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Critique de Cath36


"Boza ! Boza !" Tel est le cri qui parcourt les rues d'Istanbul depuis des générations, à la recherche du client. Qu'est-ce-que la boza me direz-vous. Et bien c'est une boisson traditionnelle à base de céréales fermentées qui se boit froide et qui fut longtemps vendu par des marchands ambulants avant que la modernité et ses commerces la transforment en activité sédentaire au grand regret des stanbouliotes. Et à travers ce métier, c'est toute la vie de Mavlut que nous raconte ici Orhan Pamuk dans une saga qui est aussi un très grand roman. Mavlut est au départ un jeune homme issu de la campagne qui s'installe avec son père à Istanbul pour y faire des études, gagner sa vie et envoyer de l'argent à la famille restée en Anatolie. Il y retrouvera des compatriotes et se mariera avec l'aide de l'un d'eux en enlevant la jeune fille dont il est tombé amoureux. Sauf que c'est la soeur de celle-ci qu'on lui fera épouser et avec laquelle il aura deux filles et sera très heureux, jusqu'à la mort accidentelle de la jeune femme.
Dans une histoire très riche et à multiples rebondissements, Pamuk nous décrit la vie de ces migrants très pauvres qui venaient tenter leur chance dans une capitale en pleine évolution et en pleine croissance et qui devaient s'adapter sous peine de disparaître, non sans cette nostalgie des temps anciens, représentés ici à travers la vente de la boza et des chiens errants tour à tour indifférents ou menaçants.
Les traditions familiales et les usages, la religion et la politique, les conflits familiaux et l'entraide, tout est décrit dans un style magistral dont la simplicité entraîne le lecteur dans les méandres d'une histoire et d'une ville aux multiples facettes : Istanbul.
"Mevlut saisit clairement à cet instant la vérité qu'il connaissait depuis quarante sans en avoir totalement conscience : déambuler la nuit dans les rues de la ville lui donnait l'impression de se promener dans sa propre tête. "
Et ce sont ces liens entre la ville et l'homme qui font de cette saga passionnante une histoire profondément humaine. Roman choral, les différentes interventions des personnages rendent le récit fort digeste en dépit de sa longueur.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette belle lecture d'été, effectuée dans le cadre de la Masse Critique.
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