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EAN : 9791022604925
64 pages
Editions Métailié (28/04/2016)
3.4/5   15 notes
Résumé :
Dans Un détective à la Havane, Leonardo Padura raconte comment est né le personnage de Mario Conde, et comment il s'est peu à peu rapproché de l'auteur au point d'en devenir le double. Une affaire de famille est une courte enquête de Mario Conde. Ses vieux amis, Anselmo et Martica, sont sans nouvelles de leur fils, Juanmi, dévasté par le départ de sa femme pour les Etats-Unis. Juanmi est le filleul de Conde, qu'il a vu grandir et renoncer aux études et aux boulots d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce petit livre comprend deux textes. le premier « un détective à la Havane » sous titré : Comment naît un personnage n'est pas une fiction. Léonardo Padura y explique comment il a eu l'idée, dans les années 90, de son personnage récurrent, l'ancien policier, devenu bouquiniste, Mario Conde. Il décrit ce qui a justifié la personnalité qu'il lui a donnée, ce qui a fait également sa longévité, alors qu'au départ, il ne pensait pas le conserver dans autant de romans. Il montre le rôle que ce personnage a eu sur ses lecteurs cubains, car à travers lui et ses enquêtes, il évoque les difficultés de la vie à Cuba, la pauvreté, l'alcoolisme, les trafics, la corruption, mais aussi l'entraide, l'amitié, la joie de vivre et la culture. Dans chaque enquête que mène Mario Conde, il est question de culture. Il rappelle également ses modèles dans la littérature américaine et dans celle d'Amérique latine. Il revient sur sa propre vie et le pourquoi de ses plus célèbres romans dont « L'homme qui aimait les chiens » (dans lequel ne figure pas Mario Conde) et « Hérétiques ». En fin de compte c'est la relation entre un auteur et son personnage qu'il développe dans ce texte d'une trentaine de pages. C'est super ! Personnellement, j'adore lorsqu'un écrivain parle de ses personnages comme des êtres de chair.
le second texte, « Une histoire de famille » est précisément une courte enquête de Mario Conde dans laquelle il doit élucider la disparition de Juan Miguel, son neveu. A travers cette nouvelle, Léonardo Padura traite de la fuite des jeunes cubains, qui sont prêts à tout, y compris voler leurs parents, pour rejoindre l'Amérique. C'est vite lu, mais c'est révélateur de ce que Cuba ne peut pas offrir à sa jeunesse, pas de travail, pas de débouché, par d'espoir.
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Comment naît un personnage ? (vrai titre) suivi de Une affaire de famille
Titre et sous-titre ont été inversés à la traduction pour des questions de marketing : l'original est "Como nace un personaje. Un detective en La Habana". C'est un essai court, qui pourrait même être une préface, suivie d'une courte enquête servant un peu d'illustration.
L'auteur s'éparpille sans doute trop dans l'histoire, le contexte de création flatteur pour les lecteurs fans de l'auteur, au lieu de rester centré sur la question de la création littéraire d'un personnage, sur la poétique. de même, comme par besoin de justification (peut-être nécessaire pour un auteur de polars), il parle presque davantage de son positionnement dans le champ littéraire que de son processus créatif.
Toutefois, la question du rapprochement volontaire au fil des oeuvres du personnage avec l'auteur permet de bien comprendre la charge critique qu'il lui confie, dans une société sans doute trop susceptible pour accepter la critique sans qu'elle soit masquée, cachée derrière la fiction romanesque. En cela, Padura rejoint la poétique des XVIe-XVIIIe où l'histoire est souvent le prétexte pour un message social, politique… Cependant, la fonction de porte-parole de l'auteur du personnage principal, est une question caractéristiques des romans réalistes du XIXe siècle. Padura pousse tout de même la réflexion en reconnaissant la difficulté de se fondre totalement à un personnage au rôle social et aux mécanismes de réflexion et d'action différents, voire aux valeurs opposées… Et ce serait justement cette difficulté, cette curiosité pour l'altérité, cette espace d'interrogation de soi, qui permettrait de faire exister le personnage à travers une quête d'identité et de sens.

Une affaire de famille :
C'est une scène typique de début de polars : des gens viennent frapper à la porte pour demander de l'aide au détective à propos d'une disparition… par exemple le début d'une des premières aventures de Sherlock, L'Homme à la lèvre retroussée (1891), de Conan Doyle. le récit est très court et ne contient presque aucun rebondissement. En cela, Padura se sert de cette petite aventure pour illustrer les propos de son essai Un détective à La Havane (Comment naît un personnage). En effet, la recherche du mystère et la solution de l'intrigue est presque négligée au profit d'un petit tableau des receleurs et charlatans de la Havane. Quant au détective, il semble habité par la nostalgie propre à son âge, qui est aussi celui de son auteur, par l'inquiétude quant à l'évolution de son pays, de la jeunesse qui continue de fuir.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi donc, ce personnage avec lequel je voulais travailler, déjà chargé d’une si haute responsabilité conceptuelle et stylistique, exigeait beaucoup de chair et d’âme pour être à la fois le conducteur de l’histoire et l’interprète adéquat d’une situation aussi singulière que celle de Cuba et de La Havane. Pour créer son indispensable humanité, une des décisions les plus faciles et logiques que je pris alors fut la suivante : choisir comme personnage un homme de ma génération, né dans un quartier comme le mien, qui avait fait ses études dans les mêmes écoles que moi et donc vécu des expériences très semblables aux miennes, à une époque où, à Cuba, nous étions tous égaux (même si beaucoup avaient toujours été « moins » égaux que d’autres).
Cet « homme », cependant, devait présenter un trait différent, une caractéristique qui m’était totalement étrangère, je dirais même repoussante : il devait être policier. La vraisemblance, qui selon Chandler est l’essence du roman policier et de tout récit réaliste, exigeait que mon personnage appartienne à ce milieu professionnel […]. De cette façon, la proximité (que me permettaient le recours à la voix narrative et la composante biographique générationnelle) était relativisée et mise à distance, par une manière d’agir, de penser et de se projeter que, personnellement, j’ignore et je réprouve.
Je crois que ce fut précisément la tentative de résoudre ce hiatus essentiel dans ma relation avec le personnage, qui permit à Mario Conde de respirer pour la première fois comme créature vivante : j’allais le construire comme une espèce d’anti-policier, de policier littéraire, vraisemblable dans le cadre de la fiction romanesque, mais impensable dans le cadre de la réalité policière cubaine. C’était là un jeu que m’autorisait ma condition de romancier et j’ai décidé de l’exploiter. (p. 19)
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Écrire un roman policier peut s’avérer un exercice esthétique de plus grande responsabilité et complexité que ce que l’on attend d’un genre narratif souvent qualifié – à juste titre – de littérature d’évasion et de divertissement. Quand un auteur projette d’écrire un roman policier, il peut envisager différentes variables, ou voies artistiques, emprunter celles qu’il préfère et, surtout, choisir celles qui correspondent à ses capacités et ses objectifs. On peut tout à fait, par exemple, écrire un roman policier pour raconter seulement comment on découvre la mystérieuse identité de l’auteur d’un meurtre. Mais l’écrivain peut aussi se proposer d’explorer en profondeur les circonstances (contexte, société, époque) dans lesquelles cet individu a commis son crime. Parmi les différentes possibilités, il peut décider de recourir à un langage, une structure et des personnages purement fonctionnels. Cependant, il ne doit pas négliger le souci du style, en veillant à ce que la structure de la narration ne se réduise pas à un dossier ou à un simple rapport de police comportant la solution de l’énigme et en cherchant à créer des personnages dotés d’une psychologie et d’une densité spécifiques, des figures inscrites dans une réalité sociale et historique. Bref, il est tout aussi concevable d’écrire un roman policier pour distraire, faire plaisir, jouer avec l’énigme, que, – si on en a la capacité et la volonté – pour s’intéresser, approfondir, révéler, prendre au sérieux la société et la littérature… y compris en oubliant de résoudre l’énigme. (p. 15)
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La littérature, dans ce cas a servi à pallier l'absence ou la rareté des discours sur la réalité cubaine; en jouant le rôle de l'interprète, du témoin et parfois de la victime de cette réalité, Mario Conde a suscité une identification chez les lecteurs en quête d'autres visions (ni officielles ni triomphalistes) de la société où ils vivent, ou dont ils s'échappent vers toutes sortes d'exils.
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Mais la relation entre Mario Conde et moi était devenue très viscérale, j'étais très dépendant. Si bien que je fis appel à lui dans Adios Hemingway pour mettre au clair, plus qu'un mystère policier, mes différences littéraires et humaines avec l'écrivain nord-américain qui avait été mon premier grand modèle.
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p. 51 :
En s’engageant dans la rue principale du quartier, la première chose qui surprit Conde fut le nombre de gens, de tous âges, races et allures qui parcouraient les rues, se rassemblaient aux carrefours, tous achetant, vendant ou proposant quelque chose pour gagner leur vie avec le moindre effort. Qui donc ici avait un travail régulier ? Les statistiques, pensa Conde, ne devaient pas être très encourageantes en termes prolétariens.
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