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Caroline Lepage (Traducteur)
EAN : 9782757809389
288 pages
Points (07/05/2008)
3.6/5   155 notes
Résumé :
Ce matin-là, le lieutenant Mario Conde, gueule de bois et moral en berne, n'aurait pas dû répondre au téléphone. A présent, il est chargé d'enquêter sur la disparition de Rafael Morin, directeur d'entreprise; reconnu par tous comme exemplaire. Aux yeux de Conde, il reste avant tout l'étudiant qui lui a ravi la belle Tamara. Veut-il vraiment retrouver son ancien rival ?

Leonardo Padura est né à La Havane en 1955. Passé parfait est le premier roman de ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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C est le hasard qui m'a amenée à lire Leonardo Padura.

Il y a 4 ans, très précisément le 15 janvier 2019, la librairie du Square recevait un écrivain cubain qui m'était totalement inconnu... un certain Leonardo Padura ! Et au vu du nombreux public présent ce soir-là, je devais être la seule sur toute l'agglomération grenobloise à ne pas le connaître !

Quant il est revenu, le 08 septembre 2021 pour la toute première rencontre littéraire post covid (toujours à la librairie du Square)... je n'étais plus là par hasard !

Leonardo Padura est "un écrivain cubain qui vit et écrit à Cuba parce qu'il ne peut ni ne veut être autre chose, et qu'il a besoin de Cuba pour vivre et écrire" (P 7/8 - L'eau de toutes parts - Leonardo Padura)

Si Passé parfait est le premier tome d'une tétralogie intitulée Les quatre saisons, il est en fait le second roman écrit par Leonardo Padura (le premier, Fiebre de caballos, terminé en 1974 et paru en 1988 n'est pas disponible en français, tout au moins à ma connaissance).

Pour en revenir à Passé parfait, un avertissement s'impose : il est classé en littérature policière mais ce n'est pas un "vrai" roman policier et il risque de décevoir les aficionados d'énigmes !

En fait, l'enquête policière est un prétexte pour servir l'histoire cubaine sur un plateau : Oui, le personnage principal est bien policier ! Un policier alcoolique taraudé par la nostalgie et désabusé par son métier... Mario Conde est : "une sorte d'anti-policier, de policier littéraire, uniquement vraisemblable dans les limites de la fiction narrative, impensable dans la réalité policière "réelle" cubaine (ou de n'importe quelle institution à la discipline de fer)." (P132 - L'eau de toutes parts - Leonardo Padura)

Mario Conde n'est pas Leonardo Padura mais il y a des similitudes entre le personnage et l'écrivain :
"J'ai condamné sans appel mon personage fétiche, Mario Conde, à vivre mes nostalgies havanaises dans un quartier qui ne ressemble que trop à Mantilla et, de sa terrasse, sur le toit de sa maison de toujours ou d'un simple coin de rue de son quartier ancestral, je l'ai poussé à décrire ce qui est visible ou à regretter ce qui a disparu de ce lieu attachant. Je lui ai transmis mon sentiment d'appartenance et j'en ai irrémédiablement fait un Havanais, parce que moi, son créateur, je ne suis que cela : un Havanais qui écrit." (P29 - L'eau de toutes parts - Leonardo Padura)

Lorsque Leonardo Padura commence l'écriture de Passé parfait, Cuba se trouve à un moment charnière de son histoire : tout d'abord le pays est à la veille d'une "violente crise économique" mais c'est surtout l'année d'une prise de conscience nationale sur la corruption qui gangrène le pays. En 1989, il y aura deux procès retentissants où furent jugés, condamnés, et voir même fusillés : "... plusieurs hauts gradés de l'armée et du ministère de l'intérieur (le ministre en personne fut condamné et devait mourir dans sa geôle) accusés de corruption, de narcotrafic et de trahison à la patrie." (P127 L'eau de toutes parts - Leonardo Padura)

L'intrigue de Passé parfait était trouvée grâce à l'actualité :
"... le gouvernement s'est montré très préoccupé par la présence corrosive de la corruption dans la société actuelle : dans un pays où presque tout appartient à l'État, la corruption vit et prospère au sein même des structures étatiques, parmi les personnes presque toujours choisies pour leurs mérites politiques et désignées pour diriger le pays aux divers niveaux de décision et de pouvoir."
(P107 L'eau de toutes parts - Leonardo Padura)

Passé parfait est une "chronique d'amour et de haine, de bonheur et de frustration" (P31 - Vents de carême - Leonardo Padura) :
"J'allais écrire ce qui deviendrait le premier tome de la série des Mario Conde - Pasado perfecto, publié en 1991 - pour parler des divergences de ma génération, pour fouiller dans le tiroir des rêves brisés qui nous avaient accompagnés par le passé et pour dire que les individus les plus fiables - dans un pays où la fiabilité était exigée - ceux qui nous poursuivaient et nous aiguillonnaient avec le plus d'acharnement, étaient en fin de compte (ou depuis le début) et bien souvent les plus malhonnêtes et les plus opportunistes, alors qu'ils avaient été promus et récompensés pour leur fiabilité présumée et avaient bien souvent utilisé leurs pouvoirs pour écraser leurs semblables." (P123 - L'eau de toutes parts)

Avant d'être romancier, Leonardo Padura est journaliste et c'est ce regard critique sur ce Cuba qu'il aime plus que tout qui fait de lui un grand auteur.
Alors oui, Passé parfait comporte des petites imperfections mais c'est déjà un livre important dans l'oeuvre de Leonardo Padura pour comprendre l'évolution de la Havane et de Cuba.


Passé parfait de Leonardo Padura
Traduit par Caroline Lepage
GF : Éditions Métailié
Poche : Éditions Métailié (indisponible au 18/01/2023)
Poche : Éditions Points
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Premier opus de la Suite hispano-américaine, Passé Parfait met en scène le flic récurrent qui mènera les enquêtes imaginées par Leonardo Padura.

L'ambiance cubaine es au rendez-vous à travers les allusions répétées, mais discrètes aux difficultés d'approvisionnement, les « camarades » qui ponctuent les dialogues lorsque les échanges sont un tant soit peu formels, les cigares que fume le chef. On se promène une fois sur le Malecon et l'on retrouve ces noms de rue réduits à une simple lettre. Elle l'est moins par la musique, car les protagonistes de l'histoire sont plus attirés par les Mamas and Papas ou Credence clearwater revival que par Buena vista social club.

Quant à notre flic censé nous accrocher, nous lecteur, pour faire de nous des aficionados de ses déboires, il est comme il se doit attiré par l'alcool (le début donne le ton : Mario Conde se réveille le lendemain d'une colossale cuite au rhum, le crâne comme une pastèque trop mure, et l'on se dit que , dans une telle ambiance, ça va être chaud de trouver les coupables), sa vie sentimentale est un vaisseau fantôme qui fait escale sur des îles aux sirènes callipyges. Et il a un truc, une faculté de repérer le détail qui tue, la fausse-note dans le témoignage, bref, le super flic dont on tolère les frasques parce qu'il n' a pas son pareil pour vous démêler un sac de noeud et faire le clair là où la plupart nagent dans le brouillard.

Quand on est familier des polars contemporains, tout cela est peu original. Il faudrait alors que l'intrigue qui constitue la trame du roman tienne la route.

Ici, Mario a connu le disparu qui fait l'objet de l'enquête, puisque cet enfoiré lui a même piqué la femme de ses rêves pour l'épouser. C'est donc l'occasion de retrouver la jeune femme, que les années n'ont pas rendue moins désirable.

Si le polar est un prétexte pour lever le voile à travers de discrètes allusions aux difficultés de la vie quotidienne dans un pays sous embargo (nous sommes en 1989), c'est plutôt réussi et c'est adroit.

Par contre, il y a tant de Wallander, de Harry, Cole ou Bosch, et de Fin McLeod, qu'ajouter un héros cassé de plus à la collection n'est pas indispensable, mais ce n'est pas rédhibitoire non plus.


Une alternative politiquement plus incorrecte au polar nordique. A suivre?….
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Passé parfait est la première partie d'une tétralogie qui a contribué à la notoriété internationale de Léonardo Padura et de Mario Conde, le héros appelé à devenir récurrent.

Il s'agit ici d'un roman policier qui jouit d'une bonne réputation et qui pourtant déçoit. L'intrigue est classique, n'innovant pas d'un iota. L'énigme à résoudre (la disparition d'un personnage influent et apprécié) suit un chemin linéaire prévisible. Les évolutions peuvent aisément être anticipées, tout comme les fausses pistes ou les faux témoignages. Hélas, le dénouement ne fera que confirmer ce sentiment. La déception est donc au rendez-vous et l'on aurait pu attendre davantage pour un roman qui n'est ni court ni long.

Mario Conde est un flic qui a dépassé la trentaine et qui se retrouve confronté avec ses démons intérieurs tout en devant faire face à son propre passé. de ce côté, il n'y a rien de véritablement bouleversant non plus. Très honnêtement, le protagoniste est proche du cliché à quelques variantes près. La galerie des personnages secondaires ne brille guère par son originalité non plus sinon par la présence du Flaco. Son destin est le seul qui sort véritablement du lot et offre des perspectives intéressantes. Si les personnages restent assez nombreux, la grande majorité des pistes laissées en suspens n'appelle pas vraiment de commentaires. Tout cela est convenu au possible.

Le style de Padura reste agréable, d'autant qu'il a la bonne idée de nous tenir en haleine en nous plongeant progressivement (et à moments choisis) dans le passé du protagoniste. le chevauchement entre la période sans illusions et celle qui en offrait davantage est paradoxal et bien pensé.

Le point fort de ce roman reste son ambiance. Bien que classique, il s'agit d'un polar qu'on lit facilement, surtout parce que l'histoire se déroule dans le Cuba de la fin des années 1980. le dépaysement est garanti, d'autant que l'auteur nous parle souvent de musique, de base-ball, de rhum, des villes et provinces, sans oublier bien sûr les habitants. Assurément tout cela est bien agencé.

Au final, malgré sa réputation, voici un roman assez plat et convenu. Il parlera sans doute davantage aux lecteurs ayant peu l'habitude des polars (ou moins difficiles). Il plaira également aux curieux désireux de saisir une petite parcelle de l'âme cubaine, ou tout simplement accompagnera ou préparera un voyage vers cette île.
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Cuba… La Havane, le paradis du cigare (les mauvaises langues diront que Bill Clinton aimait qu'on lui fume le Havane). Cuba, pays de Fidel Castro et pays sous embargo.

Découvrir les enquêtes de l'inspecteur Mario Conde faisait aussi partie de mes petits challenges personnels car j'aime varier mes plaisirs policier et voyager afin de découvrir des endroits moins connus.

La grosse question sera : est-ce que je reviendrai à La Havane ?

Pas sûr… Autant Mario Conde aime la littérature, le rhum et la bonne cuisine, tout comme moi, je ne pense pas que je referai une virée avec lui, ou alors, juste pour lui donner une seconde chance parce que mes impressions après cette lecture sont mitigées.

♫ Quatre consonnes et trois voyelles c'est le prénom de Raphaël, ♪ Je le murmure à mon oreille et chaque lettre m'émerveille, ♫

Sorry, mais lorsqu'on entend les gens parler de Rafael, on pense à la chanson de Carla Bruni tant ce type pue le premier de la classe, le mec à qui tout réussi, le mec intelligent, gentil, formidable, en tant que collègue ou mari…

Par contre, du côté de Mario Conde, il est super jaloux de lui, il l'a envié et a rêvé de lui péter sa petite gueule d'amour. On pourrait le suspecter d'être partial sur cette enquête.

Là où le bât a blessé, c'est que l'enquête sur la disparition de Rafael Morin, ancien de l'école de Conde, est assez poussive, lente, et m'a donné l'envie de sauter des pages au lieu d'aller m'accouder au bar et de m'envoyer de whisky Ballentine avec l'inspecteur atypique et Tamara, la somptueuse l'épouse du Rafael, celle pour qui Conde se branle encore le manche tout en pensant à sa poitrine et au reste.

Au départ, j'ai apprécié tous les retours en arrière dans la vie de Mario Conde, suivre ses souvenirs d'école, de sa vie d'enfant, d'ado, ses débuts dans la police, l'embargo du pays, suivre sa vie après le boulot, ses amis, la bouffe chez la maman de son meilleur ami, mais au bout d'un moment, j'ai eu l'impression que l'enquête tournait en rond et que ça n'avançait pas, et donc, j'ai un peu perdu le fil et sauté des pages.

Une enquête, qui, dans son final, sera fort classique, si pas banale, tant ce problème là est vieux comme le monde.

Alors, je ne sais pas si je reviendrai à La Havane (♫ Dans un grand Boeing bleu de mer ♫) pour boire un verre de rhum avec Mario Conde, l'inspecteur un peu fracassé, car des policier cassé, la littérature en regorge et ma PAL aussi.

Peut-être lui laisserai-je une seconde chance, juste pour voir La Havane au printemps après l'avoir découverte en hiver.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Vivant tout comme son double de papier dans le quartier de Mantilla à La Havane, Leonardo Padura partage de nombreuses similitudes avec le lieutenant Mario Conde, personnage emblématique de la littérature noire hispanique qu'il a créé pour dépeindre le paysage social de l'île de Cuba à une période qui coïncide avec l'éclatement du bloc soviétique et de l'effondrement économique qui s'ensuivit entraînant ainsi le peuple cubain dans les affres d'une misère matérielle bien évidemment, mais également d'une misère morale marquant la fin d'une illusion révolutionnaire. Cette désillusion, ce désenchantement on le ressent tout au long des neufs volumes qui composent la série des enquêtes de Mario Conde dont les quatre premiers ouvrages font référence au cycle des saisons débutant avec l'hiver. Passé Parfait nous permet donc de faire la connaissance avec cet enquêteur qui doit élucider une affaire de disparition d'un gros ponte de l'industrie, ancien camarade de classe tout comme sa somptueuse épouse dont le Conde est toujours amoureux.


Hiver 1989 à La Havane. le lieutenant Mario Conde pense avoir tout le week-end pour se remettre d'une cuite carabinée qu'il a prise avec Carlos dit le Flaco, son ami d'enfance. Mais c'est sans compter l'opiniâtreté de son supérieur hiérarchique le major Rangel, surnommé le Vieux, qui annule son congé afin de lui confier une enquête portant sur la disparition de Rafael Morin Rodriguez, directeur d'une importante société d'import-export. Mais pour le Conde, Rafael n'est pas un simple directeur. Il s'agit d'un ancien camarade de classe que tout opposait et qui avait réussi à séduire la belle Tamara dont il était également amoureux. Des investigations qui le conduisent donc à se replonger dans son passé afin de retrouver le disparu qui ne donne plus aucun signe de vie. Une occasion de revoir la toujours très séduisante Tamara tout en se demandant si elle n'a pas un lien avec la disparition de son mari.


Bien qu'étant policier au sein de la police de la Havane, Mario Conde travaille toujours en civil. Ce n'est d'ailleurs pas la seule particularité de cet enquêteur cubain empruntant davantage le profil du détective privé désabusé à la Sam Spade ou Phillip Marlow qui ont très certainement influencé l'oeuvre de Leonardo Padura afin qu'il puisse intégrer subtilement cette critique social du pays émanant des thèmes qu'il porte au gré de ses récits. Avec Passé Parfait c'est donc l'occasion de fustiger les édiles de l'industrie qui frayent désormais avec «l'adversaire capitaliste» et qui ne manquent pas de succomber aux tentations à l'instar de Rafael Morin Rodriguez, ancien camarade de lycée de Mario Conde. En enquêtant ainsi sur la disparition de ce camarade, Mario Conde replonge dans les souvenirs de sa jeunesse nous donnant l'occasion de visualiser l'adhésion d'une génération qui se construit autour d'un système social déjà vacillant dont la perspective se heurte à la misère du présent. On observe ainsi, au gré des analepses, la trajectoire du jeune Rafael, figure emblématique du modèle socialiste, devenant l'une des figures idéales de l'entreprise qu'il dirige et derrière laquelle se cache quelques éléments troubles que Mario Conde va mettre à jour au fil de ses investigations. Mais ce retour aux sources de son passé d'étudiant, nous donne également l'occasion de saisir les contours de la personnalité de Mario Conde en comprenant qu'il n'avait pas pour vocation d'intégrer les forces de police, lui qui se destinait pour tout ce qui a trait à la littérature avec cette scène émouvante où il se remémore la rédaction d'une nouvelle à l'intention du journal du lycée et dont l'ensemble du contenu va se retrouver censuré par les édiles de l'établissement scolaire, ce qui nous donne tout de même un aperçu du système de pensée unique qui prévaut sur l'île de Cuba tout entièrement tournée vers la réussite du système communiste qui serait relayé par une jeunesse qui ne partage plus l'enthousiasme de la génération précédente. C'est ainsi que l'on comprend la démarche des enquêtes de Mario Conde qui exhument les failles d'un système corrompu que le policier ne se prive pas de mettre en exergue.


Mais loin d'être un pamphlet moralisateur ou un récit imprégné d'une nostalgie désenchantée, Leonardo Padura met en perspective le quotidien de ses personnages avec un verve enthousiaste qui caractérise l'ensemble de l'oeuvre à l'exemple du Vieux qui dépeint les instants de plénitude qu'il ressent en fumant ses cigares ou de Mario Conde se réjouissant de partager les succulents repas préparés par Josefina qu'il partage avec son fils, le Flaco Carlos ami et confident de toujours. On appréciera d'ailleurs le côté truculent des échanges entre ses deux compères qui n'apprécient rien d'autre, après un bon repas, que de savourer quelques verres de rhum qu'ils dégustent au gré de leurs considérations, notamment en ce qui concerne les femmes qu'ils croisent sur leur chemin, sujet éminemment sensible pour Mario Conde qui succombe assez aisément à leur charme.


Passé Parfait, premier roman mettant en scène le lieutenant Mario Conde, illustre donc l'ensemble de l'oeuvre de Leonardo Padura où l'on partage instants d'une nostalgie d'un passé dissolu et truculence joyeuse d'un présent ancré dans une certaine misère du quotidien que l'on surmonte avec le plaisirs simples de la vie tout en intégrant les vicissitudes d'un système social qui se désagrège et dont les enquêtes du policer tendent à mettre à jour les failles d'un modèle idéalisé.


Leonardo Padura : Passé Parfait (Pasado Perfecto). Editions Métailié 2016. Traduit de l'espagnol (Cuba) par Caroline Lepage.


A lire en écoutant : Chan Chan du Buena Vista Social Club. Album : Buena Vista Social Club. 1997 World Circuit Limited.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
― Écoute bien ça, fit-il à Manolo en souriant. Après deux verres, on a envie d'entendre quelque chose dans ce genre : "je prendrai le chemin du pont/ pour aller jeter ton amour dans le fleuve/ regarder comme il tombe dans le vide/ et le courant l'emporter...". C'est presque beau, hein ?
― Si tu le dis, concéda le sergent en contemplant de nouveau son verre.
― Manolo, est-ce que tu louches ou pas, à la fin ?
Manolo sourit sans détourner le regard de son verre, l'œil gauche flottant à la dérive.
― Des fois oui, des fois non, répondit le sergent en finissant son rhum. Il regarda son compagnon et lui montra le petit pot de compote vide. Et toi, qu'est-ce que tu aimerais faire, là, tout de suite ?
Le Condé termina lui aussi son verre et réfléchit un moment avant de répondre :
― Te demander de me prêter ta super stéréo, me vautrer par terre moi aussi, et écouter dis fois de suite Strawberry Fields : For Ever. (p.125).
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- Flaco, est-ce que tu t'es déjà demandé pourquoi on est potes toi et moi... ?
- Parce qu'un jour au lycée je t'ai prêté un couteau. Allez, arrête de te poser des questions à la con sur la vie, c'est comme ça, et merde !
- Mais ça aurait pu être différent.
- Mensonge, sauvage, mensonge. Tout çà c'est du baratin. Arrête de me faire parler, putain... Mais bon, allez, je vais quand même te dire une bonne chose : celui qui est né sous une mauvaise étoile se prend tout sur la gueule, et s'il y a une balle perdue, elle est pour lui. Va pas te mettre dans la tête de changer ce qu'on peut pas changer. Arrête de faire chier ! Donne-moi un peu de rhum, allez.
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Quand on est comme ça, tendu, et qu'on sent qu'on n'arrive pas bien à réfléchir, le mieux c'est d'allumer un havane, mais pas l'allumer pour l'allumer et avaler la fumée... Non l'allumer pour le fumer pour de vrai, car il n'y a que de cette façon que le cigare te livre toutes ses bontés. En fumant comme ça, en faisant autre chose, je gâche ces Davidoff 5000 Gran Corona de 14.2 centimètres, qui méritent pourtant d'être fumés de façon réfléchie, ou simplement qu'on prenne la peine de s'asseoir pour fumer et discuter une heure, le temps que doit durer un cigare.
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Il aurait bien aimé que les femmes de sa vie passent aussi légèrement que ces poissons sans histoires. Mais les femmes et les chiens étaient terriblement différents des poissons, même des poissons combattants. Pire encore : avec les femmes il ne pouvait pas faire les promesses abstentionnistes qu'il faisait aux chiens. Il pressentait qu'au bout du compte, il finirait par militer dans une société protectrice des animaux errants et des hommes lamentables avec les femmes.
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Le Conde eut la nostalgie du soleil puissant qui avait accompagné son réveil, le matin même. Avec la pluie, les rues avaient été désertées. Une apathie grise dominait une ville qui vivait dans la chaleur et se recroquevillait sous cette timide froideur et un peu d'eau. Sur une seule journée, le languissant hiver tropical allait et venait, et il était difficile de savoir en quelle saison on se trouvait : un hiver de merde, se dit-il en observant toute la calle Paseo, assombrie par ses rangées d'arbres, balayée par un vent marin qui emportait papiers et feuilles mortes. Personne n'osait occuper les bancs de l'allée centrale de l'avenue que le Conde considérait comme la pluie belle de La Havane, et qui présentement était la propriété exclusive d'un acharné qui faisait son footing du soir, engoncé dans un ciré. Quelle volonté ! Une soirée comme celle-là, lui, se serait fourré au lit, un livre entre les mains et le sommeil serait venu dès la troisième page. Une soirée comme celle-là, il le savait aussi, le froid et la pluie énervaient les gens condamnés à l'enfermement.
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