C'est à une flânerie à la fois gourmande et cultivée que nous invite Orhan Pamuk, prix Nobel 2006, dans ce recueil de près de quatre-vingts textes.
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Deux ans avant sa mort, mon père m'a remis une petite valise remplie de ses propres écrits, ses manuscrits et ses cahiers. En prenant son habituel air sarcastique, il m'a dit qu'il voulait que je les lise après lui, c'est-à-dire après sa mort.
« Jette un coup d'œil », a-t-il dit, un peu gêné, « peut-être y a-t-il quelque chose de publiable. Tu pourras choisir ».
Je vais vous expliquer ce que j'éprouve lorsque je ne parviens pas à écrire comme je le souhaiterais, ni à m'oublier dans un livre qui puisse me consoler. Très vite, le monde devient un endroit odieux, insupportable ; ceux qui me connaissent ne sont pas longs à comprendre que je suis à l'image du monde tel qu'il apparaît à mes yeux. (p. 18)
Dans un pays où la norme est de ne pas lire, où les lecteurs passent pour des handicapés du bonheur et la lecture comme une bizarrerie, voire une maladie, je ne peux qu’éprouver du respect envers les affections, les obsessions et les prétentions de cette poignée de bibliophiles qui tranchent avec la banalité et la médiocrité ambiante.
L'écriture m'évoque en premier lieu, non pas les romans, la poésie, la tradition littéraire, mais l'homme qui, enfermé dans une chambre, se replie sur lui-même, seul avec les mots, et jette, ce faisant, les fondations d'un nouveau monde.
Les romans sont autant de nouveaux mondes dans lesquels nous plongeons avec bonheur, par le biais de la lecture et plus encore lorsqu’on écrit : les rêves que le romancier œuvre à élaborer prennent une forme facile à transporter. De même qu’ils apportent du bonheur au lecteur attentif, ils offrent également au bon écrivain un monde nouveau, solide et sûr, dans lequel il pourra s’évader et goûter au bonheur à n’importe quelle heure de la journée. Si je parviens un tant soit peu à faire exister ce monde si fascinant, je suis heureux dès que je m’approche de mon bureau et de mes feuilles griffonnées. Il me suffit de quelques instants pour passer du monde familier et fastidieux aux vastes étendues de cet univers où je peux voguer en toute liberté ; la plupart du temps, je n’ai aucun désir de rebrousser chemin, de poser des limites à ce monde parallèle en constante expansion en mettant le point final à mon roman.
Le nouveau roman "Les Nuits de la Peste" de l'écrivain turc Orhan Pamuk se présente comme le théâtre d'une grande fresque historique qui résonne avec l'actualité. La pandémie mondiale est venue donner une actualité poignante au roman qu'il écrivait depuis trois ans.
Son récit mêlant fiction et réalité raconte les ravages une épidémie de peste dans l'île fictive de Mingher en 1901, contrée de l'Empire Ottoman en déclin. Un livre à la croisée des chemins et des genres. Roman historique, roman d'amour et roman politique, ce livre vient interroger notre rapport à la fiction et au réel, l'imaginaire se mélangeant au réel, et le romanesque à l'historique. La véritable prouesse d'Orhan Pamuk consiste à jouer avec les codes de la fiction et à rendre la frontière poreuse entre l'histoire et la grande Histoire. Au milieu de ce drame humain et politique, l'amour est un refuge pour ceux qui se battent contre l'épidémie.
Orhan Pamuk nous livre une réflexion sur le pouvoir et la liberté, à l'heure où s'amorcent le délitement de l'Empire Ottoman et les conflits de succession entre sultans.
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