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EAN : 9782749153018
320 pages
Le Cherche midi (16/03/2017)
3.72/5   305 notes
Résumé :
Barcelone, 31 décembre : Amalia et son fils Fernando s’affairent en attendant leurs invités. En ce dîner de la Saint-Sylvestre, Amalia, 65 ans, va enfin réunir ceux qu’elle aime. Ses deux filles, Silvia et Emma ; Olga, la compagne d’Emma, et l’oncle Eduardo, tous seront là cette année. Un septième couvert est dressé, celui des absents.

Chacun semble arriver avec beaucoup à dire, ou, au contraire, tout à cacher. Parviendront-ils à passer un dîner sans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (118) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 305 notes
Me voilà encore bien en peine pour vous faire partager mon énorme plaisir à la lecture de ce roman.
J'ai ri (mais vraiment ri, aux éclats, ce qui ne m'arrive jamais en lisant, j'ai souvent l'habitude de sourire, c'est tout), j'ai pleuré (à chaudes larmes, et à plusieurs reprises ! ), j'ai acquiescé à ce que l'on disait, j'ai voulu prendre dans mes bras certaines personnes, j'ai vécu avec elles durant plusieurs heures, et je les porte dans mon coeur.


Oui !
J'ai A-DO-RE !


Ce n'est pas une énième histoire de réveillon familial où tous s'étripent, oh non.
Ce 31 décembre à Barcelone n'est que le prétexte à Alejandro Palomas (que je ne connaissais pas du tout, mais que je voulais lire grâce aux recommandations d'amis sur ce site) pour faire entrer l'histoire personnelle de chaque membre d'une famille, ou plutôt les désastres personnels...Car ils en ont connu, des petites et grandes catastrophes !
De la soeur ainée, Sylvia, au cadet Fernando (notre génial narrateur) en passant par l'autre soeur, Emma, et en n'oubliant pas l'oncle Eduardo, et surtout, surtout la mère !
Maternelle au possible, bienveillante mais si fragile aussi. Faut dire que le père est l'Absent, celui qui abandonne, qui déserte, qui ne vaut pas la peine qu'on en parle.


Ce roman est une réflexion sur la vie, sur l'amour, sur la mort, sur la maternité, sur le manque d'enfant, sur la confiance que l'on donne ou que l'on reprend, sur les liens familiaux entre grand-mère et petits-enfants, entre mère et enfants, entre frères et soeurs.
Ce roman est porteur d'espoir, optimiste malgré tout. Il montre que chacun a une face A et une face B, que celles-ci se dévoilent au fur et à mesure du temps et de ses pièges dévastateurs.
Ce roman croit en la résilience, grâce à l'amour, grâce à la famille.


Et cerise sur le gâteau, c'est superbement bien écrit ! Des phrases poétiques par moments, des passages carrément surréalistes quand la mère entame ses grandes envolées, des petits coups de pinceaux réalistes lorsqu'il s'agit de décrire les personnes et les 2 chiens, je peux vous dire que j'ai tout aimé.

Il parait qu'il y a une suite : "Tout sur mon chien". Chouette ! Je veux encore rire, je veux encore pleurer, je veux encore vivre !
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Vous vous sentirez forcément concernés par ce roman, soit parce que vous êtes Une Mère, soit parce que vous avez (eu) une maman , soit parce que vous avez une famille et l'habitude de passer les fêtes de fin d'année avec eux , au moins le temps d'un repas ...
On est à Barcelone et Amalia , 65 ans , est super heureuse ; ce soir , elle va réunir le temps d'un dîner de Saint Sylvestre tout son petit monde .
Et son petit monde , c'est ses 3 enfants : Silvia qui viendra sans son mari Norvégien , Emma et sa compagne , Olga , Fernando le petit dernier ( gay , lui aussi ) et l'oncle Eduardo, vieux célibataire .
Autour de la table il y aura aussi les deux chiens ( Shirley et l'énorme Max) et puis Amalia n'oubliera pas d'ajouter , le 7° couvert , celui des absents et ils sont nombreux les fantômes de cette famille ...
Il y a aussi beaucoup de non-dits, de secrets, de ressentiments . La nuit promet d'être longue ...
Il y a eu par le passé , beaucoup de malheurs et d'incompréhensions ....
Oui la nuit est longue mais au bout, il y a le jour et avec le jour vient la lumière .
Amalia est une femme que j'ai sous estimée .
Souffrant de cécité à 64 % (et pas 65...) , Amalia est assez maladroite ,
(au propre comme au figuré) , elle parle beaucoup , parfois pour ne rien dire . Oui, jusqu'au chapitre 20, je sous estimais Amalia ...
A partir du 21 : attention Amalia est une madre , une mama, une lionne, une putain de bonne maman, une daronne, Une Mère .
Amalia , c'est "total respect" !
Ce roman démarre (très) lentement , et prend véritablement son envol avec les chapitres 20 et 21 , absolument poignants et sublimes ...
Un autre élément du livre qui ajoute du piment , c'est la meilleure amie d'Amalia, Ingrid, qu'on ne verra jamais, mais qui sera présente de mille et une façons à ce repas .
Les absents, les non-dits et l'amour maternel infini comme clefs de voûte de ce roman qui ferait un magnifique film.

Je remercie les Editions du cherche midi et Babélio pour ce repas de famille à Barcelone . Quand j'ai vu la couverture , j'ai su que je lirai ce roman , c'était une évidence ...
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"Dans la famille le sens de l'humour arrive toujours au bon moment, comme un pas de côté qui nous sauve du précipice et nous octroie un délai, un temps de répit en fin de compte bénéfique."
Une mère, deux filles, un fils, un oncle et un père escroc de métier aux abonnés absents. Une famille avec ses " quelques lueurs et beaucoup de zones d'ombre" qui se retrouve pour un dîner de réveillon chez la mère, à Barcelone. Une mère divorcée, déchaînée et une soirée qui s'annonce mouvementée ! La mère et le fils ouvrent le cortège, dans l'attente des autres, en compagnie de Max et Shirley , les membres à quatre pattes de la famille. À partir de là, le fils, Fer, le narrateur, nous déroule leur histoire le temps d'une nuit, au passé et au présent; le fil d'une pelote aux nombreux noeuds, que l'humour et la tendresse défont minutieusement,.....autopsie délicate d'une famille, en directe.

L'histoire dans le fond n'est pas des plus gaies et les sujets abordés sont difficiles et même tabous, mais c'est sans compter sur la prose truculente de Alejandro Palomas, dont je croise le chemin pour la première fois. Il nous croque des portraits de personnages excentriques haut en couleurs,
tendre d'Amalia, la Mère, ingénue mais pas tant que ca,
cruel d' "absolument" Olga, la compagne d'une des filles,
cynique de Silvia, la fille qui n'a pas la langue dans sa poche,
compatissant d'Emma la fille soumise, qui porte une cicatrice profonde,
stoïque de Fernando, le fils, le confident souffre douleur de la famille,
et caricatural du déluré "charmeur de serpents" Oncle Eduardo,
.......bref un régal !
Tous traînent un passé douloureux, mais leur grand atout est l'humour, leur bouée de sauvetage,comme le dit si bien Fernando. Et plus, détrompez-vous, tous s'aiment, et vont se faire aimer de vous....comment ? ......par la magie de la plume de Palomas, et dans le fond et dans la forme. C'est très fin et profond et la personnalité exceptionnelle de la mère qui se déploie au fur et à mesure que le récit avance, est la grande surprise.
Ne vous privez pas de ce grand plaisir de lecture, c'est aussi loufoque et coloré que sa couverture ! Et bien plus.......du Almodovar en prose.

« On ne peut pas trouver la paix en évitant la vie, Leonard »
(Virginia Woolf,"The hours")
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Voilà Une mère  qui n'a pas besoin de moi pour qu'on chante ses louanges.

Personne non plus, et sûrement pas moi,  pour lui faire sa fête.

 Chaleureux, braque, sensible, drôle, bien écrit, bien construit-  l'emballage des flash blacks successifs,  comme de jolis papiers cadeaux  en strates colorées, dévoilant  la surprise finale qui est  bien plus qu'un  cadeau de réveillon:  un vrai don d'amour - rien à voir avec un vulgaire kinder surprise! - .

Oui, vraiment, Une mère,  est un bon livre!

Alors,  pourquoi prendre la plume pour une énième critique qui n'arrivera pas à la cheville de celles d'Iris, de Booky ou de Latina, pour ne citer qu'elles? Pourquoi  rajouter du bon au bon, comme disait ma grand-mère en mettant de la crème sur son paris-brest, au  risque de frôler l'overdose glycémique?

 L'overdose glycémique,  tiens, justement...

J'écris pour faire mon Hugo, pas Victor, non, l'autre, notre pote Simpsono-babeliote, dont je suis une fidèle lectrice et une fervente admiratrice, pour faire mon Hugo, donc, mais sans sa gouaille ni son talent.

La seule ressemblance avec le maître sera d'écrire en faisant un pas de côté.

J'écris juste pour que le trop plein d'émotion ne m'étouffe pas, et pour vous dire,  derrière le masque commode de mon avatar babeliesque, protégée par mon ironie bien connue, que parfois, un livre, quand on le lit avec l'énergie de l'espoir, ça sauve .

Un mois de cauchemar vient de passer, un mois d'angoisse, un mois de surprises  - ni kinder , ni pochette-  plus mauvaises les unes que les autres, hélas, les surprises. Un mois d'épreuves.

 Un mois où j'ai compris comme jamais ce que c'était qu'être ...Une mère.

Oui, je reviens à mes moutons : en toute mère, il y a toujours une bergère qui sommeille...

Le dernier mouton de mon petit troupeau à moi vient d'être méchamment attaqué  par un de ces vilains crustacés à pinces qu'on trouve parfois sur la banquette arrière (Elisabeth Gille en savait quelque chose...). Tellement planqué dans le sable, ce salopard de crustacé,  qu'on n'a, pour l'instant, que son nom de famille et pas son petit nom de baptême- oui, même les f..batards ont des petits noms! Encore une "surprise" en perspective..

Mais pendant tous ces jours d'attente, et tous ceux à venir  où nous serons en ordre de bataille pour lui décortiquer la carapace et lui arracher les pinces, à  ce brachyoure  maudit, l'amour sera notre tour-prends-garde. Frère, soeur, copains, copines, compagne, chiens, père et mère,  tous à leur poste, en sentinelles -comme les foutus ganglions du même nom- pour repousser l'ennemi. Quant à l'assiégé lui-même,   il a revêtu sa cotte de guerrier pour descendre dans l'arène. Le décapode n'a qu'à bien se tenir!

Pour la mère, puisque c'est d'Une mère qu'il s'agit, elle est un peu sur le flanc, parfois, moins de pep ou trop de larmes, mais les livres  et leur chronique sont une merveilleuse façon de recentrer ses forces , de ressourcer son énergie.  Les livres, les chroniques  et ceux qui les lisent. La mère leur dit merci.

Merci, les potos. Voilà que je parle comme Hugo!

Une mère,  après tous ces livres dévorés depuis un mois pour éviter  les creux et surfer sur les vagues, est tombé entre mes mains au plus fort de la tempête,  un jour où une erreur médicale a failli expédier mon petit mouton dans un autre monde... Mais ce mouton-là est un bélier noir : il s' est battu à coup d'insuline,  après  sa toute premiere escarmouche chirurgicale,  contre un abruti qui avait oublié que le glucose c'était pas vraiment bon quand on est diabétique, fût-on attaqué par un vilain crustacé. 

L'overdose glycémique n'a pas eu lieu.

 Vous voyez qu'elle a encore sa tête, la mère, et qu'elle suit son fil.

Elle tisse son fil de mère,  la mère, son fil obstiné de tendresse et d'espoir.

C'est ça,  finalement, une mère,  ça tisse inlassablement, obstinément  un filet à attraper les crustacés. Les décapodes. Les brachyoures. Les étrilles.
 
Les crabes.

 Je n' ai pas tellement parlé d'Une mère,  c'est un fait, mais je suis restée dans le sujet quand même,  non? 


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Quand j'ai terminé ce roman, j'ai à nouveau regardé la couverture, et je me suis dit que c'était du Amalia tout craché. Ce visage de femme dont les yeux et le haut du crâne sont cachés par une couronne de fleurs flashy, c'est elle, cette mère de famille de 65 ans qui semble vivre dans un monde d'incongruités et d'innocence, indécrottable optimiste voyant la vie à travers un masque de roses et de violettes, comme si derrière ces oeillères elle refusait de voir le monde réel, bien plus dur.
Comme ce soir de 31 décembre, où elle est excitée comme une gamine à l'idée de réunir enfin la famille au complet. A savoir ses trois enfants : Fer (pour Fernando), Silvia (sans son compagnon, mais c'est chaque année pareil) et Emma (avec sa compagne Olga) ; son frère, l'oncle Eduardo (sorte de Don Juan noceur et fort en gueule), et deux chiens improbables : Max, l'énorme dogue allemand de Fer, et Shirley (comme Shirley McLaine), minuscule gremlin sur quatre pattes.
C'est à travers les yeux de Fer qu'on découvre l'histoire et les relations des membres de la famille, et leur façon plus ou moins maladroite de (ne pas) communiquer. On comprend qu'Amalia, divorcée depuis trois ans d'un mari odieux qui prenait son pied en rabaissant sa femme et en escroquant tout le monde, a découvert, à 60 ans passés, la liberté, y compris celle de faire toutes les conneries du dictionnaire, comme souscrire cinq abonnements internet sans avoir d'ordinateur, ou héberger une « mendiante » trouvée en bas de chez elle. Ingénue, gaffeuse, naïve, généreuse, fantaisiste et inconsciente, elle fait tourner ses enfants en bourriques, renversant les rôles et se faisant materner par eux. Surtout par Silvia, auto-promue chef de famille et Madame « je-répare-les-bêtises-de-ma-mère ». Autant dire qu'elle, la maniaque du contrôle et de l'hygiène est (parfois) (légèrement) exaspérée.
Et il n'y a pas de raison pour que ce soit différent ce soir, réveillon ou pas. Chacun arrive à table avec ses secrets, ses souffrances, et la carapace qu'il s'est forgée pour y faire face et éviter la douleur au maximum. Fer le sait bien, et pressent que cette soirée ne sera pas un long fleuve tranquille, n'importe qui pouvant imploser à n'importe quel moment.
Tout cela pourrait n'être qu'une comédie familiale grinçante, mais c'est sans compter la complexité du personnage d'Amalia. Car elle cache bien son jeu, cette candide loufoque. Jusqu'au chapitre 20, où elle se révèle dans son meilleur rôle, celui de mère. Une mère, qui fonctionne aux tripes et à l'instinct, presque animale, qui berce son enfant fragile, le sauve malgré lui et l'aide à guérir. Tout ce qui s'est dit jusque là prend alors une autre dimension et l'histoire gagne en profondeur. On comprend que le vrai, le seul pilier de cette famille, c'est Amalia, malgré ses fragilités et avec son excentricité.

Eclats de rire, larmes, tendresse, ironie, des personnages attachants, un style fluide et agréable et un auteur qui a un sens certain du suspense, « Une mère » est un bouquet de sentiments, coloré et qui fleure bon le plaisir de lire.

Merci aux éditions du Cherche Midi et à Masse Critique de Babelio pour cette jolie découverte.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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critiques presse (1)
Un petit bijou de livre qu’on vous invite à dévorer sans tarder.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (108) Voir plus Ajouter une citation
Micaela est une jeune Roumaine que maman a rencontrée à un feu un jour, alors qu’elle attendait qu’il passe au rouge, en promenant Shirley. Micaela fouillait dans un conteneur de vêtements avec un bâton. Dix minutes plus tard, elles prenaient un café chez maman et quelques jours après, Micaela commençait à faire le ménage chez elle deux fois par semaine.........Micaela Niculescu avait trois dents en or et six frangins postés aux coins des rues et aux feux rouges de la ville avec des seaux, des couteaux et des éponges, pour nettoyer des pare-brise qu’ils couvraient de crachats si la victime en question ne se décidait pas à leur donner la pièce. Le patriarche des Niculescu était, selon les propres mots de Micaela, « rrramassourrr », ce que l’on pourrait traduire par « voleur de cuivre dans les champs du Seigneur », et la mère tournait la soupe dans un squat où –cela, ne nous l’apprendrions que plus tard –deux pièces étaient destinées à « rrranger lé chosi, madamé », c’est-à-dire à être un bureau des objets pas perdus mais bel et bien volatilisés. Alors que je n’avais appris l’existence de Micaela que par un WhatsApp de Silvia –« Il y a une Roumaine avec trois dents en or et un BlackBerry à coque en cristal de Swarovski qui fait le ménage chez maman. J’hésite à appeler les flics ou un psychiatre en urgence pour qu’il aille lui faire des électrochocs direct » –,
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[Il] venait s'asseoir tous les après-midi sur le banc situé juste sous le balcon de maman. Très vite, ce qui avait commencé comme un simple commentaire de l'ordre de « Juste en bas, il y a un jeune homme adorable, si bien élevé, vraiment, ça donne envie d'aller se promener dans ces conditions » s'était transformé en un plus douteux : « Ahmed est si prévenant : cet après-midi, il m'a aidée à ramener mon Caddie, ensuite il a pris le thé avec moi et nous avons eu une charmante conversation » pour devenir, quelques semaines plus tard, un inquiétant « C'est fou ce que les jeunes apprécient Ami. Il sait vraiment y faire, avec eux... A mon avis, il doit être psychologue ou éducateur, parce que tous les jours, à la sortie des classes, ils se précipitent tous vers lui, le banc est plein en permanence. Vous n'imaginez pas comme ils l'aiment. Ah, et il est si aimable avec les voisins. Un amour ! Aujourd'hui, le pauvre, il était si chargé qu'il m'a laissé quelques sacs à la maison. Maintenant, je sais ce qu'il fait dans la vie. A mon avis, il est sculpteur ou quelque chose de ce genre parce que j'ai jeté un coup d'oeil dans un des sacs et vous savez ce qu'il y a dedans ? Des pains de terre. Enfin, une terre un peu bizarre, parce qu'elle est enveloppée dans du plastique et du papier d'argent et sent... berk... une odeur forte, étrange... Quand Ingrid est venue prendre le thé, elle m'a dit que c'est peut-être cette pâte que les Arabes utilisent pour faire leur pain, parce que vous savez qu'à certains endroits, ils n'ont pas de blé, les pauvres ? C'est fou, non ? »
[...]
Le lendemain, quand le policier qui est venu intercepter Ahmed et sa marchandise a essayé de convaincre maman d'être un peu moins confiante et de faire un peu plus attention à ce qu'elle faisait entrer chez elle, assise sur le canapé, elle a baissé les yeux, l'air contrit :
« C'est impossible qu'Ami soit ce que vous dites, monsieur l'agent. Shirley [petite chienne] l'adore, et les animaux, en particulier les animaux de compagnie, ne se trompent jamais. »

(p. 158-159)
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Maman [...] écarquille des yeux innocents.
« Ah, je ne vous l'avais pas dit ? Je me suis inscrite à un cours de yoga. »
Olga jette un coup d'oeil à Emma avant de s'exclamer de sa voix de guichetière :
« Quelle bonne nouvelle, Amalia ! Ça va vous faire un bien fou, vous verrez. A un certain âge, il n'y a rien de tel qu'une activité physique modérée pour la tonicité du corps et de l'esprit. D'ailleurs, voyez-vous, à la banque, cette année, nous avons eu droit à un bon gratuit pour des cours de...
- Oui, je suis enchantée, l'interrompt maman avec un soupir de satisfaction. Je m'y suis inscrite avec Ingrid... Pour la semaine sainte. »
Silvia fronce les sourcils :
« La semaine sainte ? Pourquoi pour la semaine sainte ?
- Euh... eh bien... sûrement à cause des processions, je pense.
[...]
- Mais maman, quel est le rapport entre le yoga et les processions ?
- Il y en a un, figure-toi », rétorque-t-elle sur la défensive. Mais malheureusement pour elle, personne ne relève, alors, avec son habitude de fuir les silences comme la peste, elle reprend : « C'est Ingrid qui dit que ces capuchons que portent les pénitents dans les processions attirent les mauvaises ondes cosmiques, donc pendant la semaine sainte, le corps a besoin de se nettoyer de toute cette saleté spatiale. »
Cette fois, je ne peux réprimer un éclat de rire qu'elle reçoit avec un sourire angélique. Je comprends immédiatement que j'ai commis une erreur.
« Et aussi, renchérit-elle, encouragée par ma réaction, elle dit que Jésus était professeur de yoga. Et de reiki. Voilà pourquoi il soignait tous ceux qu'il touchait. Et aussi pourquoi les boeufs et les ânes de l'étable l'aimaient autant. »
(p. 261-262)
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Maman est la reine pour détourner les conversations qui ne l’intéressent pas. Sa vue basse et la maladresse physique avec laquelle elle évolue dans le monde contrastent avec son agilité quand il s’agit d’esquiver tout ce qui la dérange. Elle sait parler comme ça, perpendiculairement aux interventions des autres, comme si elle jouait au Scrabble. Depuis qu’elle vit seule ici avec sa chienne, quand elle n’a pas envie de poursuivre une conversation, elle la coupe net avec une phrase, pour vous emmener vers n’importe quel autre sujet.

[…]

C’est toujours bon de laisser les chakras prendre l’air et les auras respirer.

[…]

Ils sont si mauvais quand il s’agit de communiquer, ils assument si mal les vérités qu’ils ont le chic pour parler au pire moment, ce qui crée de petits îlots de désarroi et de tension qui tombent comme des cailloux dans l’eau d’une lagune. Par ricochets, ils provoquent des ondes autour d’eux. Certaines n’atteignent pas la rive. D’autres lacèrent.

[…]

Bon sang, ai-je pensé, […] comment est-ce possible que nous arrivions encore à nous entendre alors que chacun est un monde à lui tout seul, différent de l’autre et qui fonctionne en parallèle ? [en italique dans le texte].

[…]

Les trois panneaux sont les trois fenêtres que Maman a ouvertes pour nous, pour nous parler sans mots. C’est ce qu’elle voit de ses enfants, la lumière rouge qu’elle devine en nous trois. Les murs de sa salle de bain affichent la lettre que maman nous écrit à chacun depuis un moment, sa façon de nous dire tacitement : « je m’en rends compte. Je suis votre mère et je me rends compte de ce qui vous arrive, je sais où vous en êtes ». […] Maman nous dédie les murs de sa salle de bains et je sais que c’est important, qu’elle ne le fait pas que pour égayer la peinture défraichie. C’est sa façon de nous rappeler qu’elle est notre mère et que, du mieux qu’elle peut, elle est là.

[…]

- Qu’est-ce qu’elle disait, grand-mère, à propos des aubes violettes ? Elle a posé la question d’une voix tremblotante en me caressant toujours les cheveux.
Je renifle deux ou trois fois et je m’essuie les yeux d’un revers de main :
- Nuits de lune grise et de brises contraires, aubes violettes.
Elle hoche la tête.
- Oui, mais elle disait autre chose aussi. Tu ne te souviens pas. […]
- oui, elle disait : il n’est pas d’aubes violettes sans yeux pour les refléter, ni de longs chemins sans pieds pour les parcourir.
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"Il y a un petit trésor en chaque femme....."est une de ses phrases fétiches, qu’il se fait un plaisir de repartir comme on remet une carte de visite. "Simplement, elles ont besoin d’un bon explorateur, conclut-il, en haussant un sourcil séducteur et en ébauchant un demi-sourire canaille dont il sait tirer tout le jus. Sinon pourquoi croyez-vous qu’Indiana Jones les rend toutes folles ? Ce n’est pas pour ce qu’il est lui, non. C’est pour ce déguisement d’homme viril à qui il reste encore des découvertes à faire. Les femmes, il faut savoir leur faire sentir qu’elles ont ce que vous recherchez, même si ce n’est pas vrai".
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