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Critique de montmartin


Selon la tradition cambodgienne, lorsqu'une personne meurt d'une mort violente et sans sépulture, son âme erre, et sa famille a charge de la retrouver et de l'apaiser. Un jour Rithy Panh a pris la route. Il a dit à ses proches qu'il allait retrouver ses parents, ses soeurs, ses frères qu'il allait parler aux morts, s'asseoir à leurs côtés et leur donne un tombeau. En 1975, en quelques heures la ville de Phnom Penh a été vidée de ses deux millions d'habitants. Rithy Panh va donc suivre le chemin des morts et nous raconter leur histoire.

J'aime beaucoup les livres-témoignage qui rendent compte d'une réalité aussi cruelle soit-elle, ici il est question du génocide perpétré par les Khmers rouges au Cambodge.
Ce m'a intéressé dans cet ouvrage c'est la méthode utilisée par Rithy Panh pour faire témoigner, des victimes, des survivants, des bourreaux dont le terrible Duch, directeur du camp S21 un camp de torture et d'extermination, Duch qui ne reconnaît rien de ses crimes. On ne ressent aucune haine, simplement la recherche de la paix, d'une sorte de sérénité.
J'ai apprécié la démarche de l'auteur, mener le combat de la connaissance, échapper aux désirs de vengeance. Mais dire la vérité, même si elle est crue, la vérité doit être dite, ne pas la raconter est un aspect de la négation.

Alors Rithy Panh nous raconte l'insoutenable. Les camps d'extermination, les tortures, les cadavres à perte de vue, femmes hommes, enfants, bébés le crâne fracassé, même si c'est cru, la vérité doit être dite. Les interrogatoires et les confessions obtenues à coups de fils électriques et d'os brisé. Organiser la famine, car la faim est un outil de mort. Des corps de partout que les charrues des agriculteurs font ressortir. Les rats qui déterrent les cadavres, tout mort est devenu de l'engrais. Les gens dorment sur des morts.

Rithy Panh aborde deux thèmes récurrents des grands crimes contre l'humanité le négationnisme et le rôle des avocats qui défendent les criminels.
« Dès lors qu'un avocat accepte de défendre, il veut gagner. À tout prix. Il n'y a plus de chemin intermédiaire. Je prouverai donc qu'il n'y a pas eu crime. Et si crime il y a eu, mon client n'y est pour rien. Peut-être le témoin a-t-il inventé ? Menti ? Lui-même tué ? La défense est aussi une idéologie. »

Livre après livre, Rithy Panh revient inlassablement sur le génocide perpétré par les Khmers rouges dans son pays natal, le Cambodge entre 1975 et 1979, dans cet étrange voyage il semble s'apaiser, il a réussi à faire la paix avec ses morts. Sans aucun doute, c'est cette sérénité, cette quiétude cette paix intérieure qui m'a interpellé. Un livre émouvant, dur, profond et lumineux malgré le sujet évoqué.
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