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sur 4640 notes
Je pense que je me souviendrai à jamais de l'incipit de ce merveilleux roman de Marcel Pagnol, second tome de la trilogie de ses « Souvenirs d'enfance ».
Le Château de ma mère porte une émotion peut-être plus forte que le premier tome, La Gloire de mon père. Je pense que je saurai toujours le dire par coeur. Je ne sais pas pourquoi, moi qui n'aime ni la chasse, ni les chasseurs...
« Après l'épopée cynégétique des bartavelles, je fus d'emblée admis au rang des chasseurs, mais en qualité de rabatteur, et de chien rapporteur. »
Je me souviens de cette phrase comme « Un sésame, ouvre-toi ! », la sentence magique qui fait ouvrir les pages d'un livre, le bonheur autant de partir dans les collines l'air fier et conquérant que celui de revenir bredouille, la tête pleine de vent et d'azur. J'aime quand les chasseurs reviennent bredouilles avec du ciel et le mouvement des arbres dans les yeux... En fait, ils reviennent souvent bourrés, ce qui n'empêche...
Ce livre est un chant, une musique, une mélodie, la cymbalisation des cigales, le vent dans les oliviers, la plainte d'un chagrin aussi lorsqu'un être cher vient à disparaître.
C'est une émotion à fleur de peau
Enfant, je craignais l'école, le simple fait d'y aller le matin me faisait vomir mon petit déjeuner. Je ne sais pas de quoi j'avais le plus peur : des instituteurs ou des autres élèves. L'institutrice était sévère, taper avec une baguette de bambou sur les doigts tendus et fermés d'une main frêle, c'était une pratique courante à cette époque (1970, ce n'est pas non plus le moyen-âge...). Dehors, dans la cour de récréation, la sanction était presque pire, comme une vengeance les mauvais élèves battus crachaient, en s'étant empli la bouche de l'eau du lavabo du préau, sur ceux qui avaient des bonnes notes... Ma mère eut cette astuce de me faire boire une mixture de sa composition, un médicament miracle disait-elle pour soigner cela, en fait c'était un grand verre d'eau dans lequel elle avait mis un peu de sucre. Je buvais le remède magique et je me sentais brusquement empli de courage, ma peur disparaissait... Mais certains jours j'aurais voulu boire plutôt la potion magique d'Astérix et me sentir invincible... Aujourd'hui le Château de ma mère pourrait être le plus beau des antidotes face à la peur d'aller à l'école.
Le château de ma mère, c'est le soleil de la Provence avec une émotion en plus. La tendresse familiale s'estompe comme un brouillard sur le paysage, elle laisse le pas à un autre paysage, un autre voyage paré à quitter l'enfance.
Le château de ma mère, c'est l'amitié de Lili. Lili des Bellons. Ah ! Comme je me suis attaché à ce beau personnage, si libre de tout, qui n'avait pas de peur, ni de l'école, ni de la vie... Je l'admirais... le château de ma mère, c'est la lumière de la Provence qui descend sur cette amitié, c'est la vie comme un fil ténu et invisible qui relie les personnages les uns aux autres et peut-être nous autres vivants avec ceux qui ne sont plus là.
Le Château de ma mère, c'est aussi l'évocation du malheur quand, enfant, on possède encore la puissance d'y croire sans y penser, d'agir, la force de retenir d'un geste encore ferme et peut-être inconscient les idées noires, la guerre, la mort, ceux qui partent, avant que tout cela ne déferle et ne se déverse comme un flot impossible sur le paysage de l'enfance.
Retenir le malheur jusqu'à ce que ce geste ne soit plus possible...
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Ce second tome est beaucoup plus triste et émouvant que le premier ' La gloire de mon père ' car la vie n'est un long fleuve tranquille pour personne .
Marcel Pagnol évoque la mort prématurée d'êtres chers , le décès de sa mère puis de son frère , une des victimes de la première guerre mondiale ; il a une vision très juste du monde qui l'entoure , c'est un beau témoignage de l'époque qui a eu aussi ses heures sombres , ce que nous avons souvent tendance à oublier car on a tendance à embellir nos souvenirs , et à penser que c'était mieux avant .
Enfin ceci est mon opinion toute personnelle .
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Mes souvenirs d'enfance ne sont point incestueux, ouf, n'en déplaise à la perverse éloquence des dramatophiles de l'enfance, le passé est « sein », le château de ma mère fut aussi bien gardé queue la frigide gloire de mon père… laissons le soin à mon paternel mort dans la fleur de la déchéance reposer en paix avec tous leurs secrets pas très bien chastetés les soirs de buvette… Bizarrement le mot « Frigide » me fait penser à Brigitte, cette lointaine cousine de l'âge de ma mère, c'est dire le décalage de génération, ma grand-mère paternelle naissant en 1902, je ne fais pas le dessein de sa vie un chouilla laborieuse d'après des racontars de vieilles bonne femme, belle dans sa jeunesse des années 30 d'après les racontars de vieilles photos, mais c'était il y a longtemps en noir et blanc… avant la guerre et pendant la Samaritaine ou elle labeurait consciencieusement à la vente.

Aujourd'hui les souvenirs se grisent, l'homme vieillit, que voulez-vous il en est ainsi pour le bien de tous, les vieilles ne font plus tellement bander les vieux, alors à quoi bon résister aux chants des vers qui viendront grignoter nos derniers vestiges du temps qui nous use jusqu'à la ride…. Les souvenirs appartiennent aux vivants, tout comme les souffrances qui vont de père et mère dans la procréation… Mais avant ça, les sourires s'enivrent à l'amour, et la vie fut tienne… Mais pas forcément dans l'ambiance chaleureuse d'un orgasme bien léché, souvent la réalité n'est point aimante, elle fait moins rêver, alors bander, à quoi bon… mais des fois c'est génial hein...

A dire vrai ma mère n'a jamais eu de château, une deux chevaux oui pendant quelques années, et quelques bons gouts pour le mauvais gout… mes souvenirs n'ont rien de passionnants alors que Pagnol sent bon la chaleur du soleil lavande, celle des vacances, des longs trajets embouteillés qui me sortent par la sciatique au bout de quelques heures, les esprits s'échauffent sous l'air climatisé, alors des doigts se dressent dans ce mélange estival entre l'excitation et l'ordinaire, une semaine au soleil reste le privilège des gens bien épargnés par la misère et la bêtise… on se sent bien dans le sud, il fait bon vivre, il fait bien parler avec l'accent prononcé :

« Eh enculé va ! » à ne surtout pas confondre avec "on se sent bien dans le cul...", de plus comme il y a débat sur cette vulgarité, je ne voudrais pas alimenter la grogne populaire, car moi je n'y vois qu'une pratique érotique comme une autre....

Pagnol c'est la douceur d'un Monet, mais pas quand on est trop jeune, on y pige trop rien à la douceur, et quand on est plus vieux on fait plutôt gaffe à sa monnaie… pendant les vacances on veut juste s'amuser, écouter le silence d'un calme serein ou les cigales chantonnantes nous rappellent Proust et sa Madeleine… pas de télé, les guignols se reposent eux aussi en attendant le ridicule de leur rentrée euphorique prête à tout cannibaliser…fini les glaces sur bords de mer, reprise de la précarité, de l'ennui, des longues soirées d'hiver à se demander si on est heureux, et quand on a le temps de se demander si on l'est, alors nous devrions avoir le temps de l'être tout bêtement…

Bref la rentrée ça fait chier, on est bien à profiter de sa vie, mais quand on peut parler de rentrée c'est que l'on est pas trop mal lotie finalement, mais il faut quand même se lever le matin pour chagriner au capitalisme, toujours plus vite pour toujours moins, allez quoi, soyons optimiste, on finira bien par tous crever.

Bonne rentrée les copains
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Suite du tout autant célèbre « La Gloire de mon Père » et paru en même temps en 1957, ce second tome des souvenirs d'enfance est tout aussi enchanteur et nous plonge également dans cette si tendre et heureuse période qu'est l'enfance. Celle ci continue de se dérouler dans la garrigue de cette belle Provence.

A lire et relire tant l'insouciance de l'enfance y est sublimement évoquée.
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Magnifique! A lire et à relire. Ce texte est une pure merveille, empli d'une grande poésie et de beaucoup d'émotion..
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Les beaux Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol, prennent un tour plus angoissant avec le grand détour évité par la famille pour rejoindre la maison de campagne.
Famille que je me représentais, dans un panoramique au raz du canal, marchant en file indienne vers leur petit paradis.
Ah, peuchère!
Lorsque j'ai lu le livre pour la première fois, mon coeur d'enfant palpitait au passage ou la famille est interceptée par un gardien mal léché.
La fin de l'histoire fut un choc pour moi. Marcel Pagnol y faisait un saut de quelques années plus tard, avec une vérité moins agréable à lire pour le jeune lecteur.
L' auteur, à la fin du Château de ma mère, estimait -sans doute à raison- qu'un enfant pouvait (et devait) savoir certaines choses.
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Le jardin, la pomme et le serpent
OUI MAIS
en Provence !

La vie, la belle vie insouciante, le long de ce grand fleuve festif qu'est l'été, continue. Joseph, le père dont la gloire cynégétique fut célébrée dans le premier roman du triptyque, devient bon chasseur. Marcel trouve en Lili plus qu'un camarade de jeux ou un guide de la nature : c'est un ami, c.à.d. le frère qu'on aimerait avoir eu. Paul, le petit frère, taquine quand même sérieusement la petite soeur et prend une bonne taloche. Une vie de soleil, d'insouciance, d'aventures et de promesses de lendemains sans cesse meilleurs …

C'est la rentrée scolaire qui chasse tout le monde de ce jardin paradisiaque. Impossible d'échapper à la condamnation du calendrier, même en fuguant. Et c'est à l'occasion de cette fugue nocturne que Marcel se découvre lâche, menteur, et un peu traître. Nous ne sommes pas qui nous espérions être … Heureusement, il est possible de retourner au paradis lors des vacances scolaires. Mais la route est bien longue, doit se faire à pied, et l'on est chargé de provisions. Alors, comment résister à la tentation quand quelqu'un vous propose un sérieux raccourci ? Prends cette clef, elle t'ouvrira les portes interdites … Joseph se veut un citoyen modèle, car instituteur: cet homme à la fibre républicaine exemplaire ne saurait contrevenir à la loi en pénétrant par effraction dans des propriétés privées. Même si le chemin est long, et devient bientôt hebdomadaire. Bien que, à bien y refléchir, que risque-t-on à couper par des jardins ? Rien, rien du tout lui assure t-on. Il accepte la longue clef qui ouvre les mystérieuses portes qui mènent au bonheur ...

Ce roman est l'histoire d'un été merveilleux, et d'autres, mais aussi d'une chute. Un petit garçon apprend qu'il n'est pas un guerrier courageux, et que son père, qu'il idolâtre, est aussi un simple fonctionnaire, qui doit pourvoir aux besoins de sa famille. Plus tard, en fin de livre, nous apprendrons combien d'autres personnages se sont montrés vulnérables au fil des étés et des hivers, combien ont fini par disparaître.

Ce roman chante la vie: c'est une ode à ce fleuve du temps, qui continue à s'offrir à nous, au milieu des joies et des peines, des triomphes et des chutes. Un jour, bien sûr, ce fleuve aboutit à un cataracte, Ce qui se passe à ce moment-là, avec toutes ces joies et ces peines, c'est une question dont la réponse ne peut être que personnelle.

Ce roman, comme toute littérature digne de ce nom, nous offre un tissu, celui d'un début de vie , et arrive à en faire quelque chose qui transcende celle de l'individu qui l' a écrit. Il parle à chacun, car il s'agit de choses simples mais profondes que tout homme rencontre tôt ou tard : le bonheur, la bonté, l'amour sous toutes ses formes, mais aussi la vulnérabilité, les limites et même la mort. Nous sommes bien loin des écorchés vifs qui se présentent chez vous - heureusement au figuré – et vous fourrent sous le nez un baluchon de papiers qu'ils viennent d'arracher à un journal intime bâclé, dépourvu d'idées et d'inspiration. Vous êtes sommé d'apprécier, et si vous n'obtempérez pas, c'est que vous êtes une brute. Car il s'agirait d'un roman. La preuve: on lui a décerné un prix !

Se trouvera-t-il d'autres Pagnols pour continuer à nous enchanter ?

En tous cas, je mets les voiles pour " le Temps des Secrets"...










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Bon, allez, je le dis : j'ai versé ma petite larme en refermant le second tome de la trilogie de Marcel Pagnol "Souvenirs d'enfance". Mais ne craignez pas que je révèle pour autant la cause de cet épanchement lacrymal, simplement c'est une façon de témoigner de la pureté de l'émotion ressentie à la lecture du "Château de ma mère", cette ode pleine de fraîcheur et d'amour véritable que l'auteur chante pour nous avec le bel accent du Midi ; un chant poétique et pastoral amplifié par les échos des collines marseillaises.

Tout comme pour la lecture du magnifique diptyque "L'eau des collines", c'est avec reconnaissante que j'ai reçu de Marcel Pagnol ce cadeau incroyable que représente un roman riche en émotions et au style impeccable où chaque personnage a sa place, où aucun n'est le faire-valoir d'un autre, où les décors prennent vie avec une acuité de scène d'avant l'orage, et où les relations entre les êtres - qu'ils soient humains ou non - sont belles de simplicité, même dans la prédation.

Quel voyage nous offre Pagnol ! Plus je découvre son oeuvre et plus il me transmet naturellement l'envie de la savourer en intégralité.


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Où l'on retrouve le petit Marcel là où "La gloire de mon père" l'avait laissé: batifolant dans la garrigue et mortifié à l'idée de devoir quitter ses collines pour retourner en classe.
Qu'à cela ne tienne: la famille décide de venir chaque fin de semaine dans leur cahute de rêve, faisant pour cela à pied quatre heures de route à l'aller et quatre au retour.
Mais cette famille bénie du bon Dieu (pardon Monsieur l'instituteur pour l'offense à votre laïcité forcenée!) rencontre un bon Samaritain qui lui ouvrira la porte d'un raccourci le long du canal, obligeant notre joyeuse troupe à braver la loi...
Pas besoin d'avoir soi-même baigné ni dans l'époque, ni dans les lieux pour succomber au charme de ces souvenirs d'enfance, gorgés de soleil, de bienveillance familiale et d'accents chantant : ce texte est délicieux et fait un bien fou!
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On retrouve Marcel exactement là où il était à la fin du premier volet des souvenirs d'enfance de Pagnol. Un enfant heureux de passer ses grandes vacances à la campagne.
Ce second volet me semble plus dense que le précédent. Après la famille, Marcel va découvrir l'amitié avec l'arrivée dès les premières pages de Lili. Malgré leurs différences, les deux enfants vont s'enrichir de leur savoir, offrant au lecteur une magnifique amitié, sincère, sans arrière pensée. La portée de cette amitié va encore se renforcer avec l'évocation du dècès de Lili à la fin du livre.
J'ai bien aimé la désillusion liée à la fin des vacances et les stratagèmes qu'essayent de mettre en place Marcel pour échapper à l'inévitable retour en classe.
Puis c'est au tour de la mère, Augustine de plaider auprès du père la nécéssité de retourner à la maison de campagne chaque semaine. Ce long voyage va être l'occasion de petit arrangement avec la loi et fait basculer le livre vers une aventure poétique. En effet pour aller jusqu'à leur paradis, la famille doit passer sur des terres où se dressent des chateaux plus ou moins habité par des personnes plus ou moins bienveillante.
Le petit frère Paul apporte toute sa fraîcheur et trois phrases m'ont particulèrement amusé : " il faut le démourir !" lorsqu'il découvre terrifié que les pièges pour attraper les oiseaux sont mortels, "moi quand j'aurai des enfants, je les donnerai à quelqu'un, " je le tue dans les fesses" si quelqu'un a le malheur de s'en prendre à son père.

Au final, se second volet renforce l'attachement au petit Marcel, les personnages sont plus nombreux. Reste la fin marquant un grand tournant : alors qu'il restait fidèle à la chronologie, le saut dans le temps des dernières pages évoque brièvement la disparition de sa mère, de son frère, de Lili. Cet fin ne fait que renforcer la mélancolie du récit et il ne me reste plus qu'à me procurer le temps des secrets et des amours...
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