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Critique de dannso


Poussière dans le vent fait pour moi partie de ces livres, dont j'ai ralenti la lecture des derniers chapitres, pour prolonger le plaisir. Et, là cette dernière page refermée, je me sens orpheline. Orpheline de ces hommes et de ces femmes qui m'ont accompagnée pendant quelques jours, des émotions incroyables ressenties à leurs côtés, de cette île au destin tragique, de ces cubains qui ont du mal à vivre bien, que ce soit sur leur ile ou dans leur exil.
Alchimie parfaite entre destins individuels et L Histoire avec un grand H, ce livre nous raconte la vie d'un groupe d'amis, le Clan. Ils se sont connus pendant leur enfance, ou un peu plus tard. Leurs vies vont prendre des directions très différentes, certains vont quitter l'ile vers l'Amérique ou l'Europe, d'autres vont y rester, essayant de survivre tant bien que mal, aidés par les subsides que leur envoient ceux qui sont partis.
2014 : le roman débute par la rencontre de Marcos et d'Adela. Marcos est un des nombreux cubains ayant choisi l'exil, c'est le fils de deux membres du Clan. Adela est américaine, fille d'un réfugié argentin et d'une exilée cubaine. Sa mère a complètement coupé les ponts avec son ile de naissance et Adela (par réaction ?) en a fait le sujet des ses études. Quelle n'est pas sa surprise de reconnaitre sa mère sur une photo de groupe, publiée par la mère de Marcos. Mais cette femme s'appelle Élisa, et non Loreta comme sa mère. Adela va vouloir comprendre.
L'auteur reprend ensuite à partir de l'époque de la photo (1990) l'histoire des membres du Clan. En 1990, peu après la prise de la photo, deux évènements vont secouer le groupe. L'un se suicide, une autre cette Élisa disparait. Et ces deux épisodes vont influencer directement sur la destinée de chacun d'entre eux. Les parties successives du roman vont s'attacher plus particulièrement à l'un d'entre eux et à son histoire, mais aussi à l'histoire d'Adela dont l'origine est brutalement remise en cause.
C'est un roman riche, foisonnant, qui à travers les destins de quelques personnes nous montre les conditions de vie à Cuba au cours des dernières décennies, comment le déclin des état communistes en Europe a fait de cette ile un pays perdu, où trouver à manger était un problème, où les magasins étaient souvent vides, où les communications étaient restreintes, un pays qui restait communiste envers et contre tous, un pays qu'on pouvait difficilement quitter, et dans lequel une fois parti il était compliqué de revenir, un pays où l'état et la police créait un climat de peur, où tout un chacun pouvait se croire espionné.
Le thème de l'exil est abordé à de nombreuses reprises par l'auteur, expliquant la difficulté de l'exilé à reconstruire une vie, pas tant sur le plan matériel, que sur le problème de l'appartenance. Comme le dit l'un de ces exilés « nous ne sommes dans la mémoire de personne et personne n'est dans notre mémoire à nous ». Même ceux qui ont le mieux réussi dans l'exil, ne se remettront jamais complètement de leur départ « cette chaleur n'était pas sa chaleur, ses nouveaux amis étaient seulement cela, des nouveaux amis, et non ses amis, ce qu'il avait perdu était irrécupérable ».
J'ai appris beaucoup de choses pendant cette lecture. J'ai surtout aimé ces hommes et ces femmes, j'ai ressenti leurs émotions, la force de l'amitié qui les lie malgré les aléas de la vie et la distance géographique imposée par l'exil. Je les quitte à regret.
« Pour Clara, bordel de merde ! parvint à crier Bernardo.
- Pour Clara ! lui répondirent les autres, qui furent encore capables de sourire et de boire, avant que certains d'entre eux, Irving en tête, ne se mettent à pleurer quand Ramsés, comme vingt-cinq ans plus tôt, mit la chanson de Kansas qu'aimait tant Bernardo et qui leur rappelait ce qu'ils étaient tous, ce qu'était toute la vie : Dust in the wind. »

Merci infiniment aux éditions Metailié pour ce partage #Poussièredanslevent #NetGalleyFrance
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