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sur 196 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Après avoir milité pendant un bon nombre d'années pour l'amélioration de la condition de vie de ses semblables et pour la préservation des ressources naturelles, Yves Paccalet jette l'éponge. L'humanité va disparaître dans toute une série de catastrophes, et ça sera bien fait pour elle, elle n'a que ce qu'elle mérite. Avec une satisfaction sadique, il nous décrit en détail tous les maux passés, présents et futurs dû à l'humain.

Cette accumulation de faits connus, mais vite oubliés une fois la télévision éteinte, m'a rapidement lassé. Pas l'ombre d'un début de solution évidemment, puisque l'auteur estime la partie perdue. On l'imagine assez bien guetter les mauvaises nouvelles à la radio avant de se précipiter dans la rue pour crier avec une joie mauvaise « Je vous l'avais bien dit ! »

L'humanité disparaîtra-t-elle ? Sans doute, mais pas forcément par sa faute. D'ailleurs, dans ses scénarios d'extinction de l'espèce humaine, l'auteur a dû appeler à la rescousse activité volcanique intense, nuages de poussières interstellaires et autres météorites géantes, qui n'ont pas besoin de l'homme pour se produire. Quant aux autres scénarios, s'il est possible que la population mondiale soit amputée de quelques zéros, que le niveau ou l'espérance de vie chute drastiquement, une extinction totale est peu probable. Paccalet a oublié un point dans sa liste de défauts de l'humanité : c'est qu'elle est sacrément coriace.
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Paccalet situe son livre sous le signe de l'évidence et c'est, me semble-t-il, bien là le problème. Il voudrait secouer, tout en faisant plaisir, en se faisant plaisir, «pour faire plaisir aux superstitieux», et cela finit par irriter. Je retiens surtout le paradoxe de Cassandre et la modeste proposition de Jonathan Swift de manger les nouveaux-nés. Pour la conclusion on pourrait se demander si ce n'est pas Christian Bobin qui a prêté sa plume à Yves Paccalet, quoi qu'il en soit je me refuse à verser une larme et préfère continuer mes autres lectures en cours.
Heureusement que je me rappelle la féérie de la princesse Kagouya, une ode à la beauté de la nature bien plus efficace, en particulier auprès des enfants, un des publics auxquels ce livre s'adresse.
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Paradoxe: je partage entièrement les craintes de l'auteur mais j'ai été déçu, voire choqué par son livre!
Je suis d'accord: l'humanité court à sa perte, les multiples catastrophes prédites par Paccalet sont toutes possibles voire probables (une seule suffira sans doute). L'être humain est le seul animal de la planète qui s'autodétruit quasi sciemment, obnubilé par la recherche du profit, par l'extension de son territoire sur lequel il rêve d'asseoir son pouvoir.
Je suis déçu: j'attendais un pamphlet argumenté, des sujets développés en profondeur. Rien de tout cela: Paccalet ne détaille pas: il crache son venin sur l'humanité en nous livrant une liste des catastrophes à venir.
Je suis choqué: aucune nuance dans notre comportement: nous sommes tous des petits Hitler, et l'oncle Adolf n'était pas plus méchant que vous ou moi: il a simplement été jusqu'au bout de sa logique destructrice. Le gérant du bar-tabac du coin, qui vend des cigarettes à ses clients, est aussi criminel que l'industriel qui essaye de vendre en douce le restant de son stock d'amiante.
A la limite, ce livre est une incitation au crime: puisque nous avons tous le même cerveau, composé des mêmes molécules, théâtre des mêmes réactions chimiques, pourquoi se priver de tuer son voisin si celui-ci nous embête? Paccalet ne connaît pas le libre arbitre, la volonté, qui font de chacun de nous un être différent avec sa propre personnalité. En extrapolant un peu (arrête, esorlecram, tu exagères!) j'imagine qu'il ne désapprouve pas les chambres à gaz qui ont nettoyé rapidement la planète de quelques millions d'humains: bon débarras!
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Dans un de ses livres, Gérald Bronner évoque le livre d'Yves Paccalet et plus généralement ce courant de l'écologie radicale qu'il nomme anthropophobie. Cela m'a intrigué. Quelle est donc cette peur ou cette haine de l'Homme ? Et tout d'abord qui sommes-nous ?


Homo sapiens ?


Plus précisément quelle est la spécificité de l'être humain par rapport aux autres animaux ? L'auteur, "philosophe et écologiste engagé, mais aussi enragé", reconnaît à Sapiens son intelligence mais en fait son péché originel1 en pensant qu'il la met exclusivement au service de ses pulsions : sexe, territoire et hiérarchie. Comme tous les animaux ! Mais il est vrai avec un succès qu'on ne peut que constater et que lui déplore. Quand on est un gauchiste on n'aime pas les puissants. L'humanité est puissante donc je la déteste et espère qu'elle disparaisse ! La logique est radicale mais se tient. A ceci près qu'il ne faut pas généraliser. Certains individus sont "méchant, menteur, voleur, égoïste, aigri, vindicatif et raciste" mais on ne peut pas dire de l'espèce qu'elle soit "envahissante, nuisible, mal embouchée et peu durable".
Le singe nu, le troisième chimpanzé… de nombreux intellectuels ont proposé leur définition de Sapiens. J'aime bien celle de Frans de Waal : le singe bipolaire. Nous sommes capable du meilleur comme du pire. Parler de "primate insignifiant" me paraît stupide. A moins qu'on s'arrête à un énergumène pris isolément. Et ce n'est peut-être pas si grave que ça car il est possible que les vices individuels fassent les vertus de l'espèce. Beaucoup de gens sont "bête et méchant" mais collectivement nous avons inventé la démocratie et aboli la peine de mort. Pas partout c'est vrai mais c'est ça le progrès : un travail de sisyphe mais un travail qui rend heureux et donne de l'espoir, à chaque petite avancée.


Les lendemains qui déchantent


Si Yves Paccalet est aussi dégouté c'est sans doute qu'il a pris goût à la nature (il a beaucoup baroudé). Étant aux premières loges pour constater sa destruction, malgré le lobbying des écologistes, il a finit par se décourager. Je peux comprendre. Quand on est un babyboomer, un idéaliste soixante-huitard, un esthète, un amoureux de la nature et de la vie, il y a de quoi tomber de haut devant tous les malheurs du monde. C'est vraiment le sentiment général qui émane de ce livre : celui d'une désillusion. Celle du voyageur qui part à la rencontre des peuples premiers et qui les voit devenus des ivrognes, vêtus de "shorts et baskets Adidas". Celle aussi d'un pacifiste qui voit la guerre partout. Celle encore d'un homme de sciences et de lettres qui constate l'abêtissement généralisé.
Le problème de la déception c'est quand on commence à chercher des coupables. Paccalet a trouvé : c'est l'Homme, ce "cancer de la Terre", ce "parasite de la planète". Et c'est là que les clichés pleuvent, que le ton devient profondément pessimiste et que l'humour noir dont il été question n'est en fait que noirceur. L'auteur se fait alors prophète de malheur et alors le pas éthique devient pathétique. L'humanité disparaîtra car "l'homme est le seul animal qui s'autodétruit" ? Je ne crois pas que l'Homme soit ce destructeur débile qui scie la branche sur laquelle il est assis. Nous ne détruisons pas nous transformons. Nous n'allons pas nous autodétruire nous allons nous transformer.


Finalement, la phrase la plus pertinente que j'ai trouvé dans ce court pamphlet, c'est la citation de Nietzsche : "Partout où j'ai trouvé du vivant, j'ai trouvé de la volonté de puissance ; et même dans la volonté de celui qui obéit, j'ai trouvé la volonté d'être maître." C'est une véritable inversion des pôles que nous avons vécu : nous étions soumis à la nature, nous en sommes devenu maître et possesseur. Mais nous sommes encore au milieu du gué et c'est vrai qu'il y a des dangers. Il faut prendre des précautions mais ne pas ériger cela en principe absolu. Sachons réenchanter le risque comme nous y invite Gérald Bronner. Toute aventure comporte des dangers, l'aventure humaine ne fait pas exception. Continuons à avancer et à progresser car nous n'avons pas le choix. Moi j'y crois. La pulsion de vie est plus forte que la logique mortifère de l'écologie radicale.







1 "L'homme est méchant parce que c'est un animal pensant."
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