J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'événement Masse Critique. J'en remercie Babelio et l'éditeur Jets d'Encre.
Le résumé du roman m'a attiré, car les sujets socio-politiques, surtout dans les pays du “sud global” m'intéressent. Je me suis attendu à une description du pays, de la vie politique et sociale, aux questions sur les effets du colonialisme, les origines des problèmes, à une exploration, peut-être, de la culture locale et la vie quotidienne ; mais aussi à l'intrigue et suspens des romans politiques.
Malheureusement, rien de tout cela ne se trouve dans le roman. Il y a beaucoup d'opportunités ratées. Par exemple, quand le candidat est logé chez une famille rurale, c'est une occasion d'évoquer les difficultés de la vie de villages burkinabés. Mais l'auteur choisit de nous montrer comme le candidat est aimé par tout le monde, sans aucun progrès dans l'histoire, sans aucune information utile pour comprendre l'environnement du récit.
Malgré les tentatives de l'auteur de créer du suspens (qui sonne faux au fil du livre), tout se passe banalement : le candidat fait son discours, un tonnerre d'applaudissements, succès indiscutable. L'ennui n'a qu'à s'approfondir avec le style : les phrases sont longues et sèches, le dialogue traîne longuement sur la présentation des gens (assistants, alliés, etc.), et quand les sujets importants sont évoqués, le dialogue donne lieu à des descriptions générales sans détails, du genre : “La discussion s'engagea alors … sur les difficultés des agriculteurs … les problèmes de scolarisation…” Quelles sont ces difficultés, ces problèmes ? L'auteur ne donne pas de réponse. le style va de pire en pire à cause de la répétition écrasante de parole générique sans fond.
Du côté politique, le livre n'est pas mieux. Martinien, le candidat, le héros du roman, est décrit comme révolutionnaire. Pourtant, son discours n'a rien de révolutionnaire ; c'est un discours de réforme pudique. L'Afrique a connu des vrais révolutionnaires. Il m'agaçait qu'un curé qui dit qu'il faut enseigner bien les enfants, qu'il faut lutter contre la corruption, soit un révolutionnaire. L'auteur a-t-il entendu de Mandela, de Lumumba ? En plus, on évoque le programme du candidat, qui a des buts exprimés par tous les politiciens du monde, de l'extrême droite à l'extrême gauche en passant par “l'extrême centre” (d'après le terme de
Tariq Ali), mais on ne sait rien de comment le candidat va les réaliser.
Les intentions de l'auteur sont bonnes, je n'ai aucun doute de cela, mais le livre est un échec triste.