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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quand je referme Poussière dans le vent, impressionnant roman de Leonardo Padura, je le fais avec regret même si la lecture en a été un peu longue.
Je termine ainsi de belles pages d'une aventure collant au plus près à la vie des Cubains, de Cuba et d'ailleurs. Sur les pas de Clara, Darío, Horacio, Bernardo, Irving, Walter, Joel qui formaient ce fameux Clan, l'auteur de L'Homme qui aimait les chiens, un précédent roman que j'avais adoré, retrace amour, amitié, haine, jalousie, drames, mais aussi vie sociale, misère, émigration, histoire d'un pays où une dictature a été renversée pour instaurer une révolution se voulant égalitaire sans pouvoir éviter la domination d'une caste privilégiés et les trafics en tous genres.
Il faut dire que la rupture avec le géant voisin tout puissant, dès 1960, n'a rien arrangé, Cuba se liant avec le monde soviétique, jusqu'à la chute du Mur de Berlin, en 1989.
Au travers des problèmes rencontrés par Clara et ses amis, Leonardo Padura m'a fait prendre conscience des souffrances endurées, de la misère, de la faim, alors qu'en même temps, la jeunesse poursuivait de brillantes études comme Ramsés et Marcos, les enfants de Clara et Darío le prouvent.
S'il découpe son récit en dix grandes parties, l'auteur alterne les époques, revient en arrière, explique, ménage le suspense jusqu'au bout. Ainsi, il permet de comprendre pourquoi de nombreux Cubains ont tenté de fuir leur île à laquelle ils sont profondément attachés. Où qu'ils aboutissent, cet amour-haine persiste toujours, même lorsque Barack Obama rétablit le contact entre les deux pays, embellie que son successeur s'empressera de gâcher, hélas.
L'essentiel du problème qui hante le livre de la première à la dernière ligne est concentré chez une certaine Loreta Fitzberg, mère d'Adela. Cette Loreta est une vétérinaire passionnée par les Cleveland Bay, une race chevaline unique, et elle est responsable d'un ranch, bien loin de Cuba, The Sea Breeze Farm, près de Tacoma (USA). Ringo, son cheval favori, âgé de 26 ans, est sur le point de mourir quand elle apprend que sa fille de 17 ans est amoureuse du jeune Marcos, un fan de base-ball, qui a réussi à fuir Cuba et vit en Floride, à Hialeah où la majorité des exilés cubains vivent comme à Cuba mais avec des supermarchés pleins !
Pourquoi Loreta est furieuse d'apprendre que sa fille fait l'amour avec un Cubain ? Il faut que Clara ouvre un compte Facebook, demande son fils, Marcos, comme ami, puis Darío, son père, Ramsés, son frère, et que Clara poste une photo de groupe prise à la maison familiale de Fontanar, à La Havane, pour que se déclenche une avalanche de révélations.
En effet, au premier plan, sur cette photo, une certaine Elisa, mariée à Bernardo qui vit maintenant avec Clara, est enceinte mais a disparu après cette fameuse photo prise en 1990.
À partir de là, Leonardo Padura dont j'avais aussi beaucoup aimé La transparence du temps et Retour à Ithaque, m'a fait vivre quantité d'aventures, de rebondissements, de tensions, de scènes d'amour torrides qu'elles soient hétéro, lesbiennes ou homo. Il m'a surtout plongé au coeur de la misère, des privations, des souffrances endurées par tout un peuple obligé de se débrouiller, d'espérer recevoir de l'argent des émigrés ayant réussi à gagner les États-Unis, le Mexique ou l'Espagne.
En même temps, une surveillance policière permanente basée sur le mouchardage, le système des indics, crée une atmosphère pesante dans les familles ou les groupes d'amis comme dans ce Clan formé autour de Clara.
Ainsi va la vie de ces personnages auxquels je m'attache de plus en plus, comme de la poussière dans le vent, Dust in the wind, fameuse chanson de Kansas, interprétée par Steve Walsh.
Avec les États-Unis, l'auteur m'emmène en Espagne, à Madrid, à Barcelone mais aussi en Italie, à Toulouse, s'appuyant toujours sur une documentation précise, jamais lassante, toujours très instructive.
Leonardo Padura m'a ramené à Cuba où il vit, une île où, hélas, je n'ai pas pu rester assez longtemps à cause du covid, un pays que je commençais à vraiment apprécier. Hélas, les confinements successifs dus à la pandémie dont nous ne sommes toujours pas débarrassés ont donné un coup terrible au tourisme qui permettait à beaucoup de Cubains de vivre et j'ai appris qu'ensuite, la faim, l'absence de nourriture en quantité suffisante causait à nouveau de gros problèmes.
Cela n'a pas empêché Cuba d'envoyer de nombreux médecins dans certains pays qui en manquaient grâce à l'excellence de la formation donnée sur l'île, formation que Leonardo Padura ne manque pas de souligner.
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Poussière dans le vent est un roman choral d'une grande intensité, très rythmé, qui m'a enthousiasmé comme tous ceux que j'ai pu lire de cet auteur, à savoir, L'homme qui aimait les chiens, La transparence du temps et Retour à Ithaque.
Adela et Marcos ont vingt ans. Elle arrive de NewYork, est tombée amoureuse d'un balsero, un réfugié cubain. Elle s'est installée avec lui à Hialeah, ville située à côté de l'aéroport de Miami, où vivent beaucoup de cubains qui se sont exilés et qui essaient de retrouver leur identité et de se reconstruire en ayant vivantes les traditions de leur île, un inepte caprice de jeunesse, pour sa mère.
Un jour, Marcos reçoit de sa mère, Clara, une photo de groupe prise en 1990 dans le jardin de leur maison. C'était le 21 janvier, jour anniversaire des trente ans de sa mère. Lui, n'avait que six ans. Marcos et Adela l'étudient pour tenter d'identifier les différents personnages. Adela est aussitôt intriguée et très troublée par cette photo et va chercher à en savoir davantage.
Trois jours après cette fête, un orage avait de façon étrange et définitive altéré le cours de l'existence de chacun des membres de ce groupe d'amis, baptisé le Clan, car le lendemain même de la fête, l'ami des parents de Marcos, Walter qui prenait la photo est mort. Il s'est suicidé … (ou pas). D'autre part, l'amie de la mère de Marcos, Elisa, enceinte on ne sait pas vraiment de qui, a disparu après cette photo.
Si ce n'est pas à proprement parler un roman policier, Poussière dans le vent est un roman qui comporte beaucoup de mystère, un suicide mystérieux et une paternité mystérieuse et l'on va s'interroger tout au long du roman pour tenter de résoudre ces deux énigmes.
C'est donc en 1990 que débute le roman, un an après la chute du mur de Berlin puis la quasi fin du socialisme en Europe de l'Est. Cette période est spéciale pour la société cubaine, Cuba se retrouve complètement isolée, sans aucune ressource économique, sans aucun allié commercial, sans aucun appui politique et sans ressource économique. Il y a donc une rupture dans la société cubaine et de nombreux jeunes gens, fatigués, obligés de se démener pour faire face aux innombrables pénuries matérielles et alimentaires, désenchantés et voyant tous leurs espoirs anéantis prennent le chemin de l'exil, poussés par un besoin vital de liberté. Ce sera le cas de huit de ces amis soudés depuis la fin du lycée et confrontés aux transformations du monde et à leurs conséquences sur la vie à Cuba. Deux resteront sur l'île, Clara et Bernardo, car sans doute pour Clara, il lui était plus facile de résister que de se reconstruire.
En suivant ces huit membres du Clan, Leonardo Padura nous entraîne et nous fait vivre au plus près de cette diaspora cubaine.
Il est à noter cette ambivalence chez ces exilés cubains qui consiste à renier sans cesse leur île sans pouvoir ou vouloir s'en défaire.
Remarquable roman sur l'exil, très pertinent sur le fond, Poussière dans le vent est en plus et peut-être encore davantage un roman sur l'amitié, la fidélité et sur l'amour, amitié et confiance entre eux, véritable refuge qui leur permet de surmonter les difficultés, de dépasser les faits et de faire face aux situations souvent très difficiles. C'est un roman, néanmoins traversé par la peur qui est quasiment omniprésente, le soupçon et la peur que l'autre ne vous dénonce, d'où nécessité de s'adapter.
Leonardo Padura réussit d'ailleurs à toucher le lecteur, par ses personnages bien sûr, mais surtout par les valeurs universelles qui les habitent, à savoir la peur, l'amitié, l'amour.
Un très grand roman sur une petite île, comme aime à définir Cuba, Leonardo Padura lui-même, Poussière dans le vent, « Dust in the wind », en plus d'être une fine et talentueuse peinture de l'âme de la société cubaine permet de suivre L Histoire mondiale.
Pour terminer, je ne résiste pas à vous offrir le refrain de cette belle chanson du groupe Kansas auquel il est fait référence à plusieurs reprises dans le livre :
Dust in the wind de la poussière dans le vent
All we are is dust in the wind Nous ne sommes que de la poussière dans le vent
Dust in the wind de la poussière dans le vent
Everything is dust in the wind Chaque chose n'est que de la poussière dans le vent
The wind… le vent...

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Elle s'appelle Adela Fitzberg. Elle est américaine, de New York, enfin pas vraiment , « Adela, cette fille qui n'était ni cubaine, ni argentine, ni de Miami, et parfois même pas de New York… ».
Il s'appelle Marcos Martinez Chaple. Il est cubain, “cette tête brûlée de Marquitos le Lynx – ou Mandrake le Magicien –“, exilé depuis deux mois aux États Unis.
Ils se rencontrent dans une discothèque de Miami.
C'est le coup de foudre.

Adela fille d'un psychanalyste juif argentin qui hait tout ce qui a rapport à son pays d'origine, et d'une vétérinaire cubaine qui s'éloignera de ses origines de manière radicale est élevée comme une plante sans racines. Pourtant elle affiche une cubanophilie exaspérante qui va croître dans le temps , la preuve....
Marcos a fuit son pays , pour “une maison, une voiture “, mais le revers de la médaille est tout autre .....
Ces deux-là à part l'amour, ont autre chose en commun, est c'est le pitch de l'histoire.....Retour à Cuba et au passé !

Dans cette première incursion dans l'univers de Padura, le coeur du sujet qu'il aborde est universel et toujours d'actualité, la quête d'identité dans tout les sens du mot. Réinventer nos vies à la lueur de ces nouvelles identités qui se forment, dont les frontières entre le pays d'origine et celui d'adoption sont brouillés. Ces identités qui ne peuvent pourtant pas survivre sans l'attache viscérale à leurs racines,
“il aurait beau courir sans regarder en arrière, ses origines étaient aussi indélébiles que la maudite coquille d'escargot dont sa mère parlait souvent “.


Padura avec ce retour à Cuba et au passé, dénonce la grande supercherie que fut le communisme et ses conséquences économiques et sociales terrible pour le pays, dû à l'abandon du grand frère soviétique suite à sa propre chute début 90, et qui signera la fin du rêve socialiste. La fin du rêve de toute une génération , ici représentée par “ le Clan “ qui finira comme « poussière dans le vent »....avec ses rides et ses cicatrices. Un rêve auquel ont cru leurs parents et grands-parents sans questionnement à tel point que l'un des huit membres du « Clan » se posera la question de s'il aurait mieux valu « croire sans douter ou douter pour ensuite perdre la foi ». Une génération qui apprendra “dés l'enfance quoi dire et où , même s'ils ne pouvaient jamais être sûrs d'avec qui ils le faisaient “ , et qui finira en exil, toutefois sans perdre de son aplomb , d'un orgueil et d'une arrogance, qui fera jaser le monde « ..ces Cubains, qui même à demi morts de faim se comportaient comme des êtres supérieurs ».

A travers le chassé croisé de l'Histoire, la Politique et l'Exil, l'auteur nous déploie un récit romanesque riche en intrigues où l'amour,l'amitié et la trahison dotés d'une énergie à haute tension en sont les principaux ingrédients,
Un roman choral dense aux nombreux personnages bien esquissés et psychologiquement fouillés,
L'autopsie d'un pays et d'une société extrêmement dénudés pour ne pas dire pauvre, auquel même « Dieu n'y comprend rien, et même Dieu ne pourrait pas l'arranger »,
Bien que la littérature cubaine soit la seule de celles d'Amérique latine n'ayant pas un grand attrait pour moi, cette première rencontre avec Padura, malgré quelques petites longueurs a été une lecture très enthousiaste.

“ce qu'ils étaient tous, ce qu'était toute la vie,
Dust in the wind,
All we are is dust in the wind
Dust in the wind
Everything is dust in the wind
The wind…”

Un grand merci aux Éditions Métailié et NetGalleyFrance pour l'envoie du livre.
#Poussièredanslevent #NetGalleyFrance
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Qu'il est bon de se plonger dans l'écriture d'un grand romancier qui sait mêler romance et historique d'un pays ! Un gros travail qui ne peut que forcer le respect du lecteur. Il nous fait entrer dans chacun des personnages, nous donnant la sensation de les connaître réellement. Idem avec des animaux comme le chien et surtout cette scène magnifique avec un cheval. C'est Cuba qui domine tout. L'énorme crise économique des années 1990 fait fuir des milliers de cubains en radeaux. Parmi eux des membres du Clan comme se sont appelés ce groupe d'amis dont les destins seront bien différents aux quatre coins du monde, tel des poussières, après cet exil forcé. C'est le jeune couple qui se forme et une photo qui va faire ressurgir les mystères du passé, en autre le suicide de Walter et la disparition brusque de Loreta alias Elisa, enceinte mais de qui, puisque son mari est stérile ?
Je remercie Masse Critique et Bookycooky. le hasard a fait qu'elle était en cours de lecture de celui-ci et que je lui ai demandé son avis pour postuler.
Le titre aurait pu être : « - Mais qu'est-ce qui nous est arrivé ? »
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Poussière dans le vent fait pour moi partie de ces livres, dont j'ai ralenti la lecture des derniers chapitres, pour prolonger le plaisir. Et, là cette dernière page refermée, je me sens orpheline. Orpheline de ces hommes et de ces femmes qui m'ont accompagnée pendant quelques jours, des émotions incroyables ressenties à leurs côtés, de cette île au destin tragique, de ces cubains qui ont du mal à vivre bien, que ce soit sur leur ile ou dans leur exil.
Alchimie parfaite entre destins individuels et L Histoire avec un grand H, ce livre nous raconte la vie d'un groupe d'amis, le Clan. Ils se sont connus pendant leur enfance, ou un peu plus tard. Leurs vies vont prendre des directions très différentes, certains vont quitter l'ile vers l'Amérique ou l'Europe, d'autres vont y rester, essayant de survivre tant bien que mal, aidés par les subsides que leur envoient ceux qui sont partis.
2014 : le roman débute par la rencontre de Marcos et d'Adela. Marcos est un des nombreux cubains ayant choisi l'exil, c'est le fils de deux membres du Clan. Adela est américaine, fille d'un réfugié argentin et d'une exilée cubaine. Sa mère a complètement coupé les ponts avec son ile de naissance et Adela (par réaction ?) en a fait le sujet des ses études. Quelle n'est pas sa surprise de reconnaitre sa mère sur une photo de groupe, publiée par la mère de Marcos. Mais cette femme s'appelle Élisa, et non Loreta comme sa mère. Adela va vouloir comprendre.
L'auteur reprend ensuite à partir de l'époque de la photo (1990) l'histoire des membres du Clan. En 1990, peu après la prise de la photo, deux évènements vont secouer le groupe. L'un se suicide, une autre cette Élisa disparait. Et ces deux épisodes vont influencer directement sur la destinée de chacun d'entre eux. Les parties successives du roman vont s'attacher plus particulièrement à l'un d'entre eux et à son histoire, mais aussi à l'histoire d'Adela dont l'origine est brutalement remise en cause.
C'est un roman riche, foisonnant, qui à travers les destins de quelques personnes nous montre les conditions de vie à Cuba au cours des dernières décennies, comment le déclin des état communistes en Europe a fait de cette ile un pays perdu, où trouver à manger était un problème, où les magasins étaient souvent vides, où les communications étaient restreintes, un pays qui restait communiste envers et contre tous, un pays qu'on pouvait difficilement quitter, et dans lequel une fois parti il était compliqué de revenir, un pays où l'état et la police créait un climat de peur, où tout un chacun pouvait se croire espionné.
Le thème de l'exil est abordé à de nombreuses reprises par l'auteur, expliquant la difficulté de l'exilé à reconstruire une vie, pas tant sur le plan matériel, que sur le problème de l'appartenance. Comme le dit l'un de ces exilés « nous ne sommes dans la mémoire de personne et personne n'est dans notre mémoire à nous ». Même ceux qui ont le mieux réussi dans l'exil, ne se remettront jamais complètement de leur départ « cette chaleur n'était pas sa chaleur, ses nouveaux amis étaient seulement cela, des nouveaux amis, et non ses amis, ce qu'il avait perdu était irrécupérable ».
J'ai appris beaucoup de choses pendant cette lecture. J'ai surtout aimé ces hommes et ces femmes, j'ai ressenti leurs émotions, la force de l'amitié qui les lie malgré les aléas de la vie et la distance géographique imposée par l'exil. Je les quitte à regret.
« Pour Clara, bordel de merde ! parvint à crier Bernardo.
- Pour Clara ! lui répondirent les autres, qui furent encore capables de sourire et de boire, avant que certains d'entre eux, Irving en tête, ne se mettent à pleurer quand Ramsés, comme vingt-cinq ans plus tôt, mit la chanson de Kansas qu'aimait tant Bernardo et qui leur rappelait ce qu'ils étaient tous, ce qu'était toute la vie : Dust in the wind. »

Merci infiniment aux éditions Metailié pour ce partage #Poussièredanslevent #NetGalleyFrance
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Ce que j'ai ressenti:

« Combien de temps dure un instant? Que contient un instant? »

J'imagine que si j'ouvrais un instant, et que je te montrais ce qu'il contient, tu y verrais de la tendresse, un reste d'amour et d'amitié, une coquille remplie de souvenirs…L'instant pourrait être aussi minuscule qu'un grain de sable chauffé de soleil cubain, qu'un temps aussi long et éclaté, d'une moitié de siècle…Il y aurait le manque, la privation, l'exil mais tout cela ne serait pas grand chose, face à la victoire finale…J'imagine que si j'ouvrais un instant aussi intense de lecture comme l'a été Poussière dans le vent, la vie me paraîtrait presque belle, mais que la nostalgie de quitter ces personnages va me faire mal…Parce qu'on ne se remet jamais tout à fait, de cette attirance pour ceux qui nous ont émus. On les garde toujours dans un coin de nos coeurs, comme de toutes petites étincelles, ils brillent…Et l'absence fera son oeuvre…

« Et le bonheur: combien dure le bonheur? »

J'imagine que si je méditais un instant, sur la vérité, la souffrance, l'anxiété, j'aurai un coeur ouvert, saignant de toute part, pour le Clan. Comment la politique peut éclater autant de vies? Comment le chaos et le désir rentrent dans une histoire d'amitié? Ou s'en vont les espérances et les élans de joies, une fois, qu'elles se vident de leurs essences? C'était la jeunesse incarnée, joyeuse et prometteuse, ce Clan, c'était…Et puis, les drames et les secrets sont venus exploser leurs liens fraternels, vidant peu à peu la villa Fontanar…Mais que restera-t-il vraiment de ces trop-pleins formidables d'émotions pures? J'imagine que ma réponse après cela, ce serait un inoubliable état satisfaisant de bonheur. Plus de 600 pages de bonheur. Puisque, inévitablement, All we are is dust in the wind, les fragments d'amours, de mystères, de peines et de joies dispersés qu'ils auront laissé sur ces pages, je les mets dans ma coquille pour essayer de vous les transmettre dans ce ressenti de lecture, mais je vais en garder aussi pour les moments où le manque sera trop grand de les retrouver…

« Mais qu'est-ce qui nous est arrivé? »

Ce qu'il risque de vous arriver, si vous plongez dans ce livre, c'est tout simplement un moment fort et bouleversant partagé avec Leonardo Padura. Un moment de grâce. Parce qu'il nous raconte l'amour, la peur, l'évasion, le miracle avec une grande sensibilité, et quelque chose qui rend le tout intemporel, puisque la vie sera toujours la vie, avec cette énergie étourdissante qui la caractérise… Mais aussi, il fait grossir le temps, pour nous raconter un bout d'Histoire douloureux et les chemins sinueux de Cuba, en pleine « Période spéciale ». Parce que Clara, Irving, Horacio, Bernardo, Elisa, et les autres, sont aujourd'hui des amis, avec lesquels je partage un petit bout d'histoire passionnée, après un chassé-croisé de leurs sentiments et des miens. Parce que j'ai mélangé des larmes et des sourires avec eux, je me sens chanceuse de les avoir rencontré ces personnages de papiers…Et avant que quelqu'un vienne tout foutre en l'air, j'aimerai juste vous dire que ce livre est un coup de coeur que je préfère disperser en Poussière dans le vent, pour qu'elles volent jusqu'à La Havane…


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«  Qu'est ce qu'il nous est arrivé ? » ou encore : «  La prison , un voyage en enfer pour Irving » , le plus fidèle membre du clan , ou encore «  La chaleur pâteuse de la Havane , «  Elisa Correa, clé de voûte du CLAN femme sans peurs et sans faiblesses » … » , : «  Cuba , le Pays des longues queues ».

Je pourrais citer nombre de petites phrases chocs au coeur de cette saga formidable , l'histoire fascinante d'une famille sur trois générations, avec et surtout en filigrane le drame de l'exil , de la perte , du désespoir et du désenchantement ,l'angoisse et l'anxiété….

Un roman historique , où à travers travers le chassé - croisé de l'HISTOIRE de la politique, de l'exil , de la condition d'exilé, d'émigré ou d'expatrié un groupe d'amis , une famille qui s'aime et se déchire sur une île brûlante dont les habitants souffrent tous plus ou moins de pénuries et de dilemmes qui manquent tourner à l'obsession .
Cette famille cubaine , contemporaine , hétéroclite ,dont les trajectoires oscilleront entre amour et haine , départs et retrouvailles , loyautés ou trahisons , renoncements , disparitions soudaines , recherches , quêtes ou espoirs .

À Fontanar , propriété familiale construite en 1957 vivent Clara , ingénieure , son mari Dario, neurochirurgien , leurs deux fils Marcos et Ramsès , très débrouillards .
Dans cette maison se réunit LE CLAN , des amis se connaissant depuis l'enfance : Irving , le plus fidèle , timide et réservé mais jamais violent et agressif , Horacio, futur docteur en sciences physiques , Walter, un artiste peintre parfois violent ——personnage peu clair ——-Lubia et Fabio évoluant dans les milieux du gouvernement et leur fille Fabiola .

Mais le personnage principal , c'est Elisa Correa , une fille de diplomates
«  Qu'est ce qui nous arrive? » se demandent les membres du clan quand tout semble s'effondrer .
À Cuba «  Tout le monde a quelque chose à cacher , coupures d'électricité et pénuries vont de pair avec l'épuisement économique , les périodes de chômage entraînent les habitants le plus souvent dans la misère .

Le départ et le déracinement , la dispersion font partie de l'histoire de ce pays , on fuit par peur , en affrontant les dangers de la mer où en attendant durant de longs mois le déroulement de démarches administratives .

Le roman commence avec la rencontre entre Marcos et Adela . Ils ont vingt ans . Elle , arrive de New- York, lui de Cuba.
Ils s'aiment et il lui montre une photo de groupe prise en 1990 dans le jardin de sa mère ,elle cherchera à en savoir plus …..
N'en disons pas plus,..


Ce très grand roman sensuel, enivrant , visuel, au souffle lyrique , épique fait de larmes , de péripéties universelles d'amitiés , d'empathie , à l'intrigue romanesque fascinante qui nous montre des personnages magnifiques , certains «  Transplantés » ailleurs ,, à l'existence comme «  amputée » des apatrides qui à Barcelone, Madrid ou Miami ne changeront pas et resteront cubains par toutes leur tripes ..

L'auteur donne à voir le clan diminué , affecté par des sentiments de culpabilité , de honte et de trahison , d'angoisse ,de dilemmes douloureux comme dans un brouillard, après la désintégration. du Grand Frère Historique qui cessera d'acheter la canne à sucre et ne soutiendra plus son allié .
C'est un roman addictif, émouvant , inoubliable , éblouissant pétri de nostalgie à l'aune d'une très belle réflexion sur l'exil , d'une manière de vivre, sur les liens indéfectibles de l'amitié et de l'amour , d'histoires politiques éclairantes , de drames , une lecture pourvoyeuse d'émotions multiples , un hommage aussi aux femmes , dignes , fortes , inoubliables héroïnes .

Il y aurait encore beaucoup à dire tellement ce gros livre est enthousiasmant mais ce serait trop long …
Je suis heureuse d'avoir acheté ce pavé vibrant pour le prêter et le relire plus tard qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière ligne !
Merci à mon libraire .
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De Leonardo Padura, j'avais lu et critiqué en avril 2019 L'homme qui aimait les chiens, un long roman historique aussi passionnant qu'un thriller. L'auteur, un Cubain résidant à Cuba, n'éprouvait aucune peur à y dévoiler des faits allant à l'encontre du récit national officiel. Une lucidité et un courage qui ne l'empêchent pas de se sentir profondément cubain, comme cela saute aux yeux dans Poussière dans le vent, son dernier roman.

Dans le premier chapitre, le romancier s'étend longuement sur la rencontre suivie d'un coup de foudre entre deux personnages : Adela, une jeune New-yorkaise très brune, anglophone, estampillée « états-unienne », ayant toutefois la vague conscience d'une part d'hérédité cubaine ; et Marcos, un jeune Cubain survitaminé, fraîchement débarqué à Miami et bien décidé à profiter à plein de l'american way of life. Et voilà qu'au hasard d'une vieille photo d'un groupe d'une dizaine de personnes, prise lors d'un anniversaire en janvier 1990, les deux amoureux découvrent que vingt-sept ans plus tôt, à La Havane, leurs parents étaient des amis proches.

Un début d'histoire ressemblant à un achèvement ! Me restaient près de six cents pages à lire et je me suis demandé comment la suite pourrait s'inscrire dans une trame romanesque susceptible de captiver mon attention.

C'est justement au lendemain de ce jour de janvier 1990, que commença à se disloquer le Clan, selon le nom donné par de jeunes trentenaires à leur groupe presque inséparable d'amis d'enfance et d'adolescence. Que s'était-il passé ? Et que s'est-il passé depuis ? Ou plutôt, pour paraphraser la question que n'arrêtent pas de se poser Clara, Bernardo, Dario, Horatio, Irving et les autres : mais qu'est-ce qui leur est-il arrivé ?… Et Walter, tombé du dix-huitième étage, que lui est-il arrivé : suicide, accident ou meurtre ? Et bien sûr, Elisa, apparemment enceinte ; que lui est-il arrivé, à elle, tout particulièrement ?

Ambitions, intérêts, peurs, désirs, amours, rancunes, achoppements : autant d'aspirations et d'émotions, qui font toujours passer la construction des parcours personnels avant la préoccupation d'un avenir commun !… Sans oublier, en l'occurrence, la volonté de survivre, car dans les années quatre-vingt-dix, la situation à Cuba devient désespérante.

Lorsque l'empire soviétique s'effondre, le petit état insulaire des Caraïbes, qui avait choisi son camp, perd l'essentiel de ses soutiens financiers, de ses moteurs économiques et de ses ressources en biens de première nécessité. La population doit supporter des pénuries permanentes, un chômage généralisé, des conditions de vie misérables, provoquant à l'égard du pouvoir et de sa politique une perte de confiance qu'il faut dissimuler sous peine de sévères représailles.

Pour survivre, il reste la « débrouille » sur un maigre marché noir alimenté par les exilés. On fait malgré tout des études, on passe des diplômes. Dans le Clan, on est ingénieur, physicien, neurochirurgien, vétérinaire… sans garantie d'obtenir un job correspondant, avec en revanche l'espoir – peut-être illusoire – d'avoir un pied à l'étrier pour une vie future à l'étranger.

Ils n'ont donc plus qu'une obsession, partir. Aux États-Unis, mais aussi en Argentine, en Espagne ou même en France. Et ils partiront tous, les uns après les autres, sauf Clara, qui reste le lien auquel tous continueront à se raccrocher, sans jamais renoncer à l'amitié ni à la solidarité. Heureusement pour Clara, attachée, tel un escargot à sa coquille, à la grande maison de Fontanar, construite par ses parents architectes, du temps oublié du castrisme effronté.

Maître en intrigues et narrateur hors pair, Leonardo Padura raconte, raconte, raconte, sans qu'on s'en lasse. Même s'ils ne sont que Poussière dans le vent, ses personnages sont très attachants. Ils vivent des moments très émouvants. Et puis, on veut savoir ce qui leur est arrivé !

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Il y a bien un leitmotiv galopant au long de ce roman dense, un motif décliné de différentes manières par les membres du Clan comme une formule de ralliement désagrégée, empreinte d'appartenance nostalgique et de temps révolu de jeunesse à Cuba, révélatrice d'impuissance désabusée : « Putain, mais qu'est-ce qui nous est arrivé ? ».
Ce qui leur est arrivé, on le saura vite même si les circonstances seront distillées dans un suspense addictif jusqu'au final. « Deux traumatismes » avec « leurs mystères lancinants qui, malgré toutes les hypothèses [...], n'avaient pas de solutions convaincantes ». Et puis il leur est arrivé aussi un événement comme un tournant, l'ultime fois où ils se sont tous réunis pour les trente ans de Clara le 21 janvier 1990, en début de « Période Spéciale » à Cuba, où « Le présent les asphyxiait avec ses pénuries et ses dilemmes douloureux, et l'avenir s'estompait dans un brouillard impénétrable » . Etaient présents entre autres ce 21 janvier 1990 Elisa qui « était forte, belle, combative, très séductrice, et en même temps prête à flanquer une trempe au premier volontaire », Bernardo l'alcoolique, Dario pour qui « les dieux avaient placé dans ses poches les clés du destin », ou Irving avec « cette peur qui s'était emparée de son âme ». Une galerie foisonnante, bouillonnante, à la fois hétéroclite et homogène dans leur diversité, dont on croisera les protagonistes sur une période allant de 1990 à nos jours, qui tour à tour s'interrogeront sur ce qui leur est arrivé, apporteront leur pierre à la construction de la vérité, révèleront leur histoire personnelle et celles de leurs relations, leur intimité et leur vie sexuelle comme si « la disproportion nationale de la baise » à Cuba les poursuivait malgré tout.
Ils étaient présents en ce jour-là du 21 janvier 1990 à La Havane mais beaucoup d'entre eux se sont exilés depuis. Qu'ils soient désormais aux États-Unis, à Barcelone, à Madrid ou à Toulouse, ils diffuseront aussi en filigrane la part d'eux-mêmes restée sur leurs terres d'origine à l'époque du Clan, en évoquant par exemple leurs nouveaux amis qui ne seront à jamais que des nouveaux, incapables de prendre la place des autres, les vrais, ceux des origines.
Tous ces personnages superbement incarnés, le lecteur les découvrira peu à peu, après une première partie introductive où seulement deux jeunes américains font pour l'essentiel la part belle du roman, deux jeunes dont le hasard les a faits se rencontrer, deux jeunes désormais amoureux et passionnés qui s'installent à Hialeah. Adela dont « le sentiment persistant d'attirance pour tout ce qui était cubain avait pris une place exagérée [...] », et Marcos «cette tête brûlée de Marquitos le Lynx— ou Mandrake le magicien » . Marcos, le fils de Clara et de Dario. Un jour, il montre à Adela la dernière photo du Clan postée sur Facebook, prise à l'occasion du fameux anniversaire de Clara, restée à La Havane. Voilà pour l'évènement déclencheur. Une photo sur un fil de Facebook qui déploiera un roman fleuve charpenté autour de deux mystères et une résolution addictive, au déroulé tentaculaire et hypnotique, avec en toile de fond l'amitié émouvante sous condition d'exil, et l'histoire contemporaine de Cuba, ce pays « d'où les gens se barrent même par les fenêtres ».

« Il sentait que sa condition d'exilé, d'émigré ou d'expatrié —[...]— l'avait empêché de penser même à un bref retour et l'avait condamné à vivre une existence amputée, qui lui permettait d'imaginer un avenir mais où il ne pouvait pas se défaire du passé qui l'avait mené jusque-là et à être qui il était, ce qu'il était et comme il était. »

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« All we are is dust in the wind… »

Ça devait être la génération du progrès. Nés au début des années 60, dans un pays libéré de l'occupation américaine, avec des rêves de progrès et d'égalité. Tout ne va pas bien, mais il y a l'espoir que ça ira mieux. Les enfants peuvent aller à l'école, un taux d'analphabétisme bas, des soins médicaux gratuits pour tous, des logements en construction.
Un groupe de jeunes gens réunis par hasard. Succès du système, un enfant d'un quartier très pauvre comme Dario a pu devenir neurochirurgien. Les autres viennent d'un milieu plus favorisé, mais Horacio est physicien et Elisa est vétérinaire, ils sont graphistes, architectes, ingénieurs.

Puis, c'est la crise économique. Avec l'effondrement de l'URSS qui soutenait l'économie de Cuba, les conditions de vie deviendront de la survie, pertes d'emploi, rationnement de nourriture. Avec la dévaluation de la monnaie, le « salaire » de Clara est l'équivalent du prix de deux poulets par mois.

Sur le plan personnel, c'est aussi la crise, avec la mort de Walter et la disparition d'Elisa. le groupe se disloque, les membres quittent le pays pour fuir la misère, comme des milliers d'autres Cubains.
Ils se dispersent comme « poussière dans le vent »… et des chapitres racontent leurs histoires.

Un roman complexe, avec des amours, avec l'homosexualité, avec l'exil à Buenos Aires, Madrid, Barcelone, Porto Rico ou Miami et même un cancer et un élevage de chevaux anglais.

Un grand roman pour comprendre le monde, les émotions et les destinées humaines.
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