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Freddy Michalski (Traducteur)
EAN : 9782070302307
336 pages
Gallimard (14/04/2005)
3.67/5   151 notes
Résumé :
Misty Wilmot est une femme frustrée : coincée sur une île défigurée par l'invasion touristique, elle travaille comme une esclave dans le grand hôtel du coin pour faire vivre sa famille.
Son mari, Peter, un architecte qu'elle a rencontré des années plus tôt dans une école d'art, a tenté de se suicider et se retrouve dans le coma. Plus rien ne tourne rond dans la vie de Misty : pourquoi Peter, avant de vouloir en finir, s'est-il amusé à sceller certaines pièces... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Jusqu'alors, je m'intéressais peu à la culture américaine. A part Bukowski, la beat génération et quelques autres en littérature, les peintres de l'expressionnisme abstrait,et les incontournables du cinéma. Je me suis toujours méfié de ce pays se voulant le « gendarme » du monde, nous inondant par la force, de ses produits et de son mode de vie. Je découvre donc peu à peu cette culture. C'est après avoir récemment approché l'oeuvre de Kérouac dans le musée qui lui est consacré à San Francisco, suivi les traces de Henry Miller sur Big Sur, traversé LA avec Bukowski… J'ai toujours besoin d'asseoir mes lectures dans un contexte, une réalité « transversale » qui ne réduise pas le livre à un simple objet de consommation que j'oublierais aussitôt lu. Il faut que je fasse des associations, au besoin par des voyages.
Chuck Palahniuk est donc une grande révélation. A travers ce « Journal intime », il nous brosse le portrait d'une petite communauté bourgeoise vivant depuis plusieurs générations sur une île encore préservée du tourisme, il y avait encore quelques années. le tourisme de masse va complètement échapper à tout contrôle, dénaturant l'harmonie de cette île et remettant en question la toute puissance de cette oligarchie familiale. L'intrigue peut se résumer à un complot, une conspiration contre une jeune femme à peine sortie de la fac d'arts plastiques qui va se retrouvée mariée à un rejeton de cette bourgeoisie déclinante. Plus on avance dans le roman, plus on découvre un aspect fantastique assez déroutant. le point de vue est le journal intime de cette femme.
C'est la vision d'une Amérique torturée, doutant de ses valeurs, se questionnant sur son avenir.
un livre qui nous tient en haleine jusqu'au bout.
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Suite à une tentative de suicide, son mari se retrouve dans le coma. Qu'est-ce qui a bien pu le pousser à les quitter ? Dans le journal qu'elle lui écrit, Mitsy Wilmot se dédouble pour jeter sa rancoeur et mêler sa vie passée à son présent.
Ça commence par le chemin de ses rides. Elle donne à ces plis, ses peines, ses pleurs, ses peurs. Elle esquisse des sourires, s'essaye à des grimaces. Elle incrimine le lâche et l'accuse d'être le fauteur de trouble qui a vieilli prématurément sa fille et a lesté un peu plus sa femme et sa mère de crevasses. Mitsy donne aux trois femmes de sa vie, l'image des trois épidermes qu'il a marqués. Et la poudre de riz camoufle difficilement les scions.
Perter Wilmot... il l'avait embarquée alors qu'elle était jeune étudiante dans une école d'arts plastiques, pleine de fougue pour les tableaux qu'elle voulait peindre. Artiste. Il lui avait répondu qu'elle le serait sur son île, et qu'elle deviendrait la plus célèbre de leur génération...
Mitsy est devenue femme de chambre à l'hôtel Waytansea. Elle vit avec sa fille Tabby, sa belle-mère Grace, et reçoit depuis le suicide manqué des tas d'appels téléphoniques bizarres. Les clients de son mari, architecte qui rénovait les vieilles maisons de l'île, se plaignent de voir "disparaître" des pièces de leur maison. Il y a celui qui n'a plus de salle-de-bains, celle qui a perdu un placard à linge, celui qui ne trouve plus sa cuisine... et un autre qui découvre des graffitis bien personnels sur les cloisons. Pourquoi Peter a jeté sur les murs, sa haine pour les nouveaux venus ? Pourquoi les accuse-t-il de ses misères, de son ambition avortée et de la déchéance de son mariage ? Ces dernières harangues font mal. Elles conduisent Mitsy à boire et à vouloir tout quitter pour partir ailleurs.
C'est sa belle-mère qui va l'inciter à reprendre ses crayons et ses peintures. Mitsy est douée, elle doit exprimer son art.

Entre ses visites à Peter, corps décharné, recroquevillé, végétal, ses écrits-confessions dans son journal, son travail à l'hôtel, ses premières esquisses encouragées par tout le monde, Mitsy cherche à comprendre certains mystères d'une île qui se dégénère... jusqu'à se perdre dans des fantasmes ou dans une conspiration machiavélique.

Quel étrange livre ! angoissant, violent et déroutant. On peut penser que Misty va continuer à s'épancher dans son journal et ainsi se soulager de sa colère, mais au fil des pages, l'histoire se pare d'une détresse bien différente. le huis clos devient inquiétant et les personnages prennent petit à petit leurs véritables dimensions diaboliques.
Ce thriller distille son épouvante au compte goutte en délivrant son horreur seulement dans les dernières pages. le lecteur se perd souvent dans cette ébullition, surpris par le style, les mots crus, intenses, agressifs, ne sachant à qui accorder son empathie et quoi imaginer. le suspens est garanti ! le malaise aussi... il ne nous lâche pas.
C'est la première fois que je lis Palahniuk et je ne sais quoi penser. Je salue son écriture particulière, l'impact des mots choisis, sa folie, mais je continue à me demander si j'ai vraiment apprécié ma lecture. Une immersion dans un camp de psychopathes n'est pas une balade facile !
Recommanderai-je ce roman ? Oui... bien sûr !
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Un style narratif un peu déroutant, légèrement déjanté.
On suit Misty tout au long de cette histoire, quelqu'un de banal, une femme dont l'avenir ne s'annonçait pas rose du fait de ses origines modestes, qui pensait pourtant pouvoir s'élever au dessus de sa condition et puis...
J'ai été accroché par la façon dont l'auteur nous fait entrer dans l'intimité de Misty, par cette progression savamment dosée et ce suspense qui va crescendo jusqu'à une fin crédible.
Je me suis demandé si cette histoire allait basculer dans le fantastique, finalement non, du moins je ne crois pas (je vous laisse juge).
J'ai aimé ce côté quasi documentaire sur la peinture (ou plutôt sur ce qui tourne autour de la technique du peintre), et sur la psychologie des artistes en général, et sur une certaine théorie développée dans ce livre sur le thème de l'inspiration.
Je reste volontairement avare en détails sur l'intrigue car je pense que cela nuirait à l'intérêt de la lecture.
En conclusion j'ai apprécié ce livre qui m'aura captivé jusqu'à la dernière ligne.
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Il n'est pas facile d'entrer dans le roman de Chuck Palahniuk. L'écriture est tellement déroutante qu'il faut abandonner ses lunettes de lecture habituelles et en chausser de nouvelles, celles qui vous permettent de flotter entre réalité et fantastique, sinon c'est la tasse assurée.
Tout d'abord, il faut s'habituer au personnage de Misty Marie Wilmot dont nous lisons le journal intime rédigé le temps d'un été. Aigrie, désabusée, grossière, elle vitupère contre son mari qui gît sur un lit d'hôpital après un suicide raté qui l'a plongé dans un coma profond. Misty est exaspérée par la situation dans laquelle il l'a laissée : elle est contrainte de travailler comme serveuse au Waytansea Hotel pour subvenir aux besoins de sa fille et de sa belle-mère, de supporter de longs trajets pour rendre visite à son époux et d'essuyer les récriminations et les menaces des anciens clients de celui-ci. En effet, Peter Wilmot avait la fâcheuse habitude de murer certaines pièces des riches résidences secondaires où il effectuait des travaux, pièces qu'il recouvrait d'inscriptions ordurières et délirantes. Misty est une femme épuisée, aux abois et, pour tenir le coup, elle avale alternativement cachets d'aspirine et verres d'alcool. Elle n'aspire qu'à quitter l'île de Waytansea où son mariage l'a conduite, en emmenant sa fille adolescente, Tabitha.
Le lieu paradisiaque qu'avait cru découvrir Misty n'est qu'un repaire de vieilles familles décaties et ruinées, impuissantes à endiguer le flot des touristes et son cortège de désagréments : vulgarité, publicité, pollution. le rêve d'un mariage d'amour, d'une vie confortable et paisible se délite devant la réalité sordide de sa condition : à quarante ans, elle est laide, bouffie, désespérément seule. Sa belle-mère, Grace Wilmot, la pousse à revenir à la peinture qu'elle avait abandonnée après son mariage et la naissance de Tabbi. Mais il ne reste rien de l'enfant solitaire élevée par une mère hippie dans un parc de caravanes et qui projetait son univers merveilleux dans ses dessins. Comme a disparu l'étudiante passionnée par ses études d'arts plastiques. Misty ne croit pas à son talent.
Le contenu de son journal devient de plus en plus délirant et inquiétant. Qui est cet Angel Delaporte qui l'accompagne dans sa tournée des dégâts immobiliers de Peter et photographie les phrases énigmatiques dont il a parsemé ses cachettes ? Qui se dissimule derrière l'AOPL, l'Alliance océanique pour la liberté, qui incendie les maisons des clients mécontents et que poursuit l'inspecteur Stilton ? Pourquoi le docteur Touchet ne quitte-t-il plus le chevet d'une Misty de plus en plus squelettique et qui peint avec acharnement des toiles qu'elle ne voit pas ? Peu à peu le récit bascule dans l'horreur et le fantastique. Bien sûr, Chuck Palahniuk nous livre des explications, mais elles sont tellement folles qu'elles obscurcissent un peu plus le tableau final.
Ce livre est une énigme, un labyrinthe où l'auteur s'ingénie à nous perdre dans un emballement quasi grotesque des situations. le brouillard où se débat la bien nommée Misty, aveuglée par la déraison d'une armée grotesque de morts-vivants, finit par nous glacer le sang. Nous devons attendre pour voir (Waytansea) comment l'île maléfique va se refermer sur elle-même pour préserver la folie de ses habitants dégénérés.
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Après le décevant le festival de la couille, j'avais le goût pour un Palahniuk plus inspiré. C'est le cas avec ce Journal intime qui met en scène Misty Wilmot, une serveuse usée dans un hôtel paumé sur une île décatie. Il faut dire que Misty a pas mal foiré sa vie. Elle a mis de côté ses aspirations artistiques en se mariant trop tôt à un étudiant qui l'a emmené vivre sur cette étrange île. Très vite enceinte, Misty s'est laissée piéger par une vie de famille qui l'a tenu éloignée de ses aspirations. le clou, c'est quand son mari s'est suicidé et s'est raté. Depuis, elle reçoit des appels téléphoniques étranges d'estivants qui ont perdu une pièce de leur maison de vacances. Si, si, je vous assure, j'avais une cuisine, elle a disparu.

Tout ce qui fait l'écriture de Chuck est là : vitriol, données bizarres, style non conventionnel, personnages décalés. Ça fonctionne selon une recette bien établie. On est en territoire connu, et Chuck déroule sa pelote de laine. C'est pas nouveau, mais c'est ce qu'on attend de lui quand on prend un de ses romans. le tout prend la forme d'un roman presque lovecraftien dans ses thèmes. Une île à mystère, une famille à secrets, des habitants qui semblent cacher quelque chose... Ça sent le Maine de 1920 malgré le récit rigoureusement contemporain.

Je vais toutefois m'éloigner de Palahniuk pendant un moment car je sens comme une indigestion. Il ne me surprend plus ni dans ses obsessions ni dans son style. J'ai l'impression de relire toujours le même livre. J'en viens à reprocher à Chuck d'écrire comme Chuck, c'est le signe qu'il me faut faire une pause. Non, Chuck, ce n'est pas de ta faute, c'est moi qui ai changé. Je ne reproche rien. Restons bons amis, je t'en prie.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le syndrome de Stendhal, explique Angel, est un terme medical. C'est quand une peinture ou n'importe quelle oeuvre d'art est tellement belle que le spectateur s'en trouve anéanti. C'est une forme de choc. Lorsque Stendhal a visité l'église de Santa Croce à Florence, en 1817, il a rapporté qu'il avait failli s'evanouir de joie. Les gens ont le coeur qui palpite a toute vitesse. Ils ont des vertiges. Le fait de contempler de grandes oeuvresd'art te fait t'evanouir te fait oublier ton nom, te fait meme oublier où tu te trouves. Cela peut declancher une dépression et un épuissement physique. L'amnésie. La panique. Une attaque cardiaque. Un effrontement total.
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Le travail des enfants dans les mines ou les usines. L'esclavage. La drogue. Les arnaques en bourse. La destruction de la nature à coups de coupes claires, de pollution, de moissons jusqu'à épuisement. Les monopoles. La maladie. Toutes les fortunes tirent leur source de quelque chose de déplaisant.
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Il est tellement difficile d'oublier la douleur, mais il est encore bien plus difficile d'oublier la douceur. Nous n'avons pas de cicatrices à montrer pour le bonheur. La paix nous en apprend si peu.
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(...) Platon, explique Peter, et il tourne la tête pour expédier un glaviot de bave verte dans les herbes. Platon a dit : Celui qui approche le temple des Muses sans inspiration aucune, convaincu que la maîtrise du savoir-faire à elle seule suffit, ne sera jamais qu’un piètre artisan et sa poésie présomptueuse sera obscurcie par le chant des déments.
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Peter disait toujours : le boulot d'un artiste, c'est de prêter attention, de ramasser, d'organiser, d'archiver, de conserver, puis de rédiger un rapport. Documents à l'appui. De faire son exposé. Le boulot d'un artiste est tout simplement de ne pas oublier.
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Videos de Chuck Palahniuk (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chuck Palahniuk

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