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EAN : 9782742743872
189 pages
Actes Sud (03/06/2003)
3.95/5   51 notes
Résumé :

La vieille Yannou est au chevet de sa petite-fille, âgée de quelques jours à peine et déjà gravement malade. Au fil des heures de veille durant lesquelles elle se remémore sa vie passée, elle découvre qu'elle n'a jamais vécu que dans la servitude. Elle se persuade alors que son devoir est de délivrer - par tous les moyens - les petites filles de l'enfer qui les attend. Ecrit en 1903, Les Petites Filles et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Pour les jeunes filles, la vie dans les îles grecques du 19e siècle était dure. Ça ressemblait presque à de l'esclavage, s'il faut en croire les mots d'Alexandros Papadiamandis :
« Jeune fille, elle avait été la domestique de ses parents. Une fois mariée, elle était devenue l'esclave de son mari - et pourtant, par l'effet de son propre caractère et de la faiblesse de l'autre, elle était en même temps sa tutrice. Quand ses enfants étaient nés, elle s'était faite leur servante ; et maintenant qu'ils avaient à leur tour des enfants, voici qu'elle se retrouvait asservie à ses petits-enfants. »

Après avoir menée une pareille vie, je peux comprendre la vieille Yannou de souhaiter un sort différent à sa petite-fille et même à d'autres fillettes. Mais passer de la parole à l'action… Surtout que ce n'est pas vraiment son choix. Si au moins elle avait commis l'irréparable dans un moment de folie passagère qu'elle regrettait ensuite. Mais non. C'est l'aïeule de Patrick Bateman !

Et, après l'avoir fait une fois, pourquoi ne pas « libérer » les petites voisines aussi… Brrr… À en donner des frissons. Deux, trois crimes plus tard, des soupçons commencent à peser sur la vieille Yannou, mais ils sont vite écartés. Je trouve assez ironique que ce soit l'enfant qui meurt réellement par accident, sans le concours de la vieille femme, qui apporte sa chute…

Les petites filles et la mort est l'ouvrage de Papadiamantis qui semble le plus apprécié et, étrangement, c'est celui qui m'a le moins plu. Je n'ai pas détesté, au contraire, mais il y manquait un petit quelque chose, selon moi. Oui, l'univers de ses nouvelles est aussi dur (des gens qui s'échinent sur leur terre rocailleuse et peu productrice, qui survivent de presque rien) mais les moments difficiles étaient entrecoupés de moments de plaisir. Que ce soit un jeune homme en quête d'une fiancée, d'une fête improvisée avec danses, musique et chansons, d'un repas partagé, de la naissance d'un enfant, le recueillement dans un monastère, etc. Ici, le lecteur n'a droit qu'à la misère et à une violence vicieuse.

Autre élément peu engageant : la protagoniste est une vieille femme aigrie, une faiseuse d'anges. Malgré cela (et c'est tout le génie de l'auteur), on ne la déteste pas. On comprend sa situation et on sympatise avec elle (jusqu'à un certain point, cela va de soi !). Toute sa vie n'était que noirceur. Mais toute cette noiceur et cette violence gratuite deviennent rébarbatif et m'ont tenu à distance…
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Avant-propos - Je suis un fan inconditionnel de Jean Becker, cinéaste : « L'été meurtrier, La tête en friche, Les enfants du marais, Effroyables jardins »… sont les films que je préfère dans l'oeuvre de cet homme d'une grande sensibilité.
Néanmoins, il y a aussi « Elisa » et c'est ici ma référence pour vous attendrir, vous émouvoir comme j'ai été intensément troublé lorsque cette mère, accablée par la vie, va étouffer avec son oreiller, son enfant afin de lui éviter la misère.
Cette scène impromptue d'une violence rare m'a, en son temps fortement marqué.

Quelques films et livres plus tard…
Grèce, début du siècle dernier. La vieille Yannou veille sa petite fille et s'interroge : comment échapper à l'indigence, au dénuement à la souffrance ? Et puis des filles toujours des filles.
Elles ne manqueront à personne, elles ne pleureront plus, ne seront plus un fardeau…
On doit la comprendre, c'est pour leur bien, le bien de toutes et de tous, elle fait le bien !
« C'est toi qui nous as fait naître, qui nous as mises au monde.- Elle nous a mises… dans l'autre monde. »
La vieille assume, recommence encore, chez des voisins, chez des bergers. Elle les délivre. C'est irraisonné, ça devient incontrôlé, presque inconscient. Ses mains glissent et serrent.

Souvent les remords vous rattrapent bien avant la police, et les étoiles dans le ciel n'arrivent plus à calmer votre esprit, ni les odeurs du maquis, ni la beauté du bleu de la mer.
Les bleus sont à l'âme, même la fuite ultime ne suffit pas, la tête reste sur les épaules même si les jambes vous emporte dans de vierges territoires.

Moralité… c'est immoral ! C'est bien écrit, très bien écrit, si bien qu'on réfléchit, qu'on rumine, qu'on gamberge…
La compassion pour Yannou, tellement naturelle dans sa démarche m'effleure, mais ma gorge se noue et je sens très vite ses doigts qui me serrent.
« La mort devait être le meilleur des sommeils. » Qui peut dire…

Ferme le livre vite, mais après l'avoir lu.
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Ce roman , les Petites Filles et la Mort a été écrit en 1903 et a comme titre original La Meurtrière .

Dans la Grèce du début du vingtième siècle, rien n'a vraiment changé dans les moeurs , la pauvreté règne dans les campagnes et le sort des femmes y est peu enviable .

Yannou, une femme âgée , veille le dernier né de sa fille ainée, une petite fille de quelques jours qui est déjà entre la vie et la mort .
Ces heures passées dans l'obscurité d'une petite pièce entrainent chez Yannou des réflexions sur sa vie de servitude entre ses parents puis son mari et maintenant ses enfants et le peu d'espoir d'une vie heureuse quand on nait fille, sans compter la dot que devront fournir les parents et elle aboutit dans la demi conscience de ses nuits sans sommeil à l'opportunité d'abréger cette vie sans avenir de petite fille et la galère de la mère de mettre au monde des filles . le geste suit rapidement la pensée et elle étouffe le bébé.
Yannou qui connait bien les plantes sauvages , elle est guérisseuse et faiseuse d'anges, parcourt la montagne avec son panier , elle croise donc souvent des petites filles jouant devant les bergeries , l'occasion est facile alors de les faire tomber dans les puits et de poursuivre ainsi ce qu'elle pense être sa tâche, un devoir qui lui est imposé même si l'effroi de son geste l'obsède et si ses nuits sont hantées par les fillettes qui l'appellent .

Terrible constat d'impuissance devant le sort si ce n'est de donner la mort pour abréger des vies innocentes , la meurtrière devient une femme aux abois et le lecteur est tiraillé entre l'horreur de ses actions et l'empathie vers cette femme profondément malheureuse et qui croit faire son devoir .

Une magnifique description de la condition féminine dans cette Grèce au bord du changement .
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La Grèce c'est les îles.
Elles ont l'air simples et accessibles mais elles recèlent mille et un vallons, grottes, éboulis, collines, minuscules monastères, torrents, plages cachées, un milieu idéal pour les bergers et les rebelles,.
Si en plus on remonte dans le temps jusqu'au 19e siècle, alors nous sommes réellement transportés dans un autre monde.
C'est cette sensation de familiarité et d'étrangeté que l'on éprouve à la lecture de roman du grand écrivain grec Alexandre Papadiamantis.
Il est difficile d'imaginer les conditions de vie dans ces villages retirés. La misère, la lutte pour la survie et la rapacité qui en découle, et les traditions qui finissent de rendre la vie impossible. Il y a de quoi sombrer dans la folie. Et c'est ce qui arrive à la vieille Khadoula, appelée Francoyannou, à la fin d'une vie de privations et d'acharnement. Les conséquences en seront tragiques. Mais entretemps nous faisons connaissance avec divers personnages dont les histoires tracent un portrait de la communauté. Un roman prenant, qui explore l'âme humaine confrontée à l'extrême dureté.
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Je ne sais pourquoi, mais ce livre m'a fait penser d'un bout à l'autre à Accabadora de Michela Burgia. La même atmosphère d'un village perdu dans les campagnes méditerranéennes où la trop forte natalité, surtout lorsqu'il s'agit d'enfanter des filles, est un problème récurrent. Le même personnage de sorcière faiseuse d'anges. Sauf que ce livre-ci a été écrit bien avant et nous relate la difficulté d'être femme et mère dans des pays où les hommes sont ou absents parce que partis tenter leur chance et leur avenir ailleurs au loin, ou présents, mais clairement, on s'en passerait. Quel vide que ces vies !

Un écrivain grec reconnu dans son pays comme un tout grand. A découvrir certainement.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La somme que Khadoula avait volée en plusieurs fois à ses parents, et qui s'élevait à environ quatre cents piastres, la monnaie de l'époque, elle la tint soigneusement cachée pendant de longues années. Et pour parvenir à construire sa maison elle l'augmenta grâce à son industrie. Elle était travailleuse et pleine de savoir-faire. Autant que le lui permettaient les soucis qu'elle avait pour élever tant d'enfants qui se succédaient sans arrêt, elle travaillait chez les autres. Mais dans les villages il n'est pas de spécialistes, chacun exerce plusieurs métiers. Et de même qu'un épicier de campagne est simultanément mercier, pharmacien et même usurier, rien n'empêchait une ouvrière habile dans le tissage, comme était Francoyannou, d'être en même temps sage-femme et rebouteuse et d'exercer encore d'autres métiers - il suffisait qu'elle fût habile. Et Francoyannou était habile entre toutes les femmes.
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Après s'être un peu attardée dans l'olivaie, elle se leva et se mit en route, se retourna sans cesse, comme pour dire un dernier adieu à ses arbres, et s'éloigna enfin. Elle atteignit le fond de la ravine et se mit à gravir l'autre versant, comme elle l'avait fait mainte et mainte fois. Son panier passé au coude gauche, tenant son canif dans la main droite, elle se baissait à chaque pas, dans tous les endroits qu'elle connaissait, et cherchait des carlines, des pissenlits, du cerfeuil et du fenouil sauvages pour remplir son panier et pour faire, le samedi de la Saint-Lazare, une galette qu'elle mangerait avec ses filles et dont elle offrirait aussi à ses voisines, à charge de revanche.
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Jeune fille, elle avait été la domestique de ses parents. Une fois mariée, elle était devenue l'esclave de son mari - et pourtant, par l'effet de son propre caractère et de la faiblesse de l'autre, elle était en même temps sa tutrice. Quand ses enfants étaient nés, elle s'était faite leur servante ; et maintenant qu'ils avaient à leur tour des enfants, voici qu'elle se retrouvait asservie à ses petits-enfants.
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- Tu ne sais pas combien de fois les femmes donnent l'exemple! Dans pas mal de circonstance elle font preuve de beaucoup de courage.
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"Que peut-on bien faire d'utile pour les pauvres? Le plus grand cadeau qu'on pourrait leur faire, ce serait d'avoir à leur donner, pardon mon Dieu! de l'herbe à rendre stérile. Ou à la rigueur de l'herbe à faire des garçons, ajouta-t-elle... Les pauvres ne font que des filles. Celle-là doit bien en avoir cinq ou six à présent. Et je ne sais pas s'il en est morte une seule... Elles ont la vie dure!"
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