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Critique de Sachenka


J'ai beaucoup d'éloges à écrire à propos du roman Hérétiques, de Leonardo Padura. Beaucoup d'éloges, oui, même si quelques détails m'ont agacé. Des trois parties, le premier livre commence par une enquête policière avec Mario Condé, un ancien policier converti en libraire (mettons !) mais aussi détective privé à ses heures. Il se voit confier une affaire par Elias Kaminsky, le fils d'une vieille connaissance. Une peinture de Rembrandt qui appartenait depuis des siècles à la famille mais qu'on croyait perdue a refait surface dans un encan à Londres. Qui l'a dérobé ? Oui, bien sur, mais surtout comment ? Car le sort du tableau est lié à celui, tragique, de la famille Kaminsky.

En effet, Daniel Kaminsky, le père d'Elias, était un juif originaire de Pologne. Sa famille l'a envoyé à Cuba, où l'oncle Joseph habitait déjà, et espérait l'y rejoindre rapidement. Elle pensa y parvenir à la fin 1938 quand elle acheta avec ses dernières économies un billet sur le navire St-Louis. Il ne lui restait comme seule possession que le fameux tableau Malheureusement, des intrigues politiques mirent fin à leur espoir : on refusa l'asile aux centaines de réfugiés et le navire dut rebrousser chemin sous le regard impuissant de Daniel. La famille Kaminsky (le père, la mère et la soeur Judith) fut prise dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale et de l'Holocauste. Mais qu'est-il advenu du tableau dans tout ça ? Comment s'est-il retrouvé à Londres ?

Cette histoire était très intrigante. En tant que lecteur, on est pris entre ces deux époques. Mario Condé qui mène ses recherches à notre époque, mais aussi Daniel Kaminsky qui essaie de survivre dans les années 30 et 40, qui est témoin de l'arrivée du St-Louis dans le port de LaHavane mais aussi de son renvoi. Padura a un don certain pour ce qui est d'intégrer la petite histoire des personnages à la grande Histoire de l'humanité. J'y ai cru, à ce jeune juif et à son oncle Joseph, à leurs déboires mais surtout à leur ingéniosité et à leur débrouillardise pour se créer leur petit monde dans ce grand monde presque hostile qui les entourait.

Puis, dans le deuxième livre, on est transporté plus de trois cents ans en arrière, à l'époque de Rembrandt. On comprendra assez facilement que cette partie du roman racontera comment le fameux tableau du maitre peintre s'est retrouvé entre les mains de la famille Kaminsky. J'ai trouvé ce passage très instructif. J'ai appris beaucoup de choses sur les Pays-Bas, Amsterdam, le protestantisme mais aussi sur le judaïsme et les communautés juives, sur leur sort dans une Europe en pleine guerre de religion et de bouleversements multiples. Évidemment, Padura s'est beaucoup documenté et son roman est une preuve de sa grande érudition.

Puis, avec le troisième livre, on revient à nouveau à notre époque. Mais, cette fois-ci, Mario Condé est supplié par la jeune Yadine (qu'il avait croisé par hasard lors de son enquête) de retrouver son amie disparue. Cette jeune fille a vu le détective en action et, devant l'inaction de la polcie, elle croit qu'il pourra faire quelque chose. Une autre trame à une histoire déjà longue et inutilement compliquée ? J'ai compris assez vite qu'elle n'y avait pas été intégrée sans raison, qu'un lien quelconque allait la rattacher aux autres livres, soit le sort du fameux tableau. Mais, rendu à près de 500 pages, même si l'intrigue est intéressante, on a hâte d'en arriver au dénouement. Au moins, il nous présente un LaHavane différent, celui des émos, des gothiques, des laissés-pour-compte.

La principale critique que j'ai à formuler à propos d'Hérétiques : un peu trop long ! C'est ce qui m'empêche de lui donner 5 étoiles. Mais j'ai tout de même passé un excellent moment à lire ce roman. On a plus qu'une seule intrigue policière et c'est probablement ce qui m'incitera à vouloir le relire dans quelques années.
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