Un peu de légèreté entre deux ouvrages dramatiques…
Suivons un ingénieur qui va construire un pont dans un village finlandais. Un grand gaillard, quasi imperturbable, qui motive les hommes, devance l'échéancier, résiste aux édiles et réalise des ouvrages solides. (On aurait bien besoin d'un tel homme à Montréal pour un certain pont…)
Ah oui, c'est aussi un entrepreneur qui transforme le sable en or ! Et quand il est amoureux, on pourrait dire qu'il prend les bouchées doubles…
Une petite histoire toute légère, plus fantaisiste que vraiment drôle, avec un peu de couleur locale en prime.
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Une vision du bonheur , selon Paasilinna ,qui passe toujours par des confrontations avec la norme.
S'opposer pour exister, pour grandir et surtout pour créer ici un pont. Ce pont devient un symbole contre l'immobilisme et l'anticonformisme .
Avec l'humour qu'il faut , les mésaventures de l'ingénieur Jaatinen deviennent jubilatoires. Sa vengeance aussi.
Skhôôl !au bonheur !
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Dans la petite commune finlandaise de Kuusmäki l'ingénieur des Pont et Chaussées Akseli Jaaniten est chargé de la construction d'un nouveau pont. Dans ce bourg renfermé sur lui-même et tout droit sorti d'une autre époque, ses moeurs et ses méthodes lui attireront très vite la méfiance et l'animosité des notables locaux qui mettront tout en oeuvre pour l'humilier et finalement l'exclure du projet. Cependant l'ingénieur est implacable et ne compte pas en rester là. Les conséquences de sa vengeance seront terribles.
Facile à lire drôle et divertissant ce livre est un petit bijou. Il nous montre la difficulté de s'intégrer dans un petit village, mais l'ingénieur ne se laisse pas faire, il va en remontrer à tous ces notables. Non mais …
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Ce livre attendait gentiment son tour d'être lu depuis longtemps… La période de confinement a du bon, au moins pour cela… pas de tentation… faisons avec ce que l'on a !
Pour le coup, il s'agit d'une très sympathique découverte… une lecture légère… qui permet un peu d'évasion en ces moments préoccupants.
Cet auteur, que je ne connaissais pas, semble un fin « maître » de la satire… et pour ce titre, je dois dire que c'est particulièrement réussi et savoureux !
Ça se passe donc en Finlande (plutôt dépaysant, donc) et tout démarre avec le récit d'une sanglante bataille qui a opposé blancs et rouges dans le Village de Kuusmäki, pendant la guerre civile de 1918, et qui depuis, a divisé les habitants de la commune… Aujourd'hui, le Village est dirigé par les descendants des rouges… « le fameux poids de l'histoire » !
Mais, un jeune ingénieur de la Direction Départementale qui arrive de la Capitale, pour assurer la maîtrise d'oeuvre d'un pont, va bouleverser le cours de l'histoire du Village… Peu conformiste dans ses missions et aussi malin, provocateur, ambitieux, il ne va plaire à tout le monde…
Un plaisir de lecture, c'est drôle et parfois absurde… à découvrir absolument…
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"- Je croyais que tu savais qui j'étais, comme tu ne m'as rien demandé.
- Je te prenais pour un honnête ouvrier. Roivas m'a téléphoné pour me dire que tu étais ce Jaatinen. Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant? Dis-moi!"
Il s'avéra que la secrétaire de mairie Koponen s'était fait depuis longtemps une idée précise de l'ingénieur des ponts Jaatinen, un véritable porc, ivrogne, bon à rien, arriviste, grossier... et voilà qu'elle l'avait sans le savoir introduit chez elle, quelle honte! (...)
"Va-t'en, s'il te plaît. C'est la pire bêtise que j'aie jamais faite. Laisse-moi. Et ne reviens plus jamais briser ma vie."
Jaatinen s'en alla. Le feu s'éteignit dans le poêle de l'amour, comme si un seau d'eau grise et boueuse avait été jeté sur la joyeuse flambée. On aurait presque dit qu'une fumée noire s'échappait des oreilles et des narines de l'ingénieur des ponts quand il sortit dans la rue principale du bourg sous le soleil de la Saint Jean. Il maudissait rarement les femmes, mais cette fois il dit:
"Chameau."
Un ingénieur des ponts ressemble trait pour trait à tout autre Finlandais amoureux : il a sur le visage une expression d’une incroyable stupidité, sa bouche se tord, un semblant de chanson monte vers le ciel, son regard erre dans les broussailles et il roule à bicyclette sur le côté gauche de la route. (Folio p.44)
Réveillé à quatre heures du matin, il se leva, s’habilla, alla faire sa toilette, puis s’installe au pied du lit des bébés. Il resta là une bonne paire d’heures, accroupi par terre à les regarder dormir avec leur frimousse et leurs petits yeux tout froncés. Il ne put s’empêcher de leur pincer à tous les deux le bout du nez, mais si doucement qu’ils ne protestèrent pas.
L'ingénieur mangea par terre à croupetons et, après avoir passé encore une heure dans cette position inconfortable, il se releva enfin, s'étira, alla laver son visage fatigué. Puis il ramassa ses papiers, les fourra dans sa mallette, sauta dans un taxi et se fit conduire à la direction générale des Chemins de fer. Jaatinen déballa ses documents sur la table de la salle de réunion et se lança dans des explications :
'Je suppose qu'il faudrait installer ici un aiguillage, et là un quai de chargement... la voie devrait suivre ce tracé, les terres de ce côté m'appartiennent et je pourrais louer ou acheter les autres.
- C'est bien ça', concéda-t-on.
Puis Jaatinen fit une proposition :
'S' il vous faut vraiment trois ans pour faire ce bout de voie, que diriez-vous si je le réalisais moi-même ?
- Vous ?
- Oui. Il n'y a qu'à ouvrir une tranchée dans la forêt au bulldozer et amener du ballast, je n'aurai besoin que de quelques semaines pour construire une voie sur cet esker.
Il y avait à un kilomètre environ du centre du village, dans une vaste lande sablonneuse, un vieil aéordrome abandonné construit après la guerre pour accueillir des planeurs. La bruyère avait reconquis les pistes, personne n'utilisait plus le champ d'aviation. Jaatinen l'acheta pour une bouchée de pain à l'Aéro-club de kuusmaki, qui l'avait jadis reçu gratuitement en cadeau. L'enthousiame pour les sports aériens s'était si bien refroidi depuis dans le canton que les membres encore en vie du conseil d'administration du club acceptèrent immédiatement le marché; pour la première fois de son existence, l'association eut un peu d'argent dans ses caisses. Les anciens amateurs de machines volantes décidèrent d'organiser avec le produit de la vente un dîner de dissolution de l'Aéro-club.Après le repas, on chanta Là-haut dans les cieux l'aviateur est heureux
Les livres cités dans l'émission par Mikaël :
- le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé aux éditions Actes Sud
- En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut aux éditions Finitude
- La Comédie Humaine de Balzac (Pléiade)
- Confiteor de Jaume Cabré aux éditions Actes Sud
- La Cantique de l'Apocalypse Joyeuse d'Arto Paasilinna chez Folio
Les mille MERCIS du libraire de caractère : "À l'équipe de la Grande Librairie au nom tous les libraires indépendants, à Virginie, ma chérie qui m'a suivi dans cette folie et qui déchire tout dans l'ombre depuis plus de 10 ans, à Audrey et Rémy, qui reviennent chaque matin avec leurs lectures, leurs conseils et leurs blagues irremplaçables et à tous les clients qui font partie de cette famille qui s'agrandit et qui nous donnent une force incroyable ! Vive les livres !"
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