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3,84

sur 653 notes
Elève de terminale S, Louise est promise à un brillant avenir. Elle aime les matières littéraires, elle hésite entre Sciences Po, HEC et Hypokhâgne pour l'année prochaine, mais elle a encore un peu de temps pour se décider, on n'est qu'en octobre. Et puis sa vie bascule un matin en cours de maths : malaise, crampes abdominales, elle quitte la classe et file aux toilettes, accompagnée d'un camarade. Le copain l'attend dans le couloir, fume une clope devant la fenêtre (y a pas le droit, mais bon), s'inquiète, voit du sang, alerte le proviseur, les pompiers mettent un temps fou à arriver, les manifs contre la réforme des retraites bouchent les rues. Louise est envoyée à l'hôpital...

Entre ces 250 pages, on parcourt un long chemin avec Louise, un long chemin douloureux. Ce parcours n'est pas rectiligne, il bifurque, on revient sur ses pas, on n'est pas sûr de ses choix - Louise est encore si jeune, malgré sa force de caractère - et ça fait tellement mal de voir qu'on s'est trompé, il faut se réarmer de courage pour reprendre une autre direction, repartir, retrouver la force alors qu'on pensait être au bout du rouleau.

Roman magistral sur le déni de grossesse. Isabelle Pandazopoulos évoque ce sujet complexe avec beaucoup de talent et une grande sensibilité. La polyphonie de la narration est parfaite pour en montrer tous les aspects, tous les problèmes qui peuvent s'y rapporter de près ou de loin : déni des parents de la jeune fille, chaos parmi les proches (amis et famille), dépression adolescente, premières amours et découverte de la sexualité, maternité...
L'auteur a le ton juste, le roman est très émouvant, jamais mièvre ni caricatural. Je l'ai lu avec beaucoup d'émotion - certaines scènes sont bouleversantes - et un sentiment d'énorme gâchis, pour le bébé, Louise, ses parents, le père de l'enfant, les autres jeunes filles du centre : toutes ces vies à reconstruire, ces personnes à remettre debout...
J'ai notamment été touchée par ce message, parmi beaucoup d'autres : quand un proche va très mal, il faut savoir cacher sa propre douleur.
« Je ne peux pas affronter leur souffrance, leur regard, je n'en ai pas la force » dit Louise qui, au fond du gouffre, ne reproche rien à ses parents mais ne veut plus, ne peut plus les voir.
« C'est monstrueux, ils n'y sont pour rien. Je sais mais je ne peux pas, je ne suis plus leur petite fille. Et c'est celle-là qu'ils voient, celle que je ne suis plus. »
C'est dur à entendre, oui, c'est insupportable de ne pas pouvoir aider et même d'entraîner plus encore vers le fond, mais laissez-là se reconstruire, s'accepter, s'estimer à nouveau digne de vous...

Superbe. ♥
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Difficile pour une jeune fille de Terminale de décider si elle va garder ou pas l'enfant qu'elle vient de mettre au monde alors qu'elle ignorait totalement qu'elle était enceinte.


Mais est-ce le cerveau qui doit travailler, ou le coeur?
Ici, en l'occurrence, Mathilde Beaulieu se sent dévastée, en totale inadéquation avec la vie qu'elle menait, avec son entourage, ses parents, son petit frère, ses amis de toujours, dont Mélissa, sa meilleure amie.
Un grand vide intérieur la submerge et elle gamberge.
Evidemment, tout l'appareil classique est mis en place : assistante sociale, psychologue, médecin obstétricien, infirmière, tous guettent ses moindres gestes, ses moindres changements d'expression, battements de cils, pleurs… Et Mathilde n'en peut plus. Car elle affirme qu'elle n'a jamais eu de relations sexuelles, et personne ne la croit. Même les filles de la maison d'accueil dans laquelle elle demande à aller la considèrent avec méfiance.
C'est que la relation avec le petit bébé s'amorce bien difficilement, et personne ne comprend pourquoi le déni de grossesse continue alors que la naissance a eu lieu.


Roman choral mettant en scène cet entourage ainsi que Mathilde, bien évidemment, "La décision" nous plonge au coeur de ce problème de société que l'on rencontre encore assez souvent au détour de faits divers assez glauques.


Roman très intéressant, donc, mais qui ne m'a pas emportée outre mesure et je n'arrive pas à savoir pourquoi. Difficile pour moi d'éprouver de l'empathie pour l'un ou l'autre des protagonistes, peut-être en raison du style, assez commun, aux idées assez répétitives. J'avais l'impression que "ça n'avançait pas".
Roman destiné aux adolescents, mais je pense que je ne leur proposerai pas pour les raisons que je viens de donner.


En résumé, le thème est important, attire l'attention, le système de narration est bien choisi, mais il y a ce petit quelque chose qui m'empêche de le considérer comme un coup de coeur.


De toute façon, ce n'est pas à moi à vous (dé)conseiller de lire ce roman.
Chacun doit prendre personnellement la décision.
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un beau livre, fort, âpre et sensible
une lecture qui nous hante, qui laisse flotter une sensation de malaise diffus
l'héroïne, Louise, ca pourrait être nous, ca pourrait être une jeune femme de notre entourage, et c'est terrible

le livre est écrit sans fioritures, et à plusieurs voix
tour à tour, nous avons la voix de Louise, celle de Samuel, celle de la mère de Louise, de son père, des différentes personnes de la maternité ...
ce qui nous permet de découvrir différentes versions de l'histoire, et des éléments, avant les révélations et le dénouement

Louise : une belle jeune femme blonde, mince, élève douée en Terminale S, qui joue du violon et reste très secrète
au début, on ne sait pas grand-chose d'elle
prise d'un malaise en plein cours de maths, ce qui étonne tout le monde, elle se dirige vers les toilettes, suivie plus qu'accompagnée, par Samuel, un jeune surdoué qui est aussi le délégué de classe

Louise accouche rapidement d'un petit garçon, un bébé de 3,3kg et c'est le malaise
malaise de tous, car personne ne l'avait deviné, Louise n'avait pas senti venir le bébé, n'avait pas ressenti la grossesse, n'avait pas même grossi !
malaise psychique, Louise ne peut-elle, ou ne veut-elle, se souvenir ?
que s'est-il passé ? Louise prétend ne pas se souvenir et ne pas avoir eu de relations sexuelles
malaise physique aussi, Louise a du mal à réaliser qu'elle a mis au monde un enfant, il reste d'ailleurs quelque temps sans même un prénom
malaise encore, à plusieurs reprises, Louise saigne encore, Louise s'évanouit, comme si son corps devait évacuer trop de tensions, de mystères, de soucis

malaise encore vers la fin, même si des vacances en Bretagne, puis un séjour dans un foyer de jeunes femmes, vont faire évoluer Louise
quel avenir pour Louise ? quel avenir pour son fils Noé ?
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Il m'est difficile de trouver les mots justes pour parler de ce récit qui m'a fait passer par de multiples émotions. de l'agacement à la révolte en passant par l'empathie, la colère, la compassion… j'ai ressenti toute une gamme de sentiments divergents.

Et c'est là toute la force de l'écriture d'Isabelle Pandazopoulos. En nous proposant un récit choral, elle nous plonge dans les pensées intimes de tous les protagonistes. Nous ne sommes pas seulement confrontés à Louise. Nous entrons tour à tour dans la peau de ses amis, de ses parents, des médecins, infirmières et psychologues qui l'entourent. Leurs réactions, leurs paroles nous apaisent ou nous révoltent, emportent notre assentiment ou notre colère et ce, jusqu'aux dernières lignes du récit.

Au-delà de l'histoire, des zones d'ombre que Louise cherche à combler, de l'enquête menée pour comprendre, c'est la richesse psychologique des personnages et la justesse des échanges que je retiendrai. On sent que l'auteure s'est immergée dans un centre maternel pour appréhender de l'intérieur l'univers des mères adolescentes. le ton est juste, cohérent, sans fausse note. Rien n'est laissé au hasard. Même pas le nom du lycée de Louise, Olympe de Gouges.

C'est un livre bouleversant, poignant, même s'il ne tire pas des larmes. Il a fait écho en moi et vu mon âge, je me suis glissée successivement dans la peau de Louise, de sa mère ou des éducatrices. Et je me suis surprise à penser et réagir de manière différente, ce qui m'a aussi interpellée.

Bien sûr, le déni de grossesse est au centre de l'histoire. Mais elle nous parle aussi de la maternité, de son choix ou de son refus, de notre capacité à être mère, de l'instinct maternel -existe-t-il vraiment ? Elle nous parle aussi de tous les bouleversements qu'implique une naissance.

Une formidable leçon de vie, un sujet grave très bien traité, un roman qui force à réfléchir et qui peut être lu par les garçons comme les filles, chacun ayant un rôle à jouer dans une relation amoureuse.

A lire, avant que…

Lien : http://argali.eklablog.fr/la..
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La décision ce sera celle que devra prendre Louise qui vient d'accoucher d'un petit garçon dans les toilettes de son lycée.
Elle qui pensait avoir une gastro... Pas de signes pendant cette grossesse, ni ses parents ni ses amis n'ont eu le moindre doute non plus.
Déni de grossesse ? Certainement mais surtout aucune suspicion pour Louise qui n'a jamais été plus loin que la simple amourette. Quitte à faire souffrir les garçons qui l'entourent.
"Rien ne reste aujourd'hui de l'innocence qu'on arborait ce matin là"
Un début coup de poing.. Ce sont les autres qui racontent dans de courts chapitres ce qui arrive à Louise. Et c'est impressionnant et fort ces voix.
Après il y a tout le questionnement de Louise, son rejet, sa froideur, ce bébé qui l'indiffère. Et puis la question qui la taraude. Qui est le père ?
Louise est un personnage à la fois lumineux, bouleversant et dérangeant.
Dans ce livre elle m'a touchée certes, mais agacée également.
Une histoire d'adolescence qui bascule avec des amis peu sympathiques, sauf Samuel, le surdoué de la classe. Le plus humain sans doute..
Des parents déboussolés et incrédules.
Et puis ce petit Noé, pivot de l'histoire à la fois aimé et haï par sa mère. Encore une toute petite fille malgré ses presque 17 ans.
J'avais lu ce roman à sa sortie, je viens de le relire suite aux billets sur babélio. Je n'avais pas le souvenir d'avoir été secouée par cette histoire...Surprise de voir que je ne lui avais mis que 3 étoiles.
Sans doute n'ai -je pas réussi à m'attacher à certains personnages même si c'est un roman fort qui aborde un sujet douloureux et sensible.
L'adolescence bousculée, compliquée avec des mots qui sonnent juste. A lire pour comprendre...
Belle couverture qui en quelques vignettes nous donnent les clés de l'histoire.
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Louise, brillante élève de Terminale accouche dans les toilettes de son lycée...c'est la stupeur, personne ne savait qu'elle était enceinte, pas même elle !
Ce roman nous parle de ce qu'on connaît aujourd'hui sous le nom de "déni de grossesse".
En effet, Louise n'avait pas grossi, ni ses amis ni sa famille ne soupçonnaient quoi que ce soit.
Et Louise prétend même n'avoir jamais eu de relation sexuelle...ment-elle, a t' elle oublié...et pourquoi ?
Ce roman donne la parole à des nombreux protagonistes, Louise elle-même mais aussi des amis de sa classe, sa mère, des membres du personnel du lycée et de l'hôpital et chacun apporte un petit élément de plus à l'histoire, une vision différente de l'événement.
Les émotions y sont bien décrites, elles sonnent justes.
Un court roman qui parle aussi du sentiment maternel, de culpabilité, d'amour parental et d'amitié.
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Tout d'abord, je remercie Les Editions Gallimard pour ce roman. C'est un livre qui m'aurait attiré à la base : le thème et la couverture m'ont intrigué. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé ce livre... C'est que j'ai beaucoup de chose à lui "reprocher", trop, pour pouvoir lui mettre un 3/5 et le classer au final dans les livres « qui m'ont plus sans me plaire, que j'oublierai vite ».

La décision d'Isabelle Pandazopoulos est un roman de presque 250 pages qui sera publié le 31 Janvier 2013 par les Editions Gallimard, dans leur collection Scripto. L'auteur a choisi de nous parler du déni de grossesse en mettant en scène Louise, une adolescente belle, bonne élève, sage… bref : parfaite, qui va accoucher d'un petit garçon pendant un cours de math. Louise est persuadée de n'avoir jamais eu de relations sexuelles avec un garçon mais on refuse de la croire. Que faire de ce bébé tombé du ciel ? le garder ? L'abandonner ? Pour sortir de cette épreuve, Louise devra parcourir un long chemin...

En lisant la préface que l'auteure adresse aux chroniqueurs on-lit-plus-fort, j'ai découvert que j'avais lu son précédent roman de la même collection : On s'est juste embrassé, que je n'avais pas aimé... Loin de rester sur ce premier avis plutôt mitigé, je me suis attelée avec entrain à ce nouveau livre qui n'a pas duré une journée... Au départ, j'ai été désarçonnée car je m'attendais à suivre le point de vue interne de Louise, avec un narrateur en "je". L'auteure a fait choix de reléguer ce point de vue parmi tant d'autre, ce qui, à mon avis, porte préjudice au roman et au sujet qu'elle aborde. En effet, je me suis sentie éloignée du thème et de Louise, de ce qu'elle vivait et ressentait. Car s'il est marqué dans la couverture que "Professionnels, famille, amis, tous vont aider Louise à passer de l'état de choc où elle se trouve plongée au retour à la vie", j'ai plutôt eu l'impression que tout le monde la jugeait sans chercher à l'aider. Notamment ses parents : j'avais l'impression qu'ils la traitaient comme une coupable, qu'ils la rendaient responsable... Je ne crois pas que ce soit le but recherché de l'auteure, au contraire, et je conçois que les parents soient choqués, désemparés et qu'ils se sentent impuissants... Il n'empêche que j'ai eu l'impression qu'ils la rendaient coupable de ce qui arrivait. Notamment par les mots qu'ils choisissaient quand ils parlaient... Les professionnels m'ont paru vouloir l'aider mais l'auteure faisant choix de nous dévoiler leurs pensées, j'ai eu aussi cette impression de jugement. Quant à ses amis, ils sont très en arrière-plan et le seul que j'ai aimé est Samuel ! En gros, je n'ai aimé aucun personnage secondaire !
Quant à Louise, la protagoniste, si c'est le personnage que j'ai préféré, je n'ai pas su m'y attacher. le fait de ne pas suivre ses propres pensées dès le début du roman me l'a fait découvrir comme les autres la voyait et non pas comme elle était vraiment.

Dans ce début de roman, l'auteure a incorporé un rapport de SAMU et des articles de lois. Malheureusement, j'ai l'impression que ce n'était qu'une ébauche non aboutie de quelque-chose, rendant ces articles seuls et un peu en plan...

L'histoire se déroule sur quelques semaines, six environ. J'ai eu l'impression qu'elle s'étalait sur 2 ans et j'ai trouvé ça long. Au début du roman, on nous dit que Louise a 3 ou 4 jours pour décider du sort de son enfant... Décision qu'elle prend à la fin du livre ! Je ne crois pas que ce soit une contradiction de la part de l'auteure mais ça m'a "dérangé". « Interpellé » serait sûrement plus exact. J'ai trouvé le laps de temps de l'histoire peut-être trop long pour ce qui est de la décision à prendre...

Autre point, totalement personnel cette fois-ci, mais qui a contribué à cet avis mitigé : le style d'écriture. Pour moi, une phrase commence par une majuscule et se termine par un point. Or, l'auteure utilise un style souvent retrouvé dans le but de nous montrer le désarroi d'une personne, de montrer à quel point elle est perdue : "le style de la succession de virgule" (ne connaissant pas de terme particulier pour désigner ce style...). Petite citation: "[...] je marche à côté de moi-même, absente, désincarnée, il n'y a pas de rapporte entre ma tête et mon corps, si peu, je ne suis qu'une image à laquelle tout le monde croît, mais dedans rien à l'intérieur rien, rien senti, rien vu venir, rien, je suis une tête sans corps, privée de sensations, sentiments, une machine, anormale... qui s'est mise en route, seule, sans moi, sans ma tête qui s'acharnait sur des gammes, encore plus de vélocité, une trille légère..." le passage fait plus d'une page donc je ne vais pas tout citer, mais c'est pour que vous compreniez de quoi je parle. Personnellement, ce genre de passages, je les lis de travers... de longues phrases : Oui. Une page de virgules : non…
L'auteure mélange ce style à virgule avec un style classique de phrases "normales", ce qui donne un aspect assez bizarre par moment (mais qui m'a permis de terminer le livre...) car on change sans arrêt de style dans la manière d'écrire, comme si l'écrivain n'avait su choisir...

Ce que je voulais savoir surtout, c'était l'identité du père, sur laquelle je m'étais trompée, et le "pourquoi" du déni. J'ai été déçue par ce "pourquoi". J'aurais aimé que l'auteur choisisse un pourquoi qui aurait pu être davantage travaillé et approfondit. Un pourquoi qui aurait demandé un travail sur soi, un traumatisme dont personne ne pouvait se rendre compte. Un « trois fois rien » qui aurait déclenché ce déni. Or, ça m'a semblé "logique". Comme si ce déni était une suite logique de ce que Louise avait vécu, notamment à cause de cette amnésie. Ceux qui liront ce roman comprendront pourquoi je dis cela, je pense...

Que conclure de ce roman ?

J'ai trop de chose à reprocher à ce roman pour pouvoir dire qu'il m'a plu. le thème de base me tentait mais j'ai trouvé qu'il restait trop superficiel et pas assez creusé car la raison du déni m'a semblé être une réponse 'logique" et non pas un traumatisme dont personne ne soupçonnait rien. de plus, j'ai trouvé que le style narratif de l'auteure pénalisait le thème en instaurant une trop grande distance avec Louise et en montrant un jugement négatif autour du déni de celle-ci, comme si elle était coupable. Les passages à succession de virgules m'ont particulièrement agacée et je les lisais de travers.
Bref, je n'ai pas été convaincue par ce roman, qui, selon moi, ne transmet que très peu d'émotion et ne va pas assez en profondeur...

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En ce 20 octobre 2011, la vie de Louise Beaulieu va prendre un tournant inattendu. La rue gronde en cette période de manifestations où les étudiants ont rejoint leurs aînés pour faire la grève contre la réforme des retraites. Pourtant, Louise n'est pas parmi eux. Belle et brillante élève de Terminale S, elle arrive comme tous les matins au lycée pour assister à ses cours. le bac se profile à la fin de l'année et ce n'est pas le moment de se démobiliser. Tout est comme d'habitude alors... il ya juste ce mal de ventre qui persiste et qui devient de plus en plus douloureux. Louise se lève, accompagné de Samuel, le délégué. A l'infirmerie, ils trouvent porte close. Louise marche de plus en plus difficilement, pliée en deux, et se précipite aux toilettes. Là, seule, elle accouche. Louise donne naissance à un petit garçon, un petit être qu'elle n'a pas attendu, n'a pas désiré et n'a même pas pensé... Elle le jure, elle n'a jamais eu de relations sexuelles.

Déni de grossesse, c'est comme cela que l'on appelle le fait qu'une femme mette au monde un enfant qu'elle n'avait pas conscience de porter. Une grossesse aux symptômes quasi-absents et une totale méconnaissance de son état, y compris pour les proches. Ni mensonge conscient ni tentative d'échapper à des responsabilités civiles ou juridiques, le déni de grossesse est une réelle affection psychiatrique qui conduit une femme à occulter le fait d'être enceinte.

Isabelle Pandazopoulos, dans un ton toujours juste et délicat, sans tomber dans le pathos et un voyeurisme mal placé, aborde avec un naturel exemplaire ce sujet ô combien sensible et choquant qui bouleverse des familles entières. le récit alterne des chapitres qui donnent la voix tout d'abord à Louise, mais également à toutes les personnes qui vont partager son histoire : ses amis désemparés, ses parents complètement dépassés, les médecins, les éducatrices et psychologues, tous très professionnels. du cocon familial qui a éclaté au centre maternel où nous découvrons d'autres jeunes filles aux histoires et origines diverses, nous suivons Louise dans sa reconstruction/ transformation et sa volonté de s'en sortir.

Au côté de Samuel qui mène l'enquête, connaître les événements qui ont conduit à cet accouchement surprise est un des points forts de ce roman que l'on lit d'une traite. Plus encore, assister à la relation qui se tisse très difficilement entre Louise et son bébé, est bouleversant. Mais au final, lorsque la vérité est dévoilée et lorsque Louise prend enfin sa décision concernant son enfant, on se rend compte que l'essentiel n'est pas là. L'important n'est pas dans ce passé glauque, l'important n'est pas de voir Louise devenir une maman épanouie. Non, l'important, c'est de se dire que cette jeune fille et ce bébé ont un avenir, une possibilité d'être heureux... ensemble ou pas.

Un très beau roman pour une histoire très forte qui balaie les idées toutes faites et les certitudes bornées.
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J'avais déjà lu un roman de cet auteur et je trouve que ce qu'ils évoquent de la vie des jeunes filles (sans généraliser mais des exemples possibles) dans la société contemporaine, pour ne pas être rose, n'en est pas moins juste et réaliste.
C'est une histoire très étrange qui a éveillé ma curiosité jusqu'au bout et même si j'en ai trouvé le récit très dur il est assez poignant.
Louise est élève en Terminale S dans un lycée, belle, brillante, musicienne, toujours là pour les autres, discrète mais loin d'être invisible. Un matin, elle demande à sortir de cours car elle se sent malade... et accouche dans les toilettes alors qu'elle affirme n'avoir jamais eu de relations sexuelles !!! L'enfer commence pour elle qui doit répondre à des questions dont elle ne connaît pas les réponses elle-même. Elle refuse totalement d'accepter l'idée qu'elle vient de mettre au monde un bébé mais derrière ce déni de grossesse se cache quelque chose de bien plus terrible qu'elle va découvrir notamment grâce à la persévérance d'un de ses camarades.
Le livre est terrible parce qu'on s'imagine ce qu'à pu vivre cette jeune fille que son entourage prend pour une menteuse, mythomane, alors qu'elle est incapable de se souvenir de quoi que ce soit et ne comprend pas comment ça a pu arriver. Son passage dans le centre maternel, au milieu d'autres filles-mères de milieux moins favorisés va lui faire prendre conscience également du fossé qui existe entre elles.
Un livre fort, poignant et intelligemment construit qui m'a fait découvrir des faits de société que j'ignorais.

Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Beaucoup de pudeur dans ce roman. Pourtant le sujet n'est pas simple, loin de là, il est même assez terrible. Il s'attaque à l'intimité d'une adolescente, et pourtant c'est plein de délicatesse. L'auteur n'entre pas dans les détails glauques, elle s'intéresse à ce qui lui traverse l'esprit, à ce que vit son entourage, les questions qui les taraudent, le cheminement de leurs pensées, jusqu'à la prise de décision.
C'est un sujet qui me touche, d'une certaine manière, et le traitement qui en est fait dans le roman sonne juste. Un moment de lecture qui marque.
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