Petit conte de Provence, qui m'a bien fait sourire...Avec l'accent provençal, ça sent le soleil, la bonne humeur, la chamaille pour des broutilles, le mistral ou le pastis bien frais, et on revoit Fernandel dans le rôle du curé ou peut être du boulanger (ben oui, désolé j'ai pas connu Raimu, alors je mets le visage que je veux ! )...
Bref, ça m'a bien plu, distrayant à souhait, toujours d'actualité, plein de bons sens et de bonté....Monsieur Pagnol, digne représentant De l'Académie Française, je vous dis Merci :-)
Commenter  J’apprécie         1021
La femme du boulanger est une adaptation cinématographique et théâtrale d'un texte de Jean Giono. le film est un des très nombreux succès populaire de Marcel Pagnol. L'histoire nous est ici comptée sous forme d'une pièce de théâtre.
On n'y retrouve peut-être pas la même profondeur que les récits des souvenirs d'enfance ou de l'eau des collines mais plutôt une comédie avec des personnages, notamment un boulanger, toujours aussi attachant...
Le texte est court mais on a le temps d'y retrouver tout ce qui caractérise, et que l'on aime tant, Pagnol : une Provence qui sent bon la lavande, des criquets qui chantent et les sempiternelles histoires de villages du siècle dernier avec leur place centrale, leur café, leur curé et prêtre qui s'entendent toujours aussi bien, les chamailleries multiples, la bonne foi légendaire et au final beaucoup d'amour, de tendresse et cette éternelle bienveillance si propre à Marcel Pagnol.
On ne s'ennuie pas, même jamais, et aussitôt le texte terminé on regrette de devoir quitter si vite notre village des collines et ses Papet, Antonin, Petugue, Casimir ou encore Pompon et Pomponnette.... Tous entrés dans la grande littérature Française.
Commenter  J’apprécie         596
Et tout à coup, il tourne la tête vers la petite porte qui conduit à la cave : par la chatière, la chatte noire, la Pomponnette, vient d’entrer. Le boulanger la regarde un instant, et il prend un air sévère.
LE BOULANGER
Ah! Te voilà, toi? (A sa femme.) Regarde, la voilà la Pomponnette... Garce, salope, ordure, c’est maintenant que tu reviens? Et le pauvre Pompon, dis. Qui s’est fait un mauvais sang d’encre pendant ces trois jours! Il tournait, il virait, il cherchait dans tous les coins... Plus malheureux qu’une pierre, il était... (A sa femme.) Et elle, pendant ce temps-là avec son chat de gouttières... Un inconnu, un bon à rien... Un passant du clair de lune... Qu’est-ce qu’il avait, dis, de plus que lui?
AURÉLIE Elle baisse la tête.
Rien.
LE BOULANGER
Toi, tu dis : « Rien. » Mais elle, si elle savait parler, ou si elle n’avait pas honte — ou pas pitié du vieux Pompon — elle me dirait : a II était plus beau. » Et qu’est-ce que ça veut dire, beau? Qu’est-ce que c’est, cette petite différence de l’un à l’autre? Tous les Chinois sont pareils, tous les nègres se ressemblent, et parce que les lions sont plus forts que les lapins, ce n’est pas une raison pour que les lapines leur courent derrière en clignant de l’œil. (A la chatte, avec amertume.) Et la tendresse alors, qu’est-ce que tu en fais? Dis, ton berger de gouttières, est-ce qu’il se réveillait, la nuit, pour te regarder dormir? Est-ce que si tu étais partie, il aurait laissé refroidir son four, s’il avait été boulanger? (La chatte, tout à coup, s’en va tout droit vers une assiette de lait qui était sur le rebord du four, et lape tranquillement.) Voilà. Elle a vu l’assiette de lait, l’assiette du pauvre Pompon. Dis, c’est pour ça que tu reviens? Tu as eu faim et tu as eu froid?... Va, bois-lui son lait, ça lui fait plaisir... Dis, est-ce que tu repartiras encore?
AURÉLIE
Elle ne repartira plus...
LE BOULANGER à la chatte, à voix basse.
Parce que si tu as envie de repartir, il vaudrait mieux repartir tout de suite : ça serait sûrement moins cruel...
AURÉLIE
Non, elle ne repartira plus... Plus jamais...
LE CURÉ
[...] Vous avez fait, l’autre jour — avant-hier exactement — une leçon sur Jeanne d’Arc.
L’INSTITUTEUR
Eh oui, ce n’est pas que ce soit amusant, mais c’est dans le programme.
LE CURÉ, sombre.
Bien. A cette occasion, vous avez prononcé devant des enfants, les phrases suivantes : « Jeanne d'Arc était une bergère de Domremy. Un jour qu’elle gardait ses moutons, elle crut entendre des voix. » C’est bien ce que vous avez dit?
L’INSTITUTEUR
C’est très exactement ce que j’ai dit.
LE CURÉ, gravement.
Songez-vous à la responsabilité que vous avez prise quand vous avez dit : « crut entendre »?
L’INSTITUTEUR
Je songe que j’ai justement évité de prendre une responsabilité. J’ai dit que Jeanne d’Arc : « crut entendre des voix ». C’est-à-dire qu’en ce qui la concerne elle les entendait fort clairement — mais en ce qui me concerne, je n’en sais rien.
LE CURÉ
Comment, vous n’en savez rien?
L’INSTITUTEUR
Ma foi, monsieur le curé, je n’y étais pas.
LE CURÉ, outré.
Comment, vous n’y étiez pas?
L’INSTITUTEUR
Et ma foi non. En 1431, je n’étais même pas né.
LE PAYSAN
Bonjour, monsieur l’instituteur.
L’INSTITUTEUR Il brise la bande du journal.
Bonjour, Pétugue. Ça va?
PÉTUGUE, timide.
Très bien, monsieur l’instituteur. Très bien. Je voulais vous demander un petit service.
L’INSTITUTEUR
Vas-y.
PÉTUGUE
Vous connaissez Casimir, le gérant du cercle, qui a le bureau de tabac?
L'INSTITUTEUR
Oui. Et puis?
PÉTUGUE
Eh bien, il faudrait lui dire qu’il y a un chien mort dans son puits. Le puits du cercle. C’est Cassoti qui l’a vu tomber dedans. Alors, si on ne le prévient pas, il va nous faire boire de cette eau le dimanche à l’apéritif. Il faut le lui dire...
L’INSTITUTEUR
Et pourquoi Cassoti ne l’a pas averti?
PÉTUGUE, mystérieux.
Il ne peut pas. Ils sont fâchés. Ils se sont battus au régiment, il y a vingt ans. Alors, ils sont fâchés.
L’INSTITUTEUR
Pourtant il va boire l’apéritif au cercle?
PÉTUGUE
Oui, mais il ne lui parle jamais — il ne commande qu’à la bonne. Comme moi. Parce que moi aussi, je suis fâché avec Casimir.
L’INSTITUTEUR
Mais pourquoi?
PÉTUGUE
Oh! Ça vient de loin. Mon père était fâché avec son père. Et mon grand-père était déjà fâché avec son grand-père. Et déjà, nos grands-pères ne savaient pas pourquoi, parce que ça venait de plus loin. Atari, vous pensez que ça doit être quelque chose de grave. Ça doit être une bonne raison.
L’INSTITUTEUR
C’est vraiment un village de crétins.
PÉTUGUE
Mais non, monsieur l’instituteur. C’est un village où on a de l'amour-propre, voilà tout.
- Elle a peut-être eu peur que je lui refuse. Et puis, va savoir: une femme, ça a des idées brusques, des envies...C'est un peu comme les chèvres, tu sais ...
p85
¤ Le papet :
- Dis, boulanger, ce matin, au jardin, tu m'as demandé si j'avais vu ta femme ?
¤ Le boulanger :
- Oui. Tu l'as vue ?
¤ Le papet :
- Non, ta femme, je la connais pas, je ne l'ai pas vue. Mais ta sœur, je l'ai vue.
¤ Le boulanger (stupéfait) :
- Tu as vu ma soeur ?
¤ Le papet :
- Oui, la jolie, celle qui vend le pain... Je l'ai vue, mais pas au jardin. C'était ce matin, vers quatre heures et demie. Je passais juste ici, c'est l'endroit qui me fait rappeler. Tu es parent avec le berger du marquis ?
¤ Le boulanger (sombre) :
- J'en ai bien peur.
¤ Le papet :
- Parce que ta sœur était là, avec lui, sur un cheval. Et ils s'embrassaient d'une force terrible. Je mes suis dit : ''Ils sont parents, et peut-être qu'ils ne se sont pas vus depuis longtemps ! Ou alors s'ils ne sont pas parents, peut-être qu'ils se fréquentent.'' Alors j'ai pas fait de bruit... Tu le savais, toi, qu'elle fréquentait, ta sœur ?
¤ Le boulanger (tout rouge) :
- Ce sont des choses bien naturelles...
¤ Le papet :
- Ah ! Je comprends que c'est naturel !... Et puis, vois-tu, ça fait plaisir à la jeunesse, et ça ne fait du tort à personne...
(Le boulanger s'en va sans mot dire)
¤ Le papet :
- J'ai peut-être trop parlé ! Il y en a qui sont jaloux de leur sœur...
C à vous https://bit.ly/CaVousReplay
C à vous la suite https://bit.ly/ReplayCaVousLaSuite
— Abonnez-vous à la chaîne YouTube de #CàVous ! https://bit.ly/2wPCDDa —
Et retrouvez-nous sur :
| Notre site : https://www.france.tv/france-5/c-a-vous/
| Facebook : https://www.facebook.com/cavousf5/
| Twitter : https://twitter.com/CavousF5
| Instagram : https://www.instagram.com/c_a_vous/
Au programme :
L'Édito de Patrick - Poutine / Prigojine : la défaite du mensonge
Invitée : Galia Ackerman, directrice de la rédaction de Desk Russie
• Russie : les coulisses d'une sidérante mutinerie
• Rébellion en Russie : Poutine peut-il reprendre la main ?
• La rébellion de Wagner vue par les Russes
• Rébellion en Russie : quel impact pour l'Ukraine ?
• Guerre en Ukraine : des divergences au RN ?
Invité : Jordan Bardella, président du Rassemblement national & député européen
• La nouvelle petite phrase d'E. Macron sur le chômage
• Consommation de drogue : vers un paiement immédiat des amendes
• Insécurité à Marseille : les prescriptions d'E. Macron
• Éric Zemmour charge la droite à la Fête de la violette
• Zemmour ne renonce pas à l'union des droites
• Bouches-du-Rhône : un député RN ressuscite le RPR
• Albi : le fils d'un député RN interpellé
• Grève au JDD : une nomination qui ne passe pas
La Story de Mohamed Bouhafsi - le château de Marcel Pagnol au coeur d'un affrontement
Le 5/5 :
• Incendies au Canada : la fumée atteint la France
• Allemagne : l'extrême-droite emporte sa première élection locale
• Elton John fait ses adieux au Royaume-Uni
+ Lire la suite