Voilà un livre qui dès l'abord m'a paru intéressant, et par le cadre du récit, l'Iran actuel, un pays méconnu, si ce n'est à travers des films comme Une Séparation ou Une Famille honorable, ainsi que par son thème, les révoltes spontanées ayant suivi les élections présidentielles truquées de 2009, et réprimées avec violence.
Et pourtant quelle déception !
Impression générale : à mourir d'ennui... L'envie permanente de reposer le roman, en raison de sa banalité, l'absence complète du moindre intérêt pour l'action (quand il y en a) et pour les personnages, qui pourtant s'expriment à la première personne.
Cependant tous les ingrédients semblent y être... Des héros jeunes et bien situés dans leur cadre social, une situation politique mouvementée, des dialogues, des introspections, des péripéties très fortes, allant crescendo, une situation traumatisante, une réflexion sur l'état politique du pays...
Mais la mayonnaise ne prend jamais.
Que peut-on incriminer ?
D'abord la platitude du style, souvent lourd, parfois maladroit, et écrit pauvrement uniquement au présent de l'indicatif. L'absence totale de sensibilité dans l'évocation des lieux, des émotions, du ressenti des personnages. L'écriture est mécanique, raconte, bavarde, n'évoque jamais. Des personnages auxquels on ne croit pas, surtout les protagonistes masculins, dont le très improbable Hossein, un jeune "gardien de la révolution" secrètement amoureux de l'héroïne, dont le discours schématique relève d'une construction totalement artificielle. Une jeune femme, Raha, qui est victime d'événements très violents, sans toutefois qu'on s'émeuve ni qu'on vibre avec elle. Tout est raconté de façon clinique, fonctionnelle, narrative certes, mais sans relief et sans âme.
On n'arrive pas non plus à s'intéresser aux péripéties de la première moitié du roman, répétitives, peu suggestives, banales. La technique du récit est appliquée, c'est tout.
Et surtout le vrai sujet du roman, là où il est le plus sincère, le moins démonstratif et prévisible, c'est la peinture des classes aisées iraniennes et leurs lamentations sur le régime actuel, ruminations dont on sent qu'elles sont le propre des exilés qui critiquent à perte de temps, et de façon circulaire, les défauts supposés de leur peuple et sa responsabilité éventuelle dans l'existence de la théocratie iranienne. Comme on peut s'en douter, ces interrogations et autocritiques tournent en rond et n'avancent pas, et le livre fait du surplace, malgré la supposée intrigue, car une fois passées les péripéties, on retombe dans le bavardage.
Le seul atout du livre : l'évocation des accommodements auxquels les milieux aisés recourent, pour contourner les interdits du régime et ses contraintes, notamment vestimentaires, les réseaux de relations qui permettent aux privilégiés de mener une vie confortable, voire carrément luxueuse.
Bref, un livre que je ne vous conseillerai pas. Et qui fait d'autant plus regretter la grâce, la poésie et l'intensité d'un autre roman iranien, le trèfle bleu, de Firouz Najdi-Ghazvini, sur un sujet très semblable.
J'en suis d'autant plus désolée que je l'ai lu grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et aux Editions Belfond, que je remercie.
Commenter  J’apprécie         90