Lucie est envoyée pour les vacances d'été sur la côte italienne, chez des amis de sa maman. L'acclimatation est difficile, elle ne parle pas la même langue que ses hôtes, et des cauchemars viennent la hanter la nuit. Elle va parvenir par faire quelques rencontres, un autre enfant sur la plage, et quelques êtres étranges, lutin dans les canalisations et poissons sur pattes, qui sortent de l'eau. L'ambiance dans l'esprit “Mon voisin Totoro”, intriguante, inquiétante et mystérieuse, m'a bien plu, le graphisme de
Grégory Panaccione que je n'avais pas aimé dans Un Océan d'amour est plus simple et plus efficace sans la couleur, et les pleines pages oniriques vers la fin sont vraiment intéressantes, avec l'architecture façon peintres surréalistes. le dessin au trait qui contraste avec l'aspect plus doux et nuancé des moments à la plage, les moments avec le chien sont traités de façon brut, en lavis, avec un trait expressif et dynamique alors que les rêves de la fin sont traités rien qu'au trait, pleins de détails.
Mais voilà, pour moi, il y a un truc qui cloche sérieusement : le coup des esprits des enfants noyés plusieurs années auparavant, ce n'était pas nécessaire, la magie n'a pas besoin de pathos pour opérer, là, ça revient à forcer sur les violons pour toucher le lecteur, on nous refait Ghost, avec une
Demi Moore petite fille, de grands yeux touchants, dommage de ressortir une vieille recette, éculée et sans finesse. L'aspect magique aurait pu aussi bien fonctionner sans un “truc” aussi gros, les illustrations des rêves sont intéressantes et n'on pas besoin d'histoires de fantômes. L'angoisse de l'éloignement de la maman, le problème de communication avec les hôtes suffisait déjà amplement et pouvaient s'accorder avec le côté onirique et surréaliste des rêves, mais il ne s'articule pas avec l'émotion sirupeuse de l'histoire du naufrage. du coup, on reste en plan soit sur le côté surréaliste, soit sur le côté émotionnel. C'est un mélange de Ghost (
Patrick Swayze et
Demi Moore), du Grand Chemin (Anémone et
Richard Borhinger) et de
Salvador Dali (les montres molles), autant dire, ça fait trop, les ingrédients ne se marient pas, la sauce ne prend pas.
Bref, j'ai aimé, mais les fantômes de naufragés ont tout gâché.