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Jacqueline Huet (Traducteur)Jean-Pierre Carasso (Traducteur)
EAN : 9782879294568
407 pages
Editions de l'Olivier (26/08/2005)
3.39/5   50 notes
Résumé :
Rose Meadows a dix-huit ans lorsqu'elle entre au service des Mitwisser, des Juifs berlinois qui ont dû fuir la montée du nazisme et ont échoué dans le Bronx. Dans cette famille sans le sou, irritable à l'excès, chacun semble jouer une partition de soliste incompatible avec celle des autres. Rudolph Mitwisser, le père, illustre homme de lettres, spécialiste des Karaïtes - une secte juive dissidente du IXe siècle - vit plongé dans ses ivres. Elsa, sa femme, refus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Mon opinion de ce roman, Un monde vacillant, a changé régulièrement au cours de ma lecture, passant de l'intérêt à la curiosité, puis de l'ennui (mais brièvement seulement, je ne voyais plus où cette histoire s'en allait) à l'amusement en passant par la bizarrerie. Au final, j'en garde un bon souvenir mais… il y toujours ce mais qui persiste. Je dirais que ce sont les personnages et la drôle d'atmosphère qu'ils dégagent due à leur cohabitation.

Commençons par le commencement. Les premiers chapitres ont su me captiver, même s'il ne s'y passe pas grand chose. le lecteur est introduit à Rose Meadows, une jeune femme presque sans attache (orpheline, elle vivait aux crochets d'un distant cousin Bertram, lequel restait soumis à son amante militante Ninel), qui entre au service de la famille Mitwisser, des juifs allemands qui ont fui le régime nazi. C'était en 1935. Un habitué de l'auteure Cynthia Ozick reconnaitra là des thèmes qui lui sont chers.

Les premiers chapitres font des allers-retours entre cette période et les années d'enfance de Rose. Je trouvais étrange qu'on fasse ce bond dans le passé si tôt mais les transitions étaient bien faites. Et ça permet de mieux cerner la protagoniste et, surtout, de sympathiser davantage avec elle.

Je ne peux en dire autant des membres de la famille Mitwisser. Était-ce volontaire ? Non pas qu'ils soient antipathiques, loin de là, mais leur étrangeté et leur excentricité (vues par un simple Américain) détonne. Bien sûr, leur exil est vécu comme un traumatisme. Dans tous les cas, ce le fut pour la mère Elsa, qui sombre dans la dépression. Mais le père Rudolf est trop diffus et absorbé par ses vagues travaux pour s'y attarder. le karaïsme, un courant obscur du judaïsme, ne peut attendre. (D'abord, je croyais que c'était une pure invention, une fantaisie de l'auteure mais ça existe pour vrai, j'ai vérifié !) Quant à l'aînée de enfants, l'impérieuse Anneliese, elle est trop occupée à tenir la maisonnée.

Et Rose Meadows, dans tout cela ? Son rôle évoluera au fil du temps et des besoins. « Je ne parvenais pas à saisir ce que mes obligations pouvaient être, et quand je tentais de m'en enquérir, la réponse se dissolvait dans le chaos. » (p. 47) Même après deux semaines ! S'occuper de la fillette de trois ans Waltraut ? Contenir l'activité frénétique des adolescents Gerhardt, Heinrich et Wilhelm ? D'ailleurs, ces trois-là, ils me semblaient assez interchangeables. Ou bien soutenir Rudolf dans ses travaux, classer ses livres et taper à la machine ? Finalement, elle devra surtout tenir compagnie et surveiller Elsa qui perd tranquillement contact avec la réalité.

Pour le lecteur, à l'instar de Rose, entrer dans la famille Mitwisser, c'est comme pénétrer dans un univers parallèle. Ce monde quasi-disparu de la Mittleeuropa, transplanté dans un New York de l'Entre-deux-guerre, est un voyage fascinant. Pendant une bonne partie du roman, ce fut suffisant pour moi. Les chocs culturels, les personnages plus grands que nature, forcés de s'adapter à une nouvelle condition, à une nouvelle réalité.

Toutefois, après quelques centaines de pages, j'avais envie d'un peu plus. Les travaux de Rudolf ne semblaient mener nulle part, la famille sombrait dans l'autodestruction, même Anneliese, le pilier, commençait à faire des siennes. Bref, tout devenait noir. L'auteure a brouillé un peu les cartes en ramenant le cousin Bertram. D'abord, je n'en étais pas convaincu mais, finalement, je crois qu'il avait sa place dans cette étrange galerie où deux univers entrent en collision.

Jusqu'à la fin du roman, le destin de la famille Mitwisser, de Rose et de Bertram continueront de s'entremêler dans un enchevêtrement claustrophobique de péripéties à la limite du ridicule… pour le plus grand bonheur du lecteur. Toutefois, avec Cynthia Ozick, il n'y a habituellement pas de « happily ever after ». En ce sens, le dénouement m'a laissé un drôle de gout, un mélange de doux-amer. Quelque part à mi-chemin entre l'échec et la réussite. Si certains y trouvent leur compte, c'est indirectement, par le biais d'un autre personnage. Et cela de la façon la plus inattendue. Ainsi continuera longtemps leur interdépendance.
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Heir to the Glimmering World
Traduction : Jacqueline Huet/Jean-Pierre Carasso

Il y a une quinzaine d'années, j'ai visionné le "Kafka" de Soderbergh, avec un Jeremy Irons tout bonnement fascinant. Décrire l'ambiance qui baigne ce film, directement inspiré du "Procès", est impossible. Disons qu'il ressemble à un rêve éveillé particulièrement glauque et brumeux. (Il est d'ailleurs, si mes souvenirs sont bons, réalisés en noir et blanc, ce qui contribua beaucoup à le faire échouer au box-office américain.)
Eh ! bien, l'atmosphère qui règne dans "Un Monde Vacillant" m'a beaucoup rappelé le film de Soderbergh. Non qu'il s'agisse d'un roman noir ou pessimiste : il n'y a même rien de kafkaïen là-dedans. Mais, bien que son action se déroule intégralement aux Etats-Unis, "Un Monde Vacillant" distille de façon déroutante un souffle venu de l'antique Europe de l'Est, celle qui s'abîma dans la guerre de 14.
Nous sommes pourtant en 1935 lorsque l'héroïne - qui est aussi la narratrice - du roman se voit contrainte d'entrer au service de Rudolf Mitwisser, un Juif berlinois que la prise du pouvoir par Hitler en Allemagne a jeté dans l'exil avec sa famille. Rose Meadows, tel est son nom, vient de perdre le seul parent qu'il lui restait : son père. Un père bien insouciant (et même indigne, si vous voulez mon avis !) qui la laisse seule et sans un sou, à la charge d'un cousin maternel (Bertram) certes sympathique mais qui songe à se marier ... Comme Rose, vaguement amoureuse de Bertram, n'apprécie guère celle qui prétend l'épouser, c'est avec soulagement qu'elle accepte l'offre des Mitwisser.
Du premier entretien, Rose a conclu que le poste proposé était un emploi de gouvernante pour les jeunes enfants Mitwisser. Mais elle va se rendre compte très vite que ses attributions sont beaucoup plus éclectiques.
Traumatisée par leur départ d'Allemagne, Mme Mitwisser - Elsa - est tombée dans une espèce de folie à éclipses qui la fait repousser Waltraut, la plus jeune de ses filles, presque un bébé pourtant, et passer toutes ses journées à faire des patiences, allongée sur son lit. Les rênes domestiques de la maison sont entre les mains de la fille aînée, Anneliese, d'un an plus jeune que Rose. Entre les deux filles, quatre garçons turbulents dont les prénoms changent tout le temps, s'américanisant au gré de leurs humeurs et semant le doute dans l'esprit de Rose.
Et puis, bien sûr, dans son bureau, le professeur Mitwisser qui parle un anglais si protocolaire qu'on en sourit bien souvent et qui travaille depuis une éternité sur un vaste ouvrage relatif à l'hérésie des Karaïtes, juifs qui affirmaient que la Torah devaient être lue (et observée) à la lettre.
Au coeur de cette étrange maisonnée qui donne très vite au lecteur l'impression étouffante d'un galop de chevaux déments dans un vase clos, Rose commence par se poser nombre de questions. Surtout celle-ci : qui assure les finances des Mitwisser puisque l'Etat américain ne les a jamais pris en charge ?
Ce roman, on pourrait aussi le comparer à un gros écheveau de laine, se dévidant interminablement mais sans lasser le lecteur curieux. La relativité de l'importance que nous accordons aux choses, les ravages provoqués par l'exil forcé en terre étrangère, l'impossibilité d'oublier le passé et, partant, l'obligation soit de l'intégrer à notre futur, soit de se laisser manger par lui ... voilà quelques uns des thèmes traités ici par Cynthia Ozick. Cela donne parfois l'impression d'un grenier en désordre où il faut, pièce par pièce, rassembler le puzzle de toute une existence mais, si l'on y parvient, on reste admiratif devant la technique de la romancière. D'autant que le livre présente une chute finale pour le moins inattendue.
J'ajouterai qu'Ozick a beaucoup d'humour : son récit de l'hérésie karaïte et des recherches du professeur Mitwesser réjouira tout le monde et tout particulièrement l'athée et l'agnostique.
Un auteur à lire, donc. La prochaine fois, je prendrai néanmoins l'un de ses premiers romans. Ce sera peut-être plus simple de s'y plonger car, je l'avoue, au début du texte, j'ai connu quelques difficultés. A bon entendeur ! ;o)
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Rose Meadows, 18 ans, entre au service des Mitwisser, une famille de juifs allemands réfugiés aux Etats-unis. Après une enfance auprès d'un père, professeur de mathématiques, froid, menteur et joueur, Rose va découvrir la déchéance de cette famille sans le sou, autrefois prospère : Rudolph, le père, est un homme de lettres, spécialiste des Karaïtes, secte juive dissidente de 9ème siècle et ne vit plus que pour ses recherches. Elsa, la mère, spécialiste de physique renvoyée pour sa judéité, refuse l' exil et sa nouvelle langue et tombe peu à peu dans la folie. Anneliese, l'aînée des 5 enfants, qui refuse l'école et gère le foyer. Waltraut, la petite dernière, délaissée par tous et enfin les 3 fils, remuants qui se sont donnés 3 noms. Etrabnge famille dont les uniques revenus proviennent d'un certain James, riche héritier mystérieux.
Nous allons suivre donc cette grande famille tout le temps où Rose sera à leur service.

Les personnages sont nombreux, riches et très bien travaillés. Nous les verrons évoluer au fil du roman en bien comme en mal. le monde vacille pour chacun et l'avenir ne sera pas forcément celui qu'ils attendaient. Forces déceptions et victoires seront au rendez-vous.
L'auteur aura su peindre un univers qui basculera dans le nazisme, le totalitarisme et le communisme. La tragédie finale n'est qu'une évocation de celle plus grande qui secouera le monde.
C'est une vision du monde très noire qui coule de ce récit sans concessions. Les personnages sont sinistres et le lecteur n'aura qu'une envie : les secouer... mais en vain.
C'est d'une intégration ratée, formidablement décrite, dont il s'agit ici. Les mitwisser n'auront pas su se fondre dans une nouvelle société, occupés qu'ils étaient à essayer de revivre l'ancienne. Les travaux universitaires de Mr mitwisser n'intéressent personne. Ecrasé, réduit à l'anonymat et à l'inutilité, il se sentira comme mort.
Seule note d'espoir, Rose qui ne se laissera pas abattre et poursuivra sa vie, en toute liberté, sans rien devoir à personne, dans un monde moderne où les femmes trouveront peu à peu leur place.

C'est un roman magistral, long,, très long où il ne se passe pas grand chose mais il faut savoir prendre son temps pour en apprécier pleinement le sens.
Chacun peut être étranger, même dans son propre pays.
Les déchirures de l'exil, la misère, les blessures de l'enfance : Cynthia Ozick aura su toucher à des thèmes universels en toute finesse. le lecteur ne pourra sortir indifférent de cette lecture.

Lien : http://legrenierdechoco.over..
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C'est un roman étrange, qui nous plonge dans une atmosphère particulière de déchéance et d'abandon. Rose, jeune fille livrée à elle-même, est employée par les Mitwisser, famille juive d'intellectuels réfugiés dans le New York d'avant guerre; elle observe sa famille d'accueil, ruinée, égoïste et sombre, qui vit dans l'attente du retour d'un bienfaiteur, James, héritier d'un dessinateur pour enfants, lui-même prisonnier de l'image que son père a fait de lui. Un livre intéressant, qui se lit facilement et qui marque surtout par ses personnages, qui ont tous perdu leur identité et leurs racines.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 mars 2006
Lecture jeune, n°117 - Le Bronx, 1935 : après avoir répondu à une petite annonce lacunaire, la jeune Rose Meadows entre au service des Mitwisser, Juifs berlinois déracinés et sans le sou. Rose peine à trouver sa place au sein de cette famille silencieuse et énigmatique. Sera-t-elle la nurse de la petite dernière, la gouvernante des quatre aînés, la garde-malade de la mère – physicienne déchue au bord de la folie – la secrétaire du père – universitaire reconnu en Allemagne pour ses travaux sur les Karaïtes, une obscure secte juive dissidente du IXe siècle – ou l’intendante de leur bienfaiteur, l’insaisissable James? Rose endosse tour à tour ces différents rôles. C’est ainsi qu’elle apprend à aimer ces êtres brisés et fascinants et finit par percer le mystère qui les entoure. L’oeuvre de Cynthia Ozick, née de parents russes ayant fui les pogroms du début du siècle, ne cesse d’interroger l’identité juive. L’auteur compose ici une fresque ténébreuse sur l’exil, une partition subtile sur la déchéance et la rédemption. Le style, exigeant et dense, donne corps à des personnages vibrants que le lecteur intrigué découvre pas à pas à travers le regard neuf de Rose, les révélations illuminées de la mère et les éclairages d’un narrateur omniscient. Gaëlle Glin
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le trajet jusqu'à la ville était long. La rame commençait dans les airs, d'abord au niveau des toits et de la cime des arbres, puis de plus en plus assombrie par les derniers étages d'ateliers et de fabriques, jusqu'au choc brutal qu'on ressentait quand elle s'engouffrait, secouée d'à-coups stroboscopiques, dans l'obscurité du tunnel. Quand j'émergeai de la station dans la 42ème Rue, ce fut au milieu d'un flot de piétons pressés, de feutres gris comme un champ de pissenlits montés en graine, de femmes qui se hâtaient en trottinant sur de hauts talons. Dans un vent d'automne dénaturé flottaient les relents de l'ozone des tramways. En contrebas des tours poussiéreuses de Manhattan, le crépuscule tombait rapidement.
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Videos de Cynthia Ozick (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cynthia Ozick
Vendredi 18 septembre 2020 / 11 h 30
Écrivaine, traductrice de l'anglais. Elle a reçu en 2007 le prix Maurice-Edgar Coindreau et le prix Laure-Bataillon pour Les Papiers de Puttermesser de Cynthia Ozick. Un secret sans importance (prix du Livre Inter 1996), Dans la nuit brune (prix Renaudot des lycéens 2010. Elle est également l'autrice d'un essai consacré à Virginia Woolf avec Geneviève Brisac, V.W. le mélange des genres ? Ce coeur changeant (L'Olivier, 2015) Prix Littéraire du Monde. Son dernier roman La Chance de leur vie (L'Olivier, 2018) a connu un beau succès de librairie.
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