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Critique de Damoiselle


Et bien, si le Potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison n'est pas le meilleur roman d'Arto Paasilinna, je vais courir me procurer les autres! Je n'avais rien lu de cet auteur et avais acheté ce livre au hasard, séduite par le titre et aussi par la loufoque photo de couverture – prise au piège par le marketing ! J'ai vraiment beaucoup aimé. L'intrigue originale m'a séduite par son grain de folie et la réflexion intéressante qu'elle apporte sur les différentes façons de percevoir la justice. Skinheads ou grands patrons véreux sont kidnappés et envoyés, non au charbon mais aux champignons, dans d' anciennes mines finlandaises converties en exploitation agricole biologique, et se retrouvent condamnés à faire taire leur orgueil et à mettre leur agressivité ou leur superbe au service de la production de nourriture bio. La frontière entre la légalité et le non-respect de la loi est évanescente, personnifiée par l'attachant personnage principal , Jalmari Jyllänketo, tout ensemble vrai inspecteur principal de la Sécurité nationale finlandaise et faux contrôleur bio, qui passera sans presque aucun remords (peut-être un peu trop facilement d'ailleurs à mon avis) de l'amour pour la loi établie et reconnue à l'attrait pour celle, très discutable mais dangereusement séduisante, qu'a instauré Ilona Kärmeskallio, la patronne de l'Etang aux Rennes et que suivent sans sourciller tous ses habitants. J'aurais aimé en savoir plus d'ailleurs sur le passé de cette dernière, sur les raisons qui l'ont poussée à mettre en place un véritable camp de travail à des centaines de mètres sous terre. A l'Etang aux Rennes, on rencontre différents exemplaires du genre humain et tous sont dépeints dans leur duplicité - une caractéristique humaine plus qu'humaine? semble nous dire l'auteur. On trouve l'inspecteur censé faire appliquer la loi et qui se retrouve dans l'illégalité; la patronne, endurcie par des années de souffrance et de soumission à un homme violent, qui contourne la loi voire la détourne complètement, la réécrit et devient à son tour tortionnaire ; la jeune fille tout à la fois candide et romantique, mais qui ne semble pas choquée par cette étrange justice (quoique…) ; l'aviateur macho au passé incertain qui est chargé de kidnapper les « méchants » mais dont on pense plus d'une fois qu'il mériterait lui aussi d'aller faire un petit séjour au fond de la mine ; la vieille femme, acariâtre et revêche reconvertie en professeur de savolais haute en couleurs et presque sympathique; l'homme politique au passé trouble; l'homme d'église qui prêche en ces termes : « (…) on peut barrer la route aux âmes égarées et les remettre dans le droit chemin ! le vice doit être froidement pourchassé et enfermé dans les cavernes de l'enfer ! »(page 51) et d'autres encore. Bref, tout ce beau monde s'est mis en tête de faire justice soi-même et le pire est que cette idée à la légitimité douteuse vous emporte tout de même, laissant chacun face à sa conscience. En somme, un questionnement humoristique mais néanmoins profond sur notre statut d'Hommes civilisés ! Allez, je cours en librairie !
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