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EAN : 9782940408368
56 pages
Notari (18/02/2015)
3.88/5   12 notes
Résumé :
Des années ont passé et je ne sais pas si quelque part il y a encore mon double, un moi-même avec ma tête, identique.
Peut-être qu'il habite encore là-bas, dans la maison où j'habitais et qu'il porte mes habits, lit mes livres...
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un homme, Xavier, lève le voile sur un pan de son existence, qu'il ne peut oublier. Les années se sont succédées mais le souvenir est demeuré intact dans son esprit, comme une marque indélébile. Jeune homme, il s'était fait embaucher dans une grande usine. Ayant de l'énergie à revendre, il enchaînait les heures que ses chefs étiraient un peu plus chaque jour. La mission qui lui incombait était de compter les pièces fabriquées mensuellement par l'usine. Mais, impossible pour lui de nommer ces pièces. Il passait la journée entière – week-end et jours fériés compris – à dénombrer des produits dont il ne savait absolument rien.
Il ne rentrait chez lui que pour dormir. Plus de loisirs, plus d'amis, plus de temps pour voir sa mère... Sa vie se résumait à son travail.
Harassé, Xavier ne pouvait plus mettre un pied devant l'autre. Il était devenu une sorte de robot, aux gestes mécaniques. Un jour, grâce à une once de lucidité, il se rendit compte de l'absurdité de son existence. Son travail était non seulement éreintant, il était aussi dévalorisant.
Il alla voir le grand patron, sa démission en tête. Mais celui-ci ne fut pas étonné de la requête de son employé... il avait même la solution idéale. Il l'expédia illico dans un endroit ressemblant étrangement à un magasin d'esthétique intitulé « Duplex ».
Xavier se retrouva bientôt immergé dans l'eau tiède et apaisante d'une vaste baignoire, pouvant enfin s'adonner à la rêverie et autres divagations. Morphée le prit dans ses bras.
À son réveil, il découvrit avec stupeur, en face de lui, un jeune homme en tout point identique à lui-même, plongé dans une baignoire... Une copie conforme!
Un « conte » moderne sur le monde impitoyable du travail. L'histoire de Davide Cali donne froid dans le dos lorsque le double surgit semant le trouble et faussant les apparences. Où est l'original, où se trouve la copie ? L'identité est mise à mal et un jeu de duplicité se crée : le bien/le mal ; la liberté/le cloisonnement ; les loisirs/le travail. Quant aux illustrations de Claudia Palmarucci, peinture à huile et crayon sur papier, elles sont sublimes et stupéfiantes de réalisme. Un réalisme aussi fascinant qu'angoissant.
Un album efficace, qui amène inévitablement à la réflexion.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Davide Cali est un auteur prolifique qui ne fait pas que pour les plus jeunes, ce titre-ci est d'un genre Roman Illustré plutôt ados par son propos.
Son ironie est toutefois à la portée des pré-ados qui en riront probablement.
Attention, monde frissonnant.

Le propos est une allégorie évidente aux priorités de la vie, en l'occurence adulte ici.
Très sérieux tout ça.
Cela va t-il toucher les jeunes ados qui n'ont pas encore une vraie perspective de ce monde d'adultes?
Vous le saurez en tournant les terribles pages du "Double"... Brrrr...
Voyez le biais adopté, il est amusant au final.

Vous, jeunes lecteurs, avez sans doute entretenu une vision depuis l'enfance, une perception des valeurs constituantes et ressourçantes du facteur Travail.
Vous vous projetez depuis le jeune âge et fantasmez un métier qu'on se souhaite de "rêve", pourquoi pas.
Qui vais-être plus tard?
De quel bois suis-je fait?

Mais le travail n'est pas tout dans une vie, n'est ce pas?
Les lecteurs se doutent bien aussi qu'il y a un temps vital pour la famille, les amis, ses propres envies.

Attention SF.
Davide Cali imagine une triste réalité où l'équilibre est rompue et où le monde du travail faggocite le temps entier d'une journée quotidienne ( si si, c'est de la fiction).
Le personnage de cette histoire s'oublie à un point tel qu'il en finit par rechercher le sens de ses missions professionnelles, comme on cherche ses clefs au fond de son sac.
Mais où est-il, ce sens? Je l'avais rangé là.

Il ne se rappelle même plus ce que son usine est censé produire (c'est ennuyeux), le nez tellement dans le guidon.
Une image parlante de Claudia Palmarucci l'illustratrice, des ouvrières répétant les mouvements d'assemblage à la chaîne et dont on ne voit pas les objets construits. Un travail à l'aveugle.
Effrayant.
Ces personnages là ont le visage fermé, imprimé d'un lisse sérieux.

Y a t-il de la satire pour ados?
Ce n'est qu'une histoire à dormir debout( de fatigue), voyons.

Notre bon patron de fiction a la solution miraculeuse, un soulagement à la demande de démission de son fidèle employé.
Il manque de temps? Qu'à cela ne tienne, il va lui offrir...un double.
Un double qui va lui dégager du temps, pour travailler plus.
Quel humour noir!
Davide Cali inverse les priorités vitales et le double fera le ménage, les courses, aura la petite amie et appellera maman pour son anniversaire.
Cela parait rasoir mais l'est-ce vraiment?
Comme l'Oncle Sam américain sur sa célèbre affiche, le jovial patron a besoin de vous!

Le style graphique de Claudia Palmarucci est particulier, elle exacerbe les tons de ce monde terne, y ajoute une petite touche rétro année 50 subtilement élégante sur ces employés d'usine et donne dans les similitudes picturales, dirait-on, qui rappellent la crudité physique, le réalisme de la peinture allemande d'un autre temps.

L'histoire pourrait faire l'objet d'une nouvelle, le personnage est perclus peu à peu par le doute, qui de l'un et de l'autre est le vrai double de cette histoire?

C'est un propos intéressant bien que l'intrigue soit construite sur l'absurde.
En refermant le livre, on se tourne facilement en pensée sur les petites choses qui font le sel des journées, les grandes aussi.
le personnage ne tourne pas le dos au travail, nous vous laissons découvrir la moralité ponctuée par le héros.
On termine sur de la sérénité et cela fait du bien.
À découvrir.
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Image le double.jpgComme toujours, les Editions Notari allient l'esthétique de l'objet livre à la richesse et à la profondeur de la réflexion. le Double de l'écrivain Davide Cali et de l'illustratrice Claudia Palmarucci absorbe et transmet la Culture passée et présente - historique, sociologique, littéraire, picturale - afin de la transformer, de la sublimer. le plaisir du texte s'accompagne du plaisir de décoder les images et le récit. Rien n'est gratuit. Plusieurs niveaux de lecture s'offrent au lecteur. le texte et les images se relient sans cesse à d'autres oeuvres dans un discours qui n'a rien d'innocent.

Xavier, le narrateur et personnage principal « travaill ( e ) depuis peu dans le bureau d'une grande usine ». Progressivement la cadence du travail devient infernale : « Tous les mois, ils nous disaient qu'il fallait augmenter la production ». Les ouvriers doivent produire toujours plus, de plus en plus vite, sans comprendre ce qu'ils créent : « de temps en temps, je me rendais au secteur production pour voir les ouvriers qui montaient ces ‘choses' … je ne sais même pas comment les nommer ». Ils fabriquent un objet qu'ils n'ont pas pensé, conçu. Ils ignorent en quoi il consiste, à quoi leurs gestes répétitifs aboutiront. Leur travail est dépourvu de sens : « Je ne saurais pas expliquer exactement ce que l'on faisait, mais on était tous très occupés. ». Il s'agit d'un travail à la chaîne déshumanisant. L'entreprise recherche le profit à n'importe quel prix. Les auteurs critiquent tous les systèmes d'exploitation de l'homme : le taylorisme, le fayolisme, le stakhanovisme et le fordisme qui, lui, essaie d'améliorer le sort des ouvriers. En effet, Monsieur Chardonnay, le paternaliste patron de Xavier, envoie ce dernier dans une espèce de « salon de beauté » pour qu'il se relaxe, se détende, oublie sa fatigue. Mais Xavier qui n'a pas perdu son sens de l'observation constate l'inconcevable : « Je sais, c'est une histoire étrange, un peu mystérieuse, mais c'est ainsi que tout se déroula ». Il se trouve face à son double : « un jumeau », « un double parfait » qui le remplacera chez lui pour « passer l'aspirateur (…) téléphoner à (sa) maman pour (son) anniversaire, (…) récupérer le linge à la laverie (…) ». Afin que la production s'intensifie, le patronat, jouant au démiurge démoniaque, a créé des doubles, des clones de chaque salarié. Désormais l'Homme n'est plus un être libre, unique, issu de deux êtres humains, il se réduit à ses cellules. Plongé dans un univers absurde, désorienté, Xavier perd ses repères : « Je croyais que c'était mon double, mais si c'était plutôt le contraire ». Il s'enfuit. Mais quelle fuite choisit-il réellement ? La vente de crêpes vers la mer ou la folie comme peut le laisser craindre la dernière image proposant le portrait d'un homme coiffé d'un bonnet blanc et vêtu d'une blouse blanche sur laquelle se trouvent les initiales « CP », clinique psychiatrique ? En effet, un travail excessif peut mener à la folie. Géricault dont les tableaux hantent l'ouvrage n'a-t-il pas sombré dans la dépression après avoir réalisé LE RADEAU DE LA MEDUSE, peinture demandant temps et efforts ?

A la richesse de la critique sociale, s'ajoute la beauté des illustrations réalistes plongeant le lecteur dans le début du XXe siècle ou du XIXe avec des imitations réussies de Géricault comme La Folle le-double-livre.jpg ou le Fou aliéné. Des clins d'oeil picturaux (la référence à des malades mentaux), littéraires et humoristiques sertissent les pages de l'ouvrage : le renvoi au mythe de Sisyphe avec un ouvrier roulant un énorme rocher sur lequel trône un patron, sous l'oeil de Dieu ? , le détournement de la citation de Camus : « Créer, c'est vivre deux fois », le sigle cousu sur les blouses des ouvrières, des brins de muguets (en référence au premier mai, la fête du travail. Dans l'ouvrage, les êtres humains vivent pour travailler au lieu de travailler pour vivre), brins de muguets placés dans des salières afin que le sel, exhausteur de goût, pimente leur vie insipide.

L'ouvrage de Davide Cali et Claudia Palmarucci est un véritable chef d'oeuvre destiné tout à la fois aux adultes amateurs de bandes dessinées originales et intelligentes, aimant décrypter des indices, qu'aux enfants amoureux de la beauté des images et de contes fantastiques.
Par Annie Forest-Abou Mansour sur l'Ecritoire des Muses


Lien : http://lecritoiredesmuses.ha..
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Histoire fantastique ? critique de la société ?
En tout cas, étrange histoire que celle de ce monde où, pour pouvoir continuer à vivre, on vous propose de vous faire fabriquer... un double.
Ce double pourrait travailler à notre place. Mais non, il n'est pas assez sophistiqué et ne peut que vivre, aimer à notre place... Mais à la fin, qui est qui ?
Une histoire qui fait réfléchir, à réserver aux lecteurs à partir de 10 ans.
Album lu dans le cadre de l'opération "1,2,3 Albums" 2016, organisée par Livralire. (www.livralire.org)
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Je n'ai pas apprécié le livre. Je ne comprenais pas l'histoire et les illustrations ne correspondent pas au texte.
Amine
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critiques presse (1)
Ricochet
23 février 2016
Quelle virtuosité dans ce magnifique album ; textes ciselés par Davide Cali, sobres, simples, angoissants.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« Alors que je travaillais dur toute la nuit, quelqu'un, chez moi, vivait ma vie à ma place. Je croyais que c'était mon double, mais si c'était plutôt le contraire ?
Peut-être est-ce moi la copie ? Peut-être étions-nous les doubles ? Est-ce à nous de travailler pendant que les originaux vivaient leur vie chez eux ? »
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Je repensais pendant des jours aux paroles de M.Chardonnay.
Devais-je vraiment me résigner à vivre de cette façon ? À passer mes journées au bureau pendant que mon double entretenait le jardin, appelait ma mère pour lui souhaiter bon anniversaire, sortait avec une fille que je ne connaissait même pas ?

Bref devais-je uniquement penser à travailler, alors que ma copie vivait une vraie vie à ma place ?
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« Vous ne pouvez pas imaginer ma surprise quand j'ai vu, assis dans une baignoire identique à celle où je m'étais endormi, un autre moi. Un jumeau. Un double parfait. »
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