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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre faisait partie de ma sélection de la rentrée littéraire 2010, le titre m'a appelé et résonné comme l'écho lointain d'un commun chemin, j'ai succombé à l'écriture poétique d'Emmanuelle PAGANO au diapason de cette histoire troublante.

Se découvrir par les mots, ce besoin d'écrire, de s'écrire qui prend sa source au plus intime de notre chair, ou les mots deviennent caresses, ou les phrases s'enlacent dans le lit d'une rivière, ou la poésie ricoche sur la surface de la peau, cette danse à quatre mains purement imaginée, complètement virtuelle nous immerge dans un bain de confusion : Quand les frontières du réel finissent par se confondre où l'histoire se dilue dans l'absolu besoin de consommer cette part de fiction pour devenir fusionnelle et charnelle, l'auteure devient acteur, le lecteur devient spectateur silencieux.

C'est un échange épistolaire devenu roman à sens unique, ce livre au titre aux consonances d'évasion et d'interrogation qui vous invite à voyager sur les rives de cette histoire puissante par sa brièveté, et son intensité qui s'achève brutalement dans un profond silence et d'indifférence, on ne sait plus on ne sait pas pourquoi d'un coup, les sentiments se meurent aussi vite qu'ils naissent, laissant sur les berges une âme en détresse, un corps meurtri et cet embryon à laisser comme témoin mortuaire d'un amour avorté avant terme.

Au fil des échanges, le flou s'immisce en filigrane d'un lien qui se noue et se resserre de plus en plus autour de la vie, s'échapper par les mots, s'évader aux franges de l'impossible non retour, franchir cette frontière, pénétrer cette bulle inventée à deux, et se laisser emporter par le vent de la passion fulgurante. Cette femme tiraillée par sa condition de mère, son besoin de se consacrer pleinement à l'écriture sans culpabiliser, se garder une part de vie de femme épanouie et rester malgré tout la tête hors de l'eau alors que l'appel du fond se fait de plus en plus puissant, emporter par un tourbillon démesuré, sombrer au plaisir extrême pour finir noyer par l'incommensurable déchirure de l'absence…

C'est un livre qui ne se raconte pas, c'est un livre qui s'écoute, qui frisonne dans le trouble murmurant que cette histoire peut-être la nôtre comme la sienne. on compatit à ses choix de quitter son mari pour l'amant, on compatit encore au détachement par brides de ses enfants bien qu'on ressent cet amour maternel immense qui est présent à chaque confession, on ressent cette culpabilité omniprésente, pourtant elle dit clairement que ses enfant sont sa vie.****

Une belle écriture en arabesque, ou les mots vous parviennent comme les ondes du ricochet effleurant vos sens, délicat et fragile, puissant et violent parfois, un vrai livre qui bouscule et nous résonne, au loin nous parvient le cri d'un oiseau, un oiseau d'eau devenu chant mélodieux…
Lien : http://lesmotsdepascale.cana..
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Sous son titre énigmatique, ce livre est très particulier. L'auteure expose, dès le début, le contexte dans lequel il a été composé. Elle a contacté un homme, également écrivain, qu'elle ne connaissait d'abord pas et qui a accepté d'entrer en correspondance avec elle. Cependant, comme celui-ci a finalement refusé la publication de ses lettres, ce livre ne contient que ses lettres à elle.
Il comporte trois parties: avant la première rencontre; au temps de leurs rencontres; après leur rupture. Les lettres se succèdent, brèves ou plus longues, sans indication de date. le lecteur peut seulement essayer de deviner ce qu'a écrit l'homme, dans ses lettres, auxquelles la femme ne répond sans doute pas toujours directement. A diverses reprises, elle définit à sa manière le projet: « Cette maison, ce livre, nous l'habitons ensemble, et c'est ce que nous faisons dedans, c'est elle-même. Nous la construisons, nous l'aménageons, petit à petit, lettre par lettre. Quand elle sera finie, nous l'habiterons, nous l'habiterons ensemble ».

Voilà posé, d'une manière objective, le cadre général. Mais en écrivant seulement ceci, on a encore rien dit sur ce livre qui va bien au-delà de ce cadre-là.

Le lecteur suit pas à pas la relation épistolaire de la femme avec son correspondant anonyme. Dès la fin de sa première lettre, elle lui écrit déjà: « Je t'embrasse. Tu me manques ». Très vite, bien avant la première rencontre, elle commence à s'enflammer - ce qui confirme que le cerveau est, pour tout le monde, la principale zone érogène. Mais ici c'est une femme qui s'exprime, à la manière d'une femme: elle affine l'expression de ses sentiments sans hâte, délicatement, dans une prose qui sonne poétiquement; elle cherche à tâtons les mots les plus justes. Il arrive qu'elle s'égare et que le niveau de son propos fléchisse un peu, mais la lecture de la plupart de ses lettres m'a semblé un régal. C'est même presque… fatiguant de cueillir et de goûter toutes ces phrases que l'auteure a si joliment ciselées: j'ai dû interrompre plusieurs fois ma lecture, pour ne pas devenir blasé.
Et puis, c'est la rencontre physique. La dimension érotique de leur relation, déjà très perceptible dans les lettres antérieures, prend alors une place dominante. La femme parle avec une parfaite sincérité de ses expériences et de ses sensations pendant l'amour. C'est un sujet très cru, la femme ne cherche pas du tout à rester pudique, mais sa manière est diamétralement opposée à la pornographie. La phrase est plus que jamais poétique, presque lyrique, parfois précise, parfois allusive. Je voudrais illustrer cette façon particulière d'évoquer la relation sexuelle, par un exemple: « J'ouvre mes jambes et mes bras pour aller nager plus loin, en eaux limoneuses, obscures, tu me pénètres longuement, et à chaque flux de la rivière, je crois que je me noie, mais non, j'ouvre les yeux, je m'engage dans les tiens, je me baigne dans ton regard, c'est dans tes yeux que je perds conscience, mes cheveux deviennent cette eau noire qui s'emmêle à nos gestes, tu les écartes, tu m'embrasses ». (Le thème de l'eau, dans la relation amoureuse, est récurrent dans ce livre).
Par la suite, le lecteur apprend par bribes la fin de l'histoire: très vite, le choix de la cohabitation, fait par les deux amants, a mal tourné. Elle qui prétendait « Avec toi, pour toi, je suis très forte, je sais écrire, je sais faire l'amour, je sais toucher les points sensibles, les trouver, m'y attarder. (…) J'ai tellement d'avance qu'un jour, quand tu penseras m'avoir rattrapée, ce sera trop tard, ce sera moi qui ne t'aimerai plus, ou pas assez », elle qui se croyait en position de force... se trouve délaissée et ne sait pas lutter pour son amour. Cette rupture la remet en cause, elle se sent profondément attristée et la présence de son jeune fils à ses côtés ne suffit pas à la remettre d'aplomb. Elle évoque à nouveau, avec beaucoup de passion, ses ébats amoureux d'avant, mais c'est bien fini. Et le livre se clôt dans une atmosphère de poignante mélancolie. L'absence d'oiseaux d'eau, pour elle, c'est le manque de tout ce qui emplissait son corps et son coeur.

Un doute m'a saisi après avoir fermé ce livre: le scénario annoncé au début par l'auteure est-il conforme à la réalité ? Est-il possible qu'elle n'ait jamais eu le moindre correspondant ? Je n'exclus pas cette hypothèse. Dans le cas d'une pure invention, les mérites de ce livres n'en seraient pas diminués, à mon avis. Ils seraient peut-être même augmentés, car le lecteur n'est pas un voyeur qui voudrait connaitre les dessous de la vie privée d'une femme en particulier. le propos du livre va bien au-delà, comme je l'ai déjà écrit. Personnellement, avant de la découvrir, je ne connaissais absolument pas E. Pagano. A présent, je ne peux que recommander chaleureusement cette lecture.
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Une des plus belles écritures contemporaines qui renouvelle un sujet en apparence rebattu. Magnifique texte.
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