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Critique de Sharon


En rédigeant cet avis, je vois à quel point je me suis éloignée du cinéma, y compris à une époque (le film est sorti en 2014) pendant laquelle je m'y rendais régulièrement. En effet, l'écriture de ce livre vient en partie de ce que le film Retour à Ithaque de Laurent Cantet, dont le scénario est co-écrit avec Leonardo Padura (oui, l'écrivain cubain) est passé inaperçu, et pas seulement à mes yeux. J'ai été assez effarée de constater que, même pour un réalisateur reconnu (Laurent Cantet a obtenu la palme d'or pour Entre les murs) trouver le financement pour un nouveau film est tout sauf facile : Retour à Ithaque a été tourné en dix-sept jours, un peu comme un téléfilm.

Cette oeuvre comporte cinq séquences :
– la genèse de l'oeuvre, ou comment Laurent Cantet expliquer pourquoi et comment il a eu l'idée de ce film ;
– l'oeuvre proprement dite, adaptation du scénario en version roman ;
– Tous les chemins mènent à Ithaque, ou, pour moi, le propre cheminement de Leonardo Padura, ses réflexions sur le métier de scénariste, et surtout, l'osmose artistique entre lui et Laurent Cantet ;
– le scénario du court métrage inclus dans 7 jours à la Havane ;
– des fragments de le palmier et l'étoile, oeuvre de Leonardo Padura.

Ce livre éclaire vraiment sur le processus de création artistique, tout en nous montrant l'oeuvre elle-même. Si je devais parler des thèmes centraux, je parlerai de l'amitié, bien sûr, mais aussi de la trahison. Amadeo est de retour au pays après seize ans, et il a bien l'intention de rester – et moi, lectrice, de me rendre compte que retourner dans son pays natal n'est pas chose simple quand on est cubain. Partir n'est pas toujours possible : Tania le sait bien, les médecins ne peuvent quitter Cuba, ce qui signifie qu'elle ne pourra jamais revoir ses enfants, partis avec leur père lors du divorce. Oui, c'était son choix, parce qu'elle a pensé à ce qui était le mieux pour ses enfants, et je trouve déchirant d'en arriver à la conclusion que le mieux pour eux est de quitter son pays. Oui, tout tourne autour de cela dans un temps – parce que rester, ou ne pas avoir pu partir, cela signifie aussi renoncer à une partie de ses rêves, comme Rafa ou Eddy m'ont fait chacun à leur manière. Aldo, lui, est parti, pour faire la guerre en Angola – guerre dont je n'ai que très vaguement entendu parler. Lui, l'ingénieur transformé en réparateur clandestin, fait avec un mariage foutu et un fils qui ne souhaite qu'une chose : partir. On en revient constamment là.
J'ai vraiment eu l'impression de découvrir ce pays de l'intérieur, avec tout ce que l'on ne sait pas, comme cette obsession pour la nourriture, tout simplement parce que, pendant longtemps, remplir son assiette, celle de sa famille, était extrêmement compliqué, pour ne pas dire impossible. Ne pas avoir faim : la priorité. Alors, créer… beaucoup y ont renoncé, ou se sont retrouvés dans l'impossibilité de créer. Retour à Ithaque, le livre, montre que ce n'est pas encore totalement possible de créer sereinement à Cuba, comme les péripéties rencontrées par le réalisateur pour présenter son film à Cuba le montre. Il ne fait pas bon exposer une génération sacrifiée, et qui pourtant a cru à la Révolution.
Retour à Ithaque, ou un objet littéraire cinématographique non identifié.
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