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EAN : 9782818016244
352 pages
P.O.L. (05/04/2012)
3.52/5   24 notes
Résumé :
Les personnages de ces nouvelles ne se trouvent pas au milieu
du récit, ils restent dans les marges, ils se tiennent au bord de
leurs vies, de leur maison, de leur pays, ils marchent au bord
des routes, à côté de leur mémoire, à la lisière de l'ordinaire et
de la raison, comme il leur arrive de faire du stop : au cas où
on s'arrêterait pour les prendre. Je les ai pris dans mon livre.
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'aime les nouvelles. J'aime en écrire. J'aime en lire. J'ai été émerveillée par celles de Cortazar, émue par celles de Carver, titillée intellectuellement par celles de Borgès. Parmi les nouvellistes français contemporains, j'ai aimé Bernard Quiriny, Emmanuelle Urien et d'autres certainement dont les noms ne me reviennent pas tout de suite. Ajoutons à cette liste Emmanuelle Pagano.

L'univers d'Emmanuelle Pagano est peuplé d'êtres en marge, aux vies en pointillés, des paumés, des attardés, des femmes suicidaires, des fantômes de grand-mères, mais aussi de personnes décalées, lectrices invétérées ou obsédées de l'angle mort. Et puis, il y a tous ces êtres ordinaires à qui il arrive des choses qui défient l'entendement comme cet femme qui découvre un énorme secret de famille à la mort de sa mère. Dans ces courtes nouvelles, beaucoup de portraits de femmes très réussis, tout en sensibilité, sur le fil. Toutes les nouvelles se déroulent dans un cadre géographique donné : le Sud, le Midi, les bords de mers ou les routes de montagnes.

Description réaliste de notre société et étrange savamment distillé : tel est le mélange détonnant dans ce recueil de nouvelles. Parmi mes nouvelles préférées, je citerai « Majeure en été », instantané d'une famille rurale et patriarcale dans la France de Giscard, quand une jeune fille découvre en écoutant la radio qu'elle est désormais majeure suite à un décret ministériel et que cela chamboule sa vie de fille soumise et malheureuse. Mais il y en a bien d'autres qui m'ont conquise par leur qualité littéraire, la justesse du propos et l'émotion provoquée comme « Les langues maternelles » ou « Les enfants de la Société des Asphaltes ».

Pour mieux explorer « Un renard à mains nues » et découvrir les autres ouvrages d'Emmanuelle Pagano, je vous encourage à consulter son blog.
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"Les personnages de ces nouvelles ne se trouvent pas au milieu du récit, ils restent dans les marges, ils se tiennent au bord de leurs vies, de leur maison, de leur pays, ils marchent au bord des routes, à côté de leur mémoire, à la lisière de l'ordinaire et de la raison, comme il leur arrive de faire du stop : au cas où on s'arrêterait pour les prendre. Je les ai pris dans mon livre."

Il m'est difficile de parler de ce recueil de nouvelles tant j'ai été touchée ! Trente-quatre nouvelles comme des instantanés de vie où Emmanuelle Pagano déploie un patchwork d'émotions avec finesse et sensibilité. L'auteure nous donne l'impression d'avoir rencontré ses personnages et de raconter leurs histoires. Pas de chutes à couper le souffle mais des ambiances qui se ressentent, des situations à la limite du réel et de l'imaginaire. Dans chacun de ces textes, l'auteure sonde l'indicible, elle rend palpable la douleur, la joie, l'amour, la souffrance. On croise plusieurs fois les mêmes personnages dans ces nouvelles, l'angle de vue est modifié. Les facettes d'une situation sont revues, réorientées. Il y a des textes vibrants de sensibilité comme par exemple les langues maternelles, d'autres laissent la porte ouverte à l'imagination du lecteur mais tous mettent en exergue la détresse des personnages.

Emmanuelle Pagano nous offre son univers à travers ces nouvelles et il faut juste prendre son temps pour les apprécier.
Je n'ai pas lu ces nouvelles, je les ai ressenties!
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Ecrites dans une langue qui est assez proche du patois «Où tu as mis le mari ? », ces nouvelles sont toutes assez biscornues. Les personnages sont dans la marge : une femme qui demande à son guérisseur de la « déguérir », un homme qui fouille dans les poubelles de sa bien-aimée. Beaucoup de répétitions de mots dans ces histoires où l'on fait de drôles de rencontres avec des solitaires, des évadés, des révoltés. Un recueil original, et je me suis laissée emporter dans ces histoires parfois loufoques. Extrait : « Ce n'est pas la première fois. Ce n'est pas la première fois pour moi. Puisque ce n'est pas la première fois, on pourrait penser que je me suis ratée. Et parler de tentative. Elle a fait une tentative, pourrait-on dire, avec un air de dédain, légèrement gêné de compassion… » Y.R.
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J'avais pris la bonne résolution de lire cet été des auteurs que j'aime au lieu de laisser aller ma curiosité vers le premier bouquin venu me faisant de l'oeil sur les étals de la médiathèque. Peine perdue. Résolution non tenue, frémissement du coeur en vue ! J'ai eu un véritable coup de foudre pour l'écriture d'Emanuelle Pagano. Les descriptions de sensations, d'états d'être, sont fines et précises. Elle nous parle de la translation de la conscience de soi, de l'imprégnation des bruits, de l'air, des choses vues. Elle met les mains dans la crasse, les ordures, avec délicatesse, douceur et respect, réaffirme la dignité de la complexité humaine au sein du monde standardisé.

Portraits de quelques pages, dialogues intérieurs, personnages qui resurgissent à l'improviste dans des relations interpersonnelles qu'on ne soupçonnait pas, le procédé est exactement le même que dans le nullissime “Heureux les heureux”. Sauf qu'ici il y a une voix aux accents particuliers qui murmure tendrement à l'oreille du lecteur, des portraits habités bien que dépenaillés, l'amour du livre et de lecture, un travail sur l'écriture, une magie qui pétille de tous ses feux. Yasmina Reza peut aller se rhabiller.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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L'auteure nous propose un grand nombre de nouvelles, courtes et variées. L'essentiel ici n'est pas de construire un mini-récit, mais de créer une ambiance et de valoriser un vécu. Mais surtout Emmanuelle Pagano démontre qu'elle écrit très bien, même dans ses textes les plus courts.
Quant à moi, d'une manière générale je n'ai jamais été un grand adepte des nouvelles. Malgré toute mon estime personnelle pour l'écrivain, je n'ai pas "accroché" à ce recueil et je n'ai pas cherché à le lire intégralement. Au lecteur qui ne connait pas bien Emmanuelle Pagano, je conseillerais plutôt l'étonnant roman épistolaire "L'absence d'oiseaux d'eau" qui, à mes yeux, est une très grande réussite.
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critiques presse (1)
Telerama
02 mai 2012
Avec une écriture animale, Emmanuelle Pagano s'invite au côté des révoltés et des solitaires. Une trentaine de petites histoires pour un grand « roman ».
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
(parlant d'elle et du clochard qu'elle vient de prendre en stop) :

Je suis arrivée. La pluie s'arrête en même temps que nous. Nous sommes dans le village de mes parents.
La foire annuelle aux chevaux du jour précédent à dû provisoirement remplacer le parking central. Je suis une des premières à réintégrer la place avec ma voiture.
Il descend et me dit merci. Lorsqu'il ouvre la portière, les odeurs rassemblées sur le bitume nous envahissent. La pluie à mis une couverture sur la veille, elle a préservé l'odeur d'hier, la présence des chevaux semble resurgir dans ce parfum de fumier rendu si vivace par l'averse.
Il sourit en se retournant vers moi, il se pince le nez et revient se pencher à ma fenêtre pour me raconter les soirs de spectacle il y a plusieurs siècles, quand on mesurait le succès des représentations à la quantité de fumier des calèches et qu'on disait merde pour dire bonne chance.
Je n'ose pas lui dire que je sais, oui, je connais l'histoire.
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Parmi les donneurs en attente, il y avait ceux qui piochaient au hasard dans les livres du dépôt, ceux qui avaient par avance choisis, et ceux qui avaient apporté leurs propres livres. Ces donneurs ne se ressemblaient pas, pas du tout, ils semblaient très différents, et, étonnamment, oui, ils n'étaient pas du même groupe. Ceux qui lisaient de la littérature, ceux qui lisaient des romans de terroir, ceux qui lisaient de la poésie, des harleconneries, des romans historiques, des essais,des romans policiers, n'avaient pas le même groupe sanguin, parfois la différence n'était que celle du rhésus.
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J'ouvre la boîte, je suis sûr qu'aucune pièce ne manque, moi aussi je le connais par coeur, et pourtant je n'y ai pas touché depuis que l'arbre est tombé. Je passe mes doigts sur les contours, les sillons de l'image découpée avec soin. Ma terre est cannelée aussi, par l'eau, par l'air, être paysan ce n'est peut-être pas autre chose qu'agrandir les rainures, les moulures, creuser, attendre, et tout retourner à nouveau. Je trie les bords de l'image d'abord, toujours commencer parles bords de l'image, et c'est alors que je trouve des cheveux entre les pièces, des cheveux perdus entre les morceaux de branches en carton, des cheveux de la couleur de ses huit ou neuf ans
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J'ai essayé si longtemps, si souvent, d'alléger le poids de vivre, comme en se baignant.
Tout ce que je voulais, c'était flotter.
J'ai essayé de vivre, d'aimer, j'ai essayé de boire, et toutes sortes de stupéfiants. J'ai essayé la maternité aussi. Mais tout était un poids.
Nager dans tout ça, j'ai tellement essayé.
La pression de l'eau décourage celle de l'atmosphère. Un temps. Après, ça ne suffit plus, le corps redevient lourd.

"Trois pompes et ne plus pouvoir mourir".
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Le renard était gris, il faisait très froid cet hiver-là, son pelage était dense, avec de longs poils presque blancs au-dessus, une sorte de bourre épaisse et courte en dessous, bien plus sombre, une sorte d'ombre chaude. Il avait cessé de lutter quand je l'ai trouvé, il s'était enroulé dans sa queue étoffée par le froid comme pour dormir, mais il ne dormait pas, il mourait. (...)
Il a tenté de me mordre, mais si lentement que j'ai compris où il en était. Il était au bout de sa peur, il n'avait plus rien à craindre, juste à attendre. Mais ce juste-là c'était horrible, je le tenais contre moi, je sentais les petits battements de son coeur. Je ne suis pas arrivée à desserrer le collet, il sciait mes gants, je ne voulais pas le délivrer, ce n'était plus la peine, je voulais utiliser le fil de métal pour en finir, mais pas moyen. J'ai retiré mes gants déchirés et je l'ai étranglé à mains nues et glacées.

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Videos de Emmanuelle Pagano (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuelle Pagano
Pour ce septième épisode Bienvenue au club, la série qui vous emmène faire le tour de France des clubs de lecture se rend à Rennes, à la rencontre d'un club féministe.
« Si on n'a pas expérimenté le fait de pouvoir parler avec des personnes de façon libre et sans être jugé, quand on vient dans ce club on y goûte et on a plus envie de s'arrêter ! »
Ce mois-ci les membres vous conseillent : * Dans le palais des miroirs, Liv Strömquist – Editions Rackham (2021) * Moi ce que j'aime c'est les monstres, Emil Ferris –Monsieur Toussain L'ouverture (2017) * Moi aussi je voulais l'emporter, Julie Delporte – Editions Pow Pow (2017) * Textes d'ombre, Alejandra Pizarnik - Editions Ypsilon (2014) * Nouons-nous, Emmanuelle Pagano, Editions P.O.L (2013)
#clubdelecture #livre #rennes
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