Ce "Journal d'
Anne Frank" d'
Antoine Ozanam et Nadji Scelsi est en fait l'adaptation graphique de la première version du Journal publiée en 1947, intitulée "L'Annexe : Notes de journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944". Depuis, bien des éléments du Journal ont été rajoutés dans les versions qui ont suivi.
S'il est bien spécifié sur la page de garde que l'album est adapté de "L'Annexe : Notes de journal du 14 juin 1942 au 1er août 1944", je n'avais pas compris en revanche qu'il s'agissait de la première version du Journal. Ce n'est qu'à la fin de cet ouvrage qu'on en est informé. Et c'est cela que je trouve dommage car j'ai trouvé tout au long de ma lecture que le témoignage d'
Anne Frank était quand même sacrément raccourci. Avertie dès le départ, j'aurais pu prendre en compte cet élément et aurais certainement perçu ma lecture tout autrement. [Edit : C'est en revanche mentionné sur la quatrième de couverture... Je ne lis jamais les quatrièmes de couverture ! C'est de ma faute alors, au temps pour moi.]
Cette adaptation graphique date de 2016, la dernière version du Journal date quant à elle de 2001, alors pourquoi se baser sur celle de 1947, en sachant que bien des éléments avaient été occultés ? Mystère et boule de gomme...
Sinon, à part ce désagrément, ce qui nous est relaté reste fidèle au témoignage d'
Anne Frank. Ozanam, comme il le dit lui-même, a voulu non seulement retranscrire la terreur quotidienne que vivent les huit clandestins, mais aussi les préoccupations et les questionnements de l'adolescence. En cela, c'est réussi. On retrouve cette ambiance néfaste, angoissante, due à toutes les horreurs nazies et à la promiscuité qui étouffe les uns et les autres. On retrouve également
Anne Frank, telle qu'on l'imagine : spontanée, débordante, jeune adolescente déjà très mâture mais que sa situation va davantage faire grandir.
Côté graphisme, je ne suis pas totalement conquise. La bichromie concorde avec le récit et l'atmosphère qui s'en dégage : elle met en avant le quotidien sombre, morose et monocorde des huit personnes cachées. En revanche, l'ensemble est très pauvre en détails et manque de précision. Les personnages aux traits approximatifs, les décors et fonds flous, ainsi que les coups de crayons évasifs nous donnent cette impression d'un ensemble quelque peu minimaliste et enfantin. Je n'en suis pas fan.
La frise, en fin d'ouvrage, qui incorpore aux événements historiques de cette sombre période ce que les huit clandestins ont vécu de leur arrestation le 7 août 1944 à leur mort, est un plus qui nous permet de mieux situer le destin tragique de chacun sur l'échelle du temps. C'est là que l'on se rend compte que ça ne s'est joué à pas grand chose avant qu'ils ne retrouvent leur liberté...