En tant que grande admiratrice du travail de
Katherine Pancol, et en attendant de lire son nouveau livre, «
Trois baisers », j'ai décidé de me tourner vers ses premiers romans, et notamment «
Les hommes cruels ne courent pas les rues », dont le titre m'a directement intriguée. Ce titre pourrait s'expliquer en une phrase, qui se trouve sur la quatrième de couverture du livre, et que je trouve particulièrement bien formulée : « Vous connaissez une femme qui a perdu la tête pour un gentil garçon ? ».
Il s'agit donc d'un livre sur les relations entre les hommes et les femmes, sur ces femmes qui semblent avoir besoin de souffrir pour vivre pleinement une relation, et surtout sur l'influence d'un père sur la vie amoureuse de sa fille. Ce dernier aspect, je l'avoue, m'a un petit peu troublée. En effet, la confusion entre l'homme, le père, et l'homme, le petit ami, est à mon sens assez malsaine.
Pourtant, je me suis laissée prendre au jeu, et emporter dans les méandres des sombres pensées de cette femme, dont
Katherine Pancol ne nous dévoile d'ailleurs pas l'identité, ce qui renforce l'attachement et l'identification au personnage. Car en effet, une fois de plus, cet auteur est parvenue à construire un personnage en chair et en os, qui prend vie au fil des pages, avec une réelle personnalité, des centres d'intérêts.
Malgré tout, certains passages m'ont mise mal à l'aise, toujours par rapport à la relation au père. J'ai donc achevé cette lecture mitigée : je ne pouvais pas dire que je n'avais pas aimé car j'avais dévoré cette histoire, mais je ne pouvais pas dire non plus que j'avais apprécié car certains points me dérangeaient. J'ai notamment été déçue par la fin : alors que je m'attendais à ce que l'héroïne parvienne à vaincre ses vieux démons, elle finit par épouser un homme très semblable à son père. En outre, ce dernier a eu envers elle une conduite exécrable, et d'un point de vue féministe, le comportement de cette jeune femme, qui se contente de prendre son mal en patience et de rester à disposition de cet homme tandis qu'il voit d'autres femmes, est à mon sens à abolir. Ainsi, la morale de l'histoire n'apparaît pas clairement et semble même tout-à-fait inversée.
Je suis donc restée avec cette drôle de fin en travers de la gorge, jusqu'à ce que je lise « le bonheur est dans le crime », de
Jacqueline Harpman, qui nous livre un roman sur l'inceste absolument répugnant et que j'ai pourtant trouvé assez prenant. Cette histoire m'a amenée à me poser la question : Qu'est-ce qu'un bon livre ? Un livre agréable à lire ou un livre bien écrit ? J'ai alors repensé aux « Hommes cruels ne courent pas les rues » et en suit arrivée à la conclusion que puisque ce livre est bien écrit (dans un style oral certes déroutant mais traduisant à merveille le dialogue intérieure de l'héroïne), et puisque je l'ai lu en quelques jours à peine, alors il s'agit pour moi d'un bon livre. Quant aux aspects qui m'ont dérangée, à la réflexion, peut-être nous permettent-ils justement de nous pousser à nous poser certaines questions sur la nature humaine et ses aspects parfois contradictoires et destructeurs.... Et concernant cet apparent « happy end », je le trouve finalement très original. En effet, il faut avouer qu'un véritable happy end (la rencontre avec un homme gentil avec qui elle parviendrait à avoir des relations saines sans systématiquement penser à son père) serait assez peu crédible, voire un peu « tarte à la crème ».
En conclusion, je vous conseille la lecture de ce livre, car bien qu'il suscite en nous des sentiments controversés, il suscite la réflexion, ce qui est assez rare de nos jours. Effectivement, à l'heure actuelle, la plupart des livres présentent une histoire à lecture unique, très premier degré, et rares sont les romans qui provoquent de réels débats.
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