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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Imaginez-vous ne rien connaître de la civilisation ni du monde des hommes. Imaginez-vous n'avoir rien connu d'autre dans votre jeune vie que le désert, le soleil, le sable et les cailloux, deux palmiers, un potager minuscule, un puits et des lézards. Et un seul être humain : votre mère. Si vous y arrivez, vous comprendrez pourquoi Ionah ne peut qu'imaginer la pluie, et toutes les autres choses du monde d'avant, que sa mère tente de lui décrire. Parce qu'elle est une rescapée de ce monde détruit par la folie humaine, et qu'elle a trouvé refuge, avec Ionah encore bébé, au fond du désert. Et parce qu'elle sait qu'un jour elle mourra et qu'il se retrouvera seul, elle lui transmet ses souvenirs, lui expliquant tout ce qu'elle peut, des choses du quotidien aux concepts plus abstraits : la guerre, l'envie, la cupidité. Elle sait qu'un jour Ionah devra partir, traverser le désert pour retrouver le monde des hommes, alors, depuis le début, elle le prépare à survivre avec l'essentiel, tout en lui faisant comprendre que ce sont le besoin de possession et de consommation qui ont mené les hommes à leur perte.

Il y a l'expression "forêt vierge", ici il faut la transposer au désert que connaît Ionah, vierge de tout, comme lui-même d'ailleurs. Un désert comme une matrice originelle, l'aube d'un monde nouveau, épuré du non essentiel, où tout a commencé et où tout va peut-être pouvoir recommencer sur des bases pures. Car c'est le destin de chaque enfant de sortir de cette matrice protectrice, de se construire, de trouver son chemin. Ionah devra traverser le désert, dans le silence, la solitude et la peur qui lui font tutoyer la folie. Que trouvera-t-il de l'autre côté ?

Quitter un havre de paix, une zone de confort, un monde connu mais précaire et limité, pour un ailleurs incertain, inconnu mais peut-être heureux et infini de possibilités, tel est le risque à prendre. Ionah ignore si le voyage en vaut la peine, mais il part, pour tenir la promesse faite à sa mère.

"Imaginer la pluie" est une fable poétique, un conte initiatique qui nous ramène aux questionnements essentiels : pourquoi la vie, quel sens lui donner, qu'est-ce que l'humanité, l'enfer, est-ce les autres ? Avec ses personnages attachants, ce texte d'une beauté dépouillée et sans artifices montre combien la pureté des intentions et des sentiments est fragile quand elle est confrontée à l'âpreté du monde "civilisé". Entre les deux, il faut trouver sa place, son abri, son refuge, en préservant si possible son humanité. C'est cela, "Imaginer la pluie".
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Belle découverte grâce à ma libraire que cette fable épurée, à l'image du dessin de couverture : le monde d'après vécu à travers les yeux d'un petit prince revisité, totalement vierge du monde d'avant, si ce n'est des histoires que sa mère, seule personne qu'il ait jamais vue, lui a transmises avant de mourir. Dès lors, il n'aura de cesse de se répéter ces mots pour ne pas les oublier, et de chercher à savoir ce qu'il y a au-delà de ce désert hostile.
La fin de notre système inspire de plus en plus d'écrivains qui cherchent à développer une vision constructive de l'après, ce qui donne lieu depuis quelques années à de très jolies pépites en matière de littérature post-apolcalyptique. « Imaginer la pluie » (un titre magnifique !) en est une.
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Quel roman merveilleux ! Dès qu'on a le nez plongé dedans, c'est comme si on entrait dans un autre monde au point d'en oublier tout ce qui se passe autour. L'histoire est importante bien sûr avec cet enfant qui attend la pluie qu'il n'a encore jamais vu. Ben oui ça ne se passe en France, mais dans le désert où il vit seul avec sa mère. Pourquoi ? Comment ? C'est une écriture ensorceleuse qui donnera les réponses. Une découverte unique grâce à fanfanouche24 que je remercie.
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Imaginer la pluie est un conte philosophique sur ce qui est Essentiel. Sur le besoin de l'Autre,sur la rencontre,sur la survie et ce qui donne sens à l'envie de survivre.Ionah est vierge de tout système si ce n'est la relation à sa mère et aux lois du desert puisqu'il y est né et n'a jamais rien connu d'autre. Santiago Pajares à une façon d'écrire très poétique et très picturale qui parvient à nous faire voir le monde comme si c'était la première fois, à travers le regard de cet "homme/enfant". C'est aussi une fable initiatique qui parle du cheminement intérieur mais en miroir à l'évolution de l'humanité.L'auteur sème sans en avoir l'air des questions politiques comme l'impact de la notion de propriété, ou l'absurdité destructrice des besoins que crée l'abondance artificielle et superficielle.Il y a un beau souffle de liberté dans ces pages, qui provient , à n'en pas douter, du désert!
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Ce n'est pas parce qu'un livre est post-apocalyptique qu'on doit le classer en Science-fiction. Sinon on risque de grandes déconvenues. Surtout si on cherche de la SF. C'est la réflexion que je me suis faite en lisant ce petit bijou, c'est aussi celle que j'ai eue en lisant La Constellation du chien de Peter Heller, immense chef d'oeuvre que je ne recommanderai jamais assez.

Pour Imaginer la pluie, il y a un bien un mystère latent, une envie de dénouement ressentie pas le lecteur, une certaine progression dans les révélations. Mais il faut savoir à l'avance qu'on n'est pas là pour ça, même à la toute fin. J'ai été pris, à la dernière page, d'une envie de lire une suite, une vie radicalement différente mais avec notre héros et sa manière de voir les choses.

Ah, notre héros ! C'est lui le centre du livre, le centre du monde. Nous sommes dans son esprit, nous vivons sa progression et la puissance de sa vie. C'est fort et nous prend dans une lecture frénétique et sans difficultés, même si l'on se dit que cet homme-là écrit fort bien pour une personne qui ne savait au départ pas grand-chose de la vie. Eduqué par sa mère au milieu de nulle part.
Si on devine à peu près tout ce que lui a écrit, on ne saura pas grand-chose des écrits qu'il a récoltés, mystère qu'on aurait bien aimé suivre jusqu'au bout.
Les chapitres sont généralement minuscules, le livre de 300 pages doit en en faire en réalité 170 car il y 120 chapitres !
On a soif, on a chaud, on a peur de mourir, on a froid, on ressent beaucoup de choses, avec une belle philosophie de vie. le désert est parfaitement décrit en creux, dans ses manques de tout. Un rocher, un serpent nous surprennent tant ce désert est vide. Vide trompeur, comme celui d'un esprit qui s'éveille et se peuple des traces de ceux qu'il a croisés.

Ce livre n'exagère pas sur les bons sentiments. Il est humaniste sans être racoleur ni moralisateur. Nous n'avons pas l'impression de nous trouver en présence d'un de ces gourous qu'on trouve un peu partout et qui semblent vouloir nous dire comment il faudrait vivre en nous donnant des leçons qu'ils ne respectent pas. Au contraire, ici l'apocalypse est passée, il faut survivre et c'est dans la tête, chacun y trouve ce qu'il y cherche. On pourrait se contenter de peu et survivre, certes. Mais il y a plus : la vraie vie est dans l'expérience avec soi, avec la nature, en solitude ou en compagnie.
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Ce conte philosophique est fait de peu de personnages. Il y a Ionah et sa mère Aashta. Les chapitres courts sont autant d'instantanés de leur vie. L'enfant a été élevé dans le désert et a appris à y survivre. Il apprend tout de cette grande sage qu'elle est et on savoure ses réparties surprenantes et pleines de sens. On sait simplement qu'elle a quitté le « monde d'avant » et qu'elle a choisi de vivre dans le plus pur dépouillement.

J'ai adoré la première partie et le livre vaut la peine d'être lu pour elle seule. La deuxième partie, moins philosophique, offre plus de suspense mais n'a pas répondu à mes attentes, même si elle est intéressante. J'avais envisagé une autre façon de poursuivre l'histoire et le retour à la civilisation de Ionah. Ça m'apprendra ! Mais j'ai tout de même fait une bien belle lecture. C'est un titre à retenir.
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A peine avais-je quitté Nomades, le très touchant récit de Mona Azzam, que, grâce à un commentaire de Kawane, je repartais au fin fond du désert Imaginer la pluie. Un texte qui n'est pas sans rappeler celui inégalé et inégalable d'Antoine de Saint-Exupéry. Si Ionah a sans conteste quelque chose du Petit Prince, le roman de Santiago Pajares ne fait pas pâle figure à côté de celui de l'aviateur‐écrivain‐poète. Roman initiatique et poétique, Imaginer la pluie renvoie le lecteur à l'essentiel. Il vous cueille au sortir de la vie consumériste pour vous emmener, loin de la civilisation matérialiste et souvent inhumaine, aux confins d'un univers du strict minimum vital. Il fait réaliser combien souvent nous vivons loin de l'essentiel.
L'essentiel est toujours lié à l'amour. Pour Ionah : l'amour d'une mère, l'amitié, l'amour d'une femme.
Le désert est une belle et rude leçon de vie et de survie. Ionah en apprend les rudiments grâce à sa mère puis les met à l'épreuve avec Shui, le surprenant chinois.
Ionah va écrire son histoire à l'encre de son sang. ”Je raconte mon histoire du plus loin que je peux m'en souvenir. Je raconte comment ma mère m'a appris à me battre et comment elle s'est consumée pendant que j'apprenais à fabriquer des pièges pour les lézards. Je raconte comment elle m'a parlé de la pluie et de tout le reste. Des pianos. de mon père. Des cris du désert, et de nos façons de nous protéger dans l'appentis. J'écris sur Shui et raconte comment je l'ai trouvé dans le désert et sauvé des vautours. Comment Shui m'a appris à siffler et m'a donné de l'espoir. Comment il s'est jeté dans le puits et m'a obligé à partir en jouant le tout pour le tout. J'écris sur les larmes que j'ai versées quand ma mère est morte, et sur les moments où j'aurai voulu pleurer et où je n'ai pas pu.”
Une histoire qui se lit d'une traite. Et si, personnellement, j'ai moins aimé les quelques pages de la fin, peut-être parce qu'elles nous ramènent à une actualité brûlante, Imaginer la pluie fera partie des romans qui se gravent dans la mémoire et dans le coeur.
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J'ai beaucoup aimé ce livre dont je trouve pour commencer le titre magnifique. Il ne s'y passe à la fois pas grand-chose et, en même temps, c'est l'essentiel des questionnements et des choix d'une vie.

J'ai adoré être dans l'esprit de Ionah qui voit les choses comme personne car personne n'a vécu comme lui, sans aucune civilisation. Ionah a grandi dans le désert avec sa mère et les récits de celle-ci sur le monde d'avant, avant l'apocalypse humaine. Elle lui a tout appris pour la survie dans ce milieu hostile et pour qu'il devienne un homme un jour. Quand elle meurt, Ionah reste seul des années avant de prendre de nouvelles directions…

C'est un roman sur ce qui signifie être humain. Il est beau et brut.
Beau car Ionah a un regard particulier sur le monde et les choses, notre relation à elles et aux autres. Il nous offre de nouvelles perspectives sur ce qui pourrait nous paraître normal.
Brut car il parle sans détour de la vie et de la mort et des choix qui mènent à l'un ou à l'autre.

La métaphore du désert est multiple et m'a beaucoup questionnée. La vie peut être vue comme une traversée du désert, parsemée de quelques rencontres mais où l'on est fondamentalement seul avec nos choix. Que faisons-nous de cette traversée ? Est-elle dominée par la peur ou la sérénité, les désirs ou les besoins ? Là, le texte se fait mystérieux et profond, et vient frapper droit au coeur, à nous si éloignés du désert et pourtant souvent désertés de l'essentiel car encombrés de tout. Mais comment ne pas l'être ? Même Ionah n'échappe pas à la peur de perdre ce qu'il a aimé.

C'est un roman qui percute sans violence la tête et le coeur par son écriture forte et directe au style faussement naïf. Dans ces grandes étendues de sable, je ne me suis pas ennuyée un seul instant. Là où le texte aurait pu être répétitif, tout devient aventure. J'ai été conquise par sa beauté et je sens que plein d'idées me viendront encore en repensant à ce roman riche en réflexions.
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Imaginer La Pluie de l'espagnol Santiago Pajares (chez Actes Sud).
Ce pourrait être une sorte de Petit Prince post-apocalyptique (on évoquait il y a peu le nouveau genre littéraire à la mode : cli-fi pour climate fiction). Même s'il sera très peu question de comment la fin de monde est arrivée.
Une mère et son fils échoués seuls en plein désert dans une minuscule oasis après la fin du monde, un monde que le fils, né 'après', n'a jamais connu. Bientôt le fils se retrouve plus seul encore. Plus pour très longtemps.
Une fable, un conte poétique.

[...] Voilà ce que je fais. J'imagine la pluie.
[...] Mère en a vu beaucoup, et souvent. Pour elle, c'était une chose normale, sans importance. Pour moi, c'était inconcevable.
[...] Mais c'était avant que tout change. Disait mère. Maintenant, on ne gaspille plus l'eau. Plus jamais. Maintenant, on ne pleure plus.
[...] Tu crois que le désert nous enverra de la pluie ?
— Oui.
— Quand ? Mère me regarda. Elle ne me regardait jamais quand nous parlions.
— Quand ton courage, tes efforts et ton sacrifice l'auront suffisamment ému pour pleurer sur toi.

Avouons que ce petit roman nous a laissés un peu sur notre faim à la fin.
Comme dans toute fable, il y a sans doute une morale.
Ce pourrait être, selon le niveau de lecture : Les chinois causeront la fin du monde mais eux seuls sont suffisamment nombreux pour y survivre.
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Une fable post-apocalyptique, poétique et philosophique. Ionah n'a jamais rien connu d'autre que le désert, et sa mère, enfuie d'un monde en perdition. Elle lui a inculqué tout ce qu'il devait savoir sur la survie dans ce milieu qui ne fait que les tolérer, elle lui a appris à écrire dans le sable et elle lui a conté les histoires du monde d'avant. A sa mort, Ionah se retrouve seul et il doit alors affronter également cette solitude absolue. Tenté plusieurs fois de partir, de quitter son havre de paix et de solitude pour affronter l'inconnu, l'ailleurs incertain et dangereux, mais rencontrer l'autre, se pose pour Ionah la question du sens de la vie, de la différence entre vie et survie, du chemin à emprunter "même si ce n'est pas celui qu'on veut prendre." Ce livre, plein de références au Petit Prince de St Exupéry fait également l'éloge des mots, des histoires, mémoires des hommes, tout autant nécessaires à la vie que l'eau et la nourriture.
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