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EAN : 9782207118771
336 pages
Denoël (25/01/2016)
3.26/5   21 notes
Résumé :
Dans la Yougoslavie des années 1980, en pleine campagne kosovare, une jeune fille est mariée à un garçon qu’elle connaît à peine. Emine fait de son mieux pour être une bonne épouse, mais la vie ne lui apporte qu’une série de déceptions. Elle donne naissance à quatre enfants. Lorsque la guerre éclate, la famille d’Emine décide de fuir et choisit la Finlande comme destination de l’exil. Dans ce pays froid où les étrangers sont supposés accepter avec gratitude la place... >Voir plus
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Eh bien quel roman! Voici un livre que j'ai beaucoup , beaucoup aimé et je salue le talent de son jeune auteur. Je ne suis vraiment pas passée loin du coup de coeur!

La narration alterne entre Eminè et son fils Bekim. Eminè nous conte son histoire, de son enfance albanaise, jusqu'à sa fuite en Finlande, avec mari et enfants. Bekim, lui, est un étudiant un peu à part, pratiquement asocial, qui cherche à se construire.

Je vais commencer par les petits défauts, qui m'ont empêché de ressentir un gros coup de coeur qui aurait pourtant pu être. Bekim est quelqu'un de tellement atypique et barré qu'il faut réussir à saisir ce qu'il veut nous dire. Et ce n'est pas facile du tout. le roman commence par un tchat gay, on comprend qu'il ne parvient pas à trouver une relation stable. Puis il rencontre le "chat". Bien entendu, c'est une métaphore, on se doute qu'il ne faut pas prendre cela au premier degré; Bekim ne se met pas réellement en couple avec un chat mais utilise cette image. Ce qui entraîne des situations loufoques et des dialogues truculents, parce qu'on imagine réellement un chat. Si bien que finalement, on ne sait plus trop où on en est, ni ce qu'on doit en penser. le passage du chat terminé, Bekim part donc pour son pays d'origine, dans une sorte de pèlerinage. Finalement, ce passage n'est pas ce qu'on en attend et on retrouve cette obsession inexpliquée pour les chars et les serpents.

Par contre, j'ai franchement vibré pour le reste du récit. J'y ai découvert les montagnes kosovares et la ville Pristina, avant et après les ravages de la guerre. La mort de Tito, chef qui maintenait les états yougoslaves dans une paix relative, a précipité ce monde dans le chaos le plus total. C'est un pan de l'histoire de cette région que l'on apprend, ainsi que les souffrances endurées par les populations, sans pourtant jamais tomber dans le voyeurisme.

C'est à travers les yeux d'Eminè que nous vivons la fin de la Yougoslavie. Son père décide de la marier à un jeune homme qui a eu le coup de foudre pour elle. C'est ainsi que j'ai découvert les traditions rurales kosovares, à des années lumière de tout ce que l'on connaît. Eminè et sa famille sont, dans le récit, des montagnards qui acceptent la vie comme elle est et vivent résignés. Jusqu'à ce que la guerre éclate.

Eminès, son mari et ses enfants partent donc pour la Finlande, afin d'échapper aux massacres. Ils rêvent de ce pays occidental comme d'un eden. Evidemment, la réalité est toute autre. Il est difficile pour les immigrés, les réfugiés politiques, de se faire une situation. Comme le résume le père de Bekim, on veut que les immigrés s'intègrent, mais on ne fait rien pour que cela arrive, les toisant de haut, les insultant. le racisme est bien présent et toute la famille en souffre, dans un pays (là, c'est la Finlande qui est prise en exemple mais c'est partout pareil, bien sûr) où on scrute le moindre faux pas pour le mettre sur le compte du pays d'origine. C'est aussi un choc des cultures pour Eminè et sa famille. Eux, montagnards qui se contentent de ce que la terre peut leur offrir, se trouve soudain face à des citadins qui surconsomment et se sentent pourtant lésés.

" Ils ont plus que ce dont ils ont besoin. Pourquoi ne voudraient-ils pas de nous ici? Qu'est-ce qui pourrait bien leur manquer, qu'ils n'auraient pas déjà?".

C'est un roman qui a su me happer par sa force, une histoire saisissante et criante de réalisme, une belle réussite malgré les petits reproches que j'ai fait au début; j'ai trouvé bizarre le mélange de loufoquerie et de gravité, en fait. Mais pour moi, c'est un roman nécessaire si on veut faire l'effort de se mettre dans la peau d'un immigré. C'est un roman également instructif à travers l'évocation des traditions musulmanes kosovares et la période tourmentée des années 90 dans ces contrées. Un roman qui m'a beaucoup marquée.
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Pajtim Statovci est né au Kosovo en 1990 avant que ses parents décident de déménager en Finlande, deux ans plus tard, un an après que le petit état de 11 000 km² environ ait proclamé son indépendance, ouvrant alors la voie à des conflits interethniques et à la tragédie de 1999. Étudiant la littérature comparée à l'université d'Helsinki et l'écriture de scénarios pour le cinéma et la télévision à l'École supérieure Aalto d'art et design, Pajtim Statovci surgit sur la scène littéraire avec un premier roman loufoque et empreint de gravité, dans lequel il rend hommage à ses racines.

Mon chat Yugoslavia est un roman qui se compose de deux voix, la première, celle qui ouvre le roman d'une manière assez abrupte, est celle de Bekim, un étudiant à Helsinki. Fils d'immigrés kosovars, Bekim est aussi un homosexuel qui cherche à s'intégrer dans la société finlandaise, lassé par les études et vivant avec un boa constricteur. Son quotidien se voit chamboulé lorsque, un jour, il rencontre un « chat », rapidement décrit comme un être humain. L'attitude de ce dernier est une alternance de crises, de disputes et d'amour.

La deuxième voix est celle d'Eminè. Elle nous emmène dans la Yougoslavie du printemps 1980. Alors qu'elle part pour l'école, son chemin croise la route d'un conducteur, Bajram, qui tombe immédiatement amoureux d'elle, au point de demander sa main à son père. C'est une nouvelle vie qui se prépare alors pour Eminè : entre les différents préparatifs pour le mariage et son amour pour Bajram, la petite fille quitte peu à peu le monde idéalisé de l'enfance pour entrer dans celui brutal et sans concession des adultes.

Peu à peu, les deux histoires vont se rejoindre : tandis que la partie consacrée à Eminè égrène le temps et que l'on assiste aux désillusions de la jeune femme, Bekim, lui, va opérer un retour en arrière, à la recherche de ses racines dans un pays meurtri par les conflits récents, une recherche indispensable pour soigner son mal-être.

Le roman reste, toutefois, assez bancal : bien que le découpage en deux voix est efficace, les chapitres consacrés à Eminè sont toutefois les plus intéressants, notamment dans la description des us et coutumes kosovars et de cette guerre qui se dessine en filigrane. Eminè reste particulièrement touchante et la force du personnage réside dans cette combativité qui la détermine. Les chapitres sur Bekim, bien qu'originaux avec la présence de ce « chat » qui prend immédiatement la symbolique du patriarche absolu, pêche par le manque d'enjeux : l'indolence du personnage est complètement irritante et il est assez regrettable d'assister au « réveil » de Bekim seulement dans le dernier tiers de l'ouvrage.

Il n'en demeure pas moins que Mon chat Yugoslavia reste original, non seulement dans le fait qu'une partie du roman se déroule au Kosovo, mais aussi avec cette distanciation des différentes voix du livre : Eminè, grave et terre-à-terre, semble comme répondre à Bekim, dont les passages restent assez loufoques, notamment avec ce « chat » humanisé et ce boa constricteur qui trouve son habitat sous le canapé. le roman reste une très bonne surprise et inscrit Pajtim Statovci comme un auteur doué et ambitieux dont on a hâte de découvrir un nouveau roman.
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Double récit, d'une part , le mariage d'Eminé, mariage traditionnel, dans une société figée, au Kosovo alors que n'existait encore que la Yougoslavie et d'autre part la vie de Bekim, fils d'immigrés Kosovars, en Finlande.

Les deux récits vont se croiser et chacun va donner plus de force au récit de l'autre.

La partie qui raconte le Kosovo traditionnel est une grande réussite, un éclairage réussi sur une société assez figée, aux codes rigides.

L'histoire de Bekim est, à mon avis plus embrouillée. Les métaphores autour du serpent et du chat m'ont échappée et alourdissent le récit.

Tout ce qui raconte les difficultés d'adaptation d'une famille immigrée qui se heurte à des codes totalement différents des siens est extrêmement bien rendue. le décalage du père qui ne veut rien lâcher et croire à son projet de retour. La mère qui ressent les changements chez ses enfants mais n'arrive pas à sortir de son rôle pour lequel elle a été formatée depuis sa naissance. Les enfants, qui en gros ne connaissent pas grand chose du Kosovo, optent pour la Finlande et l'incompréhension qui se noue entre enfants et parents.

Au final, un roman, un premier roman pour ce jeune auteur, qui vaut d'être lu même si certains choix littéraires me semblent hasardeux.
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Plein de bonnes choses dans ce roman mais aussi pas mal de moins bonnes. Commençons par ce qui fâche : beaucoup de longueurs, un livre qui peine à démarrer, il faut attendre la page 130 pour qu'enfin une éclaircie parvienne au lecteur que je suis. Éclaircie qui ne veut pas dire que toute la lumière sera faite sur tous les points qu'aborde l'auteur. Ce qui m'amène à une autre réserve, c'est un roman foutraque qui démarre plein de pistes, les explore ou pas... et peut perdre son public en cours de route. En un mot, c'est parfois le bordel. Pour finir sur les notes moyennes, je dirais que l'écriture n'a rien de suffisamment exceptionnel pour retenir le lecteur. Il faut se faire violence pour tenir les premières pages et ne pas hésiter à sauter des passages longs qui n'apportent strictement rien au fond -ni à la forme- ; 330 pages qui auraient pu être très raisonnablement réduites et condensées sans nuire aux propos.

Malgré tout cela, et malgré mes envies de lâchement quitter le roman, je ne l'ai pas fait car il y a un ton et des situations qui m'ont retenu. D'abord les contextes : celui de la Yougoslavie des années 80 qui va bientôt exploser, Tito venant de mourir laissant place aux nationalismes exacerbés de certains, Milosevic en particulier. Dans ce pays, vivent des Albanais, dont Eminè et son futur mari avec des traditions fortes, dont celle qui concerne le rôle de la femme, très archaïque à nos yeux d'Occidentaux. Ce qui paraissait un beau mariage va vite tourner au cauchemar pour Eminè, devenue femme battue, brimée et aux ordres de son époux. On avance dans la vie du couple bientôt famille avec 5 enfants, notamment lorsqu'ils fuient la Yougoslavie en guerre pour se réfugier en Finlande. Ils y vivront le racisme au quotidien, la honte d'être à part "Nous étions devenus le genre de personnes qui se lient d'amitié avec les opprimés, avec ceux qu'on n'aime pas. Nous étions rejetés au même titre que les Tziganes, nous étions de ceux qui venaient de loin pour entrer dans ce pays, où les gens étaient si blancs qu'on les aurait cru faits de neige tassée. Moi, je nous considérais comme blancs, mais à leurs yeux, notre blanc, ce n'était pas la même chose." (p.193/194) Et pourtant l'espoir, ils l'avaient en arrivant en Finlande, comme le disait Bajram à Eminè : "Ils ont plus que ce dont ils ont besoin. Pourquoi ne voudraient-ils pas de nous ici ? Qu'est-ce qui pourrait bien leur manquer, qu'ils n'auraient pas déjà ?" (p.195)

L'autre partie est consacrée à Bekim qui peine à trouver son équilibre. Jeune homosexuel, sa vie affective est pauvre et son intégration pas très aisée dans ce pays qui n'est pas moins remonté contre les étrangers que dans les années 90 lorsque Bajram et Eminè sont arrivés. Il s'achète un boa constrictor, le laisse vivre dans son appartement en liberté, s'installe avec un ami qui le manipulera et l'utilisera. J'avoue n'avoir pas tout saisi de la vie de ce jeune homme, sans doute me manquait-il quelques codes. Un rien barré, il va devoir passer par quelques épreuves dont celle de la recherche des origines pour tenter de vivre enfin.

Malgré mes réserves, je reste sur une image plutôt positive de ce roman et de l'auteur qui gagnera à faire plus court, plus dense. Il est suffisamment décalé, loufoque pour écrire d'autres livres hors du commun. A suivre donc.
Lien : http://lyvres.fr
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Curieuse découverte que ce roman écrit en finnois traduit en français, oeuvre d'un jeune écrivain d'origine kosovare né en Finlande en 1990.

On comprend rapidement que le récit passe d'une narratrice, Eminè, vivant au Kosovo en 1980 à un narrateur,jeune homme assez faible, Bekim, qui vit de nos jours à Helsinki où il fait la rencontre d'un jeune « chat », homo assez bizarre qui s'installe chez lui.

Il faut dire que l'entrée en matière est assez décourageante : scène d'amour gay plutôt abrupte, pas de quoi se lancer dans la lecture si on n'est pas particulièrement séduit par le genre. Comme si l'auteur avait voulu tester notre réelle volonté de le lire.

Puis l'histoire déroule ses anneaux à la manière du boa constrictor adopté par Bekim (qui semble ignorer que cet animal tue par étouffement, et le laisse pourtant s'enrouler autour de lui, scènes assez troublantes quand on y songe...), racontant l'histoire de la jeune épousée Eminé qui passe de la férule de son père à celle de son mari. Ici, une évocation sans surprise mais intéressante des moeurs en Albanie, traditionalisme et emprise de la famille puis de la belle-famille après le mariage selon la coutume musulmane. Jusqu'au départ en Finlande et au choc culturel qui en découle, la découverte du racisme, la vie étriquée et décevante des immigrés.
En fait, ce qui est le plus intéressant dans le roman concerne la partie albanaise (ou kosovare) avec pour trame de fond l'horreur des guerres de l'ex-Yougoslavie après la mort de Tito et l'impossibilité de faire cohabiter les Serbes (méchants), les Bosniaques (menteurs), les Bulgares (avides) et les Albanais (honnêtes et sûrs) : estimations évidemment faites par un Albanais qui dit que « Promesse d'Albanais ne trompe jamais » ! Les idées reçues n'ont pas de frontières...

En revanche, les épisodes actuels concernant la vie amoureuse de Bekim, entre chat et boa, m'ont laissée de marbre malgré leur côté assez loufoque !
Un roman étonnant, à découvrir sans doute mais pas vraiment enthousiasmant.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La première fois que j'ai rencontré ce chat, ce fut si déconcertant, comme de voir le corps de cent hommes parfaits en même temps, que je l'ai peint sur une feuille de papier épais, puis, l'aquarelle achevée et enfin sèche, je l'ai emportée partout avec moi, et nul n'a depuis croisé mon chemin sans répondre à ma question : "Votre altesse distinguée, puis-je me permettre de vous présenter mon chat ?"
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La fumée nous enveloppaient, la montagne, moi, le chat et la pierre, le monde semblait réduit à une rognure d'ongle, et le village se dressait devant nous comme une vessie éclatée d'où suintait un liquide inodore de maisons, de voitures et de gens.
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De moi et toi était en train de naître nous, sans que ni l'un ni l'autre ne nous en rendissions compte.
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