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EAN : 978B00EZBL60S
fissile (30/11/-1)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Playboy : Avez-vous eu peur une fois de vos fans ? Roberto Bolano : J'ai eu peur des fans de Leopoldo Maria Panero, qui me parait, par ailleurs, l'un des trois meilleurs poètes vivants d'Espagne. A Pampelune, pendant un cycle de conférence organisé par Jesus Ferrero, Panero concluait le cycle, et à mesure que s'approchait le jour de sa lecture, la ville ou le quartier où se trouvait notre hôtel se sont peu à peu remplis de freaks qui avaient l'air de s'être évadés d... >Voir plus
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Que lire après Bonne nouvelle du désastre & autres poèmes, 1980-2004Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Arrive le livre qu'on n'attendait pas. Parmi les textes qu'il faut lire, qu'il va falloir lire, parmi ceux en cours de lecture et qui se prennent dans ceux qu'on est en train d'écrire ; combien cela fait-il de textes croisés, tressés les uns avec les autres, repris chaque jour avec l'élan et avec la fatigue de la veille, rouverts, continués, combien cela fait-il de vies en une, de vies pour s'enterrer dans le langage, toujours plus profondément et plus loin de l'idée que tout ceci prendra fin, nécessairement ? Soudain, cela prend fin. Cela prend fin dans le lieu même de la célébration, au sein même du langage qui permet de repousser l'idée de la mort. Voilà. Cela se produit. Cela, c'est un livre arrivé par la poste. Deux livres, à vrai dire, des éditions fissile : « Que n'ai-je fui l'abîme » de Rodrigue Marques de Souza. Couverture crème, cette couverture qui a enveloppé tant d'écrivains qu'on aime, Dominique Quélen, d'abord, Guy Viarre, ensuite. Donc. Les mains défont l'emballage, se livrent au rituel mille fois répété de la prise de contact avec un livre : l'ouvrir à l'instinct, piquer une phrase, se laisser traverser par l'onde. Ce premier livre produit une vibration connue, celle des livres à lire, des livres qu'il faudra lire, des livres qu'on lira entre deux pages d'écriture personnelle, entre deux autres livres qu'il va également falloir lire, bientôt, sans faute, quand on pourra, oui...
Et puis cela se produit avec le second livre. Choc. Un objet ventru. Inodore pour ceux qui reniflent. Aucun signe particulier. Couleur ? Rouge brique. D'un rouge brique plus sanglant que terreux. Indéfinissable. Sobre mais clinquant. Ou l'inverse. Il est lourd. Il a quelque chose d'arrogant. Une prétention, même. L'auteur ? Leopoldo Maria Panero. le titre ? « Bonne nouvelle du désastre & autres poèmes (1980 – 2004) » Et là, alors qu'on n'a aucune envie d'ouvrir cette brique rouge dont l'arrogance rebute, et le poids, et le fait qu'il y a tant de livres en attente déjà, on laisse malgré tout les mains courir leur rituel. Page 43, 158, 206. Trois ponctions. Trois fois, le temps s'arrête. le rituel prend fin. S'asseoir. Souffle coupé. Lire.
Il serait bon, maintenant que ces poèmes ont été lus, vus, vécus, d'en citer quelques uns pour donner à d'autres l'envie. Mais non. On n'en fera rien. Parce qu'on a trouvé une bête rare, parce qu'on se sent seul à la regarder s'ébattre, là, rouge et solide, pour soi et personne d'autre. Il n'est pas question que la lecture d'un autre capture un peu de cette grâce qui me revient en propre, ici, maintenant, depuis que je lis cette poésie comme si elle s'écrivait à mesure, et m'était destinée. le défi est lancé : défi de vous procurer ce livre et de le lire sans faire l'expérience parallèle d'avoir exhumé un trésor, et de ne vouloir le partager avec personne. Parce qu'il est impossible de partager le sentiment de vivre.
« J'ai fini pire
qu'un homme, et moins que le néant
que les hommes harcèlent d'une épée obscure
au mitan de la chaussée
où l'homme assiège, pire encore que le néant
moitié homme, moitié épée […] »
Lien : http://remue.net/spip.php?ar..
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On a dans ce volume rouge bien épais une extraordinaire poésie critique de la civilisation, rédigée par un maître de la langue.
Lien : http://www.fissile-editions...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le baiser du soir


Extrait 2

Père, je suis mort, déjà, et quelle obscurité
tout cela :
pas de lune, pas de soleil, pas de terre ici,
père, je suis mort.
Nous sommes les morts comme des malades
et le cimetière est l’hôpital
on y joue au docteur
drap blanc et bistouri
et des tombes comme autant de lits
pour rƒver : ils sont si blancs ces os
père si blancs : comme rêver.

Les autres disent, les plus morts d’entre nous,
ceux qui passent un temps fou
à se venger ici de Dieu,
que le Diable viendra, le bon Diable,
qu’il viendra le Diable avec plus de fleurs
que personne n’en peut porter.
Père, je suis mort, je ne suis pas seul
père, je suis mort, j’ai des amis
avec qui jouer.
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Un animal fuit …


Un animal fuit au fil du labyrinthe
ne laissant qu’une trace de bave,
le poème vit là.
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Le baiser du soir


Extrait 1

Père, je m’en vais :
je vais jouer dans la mort,
père, je m’en vais.
Dis adieu à ma mère,
éteins la lumière de ma chambre :
père, je m’en vais.

Dis à l’enfant qui rit là-bas,
je ne sais de quoi, peut-être de la vie,
mon nom, rien que mon nom
range bien mes jouets
l’ours avec l’ours, et range le chien
près de l’oiseau, quant au canard
laisse-le seul, le canard :
père, je m’en vais : je vais jouer avec la mort.
Il y avait une flamme, oui dans mes yeux,
d’avoir tant de nuits veillé,
et que personne n’avait su fermer
sinon moi ; pardonne-moi, père, s’il n’y avait
personne, à part moi : je m’en vais,
je m’en vais seul jouer avec la mort.
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Le baiser du soir


Extrait 3

Mère, ces baisers que tu reviens
me donner dans la tombe
me réveillent, me donnent froid
j’ai été vivant, je l’ai su
maintenant
laisse-moi oublier.

Père, je suis mort, et la tombe
est un berceau bien meilleur
père, il n’y a personne, je suis seul
père, si un jour à nouveau
je retourne parmi vous, père si à nouveau je vis
j’ignore de quoi je pourrais rêver.
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Les jours de pleine lune…


Les jours de pleine lune
le crapaud se cache dans les bois.
Quand le jour se lève, l’aurore
le chasse dans les montagnes.

Le jasmin envahit les champs
pendant que le crapaud se traîne
une épine dans le flanc.

Les crapauds n’ont pas de nom
quand ils meurent dans la montagne.
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