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Citations sur Le Livre noir (15)

Car rien ne saurait être aussi surprenant que la vie. Sauf l'écriture. Sauf l'écriture, oui, bien sûr, sauf l'écriture qui est l'unique consolation.
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incipit :
Dans a pénombre tiède et douce, recouverte de la couette à carreaux bleus, avec ses crêtes, ses ravines ombreuses et ses collines d'un bleu délicat, qui s'étendait jusqu'à l'extrémité du lit, Ruya dormait encore, couchée à plat ventre. Dehors, s'élevaient les premiers bruits d'un matin d'hiver : de rares voitures, quelques autobus, le fracas des bidons de cuivre que le marchand de salep, de mèche avec le marchand de petits pâtés, lâchait bruyamment sur le trottoir, et les coups de sifflet du gardien chargé du bon fonctionnement du taxi collectif. A l'intérieur de la chambre, la lumière d'hiver d'un gris de plomb pâlissait encore en traversant les rideaux bleu marine. Galip, qui n'avait toujours pas émergé du sommeil, lança un coup d'oeil à sa femme, dont la tête surgissait de la couette bleue. Le menton de Ruya s'enfonçait dans l'oreiller de plume. La façon dont elle penchait le front avait quelque chose d'irréel, qui éveillait chez Galip de la curiosité pour toutes les choses merveilleuses qui se produisaient à l'instant même dans son cerveau, de la peur aussi. "La mémoire est un jardin", avait écrit Djélâl dans une de ses chroniques. "Les jardins de Ruya, ses jardins à elle", s'était alors dit Galip. "N'y pense pas, n'y pense surtout pas, tu serais trop jaloux !" Mais Galip y pensa, tout en contemplant le front de sa femme.
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"Quand l'homme n'a plus rien à raconter cela signifie qu'il est tout prêt de lui-même [...] C'est seulement quand s'épuise tout ce que l'homme avait à raconter, quand il se retrouve dans ce silence profond qui signifie que ce sont tus tous les souvenirs, tous les livres, toutes les histoires, et sa mémoire même, qu'il peut entendre s'élever, des profondeurs de son âme, des labyrinthes ténébreux et sans bornes de son être, sa propre voix, celle qui lui permettra d'être lui-même."
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"J'avais aussitôt compris que par le biais de ce puits réel, que tu nous décrivais en trois épithètes : perdu, sombre et silencieux, tu nous conviais, par une habile allusion, à tourner nos regards, non pas vers la hauteur des minarets, mais vers les âmes et les serpents qui hantent les puits noirs et desséchés de notre passé, enfouis dans notre inconscient. Dix ans plus tard, par une nuit d'insomnie et de désespoir, où tu te battais seul contre les fantômes de tes remords, tu écrivais un article qui s'inspirait de ton triste passé et des cyclopes, tu y parlais de l’Oeil du remords, du sentiment de culpabilité, qui te poursuivait implacablement depuis des années. Et si tu y comparais l'organe de la vue à "un puits sombre, planté au beau milieu du front", il ne s'agissait certainement pas là d'une coïncidence, mais d'une nécessité."
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"Lire, n'était-ce pas s'approprier peu à peu la mémoire d'un autre ?"
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"D'ailleurs, lire, est-ce autre chose que d'attribuer une image, sur l'écran muet de notre intelligence, à tout ce que l'écrivain raconte avec des lettres ?"
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"Car j'avais désormais compris que, même si on prouvait que la vie que nous vivons n'est que le rêve d'un autre, cela ne changerait rien à rien."
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je me pose encore la question : quels sont les souvenirs dont notre mémoire rejette le poids au fur et à mesure que nous vieillissons, pareille à une bête de somme indocile qui rejette une charge trop lourde, ceux qu'elle déteste le plus ou ceux qui la fuient le plus facilement? p.216
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"Les avez-vous tous bien imaginés ? Tous ces visages ne se ressemblent-ils pas étrangement ? Ne voyez-vous pas une similitude entre eux, tout comme le lien invisible qui relie entre elles ces personnes si différentes les unes des autres ? Les silencieux, les muets, ceux qui ne savent pas raconter, qui semblent sans importance, tous ceux qui ne trouvent à chaque fois la réplique adéquate qu'une fois rentrés chez eux ; ceux encore dont les histoires n'intéressent personne, leurs visages ne semblent-ils pas plus expressifs, beaucoup moins vides que les autres ? A croire que, sur ces visages, grouillent les lettres de tous les mots des histoires qu'ils n'ont pu raconter ; à croire qu'ils portent les stigmates du silence, de l'humiliation et même de la défaite. Et parmi ces visages, vous avez peut-être reconnu le vôtre, n'est-ce pas ? Que nous sommes nombreux, pitoyables, et désespérés pour la plupart !"
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"Si je comparais l'immeuble avec ce qu'il avait été dans le passé, il offrait une image glaciale, désagréable ; impossible d'imaginer qu'une famille ait autrefois vécu dans ces étages, dans le vacarme d'une affectueuse promiscuité."
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