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EAN : 9782877065078
219 pages
Editions de Fallois (25/08/2004)
  Existe en édition audio
4.17/5   5638 notes
Résumé :
Un petit Marseillais d'il y a un siècle: l'école primaire ; le cocon familial ; les premières vacances dans les collines, à La Treille ; la première chasse avec son père...

Lorsqu il commence à rédiger ses Souvenirs d'enfance, au milieu des années cinquante, Marcel Pagnol est en train de s'éloigner du cinéma., et le théâtre ne lui sourit plus.
La Gloire de mon père, dès sa parution, en 1957, est salué comme marquant l'avènement d'un grand prosa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (343) Voir plus Ajouter une critique
4,17

sur 5638 notes
Quand on lit "La gloire de mon père" on entend le chant des cigales, le tintillement des boules de la partie de pétanque, on sent l'odeur du pastaga, et cet accent marseillais si doux à mes oreilles!

Ce livre, est un rayon de soleil qui rentre dans votre coeur et qui n'en ressort jamais.
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Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

La gloire de mon père…

J'avais déjà écrit un truc là-dessus, un peu bancal, un peu grossier, qui n'avait strictement rien avoir avec le bouquin, et sur un malentendu de gens bien attentionnés qui ont le premier degré bien éduqué, elle fut supprimée. du coup je me suis dit qu'il fallait que j'écrive autre chose d'encore plus décalé, d'encore plus grossier, car j'aime cette liberté que me laisse Babelio de laisser libre cours à cette bêtise bon enfant dont je profite consciencieusement.

J'ai déjà parlé de mon père, cet homme « sein » dont je dresse l'enculerie jusqu'à l'écoeurement, cet homme que j'évoque souvent au passé, ce père qui n'a jamais existé ou si peu, alors que l'homme lui survit, maladroitement et titubant… un homme bourré de qualités alcoolisées, redevenu un enfant, cet homme qui me fait honte, d'une vulgarité dérangeante, d'une faiblesse désoeuvrante… un homme victime de son enfance, une mère patronne de bar, un père tyrannique, intelligent, mais ivrogne jusqu'à plus soif écumant les bouteilles cachés au fond des placards, ce grand père dont je ne porte que le nom, cette grand-mère dont je me remémore les souvenirs, cette femme si vieille, qui fut belle pendant la guerre.

Je me souviens d'une histoire quand j'avais 4 piges, elle m'a marqué de l'empreinte d'un torchon mal lavé, ma grand-mère achetait des marshmallows dont je me régalais le soir après l'école, il était de toutes les couleurs. Bref J'avais envie d'aller pisser, je me retrouve donc assis sur les chiottes attendant patiemment que pipi arrive quand mon œil fut attiré par la litière du chat qui était selon ma grand-mère la réincarnation de mon enfoiré de grand-père. Une feuille de papier toilette était tombée dans la caisse, alors je me suis fait la réflexion que le chat n'allait pas pouvoir se torcher le cul proprement avec une seule feuille de papier, c'est pourquoi une fois ma petite affaire soulagée, je me suis empressé d'en mettre beaucoup plus dans sa litière. Ma grand-mère fut prise d'un excès d'incompréhension qui me valut quelques coups de torchons… bien évidement j'ai pleuré, et je me souviens que quelques mèches de cheveux étaient dures comme de la pierre. Bizarrement je ne me souviens plus de quel côté se trouvait la litière, alors j'essaie de me souvenir mais non rien à faire.

Une fois j'ai été dans la salle de bain, et j'ai remarqué un paquet de marshmallows accroché au miroir, ma gourmandise en matière de bonbon ne laissa place à aucune hésitation, j'en pris deux ou trois pour les mettre dans ma bouche, quelle fut ma surprise lorsque je compris qu'il s'agissait en fait de morceaux de cotons dont ma grand-mère raffolait le démaquillage venu. La correction fut il me semble à la mesure de ma bêtise.

Donc mon père n'a pas connu la gloire, cultivant la déchéance au whisky et à la bière, préférant les potes à ses gosses, l'irresponsabilité à l'éducation, un homme capable de vider le compte de sa fille de 16 ans son premier mois de paie en niant le vol de sa carte bleue, qui après un divorce d'une immaturité abyssale, se laissa dériver dans l'absurdité, qui laissera sa fille de 12 ans faire le ménage, la bouffe et la lessive, jamais violent avec ses enfants, gentil même, mais con, juste con…

J'assisterai malgré moi aux échanges de coups dans la gueule entre ma mère et lui prétextant chacun un jeu dont je me souviens pleurer l'incompréhension en les suivant de pièce en pièce, de claques en claques… je haïssais cet homme dont ma mère subissait l'ivrognerie, cette femme qui a fait comme elle a pu, sans gloire, mais avec amour, un peu trop portée sur l'égoïsme et les claques dans la tronche, mais il y avait de l'amour, mais trop peu de maturité…

Donc non pas de gloire pour cet homme qui me racontait un tas de conneries comme si j'avais 40 piges, à 7 ans je connaissais déjà les mots enculé, salope, nichons, cet homme dont j'attendais le réveil jusqu'à 13 heures le dimanche, ou le samedi soir jusqu'à pas d'heure, cet homme affalé sur le parquet incapable de se relever, cet homme à la honte bien pendue, qui ne s'intéressait pas à l'enfant que j'étais ni à l'adulte que je suis devenu…

Aujourd'hui, je fais ce que j'ai à faire pour lui, pour qu'il ne finisse pas sous un pont, je l'engueule comme un enfant qu'il est redevenu, ou comme il a toujours été, cet homme qui avait de l'or dans les mains, mais des marshmallows dans la tête…

A la gloire de mon père.

A plus les copains
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Il est des romans qui vous marquent à vie , mieux qu'un tatouage imprimé dans la peau . le livre d'une initiation , le rêve d'une vie marquée par l'amour familial , la droiture d'un père poussée à son paroxysme , des décors somptueux , des moments d'une rare félicité, un premier amour , des joies partagées , une amitié rare...Et puis l'écriture somptueuse de simplicité de Marcel Pagnol .Ce livre , c'est l'expression du bonheur , de la joie de vivre , de la " gentille " querelle entre les fonctionnaires et les ...autres , les amours sincères mais si compliqués... . En tant qu'enseignant , j'ai adoré , mais vraiment adoré , le personnage du père de Marcel , père " la rigueur " pour les autres mais surtout pour lui - même, car c'est ça le fondement de la société , avoir des exigences vis à vis des autres uniquement si l'on en a envers soi avec , en prime suprême , exceptionnelle , les palmes académiques . Un vrai hussard noir de la République !!!. Et puis cette amitié entre Marcel et lily , incroyable , ces désobéissances sous l'oeil narquois des parents ....Et puis , ce bonheur partagé avec son père , les bartavelles....La photo à montrer aux collègues , la fierté pour...le plus "faussement modeste" des instituteurs.
Vous le connaissez ce roman ? Alors pardonnez- moi , vous en savez autant que moi , vous avez savouré autant que moi et il est encore en vous ..Vous ne le connaissez pas ? Ah bon ... tiens , c'est curieux....mais vous aimeriez connaitre , non ? Alors , ne vous privez pas mais ...attention...vous allez entendre parler - et admirablement bien - d'une autre époque , d'un autre temps , un temps où tout allait moins vite , un temps où on avait le temps ,un temps béni, un temps où c'était mieux , un temps qui va vous sembler lointain , naïf , désuet . Bon , n'exagérons pas..Ce n'était pas mieux , c'était ...différent .Doux . Paisible . Généreux....Cool , comme on dit maintenant.
Oui , bon , stop à la nostalgie. Ma petite fille qui a adoré le film , le repassait en boucle avant de lire le livre et nous demandait de lui montrer " Mon père de la gloire "... Mignon , non ? Un live inoubliable.
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J'aime revenir en Provence et en enfance, sentir le thym et la sarriette le long des sentiers des collines, en compagnie de Marcel ...

J'aime la douce nostalgie qui m'envahit à l'évocation de ces souvenirs d'un autre temps, mais qui sont ceux de tous les enfants, tendres et touchants.

J'aime Joseph, père maladroit et fier, Augustine, timide et aimante image maternelle, l'oncle Jules et sa verve.

Moi qui n'aime pas la chasse, j'ai pourtant apprécié cette fameuse " gloire" ,la chasse à la bartavelle, où l'enfant est fier de la réussite paternelle.

Pagnol a su rendre avec beaucoup de poésie et de vérité cette part d'enfance, la plus belle,la plus déchirante aussi, aux couleurs et aux senteurs de l'été provençal.Un été à jamais ébloui dans notre mémoire.


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Quelle délectable madeleine de Proust que cette "Gloire de mon père" ! Non pas qu'il s'agisse d'une relecture mais, enfant, j'ai vu et revu les films réalisés par Yves Robert, et de plus, c'est un roman qui place l'enfance au centre de tout, dans chaque phrase comme dans chaque pensée.

Récit hautement autobiographique narré avec la sincérité et la fraîcheur d'un homme qui sait d'où il vient et ce qu'il doit à ses parents et aïeux, "La Gloire de mon père" est un concentré d'amour, d'hommage, d'initiation, de fraternité, de bêtises, de drôlerie, de farce et de foi en l'être aimé.

C'est de plus une hymne éclatante à la vie, un cantique d'amour clamé au vent du mistral pour la Provence, la terre natale, le sol aride aux racines dures à se ficher mais douées pour la survie. Impossible de ne pas entendre chanter les cigales, impossible de ne pas entendre l'accent chantant du Midi dans chaque dialogue, plus croustillants au fil des chapitres.

Cela fait cliché de dire qu'il s'agit d'un roman désaltérant mais c'est pourtant le cas. Il y fait chaud et les mots de Pagnol, magnifiques de simplicité et de limpidité, se boivent aussi goulûment qu'une limonade par temps de canicule, en atteste la rapidité avec laquelle les pages filent. Peuchère, c'est déjà fini ! Heureusement qu'on peut enchaîner avec le tome suivant.


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Citations et extraits (267) Voir plus Ajouter une citation
L'air était calme, et les puissantes odeurs de la colline, comme une invisible fumée, emplissaient le fond du ravin. Le thym, l'aspic, le romarin, verdissaient l'odeur dorée de la résine, dont les longues larmes immobiles brillaient dans l'ombre claire sur les écorces noires.
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Il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.
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Nous pensions en effet que l'accent provençal était le seul accent français véritable, puisque c'était celui de notre père, examinateur au certificat d'études, et que les r de l'oncle Jules n'étaient que le signe extérieur d'une infirmité cachée.
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Telle est la faiblesse de notre raison : elle ne sert le plus souvent qu'à justifier nos croyances.
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…nous allons ce matin chez le brocanteur des Quatre-Chemins. »
Mon père avait une passion : l'achat des vieilleries chez les brocanteurs.
Chaque mois, lorsqu'il revenait de « toucher son mandat » à la mairie, il rapportait quelques merveilles : une muselière crevée (0 fr. 50), un compas diviseur épointé (1 fr. 50), un archet de contrebasse (1 fr.), une scie de chirurgien (2 fr.), une longue-vue de marine où l'on voyait tout à l'envers (3 fr.), un couteau à scalper (2 fr.), un cor de chasse un peu ovalisé, avec une embouchure de trombone (3 fr.), sans parler d'objets mystérieux, dont personne n'avait jamais pu trouver l'usage, et qui traînaient un peu partout dans la maison.
Ces arrivages mensuels étaient, pour Paul et pour moi, une véritable fête. Ma mère ne partageait pas notre enthousiasme. Elle regardait, stupéfaite, l'arc des îles Fidji, ou l'altimètre de précision, dont l'aiguille, montée un jour à 4 000 mètres (à la suite d'une ascension du mont Blanc, ou d'une chute dans un escalier) n'en voulut jamais redescendre.
Alors, elle disait avec force : « Surtout, que les enfants ne touchent pas à ça ! »
Elle courait à la cuisine, et revenait avec de l'alcool, de l'eau de Javel, des cristaux de soude, et elle frottait longuement ces épaves.
Il faut dire qu'à cette époque, les microbes étaient tout neufs, puisque le grand Pasteur venait à peine de les inventer,
et elle les imaginait comme de très petits tigres, prêts à nous dévorer par l'intérieur.
Tout en secouant le cor de chasse, qu'elle avait rempli d'eau de Javel, elle disait, d'un air navré :
« Je me demande, mon pauvre Joseph, ce que tu veux faire de cette saleté ! »
Le pauvre Joseph, triomphant, répondait simplement :
« Trois francs ! »
J'ai compris plus tard que ce qu'il achetait, ce n'était pas l'objet : c'était son prix.
« Eh bien, voilà trois francs de gaspillés !
— Mais, ma chérie, si tu voulais fabriquer ce cor de chasse, pense à l'achat du cuivre, pense à l'outillage spécial qu'il te faudrait, pense aux centaines d'heures de travail indispensables pour la mise en forme de ce cuivre... »
Ma mère haussait doucement les épaules, et on voyait bien qu'elle n'avait jamais songé à fabriquer ce cor de chasse, ni aucun autre.
Alors mon père, avec condescendance, disait :
« Tu ne te rends pas compte que cet instrument, peut-être inutile par lui-même, est une véritable mine ! Réfléchis une seconde : je scie le pavillon, et j'obtiens un cornet acoustique, un porte-voix de marine, un entonnoir, un pavillon de phonographe ; le reste du tube, si je l'enroule en spirale, c'est le serpentin d'un alambic. Je puis aussi le redresser pour en faire une sarbacane, ou une conduite d'eau, en cuivre, note bien ! Si je le scie en tranches fines, tu as vingt douzaines d'anneaux de rideaux ; si je le perce de cent petits trous, nous avons un collier à douches ; si je l'ajuste à la poire à lavements, c'est un pistolet à bouchon... »
Ainsi, devant ses fils émerveillés, et sa chère femme navrée, il transformait l'instrument inutile en mille objets tout aussi inutiles, mais plus nombreux.
C'est pourquoi ma mère, au seul mot de « brocanteur », avait hoché la tête plusieurs fois, avec un petit air d'inquiétude.
Mais elle ne formula pas sa pensée et me dit seulement : « As-tu un mouchoir ? »
Assurément, j'avais un mouchoir : il était tout propre, dans ma poche, depuis huit jours. disant : « Mon Dieu ! Mon Dieu !... »
...

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Vidéo de Marcel Pagnol
En 1950 sur la Chaîne Nationale, le comique et mythique Fernandel parle avec humour de la vie et du cinéma de Marcel Pagnol, avec lequel il a tourné six films.
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