfant, ce qui m'impressionnait surtout, c'était cette énorme distance entre leur désir de réformer le monde, leur enthousiasme, et la façon qu'ils avaient de triturer leur chapeau. »

... Et enfin un portrait juste et drôle de Jérusalem, et son incapacité en tant que soldat israélien a se réjouir de la victoire de 1967 et la nécessité du compromis de la paix.

« Une enfance à Jérusalem fit de moi un expert en fanatisme comparé »

La quatrième partie « Les mots qui tuent, les mots qui parfois guérissent ... » reprend très précisément des scènes de « Shoah » de Claude Lanzmann et parle de la non-banalité du mal mais de la nécessité d'être toujours vigilant face à un mal universellement présent.

"Une langue impure annonce souvent les pires atrocités. Partout où des groupes particuliers d'êtres humains sont désignés sous le terme "d'éléments négatifs", de "parasites", ou "étrangers indésirables", par exemple, ils seront traités tôt ou tard comme des sous-hommes."

Il explicite enfin dans le dernier chapitre « Paix, amour et compromis » sa position pour la paix.
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Pendant les évènements récents, véritable guerre civile qui ne dit pas son nom, j'ai eu envie de me tourner vers Amos Oz (décédé en décembre 2018), qu'aurait-il dit de ces affrontements? 

Les deux morts de la grand-mère est un recueil de plusieurs essais, conférences entretiens parus séparément de 1975 à 1992. La table des matières donne un aperçu du contenu

 I. D'OÙ JE VIENS

Exorciser les démons

Une enfance à Jérusalem

Un étranger dans une ville étrangère
 II. D'OÙ J'ÉCRIS

Les deux morts de ma grand-mère

Tel un gangster la nuit des longs couteaux, je rêve
 Pourquoi lire ?

III. D'OÙ JE PARLE

Entre l'Europe et le désert du Néguev

Le charme discret du sionisme

L'écrivain écrit, le critique critique, et le temps juge.... (entretien avec Iona Hederi-Remege)

Le kibboutz et la tendresse Un romantique contrarié (entretien avec Ari Shavit)

IV. LES MOTS QUI TUENT, LES MOTS QUI PARFOIS GUERISSENT

La valise de Maria Kafka

Entre l'homme et l'homme

Les nerfs d'acier de la divinité et la vraie ironie allemande

Ils ont été créés à l'image de Dieu

La morale et la culpabilité 

De la douce Autriche et des sages de Sion

Paix amour et compromis

Ce sont des textes très variés, dans la première partie, Amos Oz parle de ses origines, de ses parents, du rapport à la culture européenne et de la Jérusalem rêvée si différente de la Jérusalem réelle.

J'ai surtout aimé la seconde partie et son rapport ambivalent au kibboutz qu'il a quitté.

Voyez-vous, la civilisation d'“Eretz Israël des travailleurs”, apparemment, ne reviendra plus. Je fais partie de
cette civilisation. Cela veut dire que j'appartiens au passé. “Le pays de mon coeur”, que l'on me promettait au
temps où j'appartenais au Mouvement de jeunesse, n'existera

...............
Le monde auquel j'avais le sentiment d'appartenir intimement – avec beaucoup d'ambivalence – n'existe plus. Ce qui a été ne sera plus, et pour moi c'est un sentiment pénible. le noyau de la civilisation qui s'est développé ici dans les années trente et quarante ne continuera pas à se développer. Il n'y aura plus ici de société de cols ouverts et de shorts, ce que Shulamith Hareven appelle une “société de frères”, une société ouverte, égalitaire, sans formalisme. Elle a disparu.

La dernière partie est un commentaire du Shoah de Lanzmann. Essentiel. 

C'est un ouvrage sans illusion, sans concession non plus, critique vis à vis du nationalisme israélien mais aussi vis à vis de la gauche bien-pensante. Cependant il date un peu. Presque trente ans nous séparent de la parution.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Les deux morts de ma grand-mère, d'Amos Oz, regroupe une douzaine d'extraits d'interviews, d'essais, de discours...
Le thème le plus récurrent est l'interrogation sur l'identité juive et israelienne, sa culture, ses contradictions, ses complexes et ses paradoxes. Oz manie extrèmement bien l'art du paradoxe qui émaille quasiment toutes ses analyses, notamment celle du film Shoah de Lanzmann et celle du texte qui a donné son titre au recueil.
Cependant j'avouerais que je n'ai pas trouvé ce choix très adéquat, car elle n'est pas très représentative de l'ensemble de l'oeuvre en ce sens qu'elle constitue une analyse assez poussée, presque rébarbative, de la cause.

J'ai également assez peu gouté à son interprétation du rôle de l'écrivain dans nos sociétés.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'écris un récit, j'essaie d'aider le lecteur à voir les choses comme s'il les voyait pour la première fois. Peu importe que ce soit la lumière d'un jour de pluie, un lézard sur une clôture, la terre retournée d'un jardin, une femme nue, ou la rue. Voir comme si vous vous trouviez là pour la première fois, comme si vous veniez d'arriver. Quand j'y réussis, je suis presque jaloux de moi. Mais le goulet d'étranglement c'est la langue. Je l'ai déjà dit mille fois , et peu importe de le redire mille fois encore. Le goulet d'étranglement, c'est la langue. Pas seulement chez moi, chez tout le monde, je crois. Prenez le premier astronaute sur la Lune : le premier homme à poser le pied hors du globe terrestre, tout ce qu'il a pu dire, c'est "great, how fantastic!" Quelle insuffisance! La langue, soudain, ne lui suffit pas. Et si on avait envoyé à sa place Shakespeare ou Walt Whitman, je ne sais s'ils auraient fait beaucoup mieux que lui. C'est justement pour ces spectacles nouveaux, pour la nouveauté des spectacles anciens, qu'il est terriblement difficile de trouver des mots. Pourtant j'essaie de les introduire dans la langue. Cent fois j'écrirai et je récrirai. J'essaierai l'épithète, l'adverbe, un mot ou un autre. Je verrai s'il est possible, disons, de faire un petit court-circuit en disposant l'un à côté de l'autre des mots que l'on n'a pas l'habitude de voir côte à côte. J'essaierai mille fois. Mais c'est vraiment très difficile de faire entrer ce qu'on voit dans la langue, comme si vous tentiez de faire entrer dans un bocal les monts de Moab, comme si vous tentiez de saisir la solitude avec une tenaille, ce n'est pas fait pour cela.
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Pourquoi lire?
Je sais que ce titre est faussement naïf, mais il est important pour moi. Je veux commencer par décrire un petit tableau : "Imaginez une nuit de tempête en hiver. Un homme est assis, tout seul, dans un fauteuil, et, à côté du fauteuil, il y a un lampadaire, qui répand une lumière douce; dehors, je veux que le vent gémisse et cogne aux volets, qu'il y ait une sorte de profond silence de nuit d'hiver, et l'homme, ou la femme, est assis et lit un livre, pas un livre technique dont il a besoin pour se perfectionner dans son travail, ou pour accumuler des points de crédit quelconques, pas un livre en rapport avec son domaine d'activité, mais il lit un roman, il lit de la poésie; je sais bien qu'on peut lire un roman non seulement par une nuit d'hiver, mais aussi un jour d'été, et pas seulement seul dans un fauteuil de sa chambre, mais aussi sur un banc de la gare routière de Tel-Aviv, ou dans l'autobus. Malgré cela, je vois dans mon tableau une personne seule dans une pièce, assise dans un fauteuil, par une nuit d'hiver, qui lit une oeuvre littéraire."
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La seule chose dont on ne manquait pas, que l'on avait à profusion, c'étaient les livres. D'une certaine façon, les livres existaient plus que les gens. En vérité, les gens vivent et meurent, les livres ne meurent pas. Les livres demeurent. Et quand il n'y avait vraiment pas à la maison de quoi faire les courses pour le sabbat, voilà que je parle comme Bialik : "Ma mère, de mémoire bénie, était d'une grande vertu...", avec des larmes, et ça..., alors non, chez nous, ce n'étaient pas les larmes, c'étaient les livres. Mon père avait à la maison plusieurs milliers de livres. Ma mère disait, il faut acheter quelque chose pour le sabbat, va vendre quelques livres. Mon père, le coeur gros, en prenait plusieurs. Il existait un rapport très sensuel entre ses livres et lui. Il aimait les palper, les sentir - et la vérité, c'est que chaque livre avait quelque chose, même un livre étranger. Une bonne odeur, une odeur personnelle. Mon père éprouvait pour les livres une passion charnelle. Il y mettait directement les mains, même sur les livres qui n'étaient pas à lui ; comme si cela ne lui suffisait pas de lire le titre, il lui fallait toucher, sentir. Il faut dire en passant qu'il y avait dans les livres d'alors plus à toucher que maintenant. Ils étaient en cuir, ou en carton, avec une couverture de toile, qui parfois, et de façon très érotique, se détachait un peu du corps du livre, voletait, folâtrait, comme une jupe impudique. Il y avait un certain espace entre la toile et le carton (on pouvait jeter un coup d'oeil car, avec le temps, la colle s'était détachée). Même les odeurs étaient alors des odeurs de colles fortes. Le livre était vraiment un objet très sensuel.
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Ma grand-mère est morte de propreté. Arrivée de Pologne à Jérusalem, par une éclatante journée de l'été 1933, elle lança un regard terrifié aux marchés, aux allées, aux habitants, et décréta : "L'Orient est plein de microbes." Telle serait sa devise, pendant vingt-cinq ans. Je suppose que, dès le lendemain, elle ordonna à mon pauvre grand-père d'exécuter la tâche dont elle le tiendrait responsable chaque matin de son existence dans ce pays : se lever à l'aube, asperger tout l'appartement de D.D.T., emporter sur le balcon draps, couvertures et matelas, et les secouer énergiquement par-dessus la balustrade - mesures préventives, sans doute, dans son éternel combat contre les germes. Je me souviens d'avoir vu, toute mon enfance, mon grand-père s'acharner sur cette literie avec rage et frustration - il les battait avec autant d'ardeur que Don Quichotte aux prises avec ses moulins à vent.
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L’historien Raul Hilberg dit dans le film [Shoah de Claude Lanzmann] que les Allemands avaient très peu inventé. Les chambres à gaz étaient une nouveauté. Mais presque tout le reste était emprunté aux précédents historiques : l’exclusion des Juifs de certaines professions, l’interdiction des mariages mixtes, l’interdiction d’employer des domestiques aryennes de moins de quarante-cinq ans, l’étoile jaune, l’isolement des Juifs dans des ghettos. Toutes ces mesures avaient été façonnées par les autorités de l’Eglise et les gouvernements séculiers pendant les deux mille ans de christianisme. L’expérience ainsi accumulée est devenue un réservoir où les nazis ont puisé pour la mettre en pratique avec précision et à grande échelle.
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Vidéo de Amos Oz
1/10 Amos Oz : Ailleurs peut-être (France Culture - Adaptation radiophonique). Diffusion sur France Culture du 20 juin au 1er juillet 2016. Photographie : Arad. Amos Oz. 2004 © MICHA BAR AM / MAGNUM PHOTOS. La vie de tous les jours dans un kibboutz imaginaire des années 60, décrite par un des plus grands écrivains israéliens contemporains. Roman traduit de l’hébreu par Judith Kauffmann. Adaptation : Victoria Kaario. Réalisation : Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière. Ce feuilleton en dix épisodes est l’adaptation du premier roman d’Amos Oz, « Ailleurs peut-être », publié aux Éditions Gallimard. Amos Oz y dépeint la vie des membres d’un kibboutz imaginaire, celui de Metsoudat-Ram, dans les années soixante. Sur le fil d’une année, Ezra, Reouven, Bronka, Noga et les autres, s’aiment, se trompent, se quittent, font des enfants, légitimes ou pas. Et ces drames intimes qui jalonnent le récit n’entravent en rien la marche de la vie collective, rythmée tant par les célébrations communistes que par les rumeurs qui empoisonnent la vie des villageois. 1er épisode : Un village idyllique, Messieurs-dames 2ème épisode : Le charme de la banalité quotidienne 3ème épisode : Le Premier Mai 4ème épisode : Puissance du mal 5ème épisode : Deux femmes 6ème épisode : Soirées poétiques 7ème épisode : Un personnage diabolique 8ème épisode : Tu es à nous 9ème épisode : Idylle familiale 10ème épisode : Tableau final Avec : Violaine Schwartz, Quentin Baillot, Jean-Gabriel Nordmann, Evelyne Guimmara, Mohamed Rouabhi, Christine Culerier, Rebecca Stella, Nicolas Lê Quang et bien d’autres Bruitage : Sophie Bissantz Equipe de réalisation : Bernard Lagnel et Anil Bhosle Assistante de réalisation : Julie Gainet Source : France Culture
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Mon père parlait 11 langues, mais il a fait mon éducation en Hébreu, j'étais alors un « petit chauvin déguisé en pacifiste». Un «nationaliste hypocrite et doucereux », un « fanatique », qui jouait à la guerre et s’enflammait contre les Anglais et les Arabes, j'étais, j'étais, comme une panthère dans la .....?......

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