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La transparence du temps est le deuxième roman que je lis de Léonardo Padura. J'avais beaucoup apprécié L'homme qui aimait les chiens, livre qui traitait de la mort de Trotski et j'ai été à nouveau conquise.
Mario Conde, ex-flic, actuellement acheteur de vieux livres pour les revendre ensuite afin de subsister, vit à La Havane et voit avec une grande appréhension approcher la soixantaine. de nombreuses questions le taraudent : « Sur le point d'avoir soixante ans, qu'avait-il ? Que lèguerait-il ? Rien de rien et qu'est-ce qui l'attendait ? »
Il est donc dans un grand désarroi quand un coup de fil interrompt son état de tristesse et de mélancolie. C'est Bobby, de son vrai nom Roberto Roque Rosell, ancien camarade de lycée et d'université qui est au bout du fil et lui demande au nom de leur ancienne amitié de l'aider.
Conde, en ouvrant la porte à son ancien collègue venu lui expliquer de vive voix, est pour le moins surpris par le nouveau look de cet homme perdu de vue depuis de nombreuses années : «… un être androgyne, les cheveux teints en blond cendré, une boucle dans le lobe de l'oreille gauche, les sourcils redessinés… »
Bobby lui avoue qu'il est homo. Il lui explique qu'il est tombé amoureux de Raydel, l'a installé chez lui, a vécu deux ans avec lui. Mais, voilà, pour le commerce d'achat et de vente d'objets précieux, oeuvres d'art, bijoux… dont il vit, il a dû s'absenter pour aller à Miami régler une affaire. Lorsqu'il est rentré, son amant avait disparu ainsi que tous ses biens, bijoux, télé, matelas et surtout… une statue de la Vierge noire de Regla qu'il tenait de son arrière-grand-père, statue détentrice de pouvoirs spéciaux.
S'il n'a pas porté plainte et fait confiance à son ancien ami pour retrouver sa vierge, c'est parce qu'il est toujours amoureux, et qu'il compte sur son ami pour la retrouver, moyennant rétribution. Conde, flatté peut-être par la confiance que lui témoigne Bobby et surtout attiré par la somme assez conséquente qu'il lui propose et qui lui permettrait de sortir pour quelque temps de l'indigence, accepte.
Marco Conde, entouré de sa femme Tamara, de ses amis fidèles et de son inséparable chien Bassara II, va, pour retrouver cette statue, devoir faire connaissance avec des négociants d'art et les rencontrer, certains ayant pignon sur rue et d'autres pas du tout déclarés.
Au moyen de cette enquête policière, Leonardo Padura nous fait vivre une vraie saga historique et nous plonge dans cette vie torride de la Havane où se côtoient des habitants survivant dans une extrême pauvreté, dans des quartiers vraiment insalubres et les fameux « gagnants » de l'ouverture cubaine que sont les marchands d'art.
Par la qualité et la richesse de son écriture, l'auteur réussit à nous faire humer les plus belles senteurs, partager les meilleures saveurs et ressentir la puanteur de ces rues de bidonvilles.
Par l'intermédiaire de cette vierge noire qui a traversé l'histoire, il réussit même à nous faire revivre le siège de la ville chrétienne la plus riche et la plus convoitée de la terre qu'était Saint-Jean d'Acre.
J'ai vraiment été subjuguée par la façon dont Leonardo Padura réussit à mener cette enquête de manière aussi brillante avec un suspense maintenu de bout en bout, au coeur de cette Havane si colorée, si odorante, si riche et si pauvre.
Si la mélancolie est omniprésente, elle est tempérée par beaucoup d'humour et l'amour, l'amitié et l'entraide sont rendus avec une grande justesse. La lecture de ce roman m'a remis en mémoire Quand nous étions révolutionnaires de Roberto Ampuero, un auteur qui abordait également le désenchantement politique.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Métailié qui m'ont permis de lire ce roman qui m'a à la fois tenue en haleine et fait découvrir la grande histoire cubaine et l'Histoire en général : une grande fresque littéraire. La très belle couverture contribue, à mon avis, à renforcer l’atmosphère de La transparence du temps.


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Se lancer dans la lecture d'un roman de Leonardo Padura, c'est partir à l'aventure, vivre plusieurs vies, remonter dans le passé lointain et aussi, surtout, vibrer au cours d'une enquête policière extrêmement bien menée, ce qui rappelle que l'auteur est connu pour ses romans policiers.
J'avais déjà lu Leonardo Padura et beaucoup apprécié L'homme qui aimait les chiens et j'ai retrouvé, dans La transparence du temps, tout le talent de cet auteur cubain. Justement, dans ce roman, Cuba tient une place très importante, centrale même. Ici, l'auteur m'a plongé dans la vie quotidienne, dans les quartiers les plus insalubres où s'agglutinent ces migrants venus de l'est de l'île, comme dans ceux habités par la classe moyenne ainsi que dans ceux où se regroupent les nouveaux riches qui font du trafic d'oeuvres d'art. Miami est tout proche.
Par contre, c'est avec la Catalogne, la Garrotxa, que se connecte ce livre grâce à cette histoire de vierge noire médiévale volée et sur le point de disparaître complètement. C'est Bobby, un camarade de lycée, qui possédait cette sculpture en bois noir, héritage d'un lointain parent, membre de Templiers, que l'auteur replace en plein siège de Saint-Jean d'Acre par les Sarrasins, en 1291, avant son retour en France puis en Catalogne.
Les amis lycéens de Mario Conde, le héros de l'histoire, tiennent une grande place mais le temps des études secondaires est déjà loin car notre homme va bientôt fêter ses soixante ans et cela le traumatise… Il a l'impression d'entrer dans le quatrième âge ! Cet homme fut policier il y a une dizaine d'années mais il a conservé d'excellents réflexes et le prouve malgré une consommation de tabac et d'alcool – ah, le fameux rhum cubain ! – que je trouve excessive.
Tension extrême, assassinats, humour, recherches, références historiques très bien documentées, j'ai aimé lire ce long roman qui donne encore plus envie d'aller découvrir cette île où la vie est en train d'évoluer depuis que, le 17 décembre 2014, Raul Castro et Barack Obama ont lancé les négociations pour la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis.
Le temps file, insaisissable mais l'écriture est là pour figer ses meilleurs moments mais permet aussi de puiser dans un passé proche ou lointain, permettant d'éclairer La transparence du temps.
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Mario Conde a bientôt 60 ans, et ça lui fiche le cafard. Chaque jour, voyant l'issue fatale et l'entrée dans le quatrième âge approcher, « il se lan[ce] dans un processus de plus en plus ardu pour cuirasser son moral et se disposer, de nouveau, à faire tout son possible pour empêcher que l'arrivée inéluctable de la mort ne prenne de l'avance et ne se produise par simple inanition. Bref : il devait se botter le train pour sortir dans la rue, la vraie, pour gagner la vie qu'il lui restait et, dans la mesure du possible, retarder l'appel fatal en oubliant ses branlettes mentales pseudo-philosophiques ou littéraires ». C'est alors qu'il traîne ses savates et son air désabusé dans le marasme de la Havane qu'on fait appel à ses services de détective, contre la promesse d'un tas non négligeable de monnaie sonnante et trébuchante. Bobby, un ancien camarade de lycée, lui demande, le supplie, de retrouver la statue d'une Vierge noire qu'un ex-petit ami lui a volée, et à laquelle il tient plus qu'à la prunelle de ses yeux. L'ancien flic se lance alors dans une enquête qui l'emmènera du milieu (très) privilégié des marchands d'art et des galeristes à celui (très) misérable des bidonvilles de la Havane, peuplés de migrants ayant quitté l'encore plus misérable Santiago pour cet eldorado tout relatif. Si le contraste est grand entre richesse et pauvreté, ces deux univers ont en commun que l'appât du gain transforme certains êtres en crapules patentées, voire en assassins. Et en l'occurrence, cette Vierge noire, dotée d'une valeur qui semble inestimable et d'un mystérieux pouvoir, attise les convoitises.
C'est la première fois que je lis Leonardo Padura, il m'est donc impossible de dire si cette nouvelle enquête de Mario Conde est un cru supérieur aux précédents. Toujours est-il que j'ai dégusté celui-ci avec un plaisir certain. Dans la trame policière assez classique sont intercalés des chapitres retraçant l'origine et le parcours de la Vierge noire à travers les siècles, de l'époque des Croisades au Proche-Orient à la Guerre d'Espagne. Malgré quelques longueurs, l'histoire est intéressante, l'humour est noir, la misère aussi, mais l'amour et les amitiés sont fidèles et sincères, les personnages attachants. Leonardo Padura est un grand-maître dans l'art de dépeindre La Havane, sa transformation au fil d'une Révolution qui n'en finit pas de tourner en rond quitte à revenir à son point de départ. « La transparence du temps » est un roman truculent et bigarré, empreint d'une touche d'amertume et d'une bonne dose de sens critique, mais qui montre un attachement profond, envers et contre tout, à une ville et à un pays.
En partenariat avec les Editions Métailié.
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A l'approche de ses soixante ans, Mario Conde broie du noir, il sait bien que rien ne pourra arrêter la course du temps qui va faire de lui un vieillard bougon, ressassant ses envies avortées d'écriture. Pourtant, c'est d'un pas encore allègre qu'il se lance dans une nouvelle enquête. Contacté par un ancien camarade de lycée, l'ex-policier, reconverti en vendeur de livres et détective à ses heures perdues, accepte d'aider ce visage du passé qui a beaucoup changé. Roberto Roque Rosell, adolescent coincé et moqué pour ses manières efféminées, est devenu Bobby, un riche marchand d'art qui affiche fièrement ses préférences sexuelles. Son dernier petit ami vient d'ailleurs de profiter d'un de ses séjours à Miami pour vider sa maison du moindre objet pouvant être revendu. Parmi eux, la Vierge de Regla qu'il tient de son grand-père catalan, une statuette de cette vierge noire vénérée à Cuba et qui selon Bobby posséderait des pouvoirs extraordinaires. Conde n'est pas homme à croire à de telles balivernes mais il est un homme d'amitié. En souvenir du passé, il part sur les traces de cette vierge qui semble semer la mort derrière elle.

Où l'on retrouve Mario Conde à la poursuite d'une vierge venue du fond des âges. C'est l'occasion pour lui de se frotter à la corporation des marchands d'art où certains se font des fortunes en magouilles, trafics et autres usages de faux. Evoluant à mille lieues de ce monde, Conde ne peut que constater le pillage systématique que pratiquent les revendeurs organisant une fuite inéluctable des oeuvres cubaines vers l'étranger. Mais ses découvertes ne s'arrêtent pas là. Ses investigations vont le mener vers les quartiers périphériques de la Havane, des bidonvilles sans eau ni électricité où vivent des clandestins venus de l'Est du pays sans autorisation officielle. Un choc pour l'ex-policier qui n'en finit pas de constater la déliquescence d'une société qui se voulait égalitaire et qui n'a su que creuser le fossé social. Mélancolique par nature, Conde ne se remet pas d'avoir surpris une misère plus terrible encore que celle qu'il côtoie tous les jours. Et ce n'est pas le départ programmé d'un de ses plus fidèles amis qui va lui remonter le moral ! Lui qui puise sa force auprès de ses complices de toujours voit d'un mauvais oeil la perte d'un autre pilier de sa petite bande. Mais ce qui était avant une entreprise dangereuse et secrète se fait dorénavant au grand jour et les candidats à l'exil, toujours plus nombreux, étalent leurs projets au grand jour. Conde doit accepter que s'il a décidé de ne jamais quitter son île d'autres rêvent d'un avenir moins confiné.
Et aux aventures de Conde s'ajoutent celles de la vierge de Regla qui n'en est pas une. Arrivée à Cuba dans le maigre bagage d'un catalan qui fuyait la guerre d'Espagne, elle n'est pourtant pas espagnole. Padura nous emmène en voyage à travers l'espace et le temps avec cette statuette qui a connu guerres et croisades, vénérée pour ses pouvoirs magiques...
Encore une fois, Padura montre toute l'étendue de son talent et son savoir encyclopédique. Un excellent moment de lecture au côté d'un Conde toujours aussi attachant qui réussit l'exploit d'être drôle et mélancolique à la fois.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Métailié.
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Après le spleen du commissaire Soneri sur lequel on a longuement disserté hier, prenons des nouvelles d'un autre héros de romans policiers latins, Mario Conde, l'ancien policier devenu un commerçant de livres anciens, et héros des romans policiers de Léonardo Padura,et qui ne semble pas aller beaucoup mieux.

En effet, notre Cher Mario ressent comme un sérieux vague à l'âme à l'approche de son soixantième anniversaire ( musant cet anniversaire alors que sa fidèle maison d'édition française, les éditions Metaillié fêtent avec fanfare et trompette leurs 40 ans cette année) et semble également redouter terriblement l'arrivée de la vieillesse , et ses 60 ans, qui a l''évidence d'un nombre couperet, dont même la sonorité était effrayante. »

Il nous apparait ainsi un peu désabusé, Mario, au début de l'intrigue de "la Transparence du temps" ( sorti en janvier dernier) , malgré ses cigares, son chien Basura II et l'alcool qu'il supporte de moins en moins bien au demeurant.Heureusement un ancien camarade de lycée Bobby vient le tirer de sa torpeur, en le contactant pour une enquête particulière : ce marchand d'art a en effet été délesté par son amant de presque tous ses biens dont une statue d'une Vierge de Regla, certes plutôt commune à la Havane, mais qui selon ses dires possède des pouvoirs surnaturels .

Voilà donc notre cher Mario sur les traces d'une relique religieuse, pour plonger dans une enquête complexe dans La Havane coupée en deux, dans laquelle la richesse côtoie sans vergogne la misère la plus crasse .

L'immense talent de Padura est intact pour nous livrer une description de Cuba et de ses habitants assez phénoménale, et raconter cette Havane contemporaine qu'il connait si bien, cette Havane en pleine décrépitude, totalement divisé entre les quartiers riches et les zones plus précaires , un pays marqué par le retour de la misère et des bidonvilles.

Si comme pour moi Cuba est un pays qui vous intrigue ou si, encore mieux, que vous avez déjà eu la chance de visiter, alors ce nouveau roman racé et mélancolique de l'auteur de L'homme qui aimait les chiens et des brumes du passé devrait largement vous apporter votre dose d'évasion!
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Ce que j'ai ressenti:

***Un pressentiment …
En lisant La transparence du temps, il y a comme un espace étrange qui s'est ouvert, pour que je puisse me glisser dans les failles de l'Histoire. Une histoire très dense où, il est question des pouvoirs d'une Vierge Noire, d'un Diable qui se promène dans les rues sans chaussures, et des meurtres crapuleux au sein des cercles huppés des collectionneurs. Et là, il m'est venu un pressentiment…L'idée même que j'allais A-DO-RÉ ce roman… C'était plus que cela même! Une intuition qui s'est vérifiée au fil du temps et de sa transparence… Je me suis imprégnée de ce roman d'une richesse incroyable, et impressionnée par la profondeur et la plume de Leonardo Padura…Et si l'on allait voir en quelques points, comment ce livre m'a immensément touchée par son tourbillon mélancolique et ses couloirs obscurs…

« Il pensa alors qu'il voyait le temps à travers la transparence d'une goutte de pluie accrochée à une branche. Ou en franchissant les années, à travers la transparence cristalline d'une larme qu'un état d'âme altéré mais incoercible avait arraché à ses yeux. »

***Un feeling…
Tout d'abord, il y a eu un coup de foudre pour le personnage principal, Mario Conde, ancien flic à la retraite, torturé à l'idée de passer le cap de la soixantaine, féru de littérature et de bon café. Il a une vision idéaliste de l'amitié, donc quand un ancien camarade vient sonner à sa porte, il fonce les yeux fermés dans une enquête dangereuse où les requins ne reculeront devant rien, pour s'approprier la pièce rare…Il paraissait évident que j'allais avoir un attachement immédiat pour cet homme touchant, désintéressé, intelligent et surtout addict à la lecture. On sent dans ce roman, que la dynamique de l'amitié est le moteur de cette intrigue, mais qu'elle est souvent contrariée par les mécanismes aléatoires, tels que les ambitions personnelles, la situation politique, les enjeux économiques…

« -Et tu crois que je devrais changer?
(…)
-Non, ne change pas…Tu es un désastre, mais un désastre plutôt bon. Et comme nous le savons toi et moi: ce qui est bien, mieux vaut ne pas y toucher. »

***Une ambiance…
Ce roman a une atmosphère puissante. Entre la situation politique et sociale de la Havane que l'on ressent extrêmement violente et l'Histoire sanglante de la Vierge Noire au cours des siècles, c'est une alchimie des plus intenses qui m'a saisie. La pauvreté, la foi, la convoitise mènent souvent sur des sentiers très sombres…Cette enquête se révèle donc des plus passionnantes grâce à ses sauts dans le temps, qui offre à cette Vierge très particulière, une aura énigmatique. L'auteur a sans doute dû faire un travail de recherches minutieux sur les croisades des Templiers et la guerre civile en Espagne, et le rendu est tel, que cette histoire de statue de la Vierge Noire devient juste fascinante. On craint son pouvoir autant qu'on voudrait qu'il soit réel…Et forcément, les personnages à son contact, sont subjugués et pourraient jusqu'à, tuer pour Elle.

« L'Histoire prouvait, disait-il, que rien ne s'était jamais amélioré; que les fondamentalismes, l'arrogance, le goût du pouvoir et les innombrables stratégies utilisés par les uns pour tromper, exploiter, gouverner et, par définition, pourrir la vie des autres, étaient des attitudes omniprésentes depuis l'âge des cavernes. »

***Un voyage…
Par sa qualité et cette plume immersive, j'ai voyagé dans les temps, sur d'autres continents, et j'ai même redécouvert un peu l'histoire de ma ville: Marseille. Et ça, c'est juste stupéfiant! Leonardo Padura m'a bluffée pendant ses 400 pages, avec sa sensibilité et son talent, pour me faire ressentir les turbulences du temps, mais en capturer aussi, toute sa magnificence. Mes passages préférés de ce livre sont ceux, avec Antoni Barral, personnage mystérieux, qui m'a littéralement envoûtée dans ses réflexions et ses incursions dans le temps. Ils resteront un de mes meilleurs moments de lecture. Il y a un mélange de mystères, de réflexions philosophiques et d'Histoire qui s'entremêlent, et qui m'ont passionnée.

C'était à la fois douloureux et réconfortant. Dévastateur et instructif. Ce désastre était aussi -ou surtout?- la vie.

***La poésie…
Et forcément, la crème de la crème, après tous ces excellents points de plaisir, il y a La Poésie. Leonardo Padura ajoute des touches de magie au coeur de ses pages. Des moments exquis de lecture où on se laisse glisser entre imaginaire et légendes, passé et présent troubles, mélancolie et tendresse…Un grand moment de lecture!

« Conde avait des réactions inédites et stupéfiantes. Il avait éprouvé la plus inquiétante de toutes la nuit où il s'était retrouvé face à face avec le diable. Il avait même senti son odeur. »

***Coup de coeur! ❤




Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Cuba se réveille courbatue de la longue léthargie étouffante de l'ère Castro. Barack Obama lui avait donné des espoirs de normalisation des relations avec son géant de voisin, conjoncturellement gendarme du monde. La douche froide administrée par son successeur fait déjà partie de l'histoire. Mais Leonardo Padura ne le savait pas au moment la rédaction de son ouvrage. Gageons que l'île s'ouvre désormais à la modernité.

La modernité n'est toutefois pas une aspiration effrénée de Mario Condé, héros dont je découvre qu'il est le récurrent de Leonardo Padura. A l'instar de son inventeur, Mario Condé est d'une génération qui n'a connu Cuba que sous la politique castriste supposée garantir le bonheur d'un peuple, quant à lui prétendument souverain. Il en sort avec une mentalité aux accents contrastés, mélange de nostalgie et de résignation. Il a grandi avec son auteur. Dans La transparence du temps il fête son soixantième anniversaire et soigne son angoisse de mettre un pied dans le quatrième âge avec ses goûts pour le rhum aux arômes vanille-caramel et cigare aux senteurs poivrées. Son appétence pour la littérature consolide sa culture et lui façonne une philosophie très pragmatique du quotidien. C'est son penchant pour les femmes qui le harcèle le plus cruellement. Il perçoit bien avec un relent de déprime qu'il devient transparent à leur regard. Ancien flic, il a gardé la vocation de l'enquête ancrée dans ses gènes. Ça le distrait de l'idée de la décrépitude et complète accessoirement une pension trop chiche pour subvenir au minimum vital.

Dans ce premier roman de Leonardo Padura que je lis, je découvre un enquêteur attachant, ouvert aux difficultés des autres. Il n'hésite pas à rentrer chez lui pieds nus après avoir donné ses chaussures à un vagabond. Mario Condé est tempéré dans ses avis, avance à pas comptés et fiabilisés dans ses raisonnements. Il ménage la chèvre et le chou et s'attache à conserver de bonnes relations avec ses anciens collègues restés en activité et avec tous ceux qui ont gravité dans sa sphère d'influence depuis sa jeunesse au lycée. Des compères restés comme lui amoureux de leur île.

Car il faut bien dire que cette île est un autre personnage du roman. Leonardo Padura nous la dépeint sans complaisance mais avec une ferveur entichée du pays natal. Un pays insulaire pas seulement géographiquement, politiquement aussi, avec l'océan capitaliste qui harcèle ses côtes tout en lui interdisant ses faveurs. Une île avec ses mystères et croyances qui ont survécu en catimini aux cerbères d'un pouvoir inaccessible aux élans de la foi et dont la vitrine démocratique ne cachait plus depuis longtemps le fonds de commerce autocratique. Une île dont les couleurs des façades cachent la lèpre des enduits et celles des antiques limousines américaines la rouille de leur châssis.

Mais le personnage principal serait peut-être bien quand même cette vierge noire qui a été volée à son propriétaire et dont la valeur pourrait n'être pas seulement mystique si l'on en croit les allégations de ce dernier, et les victimes qu'elle laissera dans sa trace.

La transparence du temps, un titre métaphorique qui donne à Leonardo Padura la liberté de jouer avec l'histoire, à faire avec la chronologie des arrangements organisés à dessein pour servir un objectif fictionnel. Il s'en explique avec habileté dans un chapitre en fin d'ouvrage.

C'est un ouvrage dont l'intrigue peine à se mettre en place. Il souffre de quelques alanguissements descriptifs préjudiciables au rythme, tant dans le décor que dans les caractères. Mais on comprend à l'avancée dans l'ouvrage que cette lenteur sert la familiarisation avec un personnage dont la nonchalance est une garantie de ne pas succomber aux pulsions. Ce personnage devient vite sympathique à qui ne le connaît pas, tellement il ressemble au commun des mortels et dénoue une intrigue avec l'air de ne pas y toucher. Dans la touffeur tropicale de la Havane l'auteur nous prend par la main pour nous faire découvrir un pays et sa capitale au charme colonial désuet cher à son coeur. Un roman d'ambiance autant que d'intrigue, bien agréable à lire, plus enthousiasmant quand les convoitises déchaînent les rivalités dans la seconde moitié de l'ouvrage.
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Nous retrouvons Mario Conde à la recherche d'une statue pour rendre service à un ancien camarade de classe et pour l'argent, bien sûr.
L'intrigue se partage entre le Cuba d'aujourd'hui et des incursions du XIIième au XXième siècles dans lesquelles est racontée l'histoire de cette vierge noire.
L'intérêt du roman se trouve essentiellement dans le style de l'auteur, ses réflexions sur Cuba et ses descriptions de l'amitié.
Il y a quelques longueurs dans le récit.
Les personnages ont du caractère et sont attachants.
Il y a du rhum, de la pauvreté, des difficultés à trouver les biens de première nécessités des désillusions et de la corruption.
Toutefois les personnages sont attachés à leur pays.
La plume de Leonardo Padura est toujours aussi élégante et rien que pour ça, ce roman vaut le coup.
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Condé approche de ses soixante ans avec grande anxiété . Ancien flic, il vit du commerce des livres tout en espérant en écrire un. Sa relation avec Tamara et ses soirées avec ses vieux potes du lycée, entre rhum, gastronomie locale et cigare, à défaut de faire de lui un homme comblé, lui procure un certain épanouissement.
Jusqu'à ce qu'un autre vieux pote de lycée , Bobby, vienne lui confier une affaire privée. Il s'est fait dépouiller par son jeune amant qui a profité de son absence pour dévaliser sa maison. Dans le butin , une mystérieuse statue de vierge noire dont la perte anéantit Bobby.

Bienvenue à Cuba en 2014. l'enquête menée par Condé nous fait visiter La Havane en proie à de profondes mutations après l'ouverture du pays , confinés sur lui même depuis la révolution. C'est plein de couleur , le rhum coule à flot, le tabac local est à l'honneur. On découvre les nouveaux riches laissant pantois l'ancienne génération mais aussi les bidonvilles sans foi ni loi aux mains des " Palestiniens", ces migrants venus de l'est de l'île.
On parcourt le monde si extravagant des marchands d'art.
Parallèlement, on remonte le temps pour découvrir la vraie nature de cette fameuse vierge. La guerre civile espagnole, le moyen âge, les templiers...Beaucoup d'érudition la dessous.
Tout cela se fait dans un style admirable , teinté d'humour , de fatalité, d'amour, d'amitié.
Je me suis quand même un peu lassé de toutes ces digressions , qui même si elles étaient remarquablement écrites m'ont un peu détourné de la substantifique moelle de l'oeuvre.
Mais nul doute que l'auteur a voulu nous montrer le Cuba d'aujourd'hui en le reliant à cette histoire de vierge dont la remontée du temps était un peu longuette.
Un mot sur l'aspect policier du livre : Une enquête bien menée , un peu éloignée des habituels poncifs du genre sans être non plus révolutionnaire.
Une très belle plume que je n'hésiterai pas à fréquenter à nouveau !
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J'ai fait la connaissance de Mario Conde dans Passé parfait ( l'histoire se déroule en 1989) . Depuis, vingt cinq ans ont passé (nous sommes en 2014) , Mario vieillit, il aborde la soixantaine avec quelques inquiétudes métaphysiques et des petits problèmes de santé. le voilà, à nouveau, sollicité par un ami pour résoudre un problème de vol concernant, notamment, une antique vierge qui a connu bien des péripéties au cours des siècles.
La Havane s'est encore altérée, la corruption y est grande, les pauvres sont plus pauvres, les riches, souvent grâce aux trafics en tous genres, plus riches.
J'ai visionné récemment un reportage mettant en exergue cette dégradation, cette précarité qui s'accentuent faute de touristes plus importants, car désormais les États Unis refusent le visa aux visiteurs, s'ils ont, auparavant, opéré un séjour touristique à Cuba.

J'ai trouvé beaucoup de similitudes entre le personnage de Mario Condé et celui de Fabio Montale (trilogie marseillaise d'Izzo, que je viens de relire attentivement pour une conférence) : sens de l'amitié, de la fraternité, mise en exergue de la pauvreté, de la discrimination…
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