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Citations sur Sang pour sang (24)

La vie est une patinoire, se dit-il. Un faux pas et on se retrouve sur le cul. Si par malchance on tombe mal, on ne se relève jamais.
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Johnson (le légiste) observa le ventre bedonnant de Di Maggio tressauter. On aurait dit un cochon en chaleur. Légèrement écoeuré, il se détourna.
Dire qu'ils pensaient tous qu'il vivait comme un mort, se nourrissait de vermine parce qu'il ne se gavait jamais de hamburgers comme eux. Bien au contraire, Johnson était un fin gastronome. Après une journée à charcuter les morts, il adorait triturer les légumes multicolores et frais, faisait lui-même son pain, ses fromages et surtout, il ne mangeait jamais de viande. Tout ce qui rappelait quelque chose de vivant qu'on avait tué, lui révulsait l'estomac. C'était comme manger un morceau de Di Maggio. Il en frémit. Le hic était que Johnson adorait la cuisine végétarienne, ce qui aux yeux de ses collègues, ne valait pas mieux que la vermine.
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- On ne peut éliminer aucune possibilité, Seriani.
- Une vengeance...
- Merde ! Il a dû lui faire un sacré coup, alors !
- Les femmes sont capables de pas mal de choses quand on blesse leur amour-propre.
- Les femmes sont capables de pas mal de choses même quand on leur fait rien.
- Ahah ! Di Maggio, une pensée utile aujourd'hui ?
- Ma foi, oui, figurez-vous. Je pense que la victime connaissait le meurtrier ou du moins, ne s'étonnait pas de sa présence à l'hôtel puisqu'il lui a ouvert la porte. Je n'ai relevé aucun signe d'effraction.
- Eh bien, ça bouillonne, là-dedans...
- Comme quoi, faut pas se fier aux apparences.
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- Madame, je ne veux vous aucun mal, dit Al.
Il avait baissé la voix intentionnellement pour ne pas l'effrayer. Celle-ci battait des cils comme intriguée. il sentit son coeur fondre. Pour un petit être sans défense contre elle, il aurait tué, il le sentait, il aurait pu supprimer toutes les personnes responsables de son état. Aucun être humaine ne devrait vivre dans la frayeur perpétuelle.
- J'aimerais juste savoir si quelque chose vous a frappée, peut-être avez-vous déjà aperçu monsieur John Smith s'entretenir avec quelqu'un ?
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- J'ai pas que ça à foutre, figure-toi. Baise-moi, qu'on en finisse ! s'égosilla Sheila en se tortillant.
Les articulations des doigts d'Al résonnèrent dans toute la pièce lorsqu'elles craquèrent. Il ferma les yeux pour tenter de se reprendre. Ça lui prit quelques secondes. Il plaqua alors sa main gauche sur la bouche de Sheila pour l'empêcher de continuer. Comme il pressait de toutes ses forces, elle eut beau tenter, elle ne parvient pas à se libérer.
- Tu disais ? reprit dave, moqueur.
- Que je bois jamais de petit noir si tôt le matin. Ça me cogne si fort sur le système que je reste à moitié illuminé toute la journée.
Dave rit de bon coeur.
- Moi, j'aime bien quand t'es illuminé. T'as de bonnes discussions.
- Ha ha... t'es où ?
- Croisement de Smith et de la 23e.
- Je ne connais pas de café là-bas.
- Ça doit être parce qu'y en a pas... On a rendez-vous avec un mort.
- ....
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- John Smith, c'était le nom qu'il inscrivait sur le registre.
- Ben voyons ! Pourquoi pas Peter Johnson ou John Doe ? Vous croyez qu'il s'agissait de son vrai nom ?
Le réceptionniste de l'hôtel Calton, un certain O'Donnell, le regardait de haut.
- Si le mépris avait une forme matérielle, il ressemblerait exactement à ce type dit Al, en tâchant de se contrôler.
- On ne met jamais en doute les paroles de nos habitués, souffla-t-il.
Il se tenait droit comme un i les mains jointes en dessous de l'estomac. Avec son cou affiné, on aurait dit une girafe se protégeant les parties inférieures pour un coup franc lors d'un match de foot.
- Habitué, vous avez dit ? Ce n'était donc pas la première fois qu'il venait ?
- Quelle perspicacité, inspecteur !
- Contentez-vous de répondre aux questions, siffla Al en grimaçant.
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Penser de lui qu'il était un paumé le fit marrer. Plutôt un homme sans but, quelqu'un qui avait baissé les bras, qui ne cherchait plus un quoi et comment, et qui se laissait voguer au rythme des années sans chercher à se défendre. Un type qui refusait de trop penser et s'efforçait de parer aux jours puis aux mois qui s'abattaient violemment sur lui.
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Le gamin avait le don de le faire marrer. Surtout quand il utilisait ce langage de films noirs qui ne collait pas du tout avec son allure frêle de jeune premier. On aurait dit un de ces petits cons de Brooklyn qui se prennent pour Al Capone parce qu'ils portent des chaussures vernies et savent jurer en italien.
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All aimait la nuit car c'était la seule chose qu'il craignait. S'il avait le malheur de devoir s'endormir une fois la ville engloutie par les ténèbres, il s'arrangeait toujours pour être ivre mort de manière à ne pas se réveiller avant le lever du soleil. Les ténèbres à jeun le terrorisaient
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Il jouit au moment même où les phares d'une voiture qui passait dans la rue illuminèrent son visage. Ca le rendit heureux. Il se dit que quant à choisir une manière de mourir, il aimerait bien que ce soit comme ça : en plein orgasme avec une lumière aveuglante qui l'emporterait.
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